1. trait [ trɛ ] n. m. I ♦
1 ♦ En loc. Fait d'aspirer d'une manière continue pour boire. Boire à grands, à longs traits. « Un petit verre d'alcool qu'il sécha d'un trait » (Carco). ⇒ coup.
♢ (1305) Fig. « Il dormit d'un trait jusqu'au lendemain » (R. Rolland)cf. D'une traite.
2 ♦ (fin XVe) Vieilli Projectile lancé à la main (javelot, lance) ou à l'aide d'une arme (flèche). Décocher, lancer un trait. — Mod. Filer, partir comme un trait, comme une flèche. — Fig., littér. « Les traits du céleste courroux » (La Fontaine).
♢ Trait de lumière : rayon. « Un fulgurant trait de soleil » (Duhamel). Fig. Un trait de lumière : une brusque lueur par laquelle on comprend subitement (cf. ci-dessous, II, 1o trait de génie).
♢ Par anal. Avoir le trait : jouer le premier coup d'une partie aux échecs et aux dames.
3 ♦ (fin XIIe) Vx Traction. — (1549) Mod. Cheval, bête DE TRAIT, destinés à tirer des voitures. Pêche au trait, avec un engin de capture remorqué.
♢ (XIIIe) Corde, lanière servant à tirer une voiture. « Les canonniers coupèrent les traits des attelages » (Gobineau).
♢ Par anal. Longe à laquelle est attaché un limier.
4 ♦ (XIIIe) Action de dessiner une ligne ou un ensemble de lignes. Dessin au trait, sans ombres ni modelé, fait de lignes. — À GRANDS TRAITS . Esquisser à grands traits, en traçant rapidement les linéaments. Fig. Décrire, raconter à grands traits, sans entrer dans le détail.
♢ Marque allongée, exécutée dans une direction déterminée (ligne droite ou courbe ouverte), surtout quand on la forme sans lever l'instrument (crayon, pinceau, plume...). ⇒ ligne. « avec un crayon à mine dure [...] il obtenait un trait net et bien noir » (Robbe-Grillet). Faire, tirer, tracer un trait. Fig. Tirer un trait sur qqch., y renoncer, l'oublier. — Barrer, rayer d'un trait. ⇒ rature. Fig. Supprimer brutalement. « Vingt-deux ans de guerres [...] étaient rayés d'un trait de plume » (Madelin). Par compar. « La ligne plate de l'horizon gardait sa netteté de trait d'encre » (Zola). Les traits qui composent une écriture, un dessin. Copier, reproduire trait pour trait, exactement. Peindre sous les traits de, sous l'apparence de. — Trait de scie : marque, repère. — Absolt LE TRAIT : l'élément purement graphique. ⇒ contour. « La hardiesse du trait, l'éclat de la couleur » (Gautier). Loc. Forcer le trait : exagérer.
♢ (XIVe) Techn. Tracé préparatoire (d'une taille de pierres, d'une construction, d'un assemblage...). Assemblage à trait de Jupiter, selon une ligne brisée (celle de la foudre, attribut de Jupiter).
♢ Télécomm. Signal de longue durée dans la transmission en morse et représenté par un trait. Un trait, un point (lettre N).
5 ♦ (1573; au sing. 1538, h. v. 1225) Au plur. Les lignes caractéristiques de la face humaine; l'aspect général du visage. ⇒ physionomie. Traits réguliers, fins, délicats, grossiers. Avoir les traits tirés. « Son air grave contrastait avec l'extrême jeunesse de ses traits » (Tournier).
II ♦ Fig.
1 ♦ (v. 1280) Acte, fait qui constitue une marque, un signe (d'une qualité, d'une capacité). « Un fantastique trait de bravoure que je m'étais attribué » (Céline). Un trait d'esprit : une parole, une remarque vive et spirituelle. Trait de génie : idée remarquable et soudaine. ⇒ illumination.
2 ♦ Loc. verb. (1579; de l'a. fr. traire à « ressembler à » 1080) AVOIR TRAIT À : se rapporter à, être relatif à. Tout ce qui a trait à cette période de notre histoire. ⇒ concerner, intéresser.
3 ♦ (1713) Élément caractéristique qui permet d'identifier, de reconnaître (qqn, qqch.). ⇒ caractère, caractéristique. Trait dominant, essentiel, saillant, caractéristique. Trait pertinent. « Des traits communs qui forment les écoles, et des traits distinctifs qui caractérisent les individus » (Taine). Trait de caractère. Des traits de ressemblance. C'est son père, trait pour trait.
4 ♦ (XVIIe) Acte ou parole qui manifeste un esprit médisant ou piquant. « Elle nous piquait sans cesse par les traits d'une ironie mordante » (Balzac). Les traits de la satire, de la calomnie. ⇒ 2. brocard, épigramme, 1. flèche, raillerie, sarcasme.
♢ Expression heureuse et spirituelle, dans la conversation ou dans le style. ⇒ mot, pointe, saillie. « De belles pensées, de jolis traits » (Sainte-Beuve ).
♢ Mus. Passage brillant formé d'une suite de notes rapides. Elle « avait du mécanisme, perlait les traits » (Proust).
⊗ HOM. Très.
trait 2. trait, traite → traire
● trait nom masculin (latin tractus, de trahere, tirer) Ligne, marque allongée tracée sur le papier ou sur une surface quelconque : Trait de crayon. Ligne qui délimite les contours d'un dessin, ou lignes qui le constituent : Le trait incisif d'une caricature. Ce qui constitue un élément caractéristique, une marque distinctive : Ils présentent quelques traits communs. Indice d'une qualité, d'un sentiment, signe d'un caractère : Un trait de générosité. Littéraire. Manière d'exprimer, de décrire quelque chose : Parler de l'amour en traits touchants. Littéraire. Projectile, tel que flèche, javelot, etc., lancé avec un arc, une arbalète ou à la main : Tirer un trait. Littéraire. Propos blessant, parole mordante dirigés contre quelqu'un, quelque chose. Littéraire. Lanière ou corde à l'aide de laquelle un animal attelé tire sa charge : Un trait de l'attelage s'était rompu. Charpente Ensemble des opérations qui aboutissent à la mise en œuvre des charpentes traditionnelles (tracé des épures, traçage ou lignage des bois, piquage des assemblages). [On dit aussi trait de charpente ou art du trait.] Cuisine Petite quantité d'alcool ou de liqueur entrant dans un cocktail. Jeux Droit et obligation de jouer en premier aux échecs (pièces blanches) et aux dames (pions noirs). Linguistique Propriété minimale pertinente qui permet de distinguer deux unités d'une langue donnée sur le plan phonologique, syntaxique et/ou sémantique. Liturgie et Musique Psaume chanté à la place de l'alléluia pendant le carême. (Il contient beaucoup de vocalises.) Musique Passage vocal ou instrumental contenant des éléments de virtuosité. Phonétique Composante phonique du phonème, réalisée par un ensemble d'indices articulatoires, acoustiques et perceptifs. Technique Fil d'argent ou d'or passé par les vingt-cinq diamètres de la filière. (On dit aussi argent trait, or trait.) Vénerie Lanière qui sert à tenir en laisse le limier. ● trait (difficultés) nom masculin (latin tractus, de trahere, tirer) Emploi 1. Trait (= gorgée) : boire à grands, à longs traits ; boire un verre d'un (seul) trait, d'un seul coup. Au figuré : il a récité sa tirade d'un seul trait. 2. Traite (= étendue de chemin qu'on parcourt sans se reposer) : faire une longue traite ; il a fait la route d'une (seule) traite, sans s'arrêter. - Au figuré : il a dormi d'une seule traite jusqu'au matin. - Au figuré, d'un trait et d'une traite ont des sens très proches, et peuvent dans certains cas être employés l'un pour l'autre : vider son verre tout d'un trait, tout d'une traite. ● trait (expressions) nom masculin (latin tractus, de trahere, tirer) À grands traits, rapidement, en se limitant à l'essentiel. Animal de trait, celui qu'on attelle, par opposition à celui qu'on réserve pour le service de la selle ou du bât. Avoir trait à quelque chose, à quelqu'un, s'y rapporter, les concerner. Boire à longs traits, à grandes gorgées, abondamment. D'un (seul) trait, en une fois, sans s'arrêter ni se reprendre. D'un trait de plume, de façon expéditive, avec désinvolture. Tirer un trait sur quelque chose, y renoncer définitivement. Trait d'esprit, expression, remarque pleine de vivacité, de finesse, d'à-propos. Trait de génie, idée, inspiration particulièrement heureuse. Trait de lumière, révélation soudaine d'une vérité. Trait pour trait, avec une exactitude, une fidélité parfaites. Trait de scie, passage que fait la scie dans du bois. Dessin au trait, gravure au trait, qui n'indiquent que le contour des formes, sans ombres ni modelé. Cliché ou film de trait, cliché obtenu à partir d'un document ne comportant que des blancs et des noirs purs (par opposition à similigravure). Trait d'ombre, ombre portée d'un fil tendu au-dessus de la table d'une déligneuse, pour faciliter la mise à largeur de planches à déligner. (Le laser d'alignement peut le remplacer.) ● trait (homonymes) nom masculin (latin tractus, de trahere, tirer) traient forme conjuguée du verbe traire trais forme conjuguée du verbe traire trait forme conjuguée du verbe traire très adverbe ● trait (synonymes) nom masculin (latin tractus, de trahere, tirer) Ligne, marque allongée tracée sur le papier ou sur une...
