LABYRINTHE
LABYRINTHE
La constance du signe et de la représentation labyrinthiques à travers les âges et les civilisations n’est plus à démontrer. Reste néanmoins à ordonner les éléments de ce complexe mythique dont le foisonnement semble rebelle à toute explication.
Grotte dont les méandres se dissimulent au regard, souterrain dont les stalactites barrent les issues, entailles inquiétantes et adorées de l’épouse-mère, volutes intestines, sinuosités auriculaires, fines courbures de coquillages, les labyrinthes naturels se multiplient, sollicitant l’imagination humaine, qui ne cesse de les aménager, de les reproduire et de les réinventer: en architecture et en chorégraphie, dès l’époque minoenne; en mosaïque et en peinture comme sous l’Empire romain; dans l’art des jardins, dans celui de la chasse et du tournoi qui se développe au Moyen Âge chrétien, dans la quête des anamorphoses et le goût du maniérisme; pour les épreuves d’initiation, pour les tests d’apprentissage; pour les jeux calligraphiques comme pour les recherches topologiques les plus avancées.
Tentons d’abord de définir d’un point de vue strictement formel l’écriture secrète que constitue le labyrinthe, dont le tracé, caractérisé par un degré plus ou moins grand de complexité, répond toujours à une intention d’initiation, sur un registre dont la sacralité ne semble jamais totalement absente. On pourrait définir le labyrinthe comme le contraire de la ligne droite: d’un point à un autre, le chemin labyrinthique n’est jamais le plus court; mais ceci n’implique pas qu’il soit le plus long, encore que ce puisse être le cas pour certaines formes très géométrisées. Qu’il s’inscrive dans un espace bi- ou tridimensionnel, qu’il se définisse par un périmètre circulaire, anguleux ou tentaculaire, qu’il possède une surface compacte ou diffuse et un dessin symétrique ou irrégulier, le labyrinthe est toujours orienté parfois du point de départ au point de retour (celui-ci pouvant ne pas être identique à celui-là), mais le plus souvent du point de départ à un point central qui constitue le lieu d’épreuve ultime de l’homme labyrinthique. Entre ces deux points, la voie peut être une ou multiple: l’obscurité constitue parfois la principale embûche; mais aux traquenards de toutes sortes qui la complémentent s’ajoute souvent le piège qui tient à la nature du trajet choisi. Dans cette dernière occurrence, on peut encore distinguer deux cas de figure, selon qu’il existe des chemins prétracés ou bien qu’il revient au pèlerin de choisir lui-même l’itinéraire de sa randonnée, voire de se forger par ruse ou par violence un accès à travers les murailles, les précipices et les marais.
Aussi bien le parcours labyrinthique ne se comprend-il que sous la fascination d’un signe apotropaïque. De quoi le labyrinthe nous détourne-t-il à travers les corridors et les galeries qui dérobent aux regards du profane non seulement les dangers qui menacent l’aventurier mais l’enjeu même de sa pérégrination. Que recèle le labyrinthe? Est-ce le mort redoutable des hypogées égyptiens, le trésor interdit, le monstre ni homme ni bête? Est-ce, au contraire, le Graal, la pierre philosophale ou ces mystérieuses écritures rouges formées de souffles coagulés auxquels la tradition taoïste attribue la naissance de l’univers?
Mais, si nous revenons à la cellule originaire du mythe, le vrai labyrinthe n’est-il pas pour Thésée le principe féminin qui lui confère lumière, fil directeur et hache sacrificielle: cette Ariane, sœur du monstre, qu’il abandonne sur l’île de Chypre, une fois enceinte de ses œuvres? Quel est le pire des Minotaures? Est-ce la mère comme lieu de naissance et de mort ou bien la conscience dont les inextricables méandres dérobent au sujet le fruit même de son acte? Voulant enlever Perséphone aux enfers, le vainqueur du Minotaure est pris au piège du minéral qui, sous l’apparence d’un fauteuil offert par Hadès, englue sa chair dans la pierre mortuaire qui le soustrait pour un temps à l’épreuve labyrinthique. Car les enchevêtrements du séjour des morts sont baignés par l’oubli: plus de passerelle dans ce monde clos, d’où toute idée de triomphe se trouve exclue.
Aussi bien l’enfer suppose-t-il la transformation préalable du chaos originaire en géographie labyrinthique sous l’effet d’un parcours initiatique dont le mystère demeure entier. Ni prévisibles ni imprévisibles, les étapes du pèlerinage labyrinthique ne mènent pas plus nécessairement à la victoire qu’elles n’assurent la défaite.
