● À l'envers dans un sens opposé au sens normal, sens dessus dessous, la partie supérieure tournée vers le bas, ou l'avant en arrière : Mettre ses chaussettes à l'envers.
⇒ENVERS2, subst. masc., À L'ENVERS, loc. adv.
I.— Subst. masc.
A.— [En parlant d'une chose concr.] Côté qu'on ne voit pas au premier abord. Anton. endroit.
1. [En parlant d'une chose fabriquée par l'homme] Face non destinée à être vue, par opposition au beau côté. Synon. dessous, derrière, dos, mauvais côté, mauvais endroit. Le jardinier, un long couteau à la main, (...) faisait le signe de la croix sur l'envers du pain bis (BOYLESVE, Leçon d'amour, 1902, p. 30). Pas de plafond, on touchait de la main l'envers des tuiles brunes (VAN DER MEERSCH, Empreinte dieu, 1936, p. 116) :
• 1. ... il courut à la cheminée, détacha un petit portrait en miniature pendu près de la glace, et, le retournant, passa sa manche sur le carton poussiéreux qui en formait l'envers.
VERNE, Les 500 millions de la Bégum, 1879, p. 46.
— En partic.
a) Envers d'une étoffe, d'un vêtement, d'un ouvrage de tapisserie. Côté intérieur (où apparaissent les coutures ou les fils de la trame). Synon. dessous, revers, mauvais côté. De l'envers de sa veste, il tira un portefeuille (POURRAT, Gaspard, 1931, p. 273). Je tripote toutes mes doublures... ma culotte... envers... endroit... (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 224) :
• 2. ... un manteau qu'elle ne reconnaissait pas, (...). Mais le manteau étant hors d'usage, Françoise l'avait fait retourner et exhibait un envers de drap uni d'un beau ton.
PROUST, À l'ombre des jeunes filles en fleurs, 1918, p. 649.
♦ Loc. fig.
L'envers du décor, des tapisseries. La situation réelle, les ressorts véritables d'un acte. Tous les souverains aiment à connaître l'envers des tapisseries, et savoir les véritables motifs des événements que le public regarde passer bouche béante (BALZAC, Splend. et mis., 1847, p. 494).
L'envers et l'endroit. Tous les aspects, tous les détails d'une réalité (examinée dans tous les sens, sous tous ses aspects, sur toutes les coutures). Mon petit, en littérature, chaque idée a son envers et son endroit (BALZAC, Illus. perdues, 1843, p. 422).
♦ Loc. prép. À l'envers de. Sur le côté intérieur de. C'était à l'envers du velours le coton sans magnificence (ARAGON, Rom. inach., 1956, p. 146).
♦ Étoffe sans envers (mod.), à deux envers (vx). Étoffe de très belle qualité, dont l'envers est aussi beau que l'endroit. Synon. (pour un vêtement) réversible. Dauphines sans envers en pièces, points de Gênes et d'Alençon (HUGO, Misér., t. 2, 1862, p. 613).
♦ Loc. verbales fig.
L'envers vaut l'endroit [En parlant des beaux côtés cachés, des dessous de quelqu'un, de quelque chose] Elle a une nuque qui n'est pas si mal. Mais est-ce assez? « L'envers vaut l'endroit », disent les petits tailleurs (MONTHERL., Pitié femmes, 1936, p. 1146). « Pourquoi conserver des opinions hors d'usage? Confiez-les-nous! L'envers vaut l'endroit » (GREEN, Journal, 1938, p. 140).
Faire de son envers l'endroit. Se retourner complètement, changer totalement de point de vue. Synon. faire volte-face. J'ai fait de mon envers l'endroit, je me suis retourné comme un gant (BERNANOS, M. Ouine, 1943, p. 1560).
♦ P. anal. et au fig. Médaille sans envers. Réalité sans côté déplaisant. Les rapports humains devraient se réduire à des parties d'échecs. Sauf pour la camaraderie! Ça, c'étaient de véritables rapports humains, une médaille sans envers (TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p. 261).
b) Envers d'un feuillet. Synon. dos, verso; anton. recto. L'envers blanc d'une étiquette (PROUST, Swann, 1913, p. 51). J'avais noté neuf choses à lui dire, sur l'envers d'une carte de visite (MONTHERL., Songe, 1922, p. 191).