Synonymes :
- barre
- droite
- filet
- raie
- rayure
Ce qui constitue un élément caractéristique, une marque distinctive
Synonymes :
- caractère
- caractéristique
- propriété
Indice d'une qualité, d'un sentiment, signe d'un caractère
Synonymes :
- éclair
- étincelle
Littéraire. Manière d'exprimer, de décrire quelque chose
Synonymes :
- mot
Littéraire. Propos blessant, parole mordante dirigés contre quelqu'un, quelque chose.
Synonymes :
- brocard
- pointe
- sarcasme
Boire à longs traits
Synonymes :
- gorgée
- goulée (vieux)
- lampée (familier)
trait
n. m.
rI./r
d1./d Vieilli Action de lancer. Armes de trait.
— Projectile, arme de jet. Lancer un trait.
— Par ext. Trait de lumière: rayon.
— Fig. Idée claire et soudaine.
d2./d Fig., litt. Sarcasme, plaisanterie acerbe. Décocher un trait mordant.
rII./r
d1./d Action de tirer, de tracter. Cheval, bête de trait.
d2./d Longe avec laquelle les animaux domestiques tirent un véhicule.
rIII/r Manière d'avaler une gorgée. Boire à longs traits. Vider son verre d'un trait.
rIV./r
d1./d Aptitude ou manière de tracer une ligne, un dessin. Avoir le trait juste.
|| Ligne tracée avec un crayon, une plume, etc. Tracer, tirer des traits.
— Fig. Tirer un trait sur un projet, y renoncer.
|| Trait d'union: signe de ponctuation (-) qui joint plusieurs mots pour n'en former qu'un seul par le sens.
— Fig. Intermédiaire. Il servira de trait d'union entre nous.
d2./d Fig. Manière d'exprimer, de dépeindre. S'exprimer en traits nets et précis.
d3./d (Plur.) Lignes caractéristiques du visage. Traits réguliers. Traits tirés par la fatigue.
d4./d élément auquel on reconnaît clairement qqn ou qqch. Trait de caractère. C'est là un trait caractéristique de l'époque.
|| LING Trait distinctif, pertinent.
d5./d Fig. Manifestation remarquable. Trait de bravoure. Trait d'esprit.
rV./r Loc. verbale. Avoir trait à: avoir un rapport avec. Syn. concerner.
⇒TRAIT, subst. masc.
A. — Action de tirer quelque chose.
1. a) ) Action de tirer un attelage, une voiture hippomobile. Sa manie de n'employer pour le trait que des chevaux entiers (JAMMES, Mém., 1921, p. 239). On pouvait réaliser (...), pour le trait lourd, l'attelage en flèche (trois ou quatre chevaux de front), ou en file par un; et, pour le trait léger, l'attelage à quatre (deux paires placées l'une derrière l'autre) (P. ROUSSEAU, Hist. transp., 1961, p. 169).
♦ Animal, bête de trait; cheval de trait (anton. cheval de selle). Voyez le chien, que l'homme appelle son ami! (...) Que n'en a-t-on pas fait? Chien courant, chien d'arrêt, Chien gardeur de moutons, chien portier, chien de trait (POMMIER, Colifichets, 1860, p. 98). Nous étions forcés de mettre en réquisition les voitures, les chevaux de selle et de trait (ERCKM.-CHATR., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 3).
) Vx. Trait de corde. [Dans l'estrapade, corresp. à corde II B] Fait de monter et de laisser retomber plusieurs fois le patient (d'apr. Ac. 1798). On lui donna dix traits de corde, mais il persévéra dans son dire qu'il était injustement accusé (THARAUD, Chron. frères enn., 1929, p. 247).
b) P. méton.
) Corde, lanière, pièce de harnais servant à tirer une voiture attelée. Une paire de traits (Ac.). D'un revers, en me relevant, je fendis la figure d'un gueux de charretier en train de couper les traits pour se sauver (ERCKM.-CHATR., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 187). Un accident survient, il [le cocher] casse un trait (LORRAIN, Sens et souv., 1895, p. 172).
) CHASSE. Longe à laquelle est attaché un limier. Laisser aller un limier de la longueur du trait; (r)accourcir, allonger le trait. Javert, en se préoccupant trop de mettre les limiers de meute sur la voie, alarma la bête en lui donnant vent du trait et la fit partir (HUGO, Misér., t. 1, 1862, p. 570). La rumeur d'une forêt familière (...) ne couvre pas (...) l'aigre sifflement d'un limier qui raidit son trait (GENEVOIX, Dern. harde, 1938, p. 174). Lancer à trait de limier. ,,Suivre une bête avec le limier, jusqu'à ce qu'elle soit debout`` (BAUDR. Chasses 1834). [Le suj. désigne le limier] Bander sur le trait. Faire effort pour s'avancer du côté du gibier (d'apr. BAUDR. Chasses 1834).
c) Spécialement
— NAV. FLUVIALE, vx. Trait de bateaux. Ensemble des bateaux attachés les uns aux autres pour remonter une rivière (d'apr. Ac. 1798-1878).
— MINES. ,,Le charbon tel qu'il sort de la mine`` (DUVAL 1959); ,,cordée d'extraction`` (Lexis 1975). La demande de puissance d'une machine d'extraction (...) au cours même du trait, (...) présente, pendant la période de démarrage, une valeur considérable (HATON DE LA GOUPILLIÈRE, Exploitation mines, 1905, p. 100). P. méton. Personnel à l'intérieur d'une houillère (d'apr. LITTRÉ). [Les mineurs travaillent] de l'aube au soir, ou du crépuscule au matin, suivant qu'ils appartiennent à tel ou tel trait (La Petite lune, 1878-79, n° 46, p. 3).
— TECHNOL., COMM., vx. Poussée qui fait bouger le fléau ou le plateau d'une balance. Aux marchandises qui sont en grand volume et d'un grand poids, le trait doit être plus fort (Ac.).
2. Loc. adv.
a) D'un trait, d'un seul trait, tout d'un trait. Sans interruption. Synon. (tout) d'une traite (v. traite2), d'un (seul) coup. Dormir d'un trait; avaler, boire qqc., vider son verre d'un trait. Elle dormait à poings fermés, onze heures, tout d'un trait (ROLLAND, J.-Chr., Nouv. journée, 1912, p. 1567). D'un seul trait aujourd'hui j'ai relu presque toutes Les Nourritures Terrestres (RIVIÈRE, Corresp. [avec Alain-Fournier], 1907, p. 20).
b) À longs traits. À longues gorgées. Ne te souviens-tu pas d'avoir un jour, dans tes réflexions lugubres, porté la main, creusée au fond, sur ta figure maladive mouillée par ce qui tombait des yeux; laquelle main ensuite se dirigeait fatalement vers la bouche, qui puisait à longs traits, dans cette coupe (...) (LAUTRÉAM., Chants Maldoror, 1869, p. 128). P. métaph. Mademoiselle Armande savourait cette lettre à longs traits, comme le devait une fille sage (BALZAC, Cabinet ant., 1839, p. 82).