Mais un miroir, planté au cœur du labyrinthe, guette souvent le pauvre errant auquel il ne réfléchit rien d’autre que cette enveloppe charnelle qui est son propre labyrinthe: prison qu’il ne cesse de hanter et dans laquelle il rentre à l’instant même où il croit en sortir. Miroir qui, à l’instar du miroir chinois, possède peut-être sur son envers le tracé d’un labyrinthe de bronze, à moins qu’avec la puissance de l’obsession paraisse en son travers toute l’épaisseur d’un autre labyrinthe à nouveau renfermé dans le précédent. Est-ce, en deçà du miroir, le leurre primordial et, au-delà, la forme véritable? Ou bien le labyrinthe nous happe-t-il à jamais, malgré ces dichotomies nécessaires par lesquelles le Moi se distingue d’abord du labyrinthe pour opposer ensuite le labyrinthe au Minotaure puis le Minotaure au principe féminin et enfin le principe de fécondité au principe de mort?
labyrinthe [ labirɛ̃t ] n. m.
• labyrinth 1553; lat. labyrinthus, gr. laburinthos
1 ♦ Enclos enfermant des bois coupés par un réseau inextricable de sentiers, des bâtiments, des galeries aménagées de telle sorte qu'une fois engagé à l'intérieur, on ne peut que très difficilement en trouver l'unique issue. Thésée sortit du labyrinthe grâce au fil d'Ariane. — Dans un parc, un jardin, Petit bois coupé d'allées entrelacées. « Un labyrinthe en charmille » (Musset).
2 ♦ Par ext. Réseau compliqué de chemins tortueux, de galeries dont on a peine à sortir. ⇒ dédale, lacis. « Un labyrinthe de ruelles, emmêlées, tortueuses » (Maupassant).
♢ (1540) Fig. Complication inextricable. ⇒ enchevêtrement. « Je m'y trouvai dans un labyrinthe d'embarras, de difficultés » (Rousseau). Le labyrinthe de ses pensées.
3 ♦ Archit. Dallage en méandres du pavement de certaines églises, dit aussi chemin de Jérusalem, que les fidèles suivaient à genoux. Le labyrinthe de la cathédrale de Chartres.
4 ♦ (1690) Anat. Ensemble des cavités sinueuses de l'oreille interne.
● labyrinthe nom masculin (latin labyrinthus, du grec laburinthos) Dans l'Antiquité, vaste édifice comprenant d'innombrables salles agencées de telle manière que l'on ne trouvait que difficilement l'issue. Réseau compliqué de chemins, de galeries dont on a du mal à trouver l'issue ; dédale. Complication inextricable : Le labyrinthe des lois. Ensemble des parties qui composent l'oreille interne (limaçon ou cochlée, vestibule et canaux semi-circulaires). Motif à compartiments en méandres, traité en dallage, en mosaïque, en plantations dans un jardin et le plus souvent centré à l'imitation du labyrinthe crétois. Appareil constitué d'un ensemble d'allées et d'impasses, employé pour étudier les comportements d'apprentissage chez l'animal. ● labyrinthe (difficultés) nom masculin (latin labyrinthus, du grec laburinthos) Orthographe Attention au y et au groupe -th-. ● labyrinthe (synonymes) nom masculin (latin labyrinthus, du grec laburinthos) Réseau compliqué de chemins, de galeries dont on a du...
Synonymes :
- dédale
- lacis
- réseau
Complication inextricable
Synonymes :
- maquis
- méli-mélo (familier)
labyrinthe
dans la myth. gr., édifice complexe construit par Dédale dans l'île de Crète: la disposition des nombr. pièces et galeries était telle que ceux qui s'y engageaient n'en trouvaient l'issue et le Minotaure, qui y était emprisonné, les dévorait. Promis à ce sort, Thésée en sortit grâce à Ariane.
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labyrinthe
n. m.
d1./d Réseau compliqué de salles, de chemins, où l'on s'oriente avec difficulté. Un labyrinthe de pistes défoncées.
d2./d Fig. Ensemble compliqué, où il est difficile de se reconnaître. Le labyrinthe de la jurisprudence. Syn. dédale.
d3./d ANAT Ensemble des cavités qui constituent l'oreille interne.
⇒LABYRINTHE, subst. masc.
I. — MYTH. et HIST. ANTIQUE. Vaste enclos antique comportant un réseau de salles et de galeries, souterraines ou en surface, enchevêtrées de manière qu'on puisse difficilement en trouver l'issue. Le labyrinthe de Lemnos; le labyrinthe de Crète ou dédale. Ainsi le fameux labyrinthe d'Égypte représentait les douze maisons du soleil, auquel il était consacré par douze palais, qui communiquaient entre eux (DUPUIS, Orig. cultes, 1796, p. 36). Lorsqu'Ariane (...) accompagna Thésée aux portes du labyrinthe pour l'aider à tuer le monstre (BALZAC, Physiol. mar., 1826, p. 70).
