HEBEI
HEBEI [HO-PEI]
Le Hebei est la plus septentrionale des provinces de la Chine du Nord; elle couvre 211 800 kilomètres carrés et comptait 62 200 000 habitants, selon les estimations de 1992. La moitié orientale de la province est constituée par l’extension, à une altitude moyenne de 50 mètres, de la Grande Plaine de Chine du Nord, qui s’ouvre ici sur le golfe de Bohai et qui est drainée par le réseau du Haihe. Un encadrement montagneux continu, du sud-ouest au nord-est, occupe l’autre moitié de la province, où l’on peut distinguer trois ensembles principaux: au nord-est, le massif de Jibei, ensemble de collines et de moyennes montagnes cristallines (1 000 à 1 500 m d’altitude) qui marquent une nette limite entre la Chine du Nord et la Chine du Nord-Est et dont les crêtes portent le tronçon oriental de la Grande Muraille; au nord-ouest, les massifs de Changbei (1 200 à 1 500 m d’altitude moyenne) constituent le rebord du plateau mongol, ensemble très complexe et très accidenté de blocs cristallins dénivelés par le jeu de toute une série de failles d’orientation «sinienne» (nord-est - sud-ouest); à l’ouest se dresse, à une altitude moyenne de 1 000 mètres (culminant à 2 000 m), la chaîne des Taihangshan, qui s’allonge sur plus de 500 kilomètres du nord au sud et constitue le rebord des plateaux du Sh nxi, immense escarpement calcaire dominant la plaine du Hebei, mais dont le franchissement est facilité par l’existence d’une série de vallées transversales.
Les conditions climatiques du Hebei sont celles qui caractérisent la Chine du Nord dans son ensemble: à des hivers encore rigoureux (moyennes de janvier: — 4 0C au sud et — 10 0C au nord) succèdent des étés très chauds (moyenne de juillet: 25 0C) dans l’ensemble de la province, au cours desquels tombent sous la forme d’averses violentes de 70 à 75 p. 100 du total annuel des précipitations (500 à 600 mm), tandis que l’hiver et le printemps connaissent une sécheresse accusée. Cette concentration considérable des précipitations, la destruction millénaire de la couverture forestière des massifs montagneux du pourtour s’y traduisent par une érosion intense qui apporte en été une charge énorme au réseau du Haihe, dont les crues brutales provoquaient périodiquement de graves inondations dans les plaines orientales, tandis qu’à l’inverse les sécheresses du printemps rendaient très aléatoire la culture, notamment celle du blé. Ainsi de gigantesques travaux ont-ils été entrepris depuis 1949 pour la maîtrise des eaux dans cette province: de 1951 à 1960, sept grands barrages-réservoirs étaient réalisés pour contrôler les affluents du Haihe et permettre le développement des surfaces irriguées; de 1963 à 1970, une gigantesque campagne d’aménagement suscitée par le président Mao et mobilisant plusieurs dizaines de millions d’habitants du Hebei aboutissait à la création de mille quatre cents réservoirs de toutes tailles sur le cours supérieur des rivières, à l’établissement de quatorze grandes digues et au creusement ou à l’élargissement de 1 600 kilomètres de canaux et rivières dans les plaines orientales et méridionales; à partir de 1970, des travaux sont engagés sur les cours moyen et supérieur des quatre affluents septentrionaux du Haihe afin d’aboutir à la maîtrise totale du réseau hydrographique de cette région. Ces travaux ont permis de récupérer et de mettre en culture la majorité des terres salines et alcalines du littoral.
Aussi l’économie agricole du Hebei a-t-elle connu une évolution remarquable: la riziculture, qui ne franchissait guère jusque-là la vallée de la Huai, conquiert les nouvelles terres littorales, où le coton est également une culture pionnière, mais dont les grandes régions sont surtout les vallées du Daqinghe, du Ziyahe et du Weihe, qui font du Hebei le producteur de plus du quart du coton chinois. L’agriculture céréalière traditionnelle ne permettait guère de réaliser que trois récoltes tous les deux ans (blé, maïs, kaoliang). Le développement de l’irrigation rend désormais possible l’extension de la double récolte annuelle (blé d’hiver, maïs en été). Arachides et patates douces au sud et soja plus au nord sont les autres grandes cultures alimentaires des plaines du Hebei. Les cultures arbustives constituent l’activité agricole la plus remarquable des districts montagneux: noix, châtaignes, abricots, kakis, jujubes, poires, essentiellement sur les basses pentes des Taihangshan et des Yanshan.
Toutefois, ce sont les ressources industrielles qui font la grande richesse du cadre montagneux du Hebei, en particulier les ressources houillères réparties en deux grands bassins principaux: le bassin de Kailuan sur le piémont des Yanshan, exploité dès la fin du XIXe siècle et qui reste un des premiers producteurs de charbon en Chine; le bassin de Fengfeng sur le piémont des Taihangshan, activement mis en valeur depuis 1950 et qui alimente les aciéries du Hebei et du Liaoning. Du minerai de fer est également exploité sur le pourtour montagneux de la province, et principalement dans le bassin de Longyan, près de Xuanhua, qui dispose d’environ 100 millions de tonnes de réserves à 50 p. 100 de teneur en métal. Le sel est une autre grande ressource industrielle du Hebei: les marais salants de la côte du golfe de Bohai fournissent le quart de la production chinoise de sel.
Les grandes villes sont essentiellement liées à l’industrialisation moderne et se situent à la périphérie, tout comme les ressources industrielles ainsi que les moyens de transport. Kalgan (Zhangjiakou, 529 136 hab., selon les estimations de 1990) et Chengde (246 799 hab.) sont les principaux centres urbains du Nord-Ouest. Le premier, tout en conservant et développant ses traditionnelles fonctions d’échanges avec la Mongolie-Intérieure, est devenu également un centre industriel moderne: industries alimentaires, industries du cuir, constructions de machines; Chengde est resté le grand centre de transformation et de distribution de la production agricole du nord de la province. Les trois grandes villes de la bordure orientale de la province sont des créations urbaines contemporaines: Qinhuangdao (364 972 hab.), «port ouvert» en 1898, est devenu un grand port minéralier et un centre métallurgique; Tangshan, avec 1 044 194 habitants, est la métropole du bassin de Kailuan et une des grandes villes industrielles de la Chine (sidérurgie, métallurgie, centrales thermiques, cimenteries, coton); Shijiazhuang, la capitale provinciale depuis 1967, est une ville-champignon, qui, de modeste bourgade au début du siècle, atteignait 1 068 439 habitants, selon les estimations de 1990. Important carrefour ferroviaire, elle a été dotée d’un ensemble d’industries modernes qui en font un des grands centres textiles de la Chine et une importante base métallurgique.
Hebei
prov. de Chine septent., sur le golfe du Bohai, qui englobe notam. Pékin; 190 000 km²; 55 480 000 hab. (Pékin exclu); ch.-l. Shijiazhuang.
Encyclopédie Universelle. 2012.