— [P. méton.] Quantité bue en une seule fois. Elle mangea donc et but un long trait d'eau fraîche (GAUTIER, Rom. momie, 1858, p. 249).
c) Spécialement
— INDUSTR. TEXT. Fil de métal très fin destiné à la passementerie (d'apr. BOUDET-GOMOND 1981). On appelle trait le fil métallique fin destiné à la passementerie (GASNIER, Dépôts métall., 1927, p. 334).
— PLAIN CHANT. Psaume entier ou versets de psaume chanté(s) sans reprises, à la place de l'alléluia, entre le graduel et l'évangile, aux messes des défunts, et des dimanches et féries pénitentielles (d'apr. Foi t. 1 1968). La Grand'Messe (...) comprend aussi les parties propres à chaque office:Introït, Graduel, Alleluia (ou Trait), Offertoire, Communion (POTIRON, Mus. église, 1945, p. 10).
B. — Ligne.
1. a) Ligne tracée sur une surface, notamment sur du papier, à l'aide d'un instrument. Trait(s) de burin, de crayon, de diamant, d'encre, de sang; trait bleu, noir, rouge; trait fin, continu, lumineux; tirer, tracer un trait (sur qqc.). Une ligne noire, mince et nette comme le trait tracé à la règle sur un plan d'architecte se dessina (GAUTIER, Rom. momie, 1858, p. 171):
• Si l'on fixait un stylet enregistreur sur la main d'un homme, l'épaisseur du trait, les déviations, les tremblements et les crochets dessineraient les orages intérieurs, et les moindres vicissitudes de l'équilibre vivant et pensant.
ALAIN, Propos, 1921, p. 306.
— Loc. verb. et adv.
♦ Tirer un trait (sur qqc.). V. tirer I C 1.
— P. anal. Trait de feu, de lumière; trait enflammé. Dans le ciel où croulait une avalanche de nuages ronds, le moulin de la prison se profilait, étonnamment précis encore. Son aile unique barrait d'un trait appuyé l'étroite balafre rouge du couchant (VERCEL, Cap. Conan, 1934, p. 233).
♦ Trait de lumière (au fig.). Éclaircissement, compréhension subite de quelque chose. Ce discours fut pour Charles un trait de lumière: il eut comme une révélation, et vit, dans ce voyage, le moyen d'arriver à la fortune et à une place brillante s'il pouvait plaire à Pauline et l'intéresser (BALZAC, Annette, 1824, p. 87).
— Spécialement
♦ HÉRALD. ,,Rangée horizontale d'un échiqueté`` (THIÉBAUD Blason 1982). Synon. tire1. Champagne. Pièce formée par un trait qui coupe la base de l'écu et qui occupe le quart environ de la surface de l'écu (L'Hist. et ses méth., 1961, p. 758).
♦ MAR., vieilli. Navire à traits carrés. Bâtiment dont les voiles principales sont quadrangulaires (du nom « trait carré » donné par les charpentiers des galères à l'équerre qu'ils traçaient sur le plancher de la salle des gabarits pour dessiner les pièces de charpente de l'étrave et de l'étambot) (d'apr. JAL1).
b) Signe graphique. Cet immonde Bonaparte Qui maintenant porte à son cou, En gros traits, sur une pancarte, L'arrêt qui le sacre filou! (GLATIGNY, Fer rouge, 1870, p. 61).
— LING., ÉCRITURE. Trait oblique
♦ Signe de ponctuation, représenté par une ou deux barres obliques, marquant une rupture, une articulation dans le texte, par exemple pour indiquer que le texte cité va à la ligne (d'apr. DUPR. 1980). Les traits obliques // entourent la transcription d'un sème (DUPR. 1980, s.v. assise rem. 7). [Pour indiquer parfois une pause] Les écrivains se contenteraient de placer (...) des traits obliques aux pauses (DUPR., 1980, s.v. vers libre rem. 2). [Pour indiquer une césure] On peut l'indiquer [la césure] par un trait léger ondé vertical ou par un trait oblique (DUPR., 1980, s.v. césure rem. 4). [Pour indiquer une coupe rythmique] On remarque le passage d'une mesure à la suivante: (...) Graphiquement, au moyen de traits verticaux ou obliques appelés barres de scansion (DUPR., 1980, s.v. coupe rythmique).
♦ [Dans le structuralisme notamment] Marque de relation (souvent à valeur antithétique). Vickery écrit (...): Le trait oblique représente la « relation » — particulièrement celle d'influence ou effet. Ainsi par exemple:6s/4f est « salinité en relation avec irrigation » (COYAUD, Introd. ét. lang. docum., 1966, p. 56). [Parfois dans une coupe rythmique] Les séries alternées sont marquées sur le plan sonore par un changement de ton; sur le plan graphique, on pourrait mettre un trait oblique. Ex.: Corneille, le Cid, 1, 6 deviendrait:« Père/maîtresse; honneur/amour » (DUPR. 1980, s.v. sériation rem. 1). [Dans la double lecture pour opérer une distinction de sens] Double lecture (...) On emploie aussi le trait oblique. L'image sexuelle est à la fois abritée et découverte par l'écriture qui la restitue dans le secret sexuel/textuel de sa totalité (R. JEAN, Les signes de l'Éros, ds Cl. SIMON, Entretiens, p. 129, ds DUPR. 1980, s.v. double lecture).
Rem. ,,Il n'est pas rare de voir le trait oblique confondu avec le trait d'union, en dépit du fait que sa valeur d'emploi est inverse. C'est que le trait oblique n'est pas encore très usité. Ex.: la dialectique violence-tendresse chez Thériault`` (DUPR. 1980, s.v. trait oblique rem. 3).
— TÉLÉCOMM. Signe de l'alphabet morse, représentant le son long, en marque de tiret. Anton. point (v. point1 I B 2 f). V. alphabet ex. 7.
— Trait d'union. V. trait d'union.
c) Trait de repère. Marque de repère. En regard de la division [d'un cercle astronomique], sont disposés deux traits de repère fixes, situés sensiblement aux extrémités d'un même diamètre (DANJON, Cosmogr., 1948, p. 19).
2. En partic.
a) Ligne, contour d'un dessin, d'un tableau. Je pris un crayon et traçai quelques traits sur l'estampe (MUSSET, Confess. enf. s., 1836, p. 312). Ces petits nuages circonscrits d'un trait épais qui sortent de la bouche des personnages sur les dessins des comics (SARRAUTE, Ère soupçon, 1956, p. 121).
b) P. méton., gén. au sing., BEAUX-ARTS. Manière de dessiner. (Peindre) à grands traits. Cet Étranger [le héros d'Albert Camus] a l'acuité vigoureuse du trait, la richesse de palette d'un grand peintre (SARRAUTE, Ère soupçon, 1956, p. 19).
♦ Dessin, gravure, cliché au trait. Dessin, gravure, cliché exécuté(e) uniquement au tracé de ligne, p. oppos. à lavis (de teinte) (dessin), à similigravure (reprogr.). Aimeriez-vous des vues de Naples au simple trait? (STENDHAL, Corresp., t. 3, 1832, p. 67). La Toscane est un pays sec, de lumière dure et glacée, très acide de couleur, où les collines et les arbres et les maisons se dessinent comme au trait sur une vitre (FAURE, Espr. formes, 1927, p. 81).
♦ Bois de trait. Procédé de gravure représentant les contours du dessin, p. oppos. à bois de teinte (reproduisant un dessin en demi-teintes au pinceau). Gravure en bois de trait. [Chez Doré] le bois de trait ou de fac-similé cède la place au bois de teinte ou d'interprétation (DACIER 1944, p. 126).
