chêne [ ʃɛn ] n. m.
• fin XIIe; de chasne, bas lat. °cassanus, mot gaul.
1 ♦ Grand arbre (fagacées) répandu dans tout l'hémisphère Nord, à longue durée de vie, aux feuilles lobées semi-persistantes, aux fleurs en chatons et aux fruits à cupule (⇒ gland). « Le Chêne et le Roseau », fable de La Fontaine. « Souvent, sur la montagne, à l'ombre du vieux chêne » (Lamartine). Chêne pubescent : chêne truffier du Périgord, à feuilles caduques. Chêne sessile ou chêne rouvre : espèce courante des forêts occidentales, au bois recherché. Chêne écarlate et chêne rouge d'Amérique, aux feuilles rutilantes en automne. Chêne kermès (⇒ cochenille) , chêne vert (⇒ yeuse) :espèces méditerranéennes à feuilles persistantes. Chêne qui fournit le liège. ⇒ chêne-liège. Galle du chêne. ⇒ cécidie. Jeune chêne (ou CHÊNEAU n. m. , 1808 ). Écorce de chêne (⇒ tan, tanin) .
♢ Le chêne, arbre sacré de l'Antiquité. Les chênes druidiques, le gui du chêne.
♢ Képi à feuilles de chêne des généraux français (la couronne de chêne était une récompense chez les Romains).
♢ Loc. fig. Pousser, être fort comme un chêne.
2 ♦ Le bois de cet arbre, utilisé en ameublement, chauffage, parqueterie, tonnellerie. Parquet de chêne. Table en chêne massif.
⊗ HOM. Chaîne.
● chêne nom masculin (ancien français chasne, du gaulois cassanus) Arbre capable d'une grande longévité, aux fruits (glands) enchâssés dans une cupule, et commun dans toute l'Europe de l'Ouest et en Amérique du Nord, tant dans les forêts naturelles que dans celles où les sylviculteurs l'ont semé ou planté. ● chêne (citations) nom masculin (ancien français chasne, du gaulois cassanus) Victor Hugo Besançon 1802-Paris 1885 Oh ! quel farouche bruit font dans le crépuscule Les chênes qu'on abat pour le bûcher d'Hercule ! Toute la lyre, À Théophile Gautier Commentaire Le début du second vers est le titre d'un ouvrage qu'André Malraux a consacré à ses derniers entretiens avec le général de Gaulle : Les Chênes qu'on abat. Jean de La Fontaine Château-Thierry 1621-Paris 1695 Celui de qui la tête au ciel était voisine Et dont les pieds touchaient à l'empire des morts. Fables, le Chêne et le Roseau le chêne Pierre de Ronsard château de la Possonnière, Couture-sur-Loir, 1524-prieuré de Saint-Cosme-en-l'Isle, près de Tours, 1585 Vous, chênes, héritiers du silence des bois, Entendez les soupirs de ma dernière voix. Sonnets pour Hélène, Pièces posthumes Horace, en latin Quintus Horatius Flaccus Venusia, Apulie, 65-Rome ? 8 avant J.-C. Il avait autour du cœur une cuirasse de chêne et un triple airain… Illi robur et aes triplex Circa pectus erat… Odes, I, III, 9-10 ● chêne (homonymes) nom masculin (ancien français chasne, du gaulois cassanus) chaîne nom féminin
chêne
n. m.
d1./d Grand arbre des forêts des régions tempérées (genre Quercus, Fam. fagacées), à fleurs apétales et à feuilles lobées. Le gland est le fruit du chêne.
— Chêne vert: chêne à feuillage persistant des régions méditerranéennes.
|| Fig. Solide comme un chêne: d'une santé à toute épreuve.
d2./d Bois de cet arbre. Porte en chêne massif.
⇒CHÊNE, subst. masc.
A.— BOT. et SYLVIC.
