DEUTÉRONOME (LIVRE DU)
DEUTÉRONOME LIVRE DU
Cinquième et dernier livre du Pentateuque. La Bible juive l’appelle, de ses premiers mots, Elleh haddebarim («Voici les paroles») ou simplement Debarim («Paroles»). La Bible grecque, et à sa suite la Vulgate, l’intitulent «Deutéronome» (deuteros nomos , «seconde loi») — selon l’interprétation donnée à XVII, 18 — , parce que, venant après les autres livres législatifs (Exode, Lévitique et Nombres) et contenant aussi un code de lois, ce livre apparaissait comme une réédition du code mosaïque.
On tend aujourd’hui à rattacher le Deutéronome aux milieux israélites du Nord. Il marque, en effet, une continuité réelle avec la tâche de l’élohiste (l’Horeb supplante le Sinaï dans les deux cas et le même Décalogue s’y trouve à peu près reproduit; le Dieu du Deutéronome est toujours Élohim; etc.). Cependant, grandes sont les différences entre les deux traditions. Dans le Deutéronome, les récits ne prédominent plus et laissent la place aux discours (I-XI et XXVII-XXX), dans lesquels s’insèrent à présent les lois (XII-XXVI), elles-mêmes présentées dans un style oratoire; l’histoire, qui n’est pas pour autant absente, ne commence qu’à l’Horeb, et Moïse est la figure vedette dominant toute la destinée du Peuple élu. L’unité du culte y est affirmée pour toutes les tribus (XII, 5: «Vous ne viendrez trouver Yahweh votre Dieu qu’au lieu choisi par Lui, entre toutes vos tribus, pour y placer Son Nom et L’y faire habiter»). Cette insistance sur la centralisation cultuelle répercute la situation religieuse des réfugiés du Nord, qui placent leur fidélité au culte yahviste dans la seule autorité du sanctuaire de David.
Le Deutéronome est une compilation, exécutée dans une optique théologique, de textes antérieurs venus probablement des sanctuaires du Nord, tandis que les tribus septentrionales étaient sous le joug assyrien. «C’est parce qu’il ne convenait pas entièrement à la situation qu’il n’a pas été reçu jusqu’à ce qu’il se trouve répondre aux besoins de l’appel de Josias aux tribus du Nord lors de la débâcle assyrienne» (H. Cazelles).
Le Deutéronome appartient au genre biblique des discours d’adieu. Avant sa mort, le héros, Moïse, s’adresse au peuple: il lui rappelle l’époque du désert (I-III) et l’exhorte à observer la Loi s’il veut entrer en possession de la Terre promise (IV et ss.); aux commandements déjà reçus et rappelés le testateur ajoute d’autres commandements, inédits jusque-là; à l’obéissance succédera la bénédiction et à la désobéissance la malédiction (XXVIII). Après avoir pris Josué comme successeur, Moïse prononce chants et bénédictions (XXXII-XXXIII); viennent ensuite le récit de sa mort et l’hommage rendu à sa mémoire (XXXIV).
L’ensemble du livre se répartit en quatre parties, dont les trois premières correspondent chacune à un discours: premier discours (I, 1-IV, 40); deuxième discours (IV, 41-XXVIII, 64), qui constitue la partie la plus ancienne du livre, datant de la première édition de l’œuvre et probablement mise au point durant la réforme de Josias, en \DEUTÉRONOME (LIVRE DU) 622 (y prennent place tout particulièrement le Décalogue, V, 6-21, et un texte célèbre qui commande encore aujourd’hui l’ensemble de la piété juive, le Šema Israël : «Écoute Israël...», VI, 4-5); troisième discours (XXIX-XXX). La quatrième partie comprend des appendices, XXXI-XXXIII (testament de Moïse) et XXXIV (mort de Moïse).
L’influence du Deutéronome fut considérable tant dans la tradition israélite, préexilique, exilique et postexilique que dans sa postérité tardive, jusque dans le Nouveau Testament (en témoigne, par exemple, le récit évangélique de la tentation au désert, Matthieu, IV) et dans la piété chrétienne (notamment dans les fêtes des Quatre Temps et la célébration du samedi saint). Depuis Origène, il n’a cessé de solliciter les commentateurs.
Encyclopédie Universelle. 2012.