♦ Faux(-)trait. Tracé d'un faux décalque (d'apr. BÉG. Dessin 1978). Faux trait: trait d'un dessin que l'on a corrigé, tout en le laissant subsister (HUGUES, Expr. atelier, s.d.).
♦ Trait de force. Renforcement du contour à un endroit pour rehausser un relief ou une lumière (d'apr. BÉG. Dessin 1978). [La répartition des grandes masses sombres et claires] s'opère (...) par courts accents (...): légers éclairs ou traits de force (Tintoret, le Gréco) (Arts et litt., 1935, p. 30-9).
c) CHARPENT., MENUIS., BÂT. Profil de tracé d'une pièce d'ouvrage. Art du trait. Il avait résolu d'étudier le trait, c'est-à-dire le dessin linéaire applicable à l'architecture, à la charpenterie et à la menuiserie (SAND, Compagn. Tour de Fr., 1840, p. 25).
♦ Trait de Jupiter. Assemblage en forme de zigzag destiné à rallonger le bois. On assemble [les bois] en trait de Jupiter (HATON DE LA GOUPILLIÈRE, Exploitation mines, 1905, p. 719).
♦ Trait (de scie). Marque de repère; entaille dans une coupe de bois, de pierre servant à guider la scie. Le chêne, scié à deux traits seulement (PESQUIDOUX, Livre raison, 1928, p. 51).
3. a) Gén. au plur. Ligne caractéristique du visage. Presque partout nous avons trouvé des figures que le pinceau européen n'a jamais tracées (...); des traits d'une finesse et d'une pureté si exquises (LAMART., Voy. Orient, t. 2, 1835, p. 217). Je levais un instant les yeux vers le beau profil de ma mère; ses traits étaient naturellement graves et doux (GIDE, Si le grain, 1924, p. 455).
SYNT. Traits fins, épais, délicats, charmants, hideux, réguliers, irréguliers, menus, rudes, saillants, accusés, effacés, flétris, décomposés, calmes, altérés, bouleversés, crispés, creusés, tirés; les traits de la figure, du visage de qqn; expression, altération des traits; beauté, douceur, harmonie, noblesse, pureté des traits; les traits se contractent, se détendent, expriment (un sentiment); qqc. (est) imprimé sur les traits de qqn; se peindre sur les traits de qqn; lire sur les traits de qqn; qqc. (un sentiment), la joie illumine les traits de qqn; contempler, distinguer les traits de qqn.
b) Au sing., plus rare. Sur chaque trait rieur, interrogatif et gêné du visage d'Albertine, je pouvais épeler ces questions (PROUST, Guermantes 2, 1921, p. 351).
♦ Trait pour trait. Exactement. V. pour I A 2 b ex. de Nodier.
C. — Signe distinctif.
1. Particularité remarquable de quelqu'un ou de quelque chose. C'était, non plus avec des membres de sa famille, mais avec certains écrivains de son temps que d'autres traits de son élocution lui étaient communs (PROUST, J. filles en fleurs, 1918, p. 555). Je vois par quels traits un écrivain authentique se distinguerait de moi (J. BOUSQUET, Trad. du sil., 1936, p. 131).
SYNT. Trait(s) caractéristique(s), distinctif(s), dominant(s), essentiel(s), majeur(s), particulier(s), commun(s), semblable(s); traits fondamentaux, frappants, généraux, principaux, saillants, constants; traits individuels, culturels; traits de race, de ressemblance; traits d'un caractère, d'une époque.
— LING. Unité pertinente, minimale ou non, permettant de distinguer un composant phonique, syntaxique ou sémantique. Trait distinctif d'un phonème. Traits lexicaux, phonologiques (Ling. 1972). Chaque mot du lexique peut être représenté par une matrice composée d'une série de traits, c'est-à-dire de renseignements donnant la description de ce mot. Chaque mot possède des traits phonologiques, des traits syntaxiques et des traits sémantiques. Les traits phonologiques nous renseignent sur les consonnes et les voyelles qui forment le mot (voisée, nasale, etc.). Les traits syntaxiques précisent de quelle catégorie il fait partie (N, V, etc.) et dans quel contexte il peut se trouver (devant un V, etc.). Les traits sémantiques indiquent s'il est animé ou non, concret ou abstrait, etc. (Fr. auj., 1972, n° 19, p. 62). Trait pertinent.
— Loc. verb. Avoir trait à (qqc. ou qqn). Se rapporter à. Synon. ressortir à, concerner, intéresser, relever de, avoir rapport à, dépendre de. Ici, intercaler quelque chose sur les passages ayant trait à Anne (DU BOS, Journal, 1924, p. 38).
2. Acte ou parole remarquable. Trait de caractère, d'éloquence, de génie, d'audace, de bonté, de courage, de dévouement, de vertu; trait d'histoire. Et, avec tout cela, des traits de désintéressement, des mouvements d'honneur, devant lesquels on reste indécis, ne sachant s'il faut louer ou blâmer (MONTHERL., Célibataires, 1934, p. 757).
♦ Absol., vieilli. Fait saillant, anecdote. Citer un trait, le trait de qqn; cent, mille traits pareils, semblables. Dans chaque anecdote pouvant servir à porter la lumière dans quelque coin du cœur humain, il retenait toujours ce qu'il appelait le trait, c'est-à-dire le mot ou l'action qui révèle la passion (MÉRIMÉE, Portr. hist. et littér., 1870, p. 180).
— En partic. Trait (d'esprit). Expression vive, spirituelle. Elle avait de ces traits, de ces reparties soudaines, et dans l'esprit, un tour singulier à dire les choses les plus communes (BOURGES, Crépusc. dieux, 1884, p. 63). Le grand poète, si connu, si familier en ses préparations, étonne toujours par le trait sublime, qui n'existe jamais qu'un moment par la voix, et ne laisse point de sillage (ALAIN, Propos, 1921, p. 263). V. esprit 2e Section I D 2 b ex. de Alain.
♦ Loc. verb. Avoir du trait. Avoir de la repartie, de l'esprit. À gauche se déploie il Duomo, « cette montagne d'or changée en marbre! » a dit François II, qui avait du trait (BALZAC, Œuvres div., t. 3, 1840, p. 378). Saint-Simon savait peindre l'espèce humaine; bien d'autres ont eu du trait (CHARDONNE, Ciel, 1959, p. 165).
3. ,,Suite de notes rapides qu'on exécute sur un instrument ou avec la voix`` (ROUGNON 1935). Trait brillant. Je voulais désarticuler, précisément, ce Rigodon, pour y introduire des symétries de son à l'envers, pour développer des cadences dont le départ serait donné par tel trait de trompette, repris, imité, déformé de toutes les façons possibles (SCHAEFFER, Rech. mus. concr., 1952, p. 38).
D. — 1. a) ) Projectile lancé à la main ou à l'aide d'une arme bandée (flèche, carreau). Arme de trait; décocher, lancer un trait. Esclaves solides, à l'épreuve de la crainte, ils savaient rester impassibles, les jours de bataille, sous les traits lancés, du haut des navires ennemis, par des archers placés dans les châteaux d'avant et d'arrière (MILLE, Barnavaux, 1908, p. 300).
— P. métaph. [P. allus. hist.: simulant une fuite, les Parthes décochaient une flèche par-dessus l'épaule] Le trait du Parthe. Mot lancé, en partant, qui porte. Synon. la flèche du Parthe (v. flèche1 I A 2). La lettre de M. Zurlinden est tout simplement le dernier trait du Parthe Félix Faure (CLEMENCEAU, Vers réparation, 1899, p. 206).
— Loc. [P. compar., pour marquer une grande vitesse]
♦ Plus vite qu'un trait d'arbalète ou comme un trait d'arbalète.
♦ Comme un trait. Très vite. Partir comme un trait. Elle entra comme un trait, non sans bredouiller, très vite (FARRÈRE, Homme qui assass., 1907, p. 216).