1. Arbre de nos forêts, à feuilles caduques, dont le fruit est le gland, réputé par sa haute taille, sa longévité et la qualité du bois qu'il fournit. Le fruit du chêne (v. gland); pomme de chêne (v. galle [noix de]); le chêne, roi des forêts :
• 1. Ces derniers temps il avait tout laissé. Il restait au coin du feu, ou bien, quand il faisait soleil, il s'asseyait au pied du chêne, du côté du Levant, sous le vent...
PESQUIDOUX, Le Livre de raison, 1932, p. 249.
— Spéc. Chêne rouvre, chêne blanc ou chêne-truffier, chêne rouge; (espèces à feuilles persistantes) chêne vert (synon. yeuse, )cf. J. COCHET, Culture, aménagement et amélioration des bois, 1963, p. 32).
2. P. méton. Bois de chêne (utilisé pour le chauffage, le tonnelage, l'ameublement). Une salle à manger, un parquet en chêne; une armoire de chêne.
B.— [Le chêne comme symbole]
1. [P. réf. au caractère sacré du chêne dans la myth. gréco-lat. ou chez les Celtes] Les chênes du sanctuaire de Zeus à Dodone; les nymphes des chênes (cf. dryade); les chênes druidiques :
• 2. ... la jeune femme semblait sortir toute nue de sa gaine de tulle et de satin, pareille à une de ces nymphes dont le buste se dégage des chênes sacrés...
ZOLA, La Curée, 1872, p. 336.
♦ Couronne de chêne. Récompense aux vainqueurs des Jeux Néméens, aux héros chez les Romains. Képi à feuilles de chêne des généraux :
• 3. ... s'avançait lentement, sur les têtes des citoyens, un homme au teint bilieux, le front ceint d'une couronne de chêne, le corps enveloppé d'une vieille lévite verte à collet d'hermine.
A. FRANCE, Les Dieux ont soif, 1912, p. 55.
2. [P. réf. à la longévité de l'arbre ou à la dureté de son bois] Solide comme un chêne. D'une santé à toute épreuve. Pousser, être fort comme un chêne. Le chêne et le roseau. J'ai vu la mort de plus près que vous, et je me porte comme un chêne (ABOUT, Le Roi des montagnes, 1857, p. 124) :
• 4. Regarde notre arbre : il ne compte que cinq générations, il n'a pas même l'importance d'un brin d'herbe, au milieu de la forêt humaine, colossale et noire, dont les peuples sont les grands chênes séculaires.
ZOLA, Le Docteur Pascal, 1893, p. 118.
Prononc. et Orth. :[]. Ac. 1694 et 1718 : anc. graph. chesne; Ac. 1740-1932 : graph. mod. avec l'accent circonflexe marquant la disparition de s implosif et contribuant à maintenir la durée longue de la syll. (cf. G. STRAKA, Syst. des voyelles du fr. mod., Strasbourg, Inst. de Phonét., 1950, p. 31 et BUBEN 1935, § 24). Homon. chaîne. Étymol. et Hist. Fin XIe s. judéo-fr. chasne, chaisne, chesne (RASCHI Blondh., § 199 et 607); 1160 chasne (Enéas, éd. J.-J. Salverda de Grave, 1921); ca 1170 chaidne (Rois, éd. E. R. Curtius, p. 18); 1177-88 chaisne, chesne (CHR. DE TROYES, Perceval, éd. W. Roach, 6528-6529); ca 1225 désigne le bois tiré de cet arbre chainne (G. DE COINCI, éd. V. F. Koenig, I Mir. 11, 1466); 1600 chesne-vert (O. DE SERRES, 794 et 795 ds LITTRÉ). L'a. fr. chasne est issu de cassanus attesté sous la forme casnus (866 ds NIERM.; v. aussi DU CANGE t. 2, p. 203c) prob. d'orig. gaul. (REW3, n° 1740) ou pré-gaul. (v. FEW t. 2, p. 461b). D'apr. Ascoli ds Archivio glottologico italiano, t. 11, pp. 425-427 cassanus serait le représentant gaul. du gr. (châtaigne), v. aussi HUBSCHMID fasc. 2, p. 104. Les formes chaisne, chesne sont plus prob. issues d'un croisement avec fraisne, frêne (v. G. Tuaillon cf. bbg.) que d'un type caxinu (FOUCHÉ, p. 816; v. aussi COR., s.v. quejigo); chêne-vert est composé de chêne et de vert. Fréq. abs. littér. :2 686. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 4 490, b) 4 461; XXe s. : a) 3 979, b) 2 807.
