ARIANE
ARIANE
La renommée d’Ariane, fille de Minos et de Pasiphaé, tient au fil qu’elle remit au héros athénien Thésée lorsqu’il vint en Crète pour combattre le Minotaure et qui lui permit, après avoir tué le monstre, de retrouver la sortie du Labyrinthe construit par Dédale. Comme la Médée de la légende des Argonautes, l’amour, un amour fou conçu dès le premier regard — œuvre sans doute d’Aphrodite, au culte de laquelle son nom est souvent associé —, la fait donc rebelle à son père et traître à sa patrie. Comme l’amante de Jason, elle s’enfuit avec le héros étranger pour échapper à la colère paternelle. Il faut croire cependant que ses charmes, pourtant éblouissants, opérèrent moins longtemps que ceux de la magicienne, puisqu’elle ne parvint pas jusqu’à Athènes: Thésée s’empressa, en effet, de l’abandonner, endormie, sur les rivages de l’île de Naxos, où il avait fait escale. Aimait-il une autre femme, ou bien est-ce plutôt sur l’ordre des dieux et par piété qu’il trahit celle qui n’avait pas hésité à trahir pour lui? Les traditions divergent. Toujours est-il qu’Ariane est fréquemment nommée «la femme de Dionysos» (Hésiode, Théogonie , 948; Euripide, Hippolyte , 339). Épouse du dieu, elle le devint peu de temps après son réveil, ce qui lui valut, bien que née mortelle, d’être emmenée sur l’Olympe et d’y recevoir, en même temps que l’immortalité, un diadème d’or qui devint ensuite une constellation; de là vient sans doute le nom d’Aridèla (de loin très visible) qui lui fut donné en Crète. (Dans une autre version, elle ne connut l’apothéose qu’après avoir été tuée par le dieu jaloux.) Son propre nom «Ariane» est une variante dialectale d’«Ariagne» (en grec, ari-agnè ), qui signifie «la plus pure», non pas au sens moral où nous l’entendons par suite de la tradition chrétienne, mais au sens du caractère intouché et intouchable de la nature éloignée des hommes, étrangère à leur bien comme à leur mal, au plus près donc du divin.
Ariane
dans la myth. gr., fille de Minos et de Pasiphaé, soeur de Phèdre; elle donna à Thésée, qu'elle aimait, le fil qui l'aida à sortir du Labyrinthe après avoir tué le Minotaure. Elle s'enfuit avec Thésée, qui l'abandonna sur l'île déserte de Naxos (où Dionysos, Bacchus en lat., vint la consoler).
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Ariane
fusée construite en France par l'Agence spatiale européenne et lancée (1979) à Kourou, en Guyane française.
⇒ARIANE, subst. fém.
[P. réf. à l'héroïne de la mythologie abandonnée par Thésée dans l'île de Naxos] Femme, amante abandonnée :
• 1. — Tu as donc abandonné ce pauvre marquis, dit Blazius d'un air de componction; car tu n'es pas de celles qu'on délaisse. Le rôle d'ariane ne te va point, mais bien celui de Circé.
T. GAUTIER, Le Capitaine Fracasse, 1863, p. 191.
Rem. Attesté ds LITTRÉ, GUÉRIN, 1892, DG, ROB. et QUILLET 1965.
— [P. allus. au fil qu'Ariane donna à Thésée pour sortir du labyrinthe] Fil d'Ariane (au fig.). Fil conducteur, moyen permettant de ne pas se perdre dans les complications d'une situation :
• 2. « Nous avons vu, en effet, que, avant Lamarck, la science n'expliquait aucun des phénomènes de la vie. On avait dû supposer que toutes les espèces aujourd'hui connues avaient été créées successivement, et chacune en possession de tous ses caractères actuels. Lamarck a véritablement trouvé le fil d'Ariane du labyrinthe universel. (...) ».
R. MARTIN DU GARD, Jean Barois, 1913, p. 289.
PRONONC. ET ORTH. :[]. QUILLET 1965 écrit Ariane ou Ariadne.
ÉTYMOL. ET HIST. — 1863 « femme que son amant abandonne », supra ex. 1.
Empr. au gr. Ariane, fille de Minos, Od. 11, 321.
BBG. — BOUILLET 1859. — GOTTSCH. Redens. 1930, p. 453.
ariane [aʀjan] n. f.
ÉTYM. 1863, in D. D. L.; lat. Ariadna, grec Ariadnê, fille de Minos qui, éprise de Thésée, lui donna un peloton de fil dont il attacha une extrémité à l'entrée du labyrinthe pour retrouver son chemin, après avoir tué le Minotaure.
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1 Littér. (par allus. au personnage mythologique). Amante abandonnée.
2 ☑ Loc. fig. (1748). Fil d'Ariane : moyen qui sert de guide, empêche de s'égarer dans un dédale de complications, de difficultés. — Par allus. à la légende d'Ariane, et à la loc. à laquelle cette légende a donné naissance :
0 (…) philosophes auxquels la sagesse comme une autre Ariane, semble avoir donné une pelote de fil qu'ils s'en vont dévidant depuis le commencement du monde à travers le labyrinthe des choses humaines.
Hugo, Notre-Dame de Paris, I, 3.
Encyclopédie Universelle. 2012.