) HIST. DE L'ARM. Gens, hommes de trait. Archers, arbalétriers. Si l'un d'entre eux avait affaire pour garder son honneur ou ses pays, terres et seigneuries, chacun des autres serait tenu de lui fournir cinq cents hommes d'armes ou de trait (BARANTE, Hist. ducs Bourg., t. 4, 1821-24, p. 400).
b) P. méton. Portée d'un tel projectile. À deux traits d'arc. Les deux armées dormirent à un trait d'arbalète l'une de l'autre (A. FRANCE, J. d'Arc, t. 2, 1908, p. 27).
c) P. métaph. ou au fig., littér. Ce qui frappe, blesse, cause une vive impression. Traits de l'amour; traits de feu; traits enflammés; décocher, lancer un trait. Darder un trait, des traits (à qqn). V. darder I A 1 b ex. de Sainte-Beuve et Faral.
— Loc. verb., arg., vieilli. Faire des traits à (sa femme, à son mari). Être infidèle. Synon. tromper. Que prenne garde à moi la femme qui voudrait tromper son époux, et que se garde aussi l'époux qui ferait des traits à sa femme! (CRÉMIEUX, Orphée, 1858, I, p. 4). C'est-il qu'elle découcherait?... C'est-il qu'elle m'f'rait des traits? Non mais... (BENJAMIN, Gaspard, 1915, p. 151).
2. En partic.
a) JEUX (dames, échecs). Avoir le trait. Jouer le premier coup (d'apr. Ac. 1935). Donner le trait. Donner l'avantage de jouer le premier (d'apr. Ac. 1935). Donner deux traits (Ac. 1935).
b) Vx ou région. (Canada). Avoir le trait sur (qqn). L'emporter sur (quelqu'un). C'est égal, Provençal m'a parlé le premier. J'ai le trait sur lui. À c't'heure, je chasserai tant que je voudrai (GUÈVREMONT, Survenant, 1945, p. 18).
Prononc. et Orth.:[]. Homon. très. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. a) Ca 1160 « acte, action, tour (ici, en parlant de l'amour) » (Eneas, éd. J.-J. Salverda de Grave, 8003: Ne te di ge les traiz d'amer [gloss.: trait de caractère, particularité]; 8071: Tu ses des traiz, de sa nature); b) ca 1280 avec adj. (ADENET LE ROI, Cleomades, éd. A. Henry, 11518: vilain trait); c) ca 1280 (GÉRARD D'AMIENS, Escanor, 4518 ds T.-L.: trait de vilonie; 18359: Or est il li pluz fox du mont, Qui li veut jouer de tel trait); d) 1580 en partic. un beau trait (dans un texte) (H. ESTIENNE, Deux dialogues du nouv. langage fr. italianizé, II, 154 ds QUEM. DDL t. 25); e) 1587 jouer un trait à qqn « jouer un tour à quelqu'un » (CHOLIÈRES, Apresdisnees, f° 174 r° ds GDF. Compl.); f) 1635 trait d'esprit (CORNEILLE, Place Royale, p. 257); g) 1737 trait de caractère (MARIVAUX, Vie de Marianne, 7e part., p. 324); 2. a) ca 1160 trait d'une arbaleste « trajectoire, portée d'une flèche tirée par une arbalète » (Eneas, 7287); b) ) ca 1340 « tir, action de lancer (des projectiles) » (Batard de Bouillon, 3022 ds T.-L.); ) 1417-22 gens de trait qualifiant les archers et arbalétriers (à côté des gens d'armes) (CL. DE FAUQUEMBERGE, Journal, éd. A. Tuetey et H. Lacaille, p. 156); c) fin XVe s. « flèche » (OL. DE LA MARCHE, Mémoires, éd. H. Beaune et J. d'Arbaumont, t. 2, p. 232), très empl. au XVIIe s. à propos de l'amour dans le lang. précieux; d) ) 1640 viste comme un trait d'arbaleste « très rapidement » (OUDIN Curiositez); ) 1668 comme un trait (LA FONTAINE, Fables ds Œuvres, éd. H. Régnier, t. 2, p. 34); 3. 1170-80 tret au jeu d'échecs « coup » (Mort Aymeri de Narbonne, éd. J. Couraye du Parc, 2205); d'où 1690 jeux donner le trait « donner le droit de jouer le premier » (FUR.); cf. dès 1655 « donner la première impulsion à (quelque chose) » (MOLIÈRE, L'Étourdi, IV, 1); 4. a) ) ca 1200 « action de tirer quelque chose » (Escoufle, 6933 ds T.-L.: a un seul trait); ) XIIIe s. spéc. le trait des chevaulx (Geste de Monglane ds Romania t. 2, p. 7); ) 1549 cheval de tret (EST., s.v. cheval); b) ) mil. XIIIe s. « attache du harnais » (JEHAN DE TUIM, Hystore de Julius Cesar, éd. F. Settegast, p. 8, 14); ) ca 1250 « corde ou lanière de cuir avec laquelle les chevaux tirent une voiture » (GAUTIER LE LEU, Soh is, 112 ds Ch. H. LIVINGSTON, Le Jongleur Gautier le Leu, Havard Studies in Romance languages, vol. 24, p. 144); ) 1377 vén. « longe du limier » (GACE DE LA BUIGNE, Roman des deduis, éd. Å. Blomqvist, 7964); ) 1376 « corde » (Modus et Ratio, éd. G. Tilander, t. 1, p. 283); c) 1690 trait de bateaux (FUR.). B. 1. a) Ca 1160 (boire) a grant trait (Eneas, 3549); b) 1176 tret « ce qu'on avale d'une seule haleine » (CHRÉTIEN DE TROYES, Cligès, éd. A. Micha, 3274: De la poison un grand tret boit); 2. a) 1176-81 (faire qqc.) a tret « doucement, lentement » (ID., Chevalier Lion, éd. M. Roques, 472) — STOER, Dict. fr.-all.-lat., 1628 d'apr. FEW t. 13, 1, p. 149; b) ca 1245 « durée, longueur de temps » (PHILIPPE MOUSKET, Chron., éd. de Reiffenberg, 5851); 3. a) ca 1270 (filer la laine) a granz trais « avec des gestes rapides » (RUTEBŒUF, Vie Sainte Elysabel, 1707, éd. E. Faral et J. Bastin, t. 2, p. 152); b) 1384 [éd. 1541] (d'un oiseau) voler a longs traictz (JEAN DE BRIE, Bon Berger, éd. Lacroix, p. 51); c) 1530 d'ung mesme trayct (PALSGR., p. 830); d) 1672 sentir (la douleur) à longs traits (Mme DE SÉVIGNÉ, Corresp., éd. R. Duchêne, t. 1, p. 447). C. 1. a) Ca 1225 « forme du visage, tracé du visage » (Durmart le Gallois, éd. J. Gildea, 114: En la semblance de son vis Estoit fiers et antres hardis [lire: an très d'apr. T.-L.]), attest. isolée; puis 1538 le traict du visage (EST., s.v. duco); b) fin XIIIe-déb. XIVe s. [date ms.] « ligne, dessin (d'une partie du visage) » (RAOUL DE HOUDENC, Meraugis, éd. M. Friedwagner, 58, var.: Sourcilz ot a delie tret); 2. a) 1re moit. XIIIe s. trais « action de tracer une ligne » (VILLART DE HONNECOURT, Album, éd. H. R. Hahnloser, p. 11, 2b); b) déb. XVIe s. spéc. (JEAN D'AUTON, Chron., éd. R. de Maulde la Claviere, t. 1, p. 117: le trect de leur dorée plume [des historiographes]); c) 1539 traicts des lettres « tracé » (EST.); d) 1606 (NICOT, s.v. traict: Ores une ligne ou tirée d'un peinctre ou d'un escrivain, Selon ce on dit, Voilà un beau traict et un traict hardy), lang. class.; e) 1671 n'avoir qu'un trait de plume « écrire d'un premier jet, sans recherche de style » (Mme DE SÉVIGNÉ, op. cit., p. 355); cf. ca 1675 écrire d'un trait de plume « id. » (RETZ, IV, 227 ds LITTRÉ); f) 1671 traits de plume ou de pinceau, les premiers traits d'une peinture (POMEY); g) 1671 trait pour trait « exactement » (Th. CORN., Comt. d'Orgueil, II, 7 ds LITTRÉ); h) 1690 (FUR.: Un financier peut estre ruiné par un trait de plume d'un Surintendant); i) av. 1788 peindre, dessiner à grands traits « esquisser » (FÉR. Crit. qui cite Moreau); j) 1746 subst. arts le trait (BATTEUX, Beaux-Arts, p. 248); 3. a) 1398 « tracé des opérations nécessaires pour tailler la pierre et le bois et pour appareiller les matériaux d'une construction » (doc. ds Les Ducs de Bourgogne, éd. de Laborde, 2e part., t. 3, n° 5854, p. 165); b) 1508 trait de Sye « chaque coupe qui est faite avec la scie dans un morceau de bois ou un bloc de pierre » (Comptes de dépenses de la construction du château de Gaillon, éd. A. Deville, p. 55); c) 1676 (FÉLIBIEN: Sçavoir le trait et coupe des pierres; c'est sçavoir l'art de tracer les pierres pour estre taillées et coupées hors de leurs angles quarrez); d) 1690 (FUR.: Les Ouvriers appellent trait d'equerre ou trait quarré les pièces de bois ou de pierre taillées en angles droits); e) déb. XVIIe s. (d'un navire) a trait carré (AUBIGNÉ, Hist. univ., II, 301 ds GDF. Compl.); 4. 