— [P. allus. à la légende du labyrinthe de Crète] Un labyrinthe où, pour se diriger, il n'était pas besoin du fil d'Ariane (SANDEAU, Sacs, 1851, p. 33). Lamarck a véritablement trouvé le fil d'Ariane du labyrinthe universel (MARTIN DU G., J. Barois, 1913, p. 289).
II. — P. anal. [Gén. avec un adj. déterminatif ou un compl. prép. introd. par de précisant l'ensemble désigné (au sing.) ou la nature de ses éléments constitutifs (au plur.)] Ensemble formant un réseau compliqué d'éléments dans lesquels il est possible de se perdre.
A. — Cour. Synon. littér. dédale, lacis. Labyrinthe inextricable, immense, tortueux.
1. [Dans l'espace]
a) [Le labyrinthe concerne une construction] Labyrinthe de corridors, d'escaliers, de chambres; labyrinthe de carrefours; le labyrinthe du métro. En revenant, je me suis perdu dans ce prodigieux labyrinthe d'une ville de 1.500 mille âmes (MICHELET, Journal, 1834, p. 749). Battant d'un pied pressé, (...) l'écho mort de ce labyrinthe de maisons sans nom et d'hôtels borgnes (GONCOURT, Ch. Demailly, 1860, p. 343). Mon œil a parcouru ces docks, ce labyrinthe d'entrepôts inquiétants où la taille humaine ne peut s'évaluer (COCTEAU, Crit. indir., 1932, p. 130).
SYNT. Labyrinthe de colonnes, de couloirs, de cabinets secrets, de salons, de vestiaires, de galeries; labyrinthe d'édifices, de petites rues, de jetées, de môles, de digues.
b) [Le labyrinthe concerne un paysage naturel ou aménagé] Labyrinthe de chemins, de sentiers, de vallées, de grottes, de rivières; labyrinthe aquatique, lacustre et marécageux, montagneux, souterrain. Labyrinthe de jardins, de vergers, de palais, de ruisseaux, où l'œil se perdait (LAMART., Voy. Orient, t. 2, 1835, p. 208). Ils s'enfonçaient de plus en plus, au milieu d'un labyrinthe de buissons (ZOLA, Faute Abbé Mouret, 1875, p. 1411). V. dédale ex. 3 et HUGO, Rhin, 1842, p. 204.
c) [Le labyrinthe concerne le corps humain] Si nous nous engageons dans l'inextricable labyrinthe du cerveau et des fonctions nerveuses (CARREL, L'Homme, 1935, p. 68). Cela exige un cœur, des viscères, tout un labyrinthe de tubes et de fils (VALÉRY, Variété V, 1944, p. 52).
d) [Le labyrinthe concerne des objets accumulés] Comme il traversoit un labyrinthe de câbles, il fut hélé (CHATEAUBR., Natchez, 1826, p. 352). Nous avons circulé dans un labyrinthe de sacs de farine (CHATEAUBR., Mém., t. 2, 1848, p. 71).
2. [Dans le temps] Labyrinthe d'événements obscurs; labyrinthe d'affaires, d'intrigues. On y retourne dans les songes de la nuit (...) quand on va au bout des labyrinthes du sommeil (BACHELARD, Poét. espace, 1957, p. 29). Nous réfugier et nous perdre dans les labyrinthes glacés, impersonnels du temps mathématique (ARNOUX, Visite Mathus., 1961, p. 50).
B. — Spécialement
1. DÉCORATION EXTÉRIEURE. Petit bosquet aux allées entrelacées formant des méandres compliqués, au milieu d'un parc ou d'un jardin. Le labyrinthe de Versailles; le labyrinthe du Jardin des Plantes. (Dict. XIXe et XXe s.).
2. ARCHIT. Dallage en méandres du pavement de certaines églises au Moyen Âge. Synon. dédale, chemin de Jérusalem (Dict. XIXe et XXe s.).
3. ANAT. Système de canaux et de cavités communiquant entre eux (d'apr. Méd. Biol. t. 2 1971). Labyrinthe de l'oreille (interne); labyrinthe membraneux, osseux. Labyrinthe du rein (d'apr. Méd. Biol. t. 2 1971).
4. Labyrinthe optique. Ensemble de petits cabinets enchevêtrés et recouverts de miroirs sur toutes les faces de manière à égarer celui qui s'y est engagé (d'apr. Lar. Lang. fr.).
