ANVERS
Deuxième port du continent européen, quatrième port du monde, Anvers (en néerlandais, Antwerpen) se dresse au milieu des polders de l’Escaut, autour de la silhouette folklorique du fort du Steen, la flèche de sa tour (123 m) de la cathédrale gothique et de quelques gratte-ciel. La fiévreuse activité commerciale et portuaire a depuis longtemps quitté le centre historique de la métropole pour se déployer le long des bassins, de plus en plus nombreux, sur les deux rives de l’Escaut, à des dizaines de kilomètres plus au nord et à l’ouest de la ville.
Datant de l’époque carolingienne, et peut-être même romaine, les habitations furent détruites par les Normands puis rebâties. Au XIIIe et XIVe siècles, la ville devint une foire commerciale brabançonne de première importance. Mais rien ne laissait supposer l’essor international du XVIe siècle. Celui-ci est dû surtout à des facteurs exogènes: la chute de Bruges, centre commercial flamand, et de Venise, centre méditerranéen, l’arrivée à Anvers des marchands de Haute-Allemagne, des Merchant Adventurers anglais, des commerçants portugais qui intervinrent tous au début du XVIe siècle. Anvers fut un hôte accueillant pour ces étrangers et leur proposa de généreux privilèges juridiques et des facilités commerciales, répartissant les activités et pratiquant le travail à façon jusqu’en zone rurale où une main-d’œuvre abondante, à bon marché, garantissait des prix peu élevés. La révolte des Pays-Bas contre Philippe II d’Espagne, où Anvers se rangea du côté des rebelles, et le traité de Münster (1648), qui fermait l’Escaut aux bâtiments maritimes, consacrèrent le déclin de la ville, laissant à Amsterdam le savoir-faire commercial et lui abandonnant les relations avec la péninsule Ibérique. La Révolution française et Napoléon, introduisant un nouvel ordre en Europe, rouvrirent l’Escaut et donnèrent ainsi à la ville la possibilité de reprendre son activité. Depuis lors, Anvers subit les épreuves des deux guerres et des crises économiques mondiales, et se maintint grâce à l’acharnement et à l’ingéniosité de ses habitants, de ses dockers héroïques qui continuèrent à décharger sous les bombardements des V-1 allemands, du travail, souvent ingrat, de ses immigrés et du rayonnement international de la Communauté européenne. Anvers est devenue plus qu’une ville prospère, c’est un point de rencontre du monde maritime et industriel, qui dépasse largement le rang que la Belgique occupe dans le concert des nations. Les noms de Pieter Bruegel, de Pierre Paul Rubens, d’Antoine Van Dyck, de Hans Rückers et de Christophe Plantin témoignent de son rayonnement artistique et intellectuel.
1. Histoire de la ville
Les origines
Il existe plusieurs étymologies possibles pour « Antwerpen »; la dernière en date indique que le nom serait dérivé du germain: anda = à l’opposé; werpum = terre conquise. Le site date peut-être de l’époque romaine, certainement de l’époque mérovingienne et carolingienne (VIIIe et IXe s.). Il s’agit vraisemblablement de deux sites, l’un au nord et l’autre à l’emplacement de l’abbaye Saint-Michel (au sud). Comme tant d’autres, ces sites furent détruits par les Normands puis rebâtis peut-être par les Frisons. Terre d’Empire depuis 843, Anvers fut le siège d’un marquisat et, derrière ses fortifications, un bastion de la résistance contre les comtes de Flandre. Au XIIIe siècle, la place devint une étape entre l’Allemagne (Cologne) et l’Angleterre (Londres). Lors des troubles qui agitèrent la Flandre, l’entrepôt de la laine fut provisoirement fixé à Anvers, qui devint une des quatre villes du duché de Brabant. En 1357, la ville et ses alentours furent temporairement annexés au comté de Flandre, et Louis de Maele se garda bien de favoriser l’activité commerciale de sa conquête.