1581 blason « rangée de petits carreaux dans une pièce d'armoiries échiquetée » (DE BARA, Le Blason des armoieries); 5. a) 1606 donner le trait « faire pencher la balance en faveur de, décider de (quelque chose) » (v. HUG.); cf. XVIe s. dial. de Mézières « supplément de poids qui fait trébucher la balance » (d'apr. FEW t. 13, 2, p. 150a); b) 1640 « id. » (OUDIN Ital.-Fr.); 6. 1579 avoir trait à « avoir un rapport avec [cf. a. fr. traire à « ressembler »] » (Lett. miss. de Henri IV, t. 1, p. 234 ds GDF. Compl.: Lois qui ont traict et suite à la conscience), attest. isolée, att. dans la lexicogr. dep. Trév. 1752 (d'abord avec réf. à la lang. jur.); 7. a) ) 1713 « la marque, l'élément caractéristique de » (FÉNELON, Traité de l'existence de Dieu, p. 108: voilà le trait de la divinité même); ) 1724 (MARIVAUX, Spectateur fr., p. 226: Et certainement c'est ce qu'on peut regarder comme le trait du plus grand maître); b) ) 1939 phonol. trait pertinent (v. pertinent); ) 1962 (POTTIER, p. 121: on se voit obligé à chaque instant d'augmenter le nombre des traits pertinents différenciateurs; p. 241: traits pertinents sémantiques). Du lat. tractus (de tractum, supin de trahere « tirer », v. traire), « action de lancer un projectile, de tirer, de traîner », « trajectoire d'un objet lancé », « espace déterminé, région », « action de durer, période de temps », « action de tracer une ligne » et au fig. « cours, façon dont se déroule (un discours) », « succession, série (de causes) »; le développement des sens du fr. s'est réalisé en interaction avec les sens de traire très fréq. en a. m. fr. (v. FEW t. 13, 2, pp. 148-150, s.v. tractus et pp. 177-187, s.v. trahere). Fréq. abs. littér.:9 062. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 14 646, b) 10 105; XXe s.: a) 11 061, b) 13 975. Bbg. NIES (F.). Textarten-Appellative. Z. rom. Philol. 1982, t. 98, p. 329.
trait [tʀɛ] n. m.
ÉTYM. XIe; du lat. tractus « action de tirer; tracé; mouvement lent et progressif » (par ex. dans l'anc. expr. à trait « progressivement »).
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1 Vieilli. Ce qui est fait sans interruption, en une seule fois; durée occupée entièrement par une action, un phénomène. ⇒ Traite (II.). || Un trait de temps. — ☑ En loc. D'un trait : d'un seul coup, sans relâche (→ Rapide, cit. 5).
1 Un bien-être ineffable se répandait en lui. Il dormit d'un trait jusqu'au lendemain.
R. Rolland, Jean-Christophe, Le matin, III, p. 208.
♦ (XIIe). Fait d'aspirer d'une manière continue, de boire en une fois. — (Avec à…). ☑ Avaler (cit. 22), boire à grands, à longs traits (→ Gourde, cit. 3; lait, cit. 16). || Vider (→ 1. Coupe, cit. 1), sécher (cit. 2) un verre d'un trait. ⇒ Haleine (d'une); → Tout de go (étym.). — Fig. || Savourer un plaisir à longs traits.
♦ Par ext. Quantité bue en un trait (→ 1. Claquer, cit. 2).
2 (XIIIe). a Fait de tirer (I.). ⇒ Traction. || Trait de corde : coup d'estrapade par lequel on tire la corde pour enlever le patient. — Vx. || Le premier trait : la première impulsion (fig., encore au XVIIe).
♦ Fait de tirer (I., A., 2.) une voiture (seult dans l'expr. de trait). || Animal, bête (→ Marquer, cit. 16), cheval (cit. 6) de trait, destinés à tirer des voitures, des instruments agricoles… || Chiens de trait des Esquimaux. || Cheval de gros trait.
♦ Au trait. || Pêche au trait, avec un engin de capture remorqué.
♦ Par métonymie. Espace parcouru en traînant un filet.
b Corde, lanière servant à tirer une voiture (⇒ Harnais). || Traits d'un attelage (→ Hourvari, cit. 5). ⇒ Atteler, attelle. || Les traits des palonniers (cit. 1). || Trait rompu (→ Montée, cit. 1). — Longe à laquelle est attaché un chien. || Limier qui tire sur le trait, qui a trouvé la voie.
3 (Déb. XIIe, « portée d'un arc »). a Vieilli. Fait d'envoyer une arme, un projectile au loin. ⇒ Tirer (III.). || Armes de trait. ⇒ Jet (de jet); arbalète, arc, baliste, catapulte (→ Légion, cit. 2). || Gens, hommes de trait : archers, etc.
c (XVe). Le projectile, qu'il soit lancé à la main (javelot, lance) ou à l'aide d'une arme, arc (⇒ Flèche) ou arbalète (⇒ Carreau). || Décocher (cit. 1), lancer, tirer (III.) un trait (→ Effleurer, cit. 1). — Par compar. ☑ Filer, partir comme un trait, comme une flèche, comme un éclair. ⇒ Vite (→ Arriver, cit. 12).
2 (…) je pus apercevoir ses yeux, qu'elle dirigea de mon côté (…) je sentis que le regard en était des plus vifs, car je le vis partir et m'arriver comme un trait.
E. Fromentin, Une année dans le Sahel, p. 55.
♦ ☑ Loc. Traits de Jupiter : les « traits », les rayons, la foudre qu'il brandit, figurés par une ligne brisée. — Techn. || Assemblage à trait de Jupiter.
d Vx. Piqûre. || Trait de guêpe (→ Aiguillon, cit. 7). — Par ext. || « Quand le soleil cruel frappe (cit. 13) à traits redoublés ». ⇒ Coup.
♦ Par métaphore. || « Les traits du céleste courroux » (cit. 2). — Traits de feu, traits enflammés (→ Ennemi, cit. 12; jaculatoire, cit. 1). || Les traits empoisonnés de la calomnie (cit. 5).
3 Madame, il vous souvient que mon cœur en ces lieux
Reçut le premier trait qui parti de vos yeux.
Racine, Bérénice, I, 4.
e Par anal. || Avoir le trait, le coup à jouer aux échecs, aux dames; spécialt, le premier coup.
3.1 Au début de la partie, par convention, les Blancs ont le trait. Sauf arrangement spécial, avant de commencer une partie, on tire au sort pour désigner le joueur qui aura les Blancs, donc le trait. Si deux joueurs disputent une série de parties consécutives, il est naturel que le trait change de joueur après chaque partie.