♦ P. métaph. À l'ombre des journaux délirants d'appels aux sacrifices ultimes et patriotiques, la vie, strictement mesurée, farcie de prévoyance, continuait et bien plus astucieuse même que jamais. Tels sont l'envers et l'endroit, comme la lumière et l'ombre, de la même médaille (CÉLINE, Voyage, 1932, p. 92).
2. [En parlant d'une chose naturelle] Côté opposé à celui qui est exposé à la lumière ou au regard. Quelques beaux papillons, (...) portant, à l'envers des ailes, une grosse macule nacrée (GIDE, Voy. Congo, 1927, p. 685). L'envers des nuages du côté qui regarde le zénith (MALÈGUE, Augustin, t. 2, 1933, p. 12).
B.— Au fig. [En parlant d'une réalité, des choses de la vie]
1. Aspect qui n'apparaît pas à première vue, qui n'est pas saisissable, palpable; le côté caché, mystérieux.
— P. ext., péj. Les aspects que l'on cache, les petits côtés peu brillants, honteux ou ridicules. Synon. les dessous. Flaubert et ses amis aimaient à se figurer les dessous, l'envers de la vie rouennaise (THIBAUDET, Réfl. litt., 1936, p. 170).
— En partic., emploi abs., rare. Homme à deux envers. Homme double, hypocrite, ambigu dans ses opinions, contradictoire dans son comportement. Synon. fourbe, trompeur. Un autre être existait encore, en lui : cet esprit se dédoublait, et, après l'endroit apparaissait l'envers de l'écrivain, un fanatique religieux et un prophète biblique (HUYSMANS, À rebours, 1884, p. 206).
2. Aspect opposé à celui qui devrait normalement se présenter à la vue, forme superficielle voilant la réalité profonde de quelque chose. Pour ce qui est de ton échec, dis-toi bien que « nous ne voyons jamais que l'envers de notre destinée » (ALAIN-FOURNIER, Corresp. [avec Rivière], 1905, p. 36). Je pense que le temps n'est que la forme matérielle de la pensée et comme l'envers d'une activité créatrice à laquelle il ne tient qu'à moi d'être intérieurement lié (J. BOUSQUET, Trad. du silence, 1935-36, p. 189).
a) [P. oppos. au dedans, au fond des choses, à la réalité intérieure] :
• 3. ... l'universelle gravité des corps, dont nous sommes tant frappés, n'est que l'envers ou l'ombre de ce qui meut réellement la nature. Pour apercevoir l'énergie cosmique « fontale », il faut, si les choses ont un dedans, descendre dans la zone interne ou radiale des attractions spirituelles.
TEILHARD DE CHARDIN, Le Phénomène humain, 1955, p. 294.
b) [P. oppos. à l'au-delà, à la réalité supérieure] :
• 4. Heureux ceux qui croient qu'au-dessus de l'ordre de la politique règne l'ordre de la charité, que l'histoire visible est l'envers de la véritable histoire et qu'il existe un autre Royaume que les royaumes de ce monde meurtrier!
MAURIAC, Le Baîllon dénoué, 1945, p. 458.
3. Aspect opposé complémentaire (d'une réalité, envisagée sous sa double forme). Aucun mot ne possède un sens unique (...). Tout mot a pour envers une idée générale, ou du moins généralisée (GOURMONT, Esthét. lang. fr., 1899, p. 315). Les massifs d'arbres (...) prenaient des teintes noir olive, et semblaient l'envers de quelque couleur (MALÈGUE, Augustin, t. 2, 1933, p. 24) :
• 5. Un ouvrage bien complet ne doit pas avoir besoin qu'on le réfute. L'envers de chaque pensée doit y être indiqué, de manière que le lecteur saisisse d'un seul coup d'œil les deux faces opposées dont se compose toute vérité.
RENAN, Drames philos., Le Prêtre de Nemi, 1885, p. 526.
— P. ext. [Dans la loc. fig. c'est l'envers de la médaille, « toute médaille a son revers »] Toute chose a son mauvais côté, son aspect désagréable. L'envers de la gloire. Synon. rançon, contrepartie. Plus il était seul, plus il s'obstinait à avoir raison; c'était l'envers inévitable de ses qualités souveraines de fermeté, d'élan et de confiance (JAURÈS, Ét. soc., 1901, p. 60). Il semble que mon bonheur soit l'envers du malheur des autres, que je ne sois capable d'être heureux qu'aux frais d'autrui (BERNANOS, Joie, 1929, p. 586) :
• 6. ... les enfants n'y pensent pas plus [à l'état présent chèrement acquis] qu'à l'air qu'ils respirent; en revanche, ils seront sensibles à des désagréments qui ne sont que l'envers des avantages douloureusement conquis pour eux.