L’apogée du XVIe siècle
Au XVe siècle, les Hanséates fuirent Bruges et s’installèrent à Anvers. Après la mort de Charles le Téméraire, sous la régence de Maximilien de Habsbourg, Anvers, restée fidèle au prince, reçut en contrepartie de nombreux privilèges juridiques et commerciaux. Les commerçants quittèrent Bruges et Gand et s’installèrent sur l’Escaut occidental, le nouveau bras de l’Escaut, créé par les marées de tempête qui s’étaient produites en Zélande au XVe siècle, reliait plus directement la ville à la mer du Nord. Anvers reçut également l’entrepôt de l’alun des États pontificaux. En outre, la ville pouvait se prévaloir de la présence des Merchant Adventurers anglais, des marchands de Haute-Allemagne et des Portugais qui choisirent Anvers comme étape pour le poivre et les autres épices de l’Inde, dont l’Europe septentrionale était si friande. La laine écossaise et le drap anglais étaient traités sur place, à Anvers, et exportés en Inde par les Portugais. Ceux-ci échangeaient leurs épices contre le métal de la Haute-Allemagne. Ce commerce se développa en quelque années, au début du XVIe siècle. En cent ans, la population de la ville passa de 10 000 à près de 100 000 habitants, ce qui est tout à fait inhabituel pour l’époque. À Anvers naquirent aussi de nouvelles techniques financières et commerciales: les lettres de change au porteur avec assignation et endossables. L’introduction de l’endossement date de 1500. La circulation de ces billets au porteur fut à l’origine du succès de la monnaie de papier bancaire anglaise et écossaise au XVIIe siècle. De même, l’escompte moderne et l’assurance maritime ont vu le jour à Anvers. L’ouverture du bâtiment de la Bourse en 1531 explique en grande partie ce développement des techniques financières. Les étrangers représentaient un septième de la population; ils disposaient de consuls et jurisprudences spécifiques. Vers 1550, Anvers fut le théâtre de troubles sociaux et de difficultés économiques. À partir de 1568, lors de la rébellion des Pays-Bas contre Philippe II, roi des Pays-Bas et d’Espagne, cette ville, comptant beaucoup de calvinistes, de luthériens et de sociétés libertaires, choisit résolument le camp des rebelles et des radicaux contre le Roi Très Catholique. En 1585, Anvers, assiégée par Alexandre Farnèse, duc de Parme, capitula. Plusieurs dizaines de milliers de commerçants, d’artisans, d’hommes de science et d’hommes de lettres quittèrent leur ville natale et s’installèrent en Hollande pour nombre d’entre eux. L’Escaut fut fermé et Anvers cessa d’être un port de mer. L’essor d’Amsterdam au XVIIe siècle est largement tributaire de la chute d’Anvers.
Le déclin
La ville continua cependant à produire des objets de luxe et garda un important marché de capitaux. Mais c’est à peine si elle recevait de cinq à dix bâtiments maritimes par an. Cette situation dura jusqu’à la Révolution française et l’occupation de la Belgique par les Français (à partir de 1795). Napoléon remarqua le parti que l’on pouvait tirer de la position d’Anvers par rapport à la Grande-Bretagne et fit développer l’infrastructure du port, mais le blocus continental freina momentanément la pleine reprise de l’activité portuaire. Lors de la révolution belge contre le royaume uni de Guillaume Ier en 1830, les Hollandais bloquèrent le port et investirent la citadelle. L’Escaut fut libéré en 1839, mais le roi Guillaume Ier des Pays-Bas exigea un tonlieu. En 1863, l’État belge racheta ce péage, et ce n’est qu’à partir de ce moment qu’Anvers put retrouver une prospérité. Mais la ville restait liée par des servitudes militaires qui maintenaient les anciennes fortifications et empêchaient l’extension portuaire si nécessaire à l’essor économique.
La renaissance
En 1874, les quais de l’Escaut furent redessinés et réaménagés, et de nouveaux bassins creusés; pendant cette opération, une bonne partie de l’ancienne ville fut sacrifiée au « progrès ». En août et septembre 1914, la ville fortifiée fut le bastion national de l’armée belge et du roi, Albert Ier, qui tinrent en échec les Allemands et les gênèrent pendant l’offensive de la Marne. La ville tomba aux mains des Allemands le 9 octobre 1914, mais le roi Albert Ier et le gros de son armée purent s’enfuir à l’ouest et prendre position derrière l’Yser. Dans l’entre-deux-guerres, le port s’agrandit vers le nord, avec la construction de nouveaux bassins et de l’écluse de Royers. Grâce à l’action de la Résistance, la ville, avec son port intact, fut reprise par les Alliés le 4 septembre 1944, mais les Allemands lancèrent des V-1 (1 500 bombes volantes tombèrent sur la ville) et des V-2 (au cours de l’hiver 1944-1945), ce qui coûta la vie à 3 740 civils. Le port et les dockers purent assurer cependant sans interruption l’approvisionnement des armées alliées en Allemagne. Après la Seconde Guerre mondiale, le port fut réaménagé pour répondre aux besoins de l’époque, mais il n’en resta pas moins menacé par la concurrence de Rotterdam alors en pleine expansion.
Le traité de 1839 passé entre les Pays-Bas et la Belgique accordait à cette dernière une liaison « moderne » entre Anvers et le Rhin (aux Pays-Bas). Cette voie de communication fluviale a longtemps été au centre du contentieux belgo-hollandais. Après la Seconde Guerre mondiale, des pourparlers furent entamés, et en 1965 entra en vigueur un accord selon lequel les Néerlandais devaient creuser un nouveau canal Escaut-Rhin; celui-ci fut ouvert à la navigation en 1975. Commençant au nord des installations portuaires de la ville, il traverse la Zélande et l’Escaut oriental et débouche dans le Hollands Diep. Il à 35 kilomètres de moins que le canal qu’il remplace et peut être emprunté par des convois de poussage de 9 000 tonnes. Les frais furent couverts à 85 p. 100 par la Belgique; les Pays-Bas furent chargés de l’entretien du canal.
2. Anvers, foyer artistique
Avant le XVIe siècle
La vie artistique au Moyen Âge, à Anvers, n’atteint pas la renommée qui sera la sienne dans les siècles suivants. Cependant, de nombreux documents d’archives semblent indiquer que la production d’œuvres d’art, notamment de retables en bois sculpté, était déjà considérable. Il est difficile, sinon impossible, de distinguer ce qui se fabriquait à Anvers de ce qui sortait des ateliers d’autres villes brabançonnes. Le style des quelques exemples qu’on a pu conserver est sensiblement le même dans ces divers ateliers.
