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aveindre

⇒AVEINDRE, verbe trans.
Vieilli, fam. Tirer un objet de la place où il est rangé; atteindre quelque chose avec effort. Aveindre du linge, des habits d'un coffre (Ac. 1835); aveignez ce livre, ces papiers de dessus cette tablette (Ac. 1798-1932) :
1. — Maman? ...
— Oui, dit maman.
— Maman, je voudrais...
— Les voici, dit-elle. Elle se leva, aveignit dans l'insondable placard, près de la cheminée, deux sacs grands comme des nouveau-nés, les posa à terre de chaque côté de son petit garçon, ...
COLETTE, Sido, 1929, p. 137.
Au fig., arch. :
2. Dans les révolutions, même en apparence rétrogrades, il y a un pas de fait, une lumière acquise pour aveindre quelque vérité.
CHATEAUBRIAND, Études hist., 1831, p. 253.
3. ... et il m'aurait fallu longtemps remonter la route, sur des hauteurs oubliées et perdues, pour retrouver ce désir, pour « aveindre » ce désir!
ALAIN-FOURNIER, Correspondance [Avec J. Rivière], 1906, p. 113.
Rem. 1. Noté ds Ac. 1798-1932 avec la mention ,,style fam.``; relevé également par A. DELVAU, Dict. de la lang. verte, 1866, p. 16 et FRANCE 1907. 2. Terme empl. au Canada : ,,Elle aveignit un large mouchoir`` (G. GUÈVREMONT, Le Survenant, 1945, p. 260). Aveindre qqn. Le rejoindre (cf. Canada 1930). S'aveindre de qqc. Se tirer de quelque chose (Ibid.).
PRONONC. — Dernière transcr. ds DG : à-'.
ÉTYMOL. ET HIST. — Fin XIIe s. avoindre « atteindre, parvenir à » (J. DE SALISB., Policrat., Richel. 24287, f° 60e ds, GDF. : Un abisme ou l'en ne puet avoindre ou avenir); 1391, 4 juill. advaindre « tirer un objet hors du lieu où on l'avait placé » (Reg. du Châtelet ds GDF. Compl. : A l'ayde d'une petite perche de bois ... saicha et advaint iceulx objets a soy); 1545 aveindre « id. » (LE MAÇON, trad. de BOCCACE, Décaméron, VIII, 2 ds HUG.); 1571 « atteindre » (LA BOÉTIE, trad. de la Mesnagerie de XÉNOPHON, ch. 24, ibid. : On les aveindroit [les arbres] en labourant à bras la terre, s'ils estoient ainsi plantez à fleur de terre); noté comme ,,du style familier`` ds Ac. 1694. En usage dans les dial. ang. (VERR.-ON.), pic. (CORBLET); v. FEW t. 1 s.v. advenire; canad. « rejoindre, atteindre qqn » (Canada : Il s'est sauvé, mais la police a fini par l'aveindre); pronom. « se tirer de » (Ibid. : Ma jument a calé dans un trou, a s'est aveindu, mais ç'a forcé).
Du lat. vulg. , lat. class. . L'hyp. d'une infl. de atteindre (EWFS2) n'est pas invraisemblable, étant donnée la parenté partielle de la conjug. de venir et de atteindre (av(i)eigne, atteigne, etc.); peu vraisemblable est celle d'une formation à partir du b. lat. abemere « emporter » (DIEZ5, DG), seulement attesté dans PAUL[US] FEST[US] et dans les gloses (TLL s.v.) et qui n'a aucun représentant dans les lang. romanes.
STAT. — Fréq. abs. littér. :6.
BBG. — BRÉAL. Notes d'étymol. B. Soc. Ling. 1910/11, t. 16, p. 66. — Canada 1930. — FRANCE 1907. — POPE 1961 [1952], § 750.

aveindre [avɛ̃dʀ] v. tr. [CONJUG. peindre.]
ÉTYM. 1545; avoindre « parvenir à », fin XIIe; lat. vulg. advenire, lat. class. advenire.
1 Vx ou régional. Prendre, saisir; atteindre (quelque chose).
1 Et jamais de son coffre elle ne l'aveignait (ce linge)…
Ronsard, Hymne de l'hiver.
2 Puisque nous ne la pouvons aveindre (la grandeur), vengeons-nous à en médire.
Montaigne, Essais, III, 7.
2.1 Le prêtre Jean joignit par cet artifice aisément le Mufle (…) l'aveignit de la coquille avec la poignée fourchue de l'épée (…)
A. Jarry, Gestes et Opinions du docteur Faustroll, Pl., p. 691.
3 (…) j'aveignis sous la table la brique plate (…)
Colette, la Naissance du jour, p. 149.
2 Régional (Canada). || Aveindre quelqu'un, le rejoindre, l'atteindre.
DÉR. Aveiniau.

Encyclopédie Universelle. 2012.