Akademik

démuni

démuni, démunie nom Personne qui n'a pas de ressources suffisantes sur le plan économique et social.

⇒DÉMUNI, IE, part. passé et adj.
I.— Part. passé de démunir.
II.— Emploi adj.
A.— [Suivi d'un compl. prép. de]
1. Dépourvu de quelque chose.
a) [Correspond à démunir A] Privé (de munitions, de moyens militaires). Le front du groupe d'armées de l'Est actuellement démuni de toutes réserves (FOCH, Mém., t. 2, 1929, p. 99).
b) [Correspond à démunir B] Privé (de moyens, de choses nécessaires). Démuni d'argent; démuni de nickel, de pétrole; démuni de protection; démuni de preuve, de fondement; démuni de tout. Synon. dénué. Je ne craignais plus tout ce qui me menaçait la veille au soir quand j'étais démuni de repos (PROUST, J. Filles en fleurs, 1918, p. 822). Les quartiers de Paris démunis d'églises (BOURGET, Actes suivent, 1926, p. 62). Voilà que je vous trouve tout démuni d'espérance! (MARTIN DU G., Thib., Mort père, 1929, p. 1262). Il n'est pas démuni de sarcasme et de malice (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 187).
2. Plus rarement. Privé de quelqu'un (la personne étant considérée comme soutien ou comme force). Démuni de main-d'œuvre, de relations. Maintenant qu'il est seul, démuni de tout et de tous (BARRÈS, Colline insp., 1913, p. 277).
B.— [Sans compl. déterminant] Qui est privé de ce qui est normalement attendu.
1. Domaine milit. (cf. démunir A). Sans moyens militaires. Ils envoyèrent (...) quérir leurs armes (...) En attendant, tout démunis qu'ils étaient, ils se joignirent à la petite troupe (A. FRANCE, J. d'Arc, t. 2, 1908, p. 170). Laisser les casernes vides d'hommes ou les arsenaux démunis (MAURRAS, Kiel Tanger, 1914, p. XXV). Des troupes résolues mais terriblement démunies (DE GAULLE, Mém. guerre, 1954, p. 113).
2. Domaine de l'habit. ou du commerce
a) [habitation] Manquant de confort. Pour nous retrouver en des lieux démunis et malpropres où bien souvent manquaient jusqu'aux planchettes sur quoi étaler nos paillasses (AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p. 265). Quels logis furent plus démunis que les siens (MAURIAC, Mém. intér., 1959, p. 72).
b) [commerce] Manquant de denrées. Même les bougies se font rares; les épiciers sont démunis (GIDE, Journal, 1949, p. 156). La distribution [dans les trains] (...) de café au lait et croissants par des ambulants (quelquefois trop vite démunis) (DEFERT, Pol. tour., 1960, p. 72).
3. [Condition de la pers. humaine]
a) Pauvre, sans argent. Se trouver démuni; démuni et impatient de mieux-être. La solution financière d'une distribution économique de vivres aux pays démunis (WOLKOWITSCH, Élev., 1966, p. 217).
b) Sans force, sans défense; vulnérable. Les plus faibles et les plus démunis. Les premiers troubles de la jeunesse la trouvèrent démunie, sans défense contre le mal (PSICHARI, Voy. Centur., 1914, p. 5). Jamais il ne l'avait imaginée si enfant, si démunie, si sans défense, si exposée à souffrir (MONTHERL., Pitié femmes, 1936, p. 1114). La terreur de son divorce avec l'Église, qui le laissera si démuni (BUTOR, Modif., 1957, p. 98).
Prononc. et Orth. Seule transcr. ds LITTRÉ dé-mu-ni, nie. Ds Ac. 1762-1878. Fréq. abs. littér. :74.

démuni, ie [demyni] adj.
ÉTYM. 1611; du p. p. de démunir.
1 Vx. Qui n'a plus de munitions, de troupes. || Place démunie.
2 Mod. (Personnes). || Démuni d'argent. Court (à). Absolt et rare. || J'étais complètement démuni. (cour., fam.) Fauché.
3 (Personnes). Vulnérable, privé de force, de défenses.
0 Oui, il en a assez… Assez de se sentir glisser, s'accrochant à des points d'appui qui cèdent, assez de ces quêtes misérables qui le laissent plus inassouvi, plus démuni qu'avant. Quitter tout cela. Changer de peau. Changer de vie.
N. Sarraute, le Planétarium, p. 288.

Encyclopédie Universelle. 2012.