Organisation des corps de métiers
Une ordonnance municipale en date du 26 août 1382 résume les points du règlement de la corporation des artistes, réunis sous le patronage de saint Luc. À ce moment, elle comprend les orfèvres, les peintres, les verriers, les brodeurs et les sculpteurs sur bois. Il convient de distinguer ces derniers des tailleurs de pierre, qui, eux, font partie de la corporation des Quatre Couronnés. La date exacte de la création de la corporation de saint Luc est inconnue, mais remonte sans doute tôt au XIVe siècle. La réglementation garantit le monopole du travail aux membres, qui doivent être citoyens de la ville. Elle prévoit aussi des mesures pour la sauvegarde de la qualité de la production, notamment en imposant le contrôle des matériaux employés et l’application des marques désignant la ville d’origine, l’atelier et quelquefois la date. En général, le nombre de professions qui se rangent sous l’égide de la corporation tend à s’accroître au XVe siècle et surtout au XVIe. Seuls les orfèvres, obligés de se soumettre à une réglementation très stricte, à cause de la valeur des matières qu’ils travaillent, se détachent en 1456 de la corporation de saint Luc pour former leur propre corps de métier. D’autre part, ceux qui travaillent dans l’industrie du livre (relieurs, imprimeurs, vendeurs), les graveurs, puis les faïenciers, les fabricants de clavecins, de meubles... viennent se joindre au corps de métier des artistes. Le plus ancien des Liggeren , ou registres des membres de la corporation, contient des données remontant à 1453, date probablement fortuite, car elle ne correspond pas à un événement spécial dans la vie de la gilde, tel que sa fusion, en 1481, avec la chambre de rhétorique De Violiere .
L’architecture gothique brabançonne
En s’inspirant largement de l’exemple des grandes cathédrales gothiques françaises, surtout celle d’Amiens, et sans doute aussi du dôme de Cologne, une variante spécifique du style gothique se développe sur le sol brabançon à partir du XIVe siècle. La conception de l’espace de ces grands monuments a été reprise, mais quelques éléments nouveaux lui donnent un caractère propre, comme l’emploi de piles cylindriques avec leurs chapiteaux à feuilles. Un des exemples les plus remarquables de ce style est la cathédrale d’Anvers, commencée en 1352. Les travaux ne s’achèvent qu’en 1535. Ses vastes dimensions et sa tour splendide, de 123 mètres de hauteur, en font un édifice hors pair, qui a influencé l’architecture religieuse dans d’autres villes des Pays-Bas. Le style gothique a survécu longtemps dans ces régions, et beaucoup de monuments construits au XVe et même au XVIe siècle en portent la marque.
Le XVIe siècle
Essor économique et développement artistique
Dès la fin du XVe siècle, l’essor favorable de la vie économique entraîne une brusque progression de l’activité artistique. De grandes fortunes se constituent, et les bourgeois riches ainsi que ceux dont la fortune est plus modeste commandent des œuvres d’art pour orner leurs maisons et les édifices publics. Les corporations veulent des tableaux pour leurs autels. On construit de nouvelles églises et un nouvel hôtel de ville. La cité s’embellit de nombreuses maisons patriciennes. Les arts industriels progressent rapidement. De plus, une large part des œuvres d’art créées à Anvers est destinée à l’exportation vers les pays scandinaves, l’Allemagne, l’Angleterre, l’Espagne. L’étendue de la production artistique en profite, ainsi que sa qualité et son originalité. L’attirance que la ville exerce sur les artistes étrangers en quête de débouchés explique que le nombre de ceux-ci augmente sensiblement à partir de la fin du XVe siècle. Les listes d’inscriptions de la corporation de saint Luc le prouvent. L’arrivée de plusieurs artistes de renom, venus d’autres centres, joue un rôle déterminant dans l’évolution artistique. L’originalité de l’art anversois du XVIe siècle réside dans la liaison qu’il effectue entre les données de la tradition gothique léguée par le XVe siècle et le nouvel apport de la Renaissance italienne.
Le rôle de la clientèle bourgeoise devient de plus en plus important. Les maisons des riches sont meublées somptueusement; murs et cheminées sont ornés de tableaux peints à l’huile ou à la détrempe. Alors qu’au début du siècle ce ne sont que des images religieuses, des Madones , des Adoration des rois mages , etc., qui sont en vogue, le répertoire s’étend bientôt vers d’autres sujets, comme des scènes mythologiques. Il est de bon ton, chez les patriciens, de se faire peindre des portraits qui seront pieusement conservés par les descendants. Mais, dans les églises et les couvents aussi, le mécénat laïque fait don de plusieurs œuvres d’art, sous forme de monuments funéraires ornés de sculpture ou de peinture (cela explique l’existence, de nos jours, d’un nombre considérable de Jugement dernier de cette époque), de vitraux ou de retables, qui sont l’orgueil des corporations.