C. — Au fig. Enchevêtrement inextricable d'éléments d'une grande complexité pour l'esprit. Synon. dédale, imbroglio, maquis.
1. Domaine des instit. ou des créations intellectuelles. Labyrinthe de la chicane, de la jurisprudence, de la loi, des règlements. Mon père me jeta dans le labyrinthe inextricable de ce vaste procès d'où dépendait notre avenir (BALZAC, Peau chagr., 1831, p. 88). C'est avec étonnement que je l'ai vu (...) s'enfoncer dans le labyrinthe de la psychiatrie (DUHAMEL, Terre promise, 1934, p. 126).
2. Domaine de l'action. Labyrinthe de difficultés. Cet épineux labyrinthe d'idées ou d'affaires qui font l'existence de l'homme (MICHELET, Journal, 1858, p. 403). Il parut dire (...) qu'on s'était jeté de gaieté de cœur dans l'embarras et le labyrinthe où l'on était (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 5, 1859, p. 543).
3. Domaine de l'esprit ou du cœur. Labyrinthe des conjectures, des déductions; labyrinthe des contradictions, des erreurs, des incertitudes; labyrinthe de la passion, des sentiments. Elle s'engagerait dans un labyrinthe de vexations et d'iniquités, qui n'aurait plus de terme (CONSTANT, Princ. pol., 1815, p. 142). Ils ne se glorifient pas de leur labyrinthe intérieur (...); ils ne s'y perdent pas (MAURIAC, Vie Racine, 1928, p. 228).
REM. Labyrinthé, -ée, adj., hapax. Qui se présente sous la forme d'un labyrinthe. Des liens invisibles se renouant d'eux-mêmes, artistement tissus, labyrinthés et redoublés (CHATEAUBR., Mém., t. 3, 1848, p. 227).
Prononc. et Orth. : []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1418 labarinte « édifice, composé d'un grand nombre de pièces disposées de telle sorte qu'il était difficile d'en trouver l'issue » (CAUMONT, Voy. d'Outrem., p. 42 ds GDF. Compl.); 1553 (DU BELLAY, Antiquitez de Rome, éd. H. Chamard, II, 8 : Et son vieux Labyrinth' la Crete n'oublira); 2. 1540 fig. labyrinthe (Amadis de Gaule, éd. H. Vaganay, 1er livre, p. 87); 3. 1677 labyrinthe « (dans un parc) petit bois coupé d'allées entrelacées » (PERRAULT ds HAVARD); 4. 1690 anat. (FUR.). Empr. au lat. labyrinthus « bâtiment dont il est difficile de trouver l'issue », attesté au sens fig. dès le b. lat., du gr. de mêmes sens. Au sens 3 l'angl. labyrinth est attesté dès 1611 ds NED; le fr. utilise le mot dedalus en 1477 : Extraits des comptes et mémoriaux du Roi René, éd. A. Lecoy de la Marche, p. 92, n° 253. Fréq. abs. littér. : 584. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 1 081, b) 698; XXe s. : a) 593, b) 829. Bbg. ZOGRAPHAKIS (G.). Labrys et labyrinthe. Salonique, 1933, pp. 1-23.
labyrinthe [labiʀɛ̃t] n. m.
ÉTYM. 1553, du Bellay, labyrinth; labarinte, 1418; lat. labyrinthus, du grec laburinthos.
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1 (1418). Enclos qui enfermait des bois coupés par un réseau inextricable de sentiers, des bâtiments, des galeries aménagées de telle sorte qu'une fois engagé à l'intérieur, on ne pouvait en trouver l'unique issue. || Le labyrinthe de la mythologie fut construit par Dédale sur l'ordre de Minos, roi de Crète, pour y enfermer le Minotaure. || Thésée sortit du labyrinthe grâce au fil d'Ariane.
1 C'est moi, Prince, c'est moi dont l'utile secours
Vous eût du Labyrinthe enseigné les détours.
Racine, Phèdre, II, 5.
2 (…) nous abordâmes dans l'île. Nous vîmes le fameux labyrinthe, ouvrage des mains de l'ingénieur Dédale, et qui était une imitation du grand labyrinthe que nous avions vu en Égypte.
Fénelon, Télémaque, V.
3 (…) c'est un personnage féroce (Minos) qui, au fond de son palais du Labyrinthe, nourrit son monstre domestique, le Minotaure, des jeunes Athéniens qu'il réclame chaque année (…)
Daniel-Rops, le Peuple de la Bible, II, II.
♦ Labyrinthe d'Égypte : vaste édifice funéraire (aujourd'hui en ruines) d'Amenemhat III, construit près de sa pyramide au Fayoum et décrit par Hérodote.
