saborder [ sabɔrde ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1831; de sabord
1 ♦ Percer (un navire) au-dessous de la flottaison dans le but de le faire couler. — Pronom. Se saborder : couler volontairement son navire.
2 ♦ (1942; des journaux qui renoncèrent d'eux-mêmes à paraître) Saborder son entreprise, se saborder, mettre fin volontairement aux activités de son entreprise.
● saborder verbe transitif (de sabord) Couler volontairement un navire pour éteindre un incendie, ou pour l'empêcher de tomber dans les mains de l'ennemi. Mettre volontairement fin à l'activité d'une entreprise. Agir de manière à détruire un projet. ● saborder (synonymes) verbe transitif (de sabord) Couler volontairement un navire pour éteindre un incendie, ou pour...
Synonymes :
- couler
saborder
v. tr.
d1./d Saborder un navire, percer des voies d'eau sous la flottaison pour le couler.
|| v. Pron. Couler son propre navire (pour qu'il ne tombe pas aux mains de l'ennemi).
d2./d Fig. Mettre volontairement fin à l'existence (économique, politique, etc.) de. Saborder son entreprise.
|| v. Pron. Régime qui se saborde.
⇒SABORDER, verbe trans.
A. — MAR. Couler volontairement un navire. Le cargo Poitiers, venant de Dakar et filant vers Libreville, ayant été arraisonné par les Anglais, fut sabordé par son commandant (DE GAULLE, Mém. guerre, 1954, p. 102). Empl. pronom. réfl. La majeure partie de notre flotte stationnée dans le port de Toulon se sabordait (...) en novembre 1942 plutôt que de se rendre aux Allemands (Procès Pétain, t. 2, 1945, p. 1120).
♦ P. métaph. Si le ministre anglais n'avait pas sabordé le Ministère grec, les brigands n'auraient tué personne (MÉRIMÉE, Lettres Mme de Beaulaincourt, 1870, p. 169).
B. — Au fig.
1. Mettre fin volontairement à l'activité d'une entreprise. Saborder son entreprise. Empl. pronom. réfl. Les journaux de province (...) du moins ceux qui ne s'étaient pas sabordés en 1940 (...) poursuivaient leur publication avec difficulté (COSTON, A.B.C. journ., 1952, p. 59).
— P. ext. Ruiner. Si ce pauvre Charlot n'avait pas prématurément péri (...), il aurait sans doute achevé de la saborder [la fabrique]: il était comme son père entreprenant à l'excès (BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 197).
2. Fam. ou arg.
— Saborder qqn. Détruire quelqu'un psychologiquement, ruiner sa confiance en lui. [Le vieux marin:] Mais quelle idée, aussi, cette Parisienne de malheur (...) d'aller saborder [= gâter de ses amours vicieuses] un mousse comme Marie-Pierre, un morveux! (RICHEPIN, Glu, 1883, p. 18). « Une gosse »... Je la détestais pour ce mot. Il m'humiliait. Il y a deux jours (...) quelqu'un m'avait vue autrement. Il avait essayé de me donner de la force. Elle, elle me sabordait (J. BOISSARD, L'Esprit de famille, t. 5, Cécile, la Poison, Paris, Le Livre de poche, 1990 [1984], p. 220).
— Être (tout) sabordé par qqc. Être (tout) retourné, bouleversé par quelque chose. [Le vieux marin:] Ah! je suis tout sabordé par ces histoires-là (...), moi (RICHEPIN, Glu, 1883, p. 26).
Prononc. et Orth.:[], (il) saborde [-]. Att. ds Ac. 1935. Étymol. et Hist. 1. Mar. a) 1831 trans. (WILL.); b) 1945 pronom. (Procès Pétain, loc. cit.); 2. a) 1946 saborder son journal (ABELLIO, Pacifiques, p. 280); b) 1958 « ruiner » (BEAUVOIR, loc. cit.). Dér. de sabord; dés. -er. Fréq. abs. littér.:17.
DÉR. Sabordage, subst. masc. Action de saborder ou de se saborder. a) [Corresp. à supra A] Au lendemain de cette destruction [à Toulon], qui privait la France d'un admirable instrument de combat le maréchal Pétain, loin de regretter que la flotte ne s'y soit pas soustraite en gagnant le large, félicitait l'amiral de Laborde d'être resté sourd à l'appel de la dissidence. Plutôt le sabordage que de se joindre aux forces françaises libres ou à nos alliés (Procès Pétain, t. 1, 1945, p. 28). b) Au fig. [Corresp. à supra B] Pourquoi le nierais-je? Ce sabordage de l'Express quotidien nous a surpris. Nous l'avons ressenti comme un coup (MAURIAC, Bloc-Notes, 1958, p. 216). — []. — 1re attest. 1894 (SACHS-VILLATTE ds QUEM. DDL t. 5); de saborder, suff. -age.
saborder [sabɔʀde] v. tr.
ÉTYM. 1831; de sabord.
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1 Percer (un navire) au-dessous de la flottaison en créant (par explosion notamment) des voies d'eau suffisantes pour le faire couler. ⇒ Couler, sauter (faire). || Saborder un navire pour qu'il ne tombe pas aux mains de l'ennemi. — Pron. || Se saborder : couler volontairement son navire, s'envoyer par le fond. || La flotte française de Toulon reçut en novembre 1942 l'ordre de se saborder.
1 (…) le Maréchal, ses ministres, le préfet maritime, le commandant en chef de la flotte, paralysés par les conséquences de leur propre abandon, ne trouvent rien à prescrire à ces puissants navires de guerre que de s'envoyer eux-mêmes par le fond. Trois cuirassés ! (…) 8 croiseurs : (…) 17 contre-torpilleurs, 16 torpilleurs, 16 sous-marins, 7 avisos, 3 patrouilleurs (…) commettent ainsi, par ordre, le suicide le plus lamentable et le plus stérile qu'on puisse imaginer. Encore, 1 contre-torpilleur, 1 torpilleur, 5 pétroliers, n'ont-ils pu être sabordés et serviront aux Allemands.
Ch. de Gaulle, Mémoires de guerre, t. II, p. 50.
2 (1942, en parlant des journaux qui renoncèrent d'eux-mêmes à paraître après l'occupation totale de la France). || Saborder son entreprise, se saborder : mettre fin volontairement aux activités de son entreprise.
2 Après le débarquement en Afrique du Nord, et l'occupation de la zone sud, le régime appliqué par les autorités allemandes à la zone occupée fut étendu à toute la France. Un certain nombre de journaux qui avaient paru dans la zone dite libre se sabordèrent alors (Le Figaro, Le Progrès, Le Temps, etc.).
Pierre Denoyer, la Presse dans le monde, p. 97.
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DÉR. Sabordage.
Encyclopédie Universelle. 2012.