F. Le Lionnais, les Échecs, in Encycl. Pl., Jeux et Sports, p. 894.
4 (XIIIe). a (Dans : à, au, de… trait). Le fait de dessiner une ligne ou un ensemble de lignes. ⇒ Tirer (II., B., 4.), tracer (I., 4.). || Dessin au trait, sans ombres ni modelé, constitué seulement par des lignes. || Gravures, cliché au trait. — ☑ D'un trait de plume : en traçant d'un seul mouvement; au fig., se dit d'une décision rapide et brutale. || Il l'a déshérité d'un trait de plume.
♦ À grands traits. || Esquisser à grands traits, en traçant rapidement les linéaments. || Silhouette (cit. 3) crayonnée en trois traits, en trois coups de crayon, de plume. — Par métaphore et fig. || Décrire, dépeindre, peindre, raconter à grands traits, sans entrer dans le détail.
♦ ☑ Vieilli. Écrire à trait de plume, sans brouillon (2. Brouillon, cit. 1), rapidement.
b Marque allongée, exécutée dans une direction déterminée (ligne droite ou courbe ouverte), surtout quand on la forme sans lever l'instrument (crayon, plume…). ⇒ Ligne. || Faire, passer (vx), tirer, tracer un trait. || Faire un trait sur une ligne d'écriture pour la supprimer. ⇒ Barre (II., 2.), rature, rayure. || Barrer, biffer, rayer (cit. 2), supprimer d'un trait de plume, en ne traçant qu'un seul trait. — ☑ Loc. fig. Tirer un trait sur (qqch.), l'oublier définitivement, y renoncer. || Tirer un trait sur le passé. — Trait de crayon. || De larges traits d'encre (→ Indispensable, cit. 13). — Les traits de l'écriture (hampe, barre, jambage, queue… des lettres). ⇒ Écrire. || Traits en imprimerie (⇒ Filet, I., A., 6., ligne, tiret), en gravure (⇒ Glyphe). — Traits parallèles (⇒ Hachure; → Couper, cit. 11); traits convergents, divergents. || Marquer un emplacement d'un simple trait. — Trait discontinu d'un pointillé.
4 (…) il m'arrive même d'arrêter en quelques traits les ballets et les décors de l'Opéra sur un bout de papier, au fond de mon chapeau.
5 On m'adossait au mur du vestibule, on traçait au ras de ma tête un trait que l'on confrontait avec un trait plus ancien : j'avais gagné deux ou trois centimètres (…)
S. de Beauvoir, Mémoires d'une jeune fille rangée, p. 11.
6 Il dessinait sur un papier très lisse, avec un crayon à mine dure, taillé très fin. En appuyant à peine, afin de ne pas laisser de marque sur les pages suivantes du cahier, il obtenait un trait net et bien noir (…)
A. Robbe-Grillet, le Voyeur, p. 19.
♦ La ligne de l'horizon (cit. 3) gardait sa netteté de trait d'encre. || De simples traits de plus en plus minces (→ Fuyant, cit. 10). — Par métaphore. || « Un trait imperceptible dans l'ample sein de la nature » (→ Atome, cit. 9, Pascal). ⇒ Point. Ligne apparente.
♦ Techn. || Trait de scie : marque faite pour guider la scie. — Trait de niveau, de repère. || Trait carré : marque en forme d'équerre.
7 (…) ce n'est pas en vain que les flots s'appellent les lames; chaque marée est un trait de scie.
Hugo, Quatre-vingt-treize, I, II, VII.
♦ Les traits d'un jeu de marelle. — ☑ Loc. Faire trait : marcher sur un trait (faute).
♦ Le signal long, figuré par un trait (par oppos. au point), dans l'alphabet morse.
♦ Élément linéaire (d'un ensemble graphique). || Les traits d'un dessin, d'un portrait. — ☑ Loc. Reproduire trait pour trait. || Copie, copier trait pour trait, en imitant chaque trait du modèle. ☑ Peindre (cit. 19 et 22) sous les traits de…, sous l'apparence, sous la forme de… — « Ces traits que la main de Dieu a gravés sur (leur) front » (→ Majesté, cit. 3).
c Par métaphore. Élément d'une description, comparé au trait d'un dessin. || Tracer en traits approximatifs l'histoire de notre globe (cit. 9).
8 Sans doute un besoin de mon esprit m'amène, pour tracer plus purement chaque trait, à simplifier tout à l'excès; on ne dessine pas sans choisir; mais le plus gênant, c'est de devoir présenter comme successifs des états de simultanéité confuse.
Gide, Si le grain ne meurt, I, X.
d Arts. || Le trait : l'élément graphique, par oppos. à couleur, modelé, ombres. ⇒ Dessin. || Le trait d'un profil. ⇒ Contour. || Faire le trait d'une silhouette. ⇒ Délinéer. || Exagération du trait dans la caricature. || Hardiesse du trait (→ Dénoter, cit. 3). — ☑ Loc. métaph. (dans une description, etc.). Charger le trait. || Forcer le trait : exagérer, en rajouter.
9 Ce peintre, que beaucoup regardent comme un éblouissant décorateur, s'est préoccupé plus que pas un du dessin général. Qui que ce soit, pas même Michel-Ange, pas même Raphaël, ne tracerait d'une main plus savante le grand trait qui circonscrit ses figures.
Th. Gautier, Souvenirs de théâtre…, Paul Véronèse.
e Techn. Tracé préparatoire (d'une opération, d'une construction, d'un assemblage…). || Le trait d'un escalier, d'une voûte… || L'art du trait. || Cours de trait. — Fortif. || Le trait principal (ou ligne magistrale). — Trait de niveau : trait de référence horizontal, tracé par le maçon sur les murs d'un bâtiment en construction et situé à 1 mètre au-dessus du sol fini.
5 (Du lat. tractus, et par anal. des sens 3 « flèche » et « ligne »). Ce qui forme une ligne continue et semble se propager rapidement. || Le trait de feu d'un éclair. || Traits de lumière. ⇒ Rayon (→ Image, cit. 8). — ☑ Fig. Un trait de lumière (cit. 29) : un éclair, une brusque lueur, par laquelle on comprend subitement (→ ci-dessous, II., 3. : trait de génie).
10 Le ciel s'est déchiré du côté de Jersey-City. Un fulgurant trait de soleil montre Manhattan et se promène, comme un index, sur ces édifices étranges qui semblent des jouets curieux, compliqués, déconcertants.
G. Duhamel, Scènes de la vie future, XV.
6 (XVIe, Amyot, « le trait de son visage », le contour, le tracé; au plur. de nos jours). Les lignes caractéristiques de la face humaine. ⇒ Figure (cit. 14), visage (→ Agrément, cit. 2; forme, cit. 2; grimer, cit. 1; homme, cit. 92; promesse, cit. 9). || Les traits, par oppos. à la physionomie, à l'air (2. Air, cit. 23 et 31), à l'expression (→ Modèle, cit. 8). — REM. Traits peut se dire en général de l'aspect du visage. ⇒ Physionomie (2.). — Traits réguliers, irréguliers; fins, grossiers… || Finesse, régularité (→ Idée, cit. 26) des traits. || Traits délicats (→ Embellir, cit. 3), nobles (cit. 8). || Traits mous, un peu bouffis (→ Content, cit. 10). || Le détail des traits (→ Expression, cit. 38). || Proportion des traits (→ Face, cit. 7). || Étude des traits : métoposcopie (cit.), physiognomonie. || Lire (un sentiment, etc.) sur les traits de qqn. || La joie éclairait, illuminait ses traits. — Traits altérés, amaigris (cit. 6), bouleversés, creusés (cit. 25); || décomposés; marqués (cit. 51). || Avoir les traits tirés (→ Dolent, cit. 4). || Traits qui se durcissent (cit. 3), se rembrunissent (cit. 4). — Reconnaître les traits de qqn, son visage.
11 (…) l'énergie et la soudaineté de ses résolutions étaient cachées sous des traits qui avaient encore toute la naïveté et tout le charme de l'enfance, et cette physionomie ne fut jamais détruite par l'air plus grave qui annonce la raison.
Stendhal, Romans et nouvelles, « Mina de Vanghel ».