Le gothique tardif et la Renaissance
La peinture n’ayant pas eu de signification très personnelle avant l’arrivée de Quentin Metsys à Anvers, elle est plus ouverte aux nouveautés que la Renaissance lui propose. L’architecture et la sculpture sur bois, qui ont connu un certain développement dans la période précédente, restent naturellement plus traditionalistes. L’architecture religieuse n’a pas fourni de monuments de style Renaissance à Anvers. On se contente d’achever les églises gothiques commencées au XIVe ou au XVe siècle (Notre-Dame, Saint-Jacques, Saint-André, Saint-Paul). L’architecture civile montre le même visage. Les maisons et les halles, comme la Maison des bouchers (1500-1503), restent fidèles à la structure gothique. Même l’Hôtel de ville (1560-1565), considéré comme caractéristique de la Renaissance flamande, n’en possède que le décor ornemental. Le même conservatisme se manifeste dans les retables en bois sculpté. La fabrication tend à devenir industrielle, grâce à la collaboration de plusieurs spécialistes : le menuisier construit la caisse, le sculpteur de maçonnerie y apporte les ornements architecturaux, le tailleur d’images fait les figures des différentes scènes; finalement, le peintre se charge de la polychromie du bois et, le cas échéant, peint les volets. Ces retables brabançons – dans d’autres villes du duché on en fabriquait aussi – sont exportés dans de nombreux pays. Le décor architectural ainsi que le style de la sculpture conservent longtemps les caractéristiques de l’art gothique. Aux environs de 1540, le décor reprend petit à petit des motifs de l’art de la Renaissance. De même, les peintres des volets de ces retables appartiennent au groupe des « maniéristes anversois », qui se cantonnent dans le même traditionalisme du gothique tardif.
La peinture
Le peintre le plus important de la première moitié du siècle est sans doute Quentin Metsys (1465 ou 1466-1530), qui travailla à Anvers de 1491 jusqu’à sa mort. Son style est fait d’une fusion de l’esprit religieux des primitifs et du goût de la beauté terrestre et de l’individualisme humain, qui sont les acquisitions de la Renaissance. Le sfumato dans les paysages démontre sa profonde connaissance de l’œuvre de Léonard de Vinci. Metsys a fait école surtout dans la peinture de genre, dont il fut le promoteur. Le paysage se développe aussi dans le sens d’une plus grande recherche du réalisme, chez Patenier, le créateur du « paysage panoramique », où les personnages religieux sont placés au deuxième rang.
Pierre Bruegel le Vieux (1525 env.-1569) apporte la synthèse de l’évolution précédente du paysage et de la peinture figurative, en éliminant ce qu’il y avait de conventionnel dans la conception de la nature chez Patenier. L’intégration de l’homme dans la nature et le message que ses œuvres contiennent ont fait reconnaître à juste titre son génie. Ses compositions ont souvent été recopiées, entre autres par ses fils Jean et Pierre.
La génération succédant à Metsys, représentée par Pierre Coeck et Michel Coxie, est plutôt influencée par Raphaël. Frans Floris, contemporain de Bruegel, a surtout admiré Michel-Ange et les peintres maniéristes qu’il a connus pendant son séjour en Italie. Puis l’influence vénitienne s’accentue encore chez Martin de Vos, que l’on dit élève du Tintoret. Otto Van Veen, un des maîtres de Rubens, a travaillé avec Federico Zuccari.
Une période de troubles
En août 1566 se produit le mouvement des iconoclastes. La plupart des œuvres d’art ornant l’église Notre-Dame sont brisées, mais remplacées peu après. Le 4 novembre 1576, la ville doit subir la furie espagnole, pendant laquelle l’Hôtel de ville est incendié. De 1579 à 1583, il est reconstruit et sa décoration intérieure renouvelée. La réconciliation avec le régime espagnol s’accompagne d’une épuration visant les calvinistes. Une large partie de la population quitte la ville pour s’établir en Allemagne ou en Hollande. Parmi celle-là, nombreux sont les artistes. Dans les églises, on remet en place les tableaux sur les autels et on remplace par de nouveaux triptyques ceux qui ont disparu. Cela explique le nombre considérable de grands triptyques comme ceux de Martin de Vos, des frères Francken et d’autres peintres qui, enlevés des églises seulement à la fin de l’Ancien Régime, sont conservés maintenant dans le musée d’Anvers ou encore in loco .
L’époque de Rubens
La séparation
La restauration du pouvoir espagnol ne se fait que dans les Pays-Bas méridionaux. Les provinces du Nord continuent la rébellion qui mènera à la reconnaissance de leur indépendance, lors du traité de Westphalie (1648).
À partir de 1600, on peut parler d’un art hollandais et d’un art flamand. Auparavant, quelques particularités régionales mises à part, il n’y avait qu’une seule école dite des Pays-Bas. L’école hollandaise de peinture du XVIIe siècle se distingue de l’école flamande par son réalisme, qui s’oppose au sensualisme baroque, caractéristique des grandes compositions religieuses ou profanes de l’école anversoise, pleines de figures idéalisées, de poses héroïques et de sentiments sublimes. Cette antithèse s’explique sans doute partiellement par la différence de religion, les régions du Nord étant en majeure partie, mais non exclusivement, calvinistes, tandis que les Pays-Bas méridionaux sont restés catholiques.
