ANKARA
ANKARA
Capitale de la Turquie, Ankara symbolise le repli de la Turquie nouvelle sur l’Anatolie, après la dislocation de l’empire ottoman à la fin de la Première Guerre mondiale. Organisme urbain original, elle s’est développée, dans la steppe de l’Anatolie centrale, à partir d’une modeste et traditionnelle ville ottomane.
La situation se présente comme une étape sur la route qui contourne, au nord, la zone répulsive de la steppe centre-anatolienne; à cet endroit, deux voies s’en détachent et filent directement vers la Cappadoce et vers les portes de Cilicie, passage obligatoire vers le Levant.
Simple village phrygien, puis modeste agglomération galate, Ankyra (Ancyre) occupait un site traditionnel de petite bourgade fortifiée, sur un petit piton volcanique (978 m) dominant un bassin (800 m). La paix romaine qui réunit politiquement l’Asie Mineure et le Levant réalisa ainsi, pour la première fois, les conditions d’un commerce et permit la mise en valeur de sa situation. La ville s’étendit alors largement dans la plaine, où s’édifièrent thermes et temples, tel celui où est gravé le testament d’Auguste. À cette prospérité succéda, aux époques byzantine puis ottomane, un nouveau repli sur la colline. Privée des ressources du grand commerce, Ankara trouva cependant, à cette dernière époque, dans le pays voisin, les bases d’une certaine activité de centre régional; elle exportait la laine des «chèvres d’Angora», que filaient et tissaient de nombreux artisans. Le XIXe siècle vit le déclin de cette prospérité: le filage disparut par suite de la concurrence des produits occidentaux après l’ouverture au commerce britannique (vers 1838-1850). L’acclimatation des chèvres d’Angora en Afrique du Sud entraîna la décadence du négoce de la matière première vers 1880. De 45 000 habitants sans doute au début du XIXe siècle, la population était tombée à une vingtaine de milliers au cours de la Première Guerre mondiale, moment où la ville connut un regain d’activité. Se détachant de la voie principale à Eski ずehir, un embranchement du chemin de fer de Bagdad progressait le long de la bordure nord de la steppe et faisait d’Ankara une tête de pont, toute provisoire.
Cette conjoncture et les conditions stratégiques et politiques de l’époque éclairent le choix d’Ankara comme siège du Comité national turc après la défaite et l’occupation d’Istanbul par les Alliés. Le plateau anatolien offrait quatre centres de résistance possibles à l’écart des diverses menaces: Franco-Anglais à Istanbul, Grecs à Smyrne, Italiens en Pamphylie, Franco-Arméniens en Cilicie. Mais Kayseri et Sivas ne disposaient pas encore de la voie ferrée, élément décisif de liaison avec Istanbul où demeurait le sultan. L’atmosphère de Konya, grand centre religieux, n’était pas propice au nouveau mouvement, déjà de tendance moderniste et républicaine. La nouvelle assemblée se réunit donc le 23 avril 1920 à Ankara; tout naturellement, la ville fut confirmée en 1923, après la guerre turco-grecque, dans son rôle de capitale d’un État replié sur l’Anatolie; Istanbul apparaissait alors trop périphérique et menacée, de même que trop cosmopolite, et toutes les préférences sentimentales jouaient en faveur de la ville où s’était organisé le sursaut victorieux.
La ville s’est développée vers le sud, entre le vieux noyau, perché sur le rocher de la forteresse, et le hameau de Çankaya, à six kilomètres de là; Atatürk y avait établi le siège de la présidence pendant la guerre, à l’écart de la ville congestionnée et poussiéreuse. Selon le plan établi par l’urbaniste allemand Jansen à partir de 1927, un grand axe de communications, le boulevard Atatürk, relie l’ancien centre urbain au nouveau pôle de croissance où se sont concentrées les fonctions politiques; la vieille ville conserve une fonction résidentielle de niveau moyen mêlée à la fonction commerciale traditionnelle; au-dessous d’elle s’étendent les quartiers commerçants et d’affaires de type moderne (place Ulus), puis, au-delà de la voie ferrée vers le sud, des quartiers résidentiels de type moderne (Yeni ずehir); vers l’extrême sud enfin, les quartiers de résidence élégants se mêlent aux ministères et aux ambassades (Kavakli dere et Çankaya). Tout autour se dispersent les lotissements et les zones d’habitats sommaires non planifiés. Ces dernières regroupent plus de la moitié des habitants et présentent un aspect semi-rural plutôt que les caractères de véritables bidonvilles.
La croissance de la population a été, en effet, extraordinairement rapide. Passée de 74 000 habitants en 1927 à 288 000 en 1950, elle atteint 900 000 en 1965, 1 878 000 en 1980 et 2 600 000 habitants en 1990. Les activités les plus importantes de la ville sont d’ordre politique et administratif: leurs fondements sont la centralisation considérable et le régime fortement étatisé de la république. Un artisanat notable s’est développé en liaison avec le grand marché de consommation de la ville et la croissance de la fréquentation touristique. Ankara est, après Istanbul, le deuxième pôle industriel de la Turquie: industries agroalimentaires, cimenteries et matériaux de construction, machines agricoles, industries mécaniques. Elle est devenue un important nœud de communicataions: elle est située sur la voie ferrée principale qui traverse l’Anatolie et possède un aéroport international, Esenbo face="EU Caron" ギa. Elle est le siège de plusieurs universités ou instituts de technologie.
Ankara
(anc. Ancyre ou Angora) cap. de la Turquie (depuis 1924), dans l'Anatolie centrale; 2 235 040 hab.
— Musée des Civilisations anatoliennes.
Encyclopédie Universelle. 2012.