♦ Par métaphore. || Le labyrinthe des choses humaines. || Un fil conducteur à travers le labyrinthe des faits. || Faire le premier pas dans le labyrinthe de ses confessions (→ Fangeux, cit. 3, Rousseau). || S'engager dans un labyrinthe de difficultés (→ Incident, cit. 13).
2 (1540). Fig. Complication inextricable. ⇒ Complication, confusion, enchevêtrement (→ aussi Écheveau, forêt). || Le labyrinthe de ses pensées. || Le labyrinthe des démarches administratives, de la loi. || Un labyrinthe de problèmes, de difficultés; d'erreurs, d'incertitudes.
4 Je m'y trouvai dans un labyrinthe d'embarras, de difficultés (…)
Rousseau, Rêveries…, 3e promenade.
5 (…) le cœur de la femme est un labyrinthe si plein de détours, de faux-fuyants et de recoins obscurs, que les grands poètes eux-mêmes qui s'y sont aventurés, la lampe d'or du génie à la main, n'ont pas toujours su s'y reconnaître, et que personne ne peut se vanter de posséder le peloton conducteur qui mène à la sortie de ce dédale.
Th. Gautier, Fortunio, XV.
6 (…) en instruction criminelle, un bout de fil qui passe vous fait trouver un peloton avec lequel on se promène dans le labyrinthe des consciences les plus ténébreuses (…)
Balzac, Splendeurs et Misères des courtisanes, Pl., t. V, p. 1021.
3 Par ext. Réseau compliqué (de chemins, de galeries…) dont on a peine à sortir. ⇒ Dédale, lacis. || Le labyrinthe compliqué des rues de Venise (→ Imprévu, cit. 3). || Égaré, fourvoyé (cit. 2) dans l'inextricable labyrinthe des ruelles obscures. || Le labyrinthe de galeries et de souterrains d'un château (cit. 1). || Un labyrinthe d'escaliers (→ Guider, cit. 1).
7 C'est une montée inimaginable à travers un labyrinthe de ruelles, emmêlées, tortueuses, entre les murs sans fenêtres des maisons mauresques.
Maupassant, la Vie errante, D'Alger à Tunis, I.
8 Il aimait (…) tout le labyrinthe de couloirs, de cabinets secrets, de salons, de vestiaires, de garde-manger, de galeries qu'était l'hôtel de Balbec.
Proust, À la recherche du temps perdu, t. IX, p. 311.
9 (…) il (…) descendit à travers le labyrinthe des souks.
G. Duhamel, Salavin, VI, XV.
4 (1677). Dans un parc, un jardin, Petit bois coupé d'allées entrelacées.
10 Ce n'était pas, comme on le pense bien, un jardin anglais, mais un antique jardin à la mode française, qui en vaut bien une autre (…) de jolies statues d'espace en espace, et, dans le fond, un labyrinthe en charmille. Margot regardait le labyrinthe, dont la sombre entrée la faisait rêver.
A. de Musset, Nouvelles, Margot, III.
11 Il y avait aussi un ancien labyrinthe aux haies de buis, mangé des herbes folles, mais encore reconnaissable. On avait taillé deux poteaux de pierre pour en marquer l'entrée (…)
H. Bosco, Un rameau de la nuit, p. 152.
♦ Labyrinthe optique, ou labyrinthe de glaces : série de miroirs enchevêtrés formant des allées entrelacées. — Un labyrinthe cloisonné de glaces. → Miroir, cit. 4.1.
5 (1852). Archit. Dallage en méandres d'un pavement d'église, que les fidèles suivaient à genoux. Syn. : chemin de Jérusalem. || Le labyrinthe de la cathédrale de Chartres.
6 Techn. Entrecroisement des galeries d'une carrière depuis longtemps exploité. — Carrelage à carreaux entremêlés.
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II (1690). Anat. Ensemble des cavités sinueuses de l'oreille interne. ⇒ Oreille (→ Exercer, cit. 4).
12 Aussi leur ensemble (des compartiments) est-il désigné sous le nom d'oreille interne, à cause de leur position profonde dans l'intérieur de l'os, ou encore de labyrinthe, à cause de leur complication relative. Cette oreille interne comprend donc trois parties distinctes : 1o le vestibule (…); 2o les canaux demi-circulaires; 3o le limaçon.
A. Pizon, Anatomie et Physiologie humaines, p. 228.
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DÉR. Labyrinthé, labyrinthien, labyrinthique.
COMP. Labyrinthiforme, labyrinthite, labyrinthodonte.
Encyclopédie Universelle. 2012.