L’architecture de la Contre-Réforme
Le retour victorieux du catholicisme dans les Pays-Bas du Sud a eu une répercussion sur l’architecture du XVIIe siècle. On assiste à la construction de quantité d’églises et de couvents, à tel point qu’on a pu parler de style jésuite. En ce qui concerne Anvers, les édifices les plus importants de la première moitié du siècle sont l’église des Augustins, par Wenceslas Cobergher, et celle des Jésuites (actuellement Saint-Charles-Borromée) par Pierre Huyssens. Les plans des églises et le rythme des arcades démontrent encore la survivance de la tradition du XVIIe siècle. La décoration, notamment celle des façades, s’inscrit dans le programme de grandeur imposante et d’ornementation opulente de la Contre-Réforme. L’architecture profane, elle aussi, reste largement tributaire du passé, et seul l’ornement prend des caractéristiques baroques. La structure des maisons reste identique. Ainsi, même la maison de Rubens ne peut passer pour une maison de style vraiment baroque.
Rubens et la peinture
La peinture flamande de la première moitié du XVIIe siècle est entièrement dominée par la figure de Pierre-Paul Rubens, qui a su réaliser magistralement la synthèse de la tradition autochtone et de l’art italien. Après un temps d’apprentissage à Anvers, il effectue un séjour de huit ans en Italie, et revient en Flandre en 1608. Cette date marque un tournant décisif dans la peinture flamande. En quelques années, il impose son style. Son œuvre immense comprend de grands tableaux religieux pour les églises d’Anvers et d’autres villes, qui lui sont commandés par les ordres religieux, les corps de métiers ou par des mécènes. Il s’est avéré que le rôle de la bourgeoisie, dans ce mécénat, dépasse en importance celui de la noblesse et du clergé. Pour les bourgeois d’Anvers, Rubens peint des tableaux à sujets religieux ou profanes. Les peintres de cabinets d’amateurs, un sujet très à la mode dès la première moitié du siècle, ont conservé le souvenir de ces collections riches et variées. Par ailleurs, l’évolution commencée au XVIe siècle, qui tend à la spécialisation des peintres, se poursuit. Certains peintres ne font que des paysages, d’autres des natures mortes, des fleurs, des animaux... Souvent, plusieurs artistes collaborent à l’exécution d’un même tableau, chacun dans sa spécialité. Rubens a de nombreux collaborateurs, dont le plus talentueux est sans conteste Antoine Van Dyck. Ce dernier travailla durant sa jeunesse dans l’atelier du maître, où il exécuta de grands tableaux d’après ses esquisses, ou bien prépara des dessins pour les graveurs chargés de répandre les compositions de Rubens par l’estampe. D’autres disciples copient ses tableaux ou s’en inspirent pour composer eux-mêmes des œuvres qui contiennent plus ou moins d’originalité, suivant la force de leur personnalité.
Van Dyck quitte aussi Anvers pour se faire une carrière à l’étranger. D’abord il se rend en Angleterre, puis en Italie. Quand il revient dans sa ville natale, vers 1627, il y trouve de nombreuses commandes de tableaux pour décorer les autels, peut-être par suite des absences répétées de Rubens. Son style est devenu plus pictural, et l’expression des sentiments a un caractère très personnel. Cependant, c’est surtout comme portraitiste que Van Dyck a gagné sa renommée.
La sculpture
Le style réaliste et exubérant à la fois, dit de la Renaissance flamande, mis à la mode par Cornelis Floris entre 1550 et 1575, survit jusqu’en 1610 environ. On a aussi coutume de faire coïncider l’avènement du style baroque dans la sculpture avec le retour de Rubens à Anvers. Mais durant les premières décennies du siècle, la sculpture ne porte pas encore le cachet de l’art baroque. L’œuvre des frères Robert et Hans Colyns de Nole, ou de Hans Van Mildert, reste attachée aux traditions du XVIe siècle. L’influence de Rubens semble bien présente dans la conception des mouvements des figures et dans l’ampleur des plis des vêtements. Cependant, ce n’est qu’après sa mort que la sculpture baroque s’impose vraiment dans les Pays-Bas méridionaux.
De 1648 jusqu’à la fin de l’Ancien Régime
Un siècle de malheur?
Rubens meurt en 1640 et Van Dyck en 1641. C’est à peu près au même moment que la sculpture baroque anversoise prend son véritable élan. Pourtant, le déclin économique de la ville, comme de tout le pays d’ailleurs, se poursuit. Il plonge pour une longue période une grande partie de la population dans un véritable état de dénuement matériel et intellectuel. Mais cette décadence est loin d’être aussi complète que les historiens l’ont trop souvent affirmé. Durant la seconde moitié du XVIIe et au XVIIIe siècle, quantité de peintres manifestent leurs talents, tandis que la sculpture atteint seulement son apogée à partir de 1650. Notons aussi que l’architecture civile du XVIIIe siècle produit des maisons patriciennes qui peuvent soutenir la comparaison avec ce qu’il y a de mieux dans les autres pays d’Europe. Ce siècle n’est donc pas tout à fait un siècle de malheur, comme on a l’habitude de le désigner.