12 Les traits de notre visage ne sont guère que des gestes devenus, par l'habitude, définitifs.
Proust, À la recherche du temps perdu, t. V, p. 175.
♦ Au sing. (rare) :
13 (…) chaque trait violent, puissant, rude même; et l'expression totale, pourtant, pleine de douceur et de finesse.
André Suarès, Trois hommes, « Dostoïevski », II.
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II Fig.
1 (XVIIe). Élément caractéristique qui permet d'identifier, de reconnaître (qqn, qqch.). ⇒ Attribut, caractère, caractéristique. || Trait dominant (cit. 3), essentiel (cit. 8). || Les traits caractéristiques (cit. 1) de la race. || Les traits qui caractérisent (cit. 4) une personne, une chose… || Les grands traits d'une époque (→ Histoire, cit. 31). || Traits distinctifs (→ Infernal, cit. 3). || Traits saillants (cit. 3). || Trait significatif, révélateur, typique… || Traits individuels (→ Reconnaître, cit. 1); collectifs (→ Grouper, cit. 6). || Traits communs (cit. 3), homologues (→ Ressemblance, cit. 1), semblables… ⇒ Ressemblance, ressembler. — ☑ Loc. Ressembler trait pour trait à qqn. — Apparaître sous les traits de… || Trait de ressemblance (→ Remarquable, cit. 3). — Traits d'un caractère (cit. 44). || Un trait de caractère.
14 (…) deux traits particuliers du caractère d'Albertine qui me revenaient maintenant à l'esprit, l'un pour me consoler, l'autre pour me désoler, car nous trouvons de tout dans notre mémoire (…)
Proust, À la recherche du temps perdu, t. XII, p. 235.
15 (…) aux points mêmes où nous était apparu ce véritable sphinx sous les traits d'une charmante femme (…)
A. Breton, Nadja, p. 101.
16 Le trait dominant de ma nature et qui aurait frappé toute autre femme que toi, c'est une lucidité affreuse.
F. Mauriac, le Nœud de vipères, I, I.
♦ Didact. Élément caractéristique et distinctif (que l'on peut utiliser pour construire un système d'oppositions rendant compte d'une structure). || Les traits syntactiques (ou fonctionnels), sémantiques, phonologiques caractérisant une unité lexicale. || Le trait « animé », « non animé », « voisé », « non voisé ». || Traits distinctifs, pertinents (⇒ Pertinence). — Par ext. Dimension pertinente possédant plusieurs termes (qui sont les traits définis ci-dessus). || La tension, le voisement, la nasalité, traits phonologiques.
2 ☑ (1579; de l'anc. franç. traire à « ressembler à », 1080; → Tirer). Loc. verb. Avoir trait à : se rapporter à…, être relatif à… (autre chose). ⇒ Rapport. || Ce qui avait trait à son métier (Saint-Simon). ⇒ Concerner, intéresser.
17 (…) aujourd'hui on imprime qu'un article d'une déclaration du roi a trait à un arrêt de la cour des aides. Si on avait demandé à Patru, à Pellisson, à Boileau, à Racine, ce que c'est qu'avoir trait, ils n'auraient su que répondre.
Voltaire, Dict. philosophique, Français.
18 (…) il était revenu seul et de son plein gré, et cette tentative paraissait avoir trait à mademoiselle Katsantanès personnellement.
J.-R. Bloch, la Nuit kurde, p. 275.
3 (Mil. XIIIe). || Un trait de… : un acte, un fait qui constitue la marque, le signe ou le symbole (d'une qualité, d'une capacité). ⇒ Acte (I., 3.), action, fait (II., 1.), marque (1. Marque, IV.), signe. || Trait de générosité (→ Animosité, cit. 2), de bravoure (→ Piquette, cit. 4); de vertu. || Citer un trait de gourmandise. ⇒ Anecdote (→ Pauvre, cit. 24).
♦ Spécialt. a Vx. Acte nuisible, manifestation de malveillance, d'hostilité. — « Traître, tu me gardais ce trait pour le dernier » (→ Expédier, cit. 10). || Trait de médisance (→ ci dessous, 4.). || Trait d'infidélité.
19 Et je mérite enfin, pour punir cette audace,
Que contre moi votre haine ramasse
Tous ses traits les plus furieux.
Molière, Amphitryon, II, 6.
♦ Vieilli. || Faire des traits à sa femme, des infidélités.
20 Vous l'aimiez !… Ça ne vous empêchait pas de lui faire des traits ! — Moi !… la tromper !… un ange !…
Labiche, Un monsieur qui a brûlé une dame, 14.
b Acte ou parole qui témoigne d'une qualité intellectuelle. || Avec (cit. 58) force traits de science. — ☑ Trait d'esprit. || Trait de génie (→ aussi infra, 4.). — Iron. || Trait de sottise.
4 (Mil. XVIIe). Acte ou parole qui manifeste un esprit médisant ou piquant et qui est comparé(e) soit à un projectile lancé (→ ci-dessus, I., 3.), soit à un trait de lumière. || Les traits de la satire; traits de satire (cit. 2). || Traits acérés, caustiques, blessants, cruels, mordants, piquants; traits médisants, de médisance. ⇒ Attaque, 2. brocard, épigramme, flèche (fig.), lardon (cit. 2), nasarde, raillerie, sarcasme (cf. Coup de boutoir, de dent, de patte). || Un trait sûr et sans merci (cit. 3). || Décocher, lancer des traits à qqn (⇒ Larder), un trait empoisonné (→ Sibilant, cit. 2). || Les traits de la calomnie, de l'envie (⇒ Atteinte, blessure). — Littér. || Des traits qui percent (→ Exceller, cit. 4). || Le trait et la pointe finale (→ Épigramme, cit. 2).
21 C'est une chose remarquable que Molière, qui n'épargnait rien, n'a pas lancé un seul trait contre les gens de finance. On dit que Molière et les auteurs comiques du temps eurent là-dessus des ordres de Colbert.
Chamfort, Caractères et anecdotes, Molière et les financiers.
22 Elle nous piquait sans cesse par les traits d'une ironie mordante, l'arme des gens sans cœur (…)
Balzac, le Lys dans la vallée, Pl., t. VIII, p. 782.
22.1 Bref, M. l'Archiprêtre nous a conté beaucoup d'anecdotes qu'il appelle, selon l'usage, des traits.
Bernanos, Journal d'un curé de campagne, p. 13.
♦ Expression heureuse et spirituelle, dans la conversation ou dans le style. ⇒ Mot (cit. 33; bon mot, mot d'esprit), pensée, pointe (IV., 3.), saillie. || Trait brillant, éblouissant (⇒ Étincelle, fig.), hardi (cit. 16), heureux (cit. 24), joli (→ Distinguer, cit. 32), spirituel… || Remplacer le trait par le calembour (cit. 5).
23 Les plus beaux traits d'une sérieuse morale sont moins puissants le plus souvent que ceux de la satire (…)
Molière, Tartuffe, Préface.
24 Le comte Chalvet était bref dans sa parole; ses traits étaient des éclairs, justes, vifs, profonds.
Stendhal, le Rouge et le Noir, II, IV.
♦ Trait d'esprit (cit. 156 et 157). — ☑ Trait de génie. ⇒ Éclair. || Le trait de génie d'un inventeur (⇒ Découverte).
25 Trait d'esprit, — est usage du mot ou de l'acte pour son effet de choc instantané. Faible masse, grande vitesse.
Valéry, Rhumbs, p. 234.
26 L'accident extérieur excite quelquefois l'événement accidentel intime qui sera ce qu'on nomme un trait de génie (…)
Valéry, Variété, V, p. 229.
♦ Absolt et vx. Vivacité de style et de langage. || Avoir du trait, du mordant.
5 Mus. Passage brillant formé d'une suite de notes rapides. || Perler les traits (→ Musique, cit. 25).
27 C'étaient des traits, des fioritures incroyables, des broderies à faire perdre la tête à madame Damoreau, et la voix à mademoiselle Grisi (…)
Nerval, Lorely, Du Rhin au Mein, V.
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COMP. Trait d'union.
Encyclopédie Universelle. 2012.