BERGSON, Les Deux sources de la mor. et de la relig., 1932, p. 312.
♦ Compensation. Le droit de grâce n'a pas d'envers : le roi, qui peut gracier le banqueroutier frauduleux, ne rend rien à la victime dépouillée (BALZAC, Mais. Nucingen, 1838, p. 653).
4. Aspect contradictoire, sens contraire, inverse de quelque chose
a) de ce qui est. L'envers de la vérité. Obligé, comme les grands poètes comiques, comme Molière et Rabelais, de considérer toute chose à l'endroit du pour et à l'envers du contre, il était sceptique, il pouvait rire et riait de tout (BALZAC, Illus. perdues, 1843, p. 237) :
• 7. « Un cheval, je le savais, vient au monde les antérieurs d'abord : la naissance, c'est le premier saut. (...) (Dans une contraction violente, Querelle a chassé autre chose de son ventre, une forme oblongue, le début de la tête). (...) j'avais l'impression qu'une présence envahissait l'écurie, et c'était brutal, étincelant, l'envers de la mort, son échec. La mort de la mort, la vie. LA VIE ».
C. DE RIVOYRE, Le Petit matin, Paris, Livre de poche, 1968, p. 162.
b) de ce qui devrait être (l'aspect négatif, péjoratif ou caricatural). L'envers du bon sens (= le non sens). Léo. — Je ne sais pas si c'est un drame ou un vaudeville. De toute manière c'est un chef-d'œuvre. Georges. — Un chef-d'œuvre de monstruosité. (...) Léo. — Tu as gagné l'envers du gros lot, mon pauvre Georges (COCTEAU, Par. terr., 1938, I, 8, p. 218). L'éloquence et son envers, le verbalisme (MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 124).
II.— À l'envers, loc. adv. ou loc. adj.
A.— Du mauvais côté, du côté qui n'est pas destiné à être vu (le côté le moins beau en dehors). Anton. à l'endroit, du bon côté, dans le bon sens, correctement.
1. Sens devant derrière. [En parlant d'une étoffe, d'un vêtement] Le côté de devant étant placé derrière. Il a mis ses bretelles à l'envers. Il ne retrouve pas l'une de ses chaussettes (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1938, p. 236). [En parlant d'un objet à deux faces] La face retournée, le dos étant présenté à la vue. Des toiles appuyées à l'envers contre le pied des chevalets (MEILHAC, HALÉVY, Cigale, 1877, III, 3, p. 111).
2. Sens dessus dessous.
a) Le côté intérieur à l'extérieur. Synon. retourné. Et il mit son gilet à l'envers, signe évident d'un violent combat intérieur (HUGO, N.-D. Paris, 1832, p. 304). Dans sa précipitation, il lui arrivait souvent de la mettre à l'envers, ou sens devant derrière [sa perruque] (SAND, Hist. vie, t. 2, 1885, p. 321).
b) La tête en bas, la base au sommet. D'autres couraient, (...) comme pour chercher le vrai sens du tableau, déclarant qu'il était beaucoup mieux à l'envers (ZOLA, Œuvre, 1886, p. 307).
B.— En sens inverse, dans un sens contraire à la norme, à la perspective naturelle ou habituelle; dans le mauvais sens.
1. En sens inverse (position, orientation). Mettre qqc. à l'envers. Retourner quelque chose. Il rentre les chaises (...) et les met à l'envers au bord des tables (PAGNOL, Marius, 1931, II, 4, p. 124). Il est vraiment très tard, reprit-il en consultant à l'envers la montre posée sur mon bureau (GRACQ, Syrtes, 1951, p. 245).
2. En sens inverse (mouvement contraire). Celui-là qui faisait la valse les yeux fermés, à l'envers et à l'endroit (GIONO, Gd troupeau, 1931, p. 185). J'essayai de vivre à l'envers. Entre neuf et dix ans, je devins tout à fait posthume (SARTRE, Mots, 1964, p. 165) :
• 8. Abraham, Isaac et Jacob, c'est-à-dire, en remontant, avec lui. Et comme à l'envers, Jacob, Isaac, Abraham. Sem et Noé. Mathusalem, Enoch. Seth, Adam.
PÉGUY, Victor-Marie, comte Hugo, 1910, p. 741.