La peinture après Rubens
Jordaens apparaît, comme le constatent déjà ses contemporains, le premier parmi les peintres d’Anvers. Son décès ne survient qu’en 1678, mais, artistiquement, il survit à lui-même. L’exubérante vitalité du style rubénien, qu’il continue d’honorer, fait place, dès le milieu du siècle, à une expression plus distinguée et retenue. Les sujets traités restent les mêmes : scènes religieuses, mythologiques ou allégoriques, paysages, natures mortes, peinture de genre, portraits. Dans tous ces domaines, le même phénomène se produit avec une tendance vers l’élégance et vers un sentiment plus serein et idyllique. Les scènes de violence presque animale, telles qu’elles sont dépeintes par Brouwer, sont remplacées par des vues d’auberges paisibles et des scènes de la vie paysanne idéalisée de David Teniers le Jeune. L’influence du classicisme français se fait sentir de plus en plus. La peinture de genre conservera un succès constant à travers le XVIIIe siècle, avec les Horemans et Lambrechts, et cette tradition se perpétue jusqu’au XIXe siècle. Dans les grandes compositions religieuses, où le répertoire des formes légué par Rubens reste le plus actif, la tension se relâche et, au XVIIIe siècle, les toiles sont devenues de « grandes machines » vides et emphatiques. À cette époque, la peinture va se mettre au service de l’architecture, imitant par exemple en grisaille la sculpture au-dessus des portes.
Architecture et sculpture
La seconde moitié du XVIIe siècle n’est pas riche en architectes transcendants ni en édifices importants. Dans l’architecture profane, on assiste à une tendance vers le classicisme qui est bien dans l’esprit du temps. On ne construit plus de maisons nouvelles à partir de 1650. Dans le domaine religieux, à Anvers, on s’attache plutôt à décorer certaines églises existantes qu’à en bâtir des nouvelles. Le plus bel exemple est l’église Saint-Paul, ravagée par les flammes en avril 1968, édifice gothique doté d’une décoration baroque imposante.
Le style du plein baroque, qui atteint son apogée de 1640 à 1680, est caractérisé par des poses nobles et héroïques sans être théâtrales, par la grande plasticité des formes et par un emploi abondant de motifs ornementaux empruntés à la nature. Les sculpteurs principaux sont Artus Quellin le Vieux, Luc Faydherbe et Pierre Verbruggen. Ces artistes donnent le ton pour toutes les villes du pays. Vers 1675, le style évolue vers le baroque tardif. Les poses des statues deviennent plus élégantes, une conception plus picturale du modelé se fait jour. La période des grandes commandes de décoration d’églises est alors terminée et, pour subvenir à leurs besoins, plusieurs sculpteurs doivent émigrer en Angleterre, en Scandinavie, en Allemagne ou en France.
Parmi les architectes qui travaillent à Anvers au XVIIIe siècle, Jean-Pierre Van Baurscheit le Jeune est un représentant du style rococo d’une importance telle qu’il dépasse par sa maîtrise le cadre de l’architecture locale. Il a conçu à Anvers un certain nombre de demeures patriciennes, comme la maison Osterrieth. Malheureusement, la plupart des bâtiments dont il fut l’architecte ont disparu. En réalité, le nombre d’édifices profanes érigés durant cette période est considérable, alors que celui des églises nouvelles est très limité.
Il convient encore de mentionner la renommée internationale des meubles de luxe anversois de la seconde moitié du XVIIe siècle. Là aussi, on peut distinguer une évolution stylistique comparable à celle que l’on a observée dans la sculpture.
Par suite de la réouverture de l’Escaut, en 1796, la ville connaît un renouveau important, tout particulièrement après l’achèvement de l’indépendance nationale. La renaissance culturelle marche de pair. À partir du XIXe siècle, il devient cependant difficile de donner des caractéristiques propres à l’art d’une ville déterminée.
3. Anvers à l’aube de 1993
Deuxième port du continent européen (après Rotterdam, et avant Hambourg et Le Havre), Anvers avait un trafic portuaire maritime de plus de 100 millions de tonnes en 1990. Centre industriel, il occupe plus de 10 p. 100 de la main-d’œuvre industrielle belge; avec 500 000 habitants, c’est la plus grande ville de Belgique par sa population comme par sa superficie.