DÉR. 1. Chêneau, subst. masc. Jeune chêne. De jeunes chêneaux de trois pieds (J.-J. BAUDRILLART, Nouv. Manuel forestier, trad. de Burgsdorf, 1808, p. 128). [Les dict. attestent un synon. chênette, subst. fém.] — []. Lar. Lang. fr. transcrit [e] fermé. À ce sujet cf. chênaie. Ds Ac. 1694 et 1718 s.v. Chesneau. Ds Ac. 1740-1932 sous la forme moderne. — 1res attest. 1323 pic. kaisniel (DELB., Rec. ds QUEM.); 1551 chesneau (Comptes Chenonceau, 129 ds IGLF); de chêne, suff. -eau. — Fréq. abs. littér. : 1. 2. Chêneteau, subst. masc. Jeune chêne ou baliveau de chêne. Célestin lui avait même construit là, derrière les chêneteaux, au bord de la rivière, un kiosque où elle pouvait se reposer (CHÂTEAUBRIANT, M. des Lourdines, 1911, p. 185). On rencontre ds la docum. chênetière, subst. fém. Endroit peuplé de chêneteaux. Le Rouge (...) prit solitairement son buisson. Il choisit une jeune taille (...) une chênetière au bord d'un ruisseau (GENEVOIX, La Dernière harde, 1938, p. 152). — Dernière transcr. ds DG : chèn'-to. Ac. Compl. 1842 et Lar. 19e enregistrent également la vieille forme chenneteau. — 1res attest. 1544 chesneteau (J. MARTIN, trad. de l'Arcadie de Sannazar, 28 r° ds HUG.) — 1611, COTGR.; 1743 chêneteau (Trév.); qualifié de ,,vx`` par Lar. 20e; de chêne, suff. -eau élargi en -eteau.
BBG. — GOTTSCH. Redens. 1930, p. 19, 21. — MAT. Louis-Philippe 1951, p. 179, 307. — SAIN. Arg. 1972 [1907], p. 110. — TUAILLON (G.). Chêne et frêne en gallo-roman. R. Ling. rom. 1971, t. 35, n° 137/138, pp. 106-130.
chêne [ʃɛn] n. m.
ÉTYM. Fin XIIIe; de l'anc. franç. chasne (fin XIe), du bas lat. cassanus, mot gaulois.
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♦ Grand arbre (Cupuliféracées; n. sc. Quercus) atteignant 25 à 40 m de hauteur, à fleurs monoïques en chatons, à feuilles lobées (caduques), répandu surtout dans l'hémisphère Nord (→ Arbuste, cit.). || Réputé pour sa longévité, le chêne peut vivre plus de cinq cents ans. || Fruit du chêne. ⇒ Gland. || Bois, plantation de chênes. ⇒ Chênaie, glandaie (régional). — Chêne et Chien, poème de R. Queneau (→ ci-dessous, cit. 7.2). — Le chêne, arbre sacré dans de nombreuses cultures antiques. || Les chênes druidiques; le gui du chêne. — Képi à feuilles de chêne des généraux français (la couronne de chêne était une récompense chez les Romains. → Laurier). — Emploi de l'écorce de chêne en corroyage. ⇒ Tan, tanin. — Bois de chêne, utilisé pour la charpenterie, l'ameublement, le tonnelage (⇒ Douvain, merrain), le charronnage, parfois le chauffage. || Un parquet de chêne.