3. Au fig. Dans un sens anormal, paradoxal, opposé, contraire au bon-sens, au sens réel ou au sens naturel.
a) À l'opposé du bon-sens (vers le non-sens, l'aberration). Les choses vont à l'envers. Cela va mal, en dépit du bon-sens. Des traditions de famille, qui, prenant l'honneur et la dignité à l'envers, lui imposaient l'oisiveté comme le premier, comme le plus saint des devoirs (SANDEAU, Sacs, 1851, p. 38) :
• 9. Quand Freycinet dit : « Je veux », Zurlinden répond : « Je ne veux pas », et dans un pays où tout est à l'envers, il est bien naturel que ce soit l'inférieur qui commande au supérieur docilement soumis.
CLEMENCEAU, Vers la réparation, 1899, p. 404.
— C'est le monde à l'envers. C'est aberrant. Des lunettes noires à la fin de novembre, le monde à l'envers! (MONTHERL., Fils personne, 1943, II, 2, p. 295). C'est le monde à l'envers, plus de médecins que de malades (CAMUS, Peste, 1947, p. 1312).
b) À l'opposé du sens réel (d'un mot, d'une idée), à contre-sens. Interpréter des paroles à l'envers. Synon. mal, de travers (ou dans un faux sens). Ces journalistes, ils ne lisent pas même les documents qu'ils fourrent dans leurs serviettes, ou plutôt les lisent à l'envers. (...) Burty avait trouvé le moyen de commettre à peu près autant d'erreurs qu'il avait emprunté de mots à la courte note! (GONCOURT, Journal, 1875, p. 1086). De telles paroles (...) doivent en quelque sorte être lues à l'envers puisque leur lettre signifie le contraire de la vérité (PROUST, J. Filles en fleurs, 1918, p. 860) :
• 10. ... « pour égaler Dieu, devenir des créateurs, nous nous fîmes destructeurs; nous créâmes à l'envers, puisque nous ne pouvions créer dans le sens de l'avenir. Nous nous fîmes un univers de destruction, ... »
BÉGUIN, L'Âme romantique et le rêve, 1939, p. 34.
c) À l'opposé du sens commun. Il éprouvait ses émotions à l'envers, au contraire des autres (JOUHANDEAU, M. Godeau, 1926, p. 128).
d) À l'opposé du sens de la marche, de la progression; en rétrogradant. Synon. à rebours.
— À l'envers de, loc. prép. Tout au contraire de, à l'encontre de. Si nous allons vers la joie, qu'importe que cela soit ici-bas à l'envers de notre approximation corporelle? (CLAUDEL, Soulier, 1929, 3e journée, 13, p. 844) :
• 11. De sorte qu'à l'envers de nous, qui commençons par les beaux jours et semblons d'abord papillons, pour traîner plus tard et languir, lui [le phénix] commence par les années sombres, et d'une longue vie obscure il surgit à la jeunesse où il meurt glorifié.
MICHELET, L'Insecte, 1857, p. 79.
C.— P. ext. et au fig. [L'ordre étant bouleversé] En tous sens, en grand désordre. Synon. sens dessus dessous, pêle-mêle, en pagaïe (fam.), n'importe comment.
1. En grand désordre (concret), dans un bouleversement total. Gérard (...) regardait avec terreur son domicile à l'envers sans trouver de chaise pour s'asseoir (CHAMPFL., Avent. Mlle Mariette, 1853, p. 184). Elle mettait la table à l'envers, s'arrêtant avec les assiettes pour tomber dans de grosses réflexions (ZOLA, Assommoir, 1877, p. 477) :
• 12. SCORONCONCOLO.
Depuis que nous trépignons dans cette chambre, et que nous y mettons tout à l'envers, ils doivent être bien accoutumés à notre tapage. Je crois que tu pourrais égorger trente hommes dans ce corridor, (...) sans qu'on s'aperçoive dans la maison qu'il s'y passe du nouveau.
MUSSET, Lorenzaccio, 1834, III, 1, p. 167.
— P. ext. Dans une confusion extrême (trouble ou révolution). Car là-bas il y a la France tout à l'envers et ce pauvre petit roi je ne sais où comme il peut (CLAUDEL, Visages radieux, 1947, p. 808) :
• 13. Si la révolution venait et mettait à l'endroit ce qui était à l'envers et à l'envers ce qui était à l'endroit, elle saurait toujours se trouver sur ses pieds, elle ferait ce qu'il y aurait à faire, ...