Position géographique et liaisons avec l’hinterland
Le cœur de la ville se situe à 88 kilomètres de la mer du Nord; les installations portuaires se sont étendues vers le nord et ne sont plus qu’à 68 kilomètres de la mer. Le port occupe une position centrale par rapport aux principales agglomérations de Belgique, d’Allemagne, de France et des Pays-Bas. Son hinterland se compose des zones industrielles de la Belgique, du nord de la France, de l’Alsace et de la Lorraine, du Luxembourg, de la Sarre, de la zone Rhin-Main en Allemagne. Grâce à sa situation favorable, le port exerce aussi une importante fonction de redistribution pour l’avant-pays (foreland) maritime. D’excellentes voies de communication existent entre le port et son arrière-pays. En ce qui concerne la navigation fluviale, le port est relié non seulement au réseau belge (long de 1 500 km), mais aussi au réseau européen: la liaison avec la région rhénane et mosellane se fait par navigation de poussage. Le port est directement raccordé au réseau des grands axes autoroutiers nord-sud et est-ouest européens. Avec ses douze lignes de chemin de fer internationales, Anvers est le port doté d’une gare ferroviaire le plus important d’Europe, d’où partent journellement plus de cent trains de marchandises. Vers l’an 2000, le T.G.V. Paris-Bruxelles-Amsterdam passera sous la ville et s’y arrêtera. Dans le port même, les Chemins de fer belges possèdent environ 940 kilomètres de voies, diverses gares de triage, un terminal à conteneurs et un terminal combiné route-rail pour le ferroutage, c’est-à-dire le chargement de véhicules routiers sur le chemin de fer. Des pipelines pour les arrivages et les expéditions de certaines matières premières sont utilisés également: il existe dans le port quatre-vingt-cinq pipelines d’une longueur totale de plus de 300 kilomètres qui relient d’une part un certain nombre d’entreprises portuaires industrielles entre elles, d’autre part celles-ci avec les industries établies dans l’hinterland: tout l’approvisionnement en pétrole brut arrive ainsi par pipeline de Rotterdam.
Potentiel humain et organisation
La gestion portuaire sur les deux rives droite et gauche de l’Escaut est du ressort de la Ville d’Anvers qui est propriétaire du complexe de bassins et de terrains et qui, en outre, possède et exploite une partie de l’outillage portuaire. La politique foncière et industrielle de la rive gauche a été confiée à une société composée de représentants communaux des deux rives et de l’État belge. Le secteur public coopère en bonne intelligence avec les entreprises privées établies dans le port. Celui-ci est directement générateur d’emplois pour environ 75 000 personnes, parmi lesquelles les 8 200 ouvriers portuaires, les dockers, occupent une place particulière. L’organisation du travail est conçue en fonction d’un système de tâches, qui permet d’assurer la continuité de l’activité portuaire nuit et jour, même durant les week-ends et les jours fériés. Une main-d’œuvre motivée, une organisation moderne et un équipement approprié assurent une productivité du travail élevée.
Trafic maritime de marchandises
Les 16 500 navires qui font escale chaque année à Anvers battent pavillon de plus de cent pays différents et assurent trois cents services de ligne régulière en direction de huit cents ports d’outre-mer. Le volume des marchandises transportées est constitué en moyenne de 56 p. 100 de cargaisons de vrac et de 44 p. 100 de fret divers (1990). Le trafic total se répartit entre 60 p. 100 d’importations et 40 p. 100 d’exportations. En ce qui concerne les exportations, Anvers est le principal port de chargement de marchandises diverses du continent. La part de l’U.E.B.L. (Union économique belgo-luxembourgeoise) dans le total du trafic maritime s’élève annuellement à 55 Mt environ, le reste, soit 45 Mt environ, étant un trafic de transit vers l’Allemagne, la France, les Pays-Bas, la Suisse et l’Italie. L’acheminement et la réexpédition des marchandises sont assurés à 45 p. 100 par la navigation fluviale, à 20 p. 100 par le rail et à 35 p. 100 par la route. Outre sa fonction traditionnelle de transit, Anvers remplit de plus en plus une fonction d’avant-pays maritime: les marchandises sont transbordées d’un navire à un autre ou entreposées temporairement à Anvers. La ville devient ainsi un centre international d’entreposage et de distribution de marchandises. Anvers dispose au total de 12 millions de mètres carrés d’espace d’entreposage dont les trois quarts sont couverts. Ces activités sont étroitement liées à la fonction industrielle puisque les maisons de commerce anversoises sont axées sur l’import-export. Elles interviennent à raison de 30 p. 100 dans le commerce de transit de l’U.E.B.L.
Industrie
La fonction industrielle a gagné en importance après la Seconde Guerre mondiale. Les implantations industrielles occupent environ 3 700 hectares. Outre les secteurs de la raffinerie de pétrole et de la chimie-pétrochimie, d’autres branches sont représentées dans le port: l’automobile (General Motors, Ford), la réparation navale et les stockages industriels. L’influence des implantations industrielles sur l’activité portuaire est considérable: plus de 27 p. 100 du trafic maritime sont réalisés par les industries installées dans la zone portuaire.