1 Il laisserait debout maint chêne et maint sapin
Dont chacun respectait la vieillesse et les charmes.
La Fontaine, Fables, XII, 16.
2 Sous un chêne aussitôt il va prendre son somme,
Un Gland tombe : le nez du dormeur en pâtit.
La Fontaine, Fables, IX, 4.
3 Une couronne de feuilles de chêne (…) devenait inestimable parmi les soldats, qui ne connaissaient pas de plus belles marques que celles de la vertu, ni de plus noble distinction que celle qui venait des actions glorieuses.
4 Les chênes pourrissaient autrefois dans les forêts; ils sont façonnés aujourd'hui en parquet.
Voltaire, Dialogues, 4.
5 Un eubage vêtu de blanc monta sur le chêne et coupa le gui avec la faucille d'or de la Druidesse.
Chateaubriand, les Martyrs, IX.
6 Souvent sur la montagne, à l'ombre du vieux chêne,
Au coucher du soleil, tristement je m'assieds.
Lamartine, Premières Méditations, I, « L'isolement ».
7 Cinq vieux chênes, germant dans ces concavités,
Y penchent en tous sens leurs troncs creux et voûtés (…)
Le plus vieux, suspendu sur l'une des ravines,
La couvre comme un pont de ses larges racines (…)
Lamartine, Jocelyn, 2e époque.
7.1 La diversité des arbres faisait un spectacle changeant (…) Il y avait des chênes rugueux, énormes, qui se convulsaient, s'étiraient du sol, s'étreignaient les uns les autres, et, fermes sur leurs troncs, pareils à des torses, se lançaient avec leurs bras nus des appels de désespoir, des menaces furibondes, comme un groupe de Titans immobilisés dans leur colère.
Flaubert, l'Éducation sentimentale, Pl., t. II, p. 356.
7.2 Le chêne lui est noble et grand il est fort et il est puissant il est vert il est vivant il est haut il est triomphant (…) Du chêne la branche se tend vers le ciel
R. Queneau, Chêne et Chien, p. 82.
➪ tableau Noms d'arbres, arbustes et arbrisseaux.
♦ Spécialt. || Chêne rouvre. ⇒ Rouvre. || Chêne gallifère. ⇒ Galle. || Chêne truffier. — Chêne vert (⇒ Yeuse) : chêne à feuillage persistant, propre à la région méditerranéenne. || Les glands de chêne vert torréfiés fournissent le « café de glands doux ». — Chêne kermès : chêne méditerranéen dont l'insecte parasite (⇒ Cochenille, kermès) donne un colorant rouge. ⇒ aussi Chêne-liège.
8 Les pentes sont entièrement couvertes de broussailles, et les sommets se couronnent avec gravité de chênes verts, de chênes-lièges et d'arbres résineux.
E. Fromentin, Un été dans le Sahara, I, p. 12.
8.1 L'essence de beaucoup la plus importante qui a dû revêtir presque partout la région (méditerranéenne) avant l'apparition de l'homme, est le Chêne-vert (Quercus Ilex); le Chêne-liège (Quercus suber) le remplace dans les terrains siliceux, enfin le Chêne-kermès (Quercus coccifera) occupe de sa broussaille naine les sols pierreux et rocailleux; son nom patois, garoulia, en Languedoc, d'où on fait garrigue, sert à désigner les espaces déboisés et broussailleux où il domine habituellement avec les Cistes.
E. de Martonne, Traité de géographie physique, t. III, p. 1298.
♦ ☑ Loc. fig. Pousser, être fort comme un chêne.
9 Aussi poussa-t-il comme un chêne, il acquit de fortes mains, de belles couleurs.
Flaubert, Mme Bovary, I, 1, p. 10.
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DÉR. et COMP. Chênaie, chêneau, chênette. Chêne-liège. Feuille de chêne.
HOM. Chaîne.
Encyclopédie Universelle. 2012.