ROLLAND, Jean Christophe, Le Buisson ardent, 1911, p. 1284.
2. Dans une grande perturbation psychologique ou mentale, les sens ou la raison troublés.
— (Avoir) la tête, la cervelle, l'esprit, l'âme à l'envers. Être bouleversé, inquiet, agité, affolé ou excité; être un peu fou. On ne se comprend plus bien, la tête à l'envers d'embarras et de fièvre (POURRAT, Gaspard, 1925, p. 158). Commencèrent des histoires d'hôtel meublé, de rendez-vous. Elle était folle, la tête à l'envers (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 279).
— Mettre la tête, l'esprit à l'envers à qqn. Faire perdre la tête, rendre comme fou. Synon. remuer, chavirer, bouleverser, tournebouler :
• 14. BROQUIN. — Toujours dans le même état... toujours sur le point d'être mère pour la huitième fois... C'était annoncé pour hier soir, et ce matin rien encore.
PROSPER. — Ça doit lui mettre la tête à l'envers... à ce pauvre monsieur Camusot.
MEILHAC, HALÉVY, La Boule, 1875, III, 1, p. 84.
— Se mettre la tête à l'envers
♦ pour qqn. Devenir amoureux fou. Si tu aimais une femme à te mettre pour elle l'âme à l'envers, et qu'il lui fallût de l'argent (BALZAC, Goriot, 1835, p. 155). Se mettre la tête à l'envers pour une femme dont on n'a même pas bien remarqué les yeux! Mais d'où prenait-il qu'il se mît la tête à l'envers? Elle était comme toujours, sur ses épaules (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 291).
♦ pour qqc. Perdre ses moyens, se rendre malade (fig.). Vous allez toujours au chagrin, vous ne savez qu'inventer pour vous mettre la tête à l'envers (ZOLA, Conquête Plassans, 1874, p. 1178). Inutile de se mettre la ciboule à l'envers pour une telle bêtise (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 373).
— Se mettre à l'envers. Devenir comme fou sous l'effet d'une émotion violente. Cf. les loc. fig. perdre la boule, la boussole, le nord; être aux cents coups; se ronger, se tourner les sangs. Pas la peine de te mettre à l'envers. Ce n'est pas grave. (...) Mais c'est sérieux. Il avait la poitrine faible (COCTEAU, Enf. terr., 1929, p. 41).
3. Dans une grande perturbation physiologique.
a) Avoir les yeux à l'envers
— Anormaux, troublés. On lui parle, elle ne vous répond pas. C'est comme les gens qui couvent une maladie et qui ont les yeux à l'envers (ZOLA, Dr Pascal, 1893, p. 152).
— Révulsés. La face était pourpre; les yeux, à l'envers (MARTIN DU G., Thib., Mort père, 1929, p. 1275).
b) Avoir le cœur à l'envers. Avoir mal au cœur, être écœuré, barbouillé; se sentir mal. Aussi, quand la morte fut habillée et proprement étendue sur son lit, Lantier se versa-t-il un verre de vin, pour se remettre, car il avait le cœur à l'envers (ZOLA, Assommoir, 1877, p. 655). Au fig. Rien que de le voir, j'en ai le cœur à l'envers. Il nous a tous trahis en même temps, Alice et nous autres (DUHAMEL, Désert Bièvres, 1937, p. 231).
Prononc. et Orth. :[]. Pas de liaison selon LITTRÉ. Enq. : //. Le subst. est admis ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. A. Subst. 1. Ca 1170 « côté opposé à l'endroit » a l'androit ne a l'anvers (CHR. DE TROYES, Erec et Enide, éd. M. Roques, 2638); 2. [av. 1592 « côté opposé à une opinion, le revers des choses » (MONT., IV ds LITTRÉ)]; 1611 fig. nul endroict sans son envers (COTGR.). B. Loc. adv. ca 1380 à l'envers « du mauvais côté (d'un vêtement) » (J. CUVELIER, B. du Guesclin, éd. Charnière, 19362); av. 1526 « d'une façon contraire à ce qui devrait être » (J. MAROT, V, 143 ds LITTRÉ). Emploi subst. de l'adj. a. fr. envers « à la renverse, sur le dos » fin Xe s. Passion, éd. d'A. S. Avalle, 140, du lat. inversus, part. passé de invertere « retourner renverser ».
Encyclopédie Universelle. 2012.