Technologie de pointe
Le port d’Anvers s’étend sur 14 055 hectares dont 7 657 sur la rive droite de l’Escaut. Le complexe de bassins dans cette partie du port fut complété en 1982 par la construction du bassin Delwaide. De nouvelles possibilités d’extension existent sur la rive gauche, où l’aménagement de 6 400 hectares s’accomplit en plusieurs phases. Les quais du port d’Anvers (numérotés de 1 à 1256) se caractérisent par les vastes espaces qu’ils offrent. Chaque quai d’accostage est équipé de chaussées et de deux à cinq voies ferrées. Tous les magasins et hangars sont directement raccordés au chemin de fer. Outre les grues de quai électriques, les divers terminaux à conteneurs possèdent au total vingt-quatre portiques d’une puissance de levage variant de 40 à 75 tonnes. Ces portiques peuvent également traiter des fers et aciers, ainsi que des colis lourds. Quant aux manutentions de trafic Ro-Ro (roll-on-roll-off ), le port compte une vingtaine d’emplacements. Le transbordement des minerais et charbons a lieu sur des terminaux spécialisés dotés d’engins de manutention d’une puissance de levage variant de 25 à 50 tonnes. En ce qui concerne les denrées périssables, le port compte environ 610 000 mètres cubes d’espaces frigorifiques. Une partie considérable y est réservée à la manutention des fruits, pour lesquels le port d’Anvers est devenu le port frigorifique le plus important d’Europe occidentale. Le trafic des engrais dispose de vastes magasins couverts destinés tant aux marchandises en vrac qu’aux marchandises ensachées, ainsi que d’un appareillage ultramoderne de chargement et de déchargement qui comporte entre autres des toboggans pouvant charger des marchandises en sacs à la cadence horaire de 140 tonnes par toboggan. La capacité des silos à grains s’élève à 238 000 tonnes. Certains aspirateurs à grains ont une capacité horaire de 800 tonnes. Le port possède également d’importantes installations spécialisées pour l’ensachage, pour le commerce d’engrais, de céréales et de sucre, de rouleaux de papier et de pâtes de bois, de produits chimiques et pétroliers, de bois, de colles et de résines, de soufre, de ciment, de noir de carbone, de silicium, de vin, de café, de tabac, de matières dangereuses et de pièces détachées pour automobiles.
Accessibilité et situation internationale
Le port d’Anvers est situé sur une boucle, sur la rive droite de l’Escaut occidental. Après la Seconde Guerre mondiale, quand les installations de la rive droite s’étendirent jusqu’au voisinage de la frontière belgo-néerlandaise, on commença l’aménagement et l’exploitation de la rive gauche. L’accès à Anvers par l’Escaut occidental se fait par un chenal large mais sinueux qui part de Flessingue (Pays-Bas). L’Escaut étant un fleuve à marée (la différence à Anvers est de 4,9 m en temps normal), seule une petite partie des embarcadères se situe le long du fleuve, qui a une profondeur de 8 mètres à marée basse. L’essentiel de l’activité portuaire se déroule à l’arrière dans des bassins, auxquels on accède en franchissant l’une des sept écluses existantes, dont deux (Zandvliet et Berendrecht) ont des proportions gigantesques (longueur 500 m, largeur respectivement 57 et 68 m, profondeur 17,75 m). L’embouchure de l’Escaut est une voie navigable internationale (traité de 1839). Dès leur arrivée devant Flessingue, les navires sont pris en charge par des pilotes belges ou néerlandais qui les guident jusqu’aux écluses d’Anvers, où les navires passent sous le contrôle des remorqueurs de la ville, qui les escortent jusqu’à leur embarcadère. En 1991, on a inauguré un nouveau système de guidage radar. Il s’agit d’une chaîne de dix-huit postes de radar qui couvrent une superficie de 130 kilomètres à partir de Zeebrugge jusqu’à l’écluse de Zandvliet avec un centre de coordination à Flessingue. Tous les bateaux peuvent être suivis et pilotés, même en cas de mauvais temps ou d’obscurité. Le chenal doit être dragué régulièrement, et cette tâche incombe aux autorités néerlandaises, puisque l’Escaut occidental coule en territoire néerlandais. Il a toujours existé un contentieux belgo-néerlandais à propos de ce dragage et de l’aménagement général du port d’Anvers, qui est le premier concurrent de Rotterdam.
Anvers
(en néerl. Antwerpen) v. et port de Belgique, sur l'Escaut, à 88 km de la mer du Nord; 185 900 hab. (aggl. urb. 486 580 hab.); ch.-l. de la prov. d'Anvers. Le port, relié par canaux à Liège (canal Albert) et au Rhin, est le 3e port européen. Centre industr. important.
— Cath. goth. Notre-Dame (XIVe-XVIe s.), la plus grande de Belgique; nombr. égl. des XVIe et XVIIe s. Hôtel de ville Renaissance. Nombr. musées, notam. le musée royal des Beaux-Arts, l'un des plus riches d'Europe, et le musée Plantin-Moretus (hist. de l'imprimerie); maison de Rubens. Parc zoologique, l'un des premiers du monde.
— Au XIIe s., la ville était déjà un centre commercial prospère. En 1585, les Espagnols s'en emparèrent à l'issue d'un long siège, ce qui provoqua son éclipse. Occupée par les Français durant la Révolution et l'Empire, elle fut attribuée par le Congrès de Vienne (1815) au royaume des Pays-Bas. Lors de sa sécession, en 1830, la Belgique enleva la ville aux Néerlandais avec l'aide des Français (1832).
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Anvers
(prov. d') prov. du N. de la Belgique; 2 861 km²; 1 582 790 hab.; ch.-l. Anvers. Elle s'étend sur la plaine sableuse de Campine. Vouée à l'élevage et aux cult. maraîchères à l'O., autour d'Anvers, elle est industrialisée à l'E. (bassin houiller), où se situe la centrale nucléaire de Mol, et dans la partie N. de l'axe ABC.
Encyclopédie Universelle. 2012.