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dépourvoir

⇒DÉPOURVOIR, verbe trans.
Vx. [Seulement à l'inf. et aux temps composés] Priver, dégarnir de ce qui est nécessaire. Il ne faut pas dépourvoir de munitions une place de guerre (Ac. 1798-1932).
Emploi pronom. Il s'est dépourvu de tout pour élever ses enfants (Ac. 1798-1878).
Rem. Ces ex. lexicogr. repris ou adaptés par de nombreux dict. ne correspondent à aucun usage attesté ds la docum. Les dict. les plus récents (DUB., Pt ROB., Lar. Lang. fr., Lexis 1975) n'ont pas d'entrée dépourvoir.
Prononc. et Orth. :Dernière transcr. ds DG :dé-pour-. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Cf. dépourvu.

dépourvoir [depuʀvwaʀ] v. tr. [CONJUG. pourvoir.]
ÉTYM. Fin XIIe, desporveüt, adj.; despourvoir, av. 1558; de 1. dé-, et pourvoir.
Rare. Priver du nécessaire. Démunir, dépouiller. || Dépourvoir quelqu'un de son patrimoine, de ses titres, de sa charge.REM. Dépourvoir ne s'emploie guère qu'à l'infinitif, et aux temps composés. Pron. || Se dépourvoir : se priver du nécessaire.
——————
dépourvu, ue p. p. adj.
(Courant).
1 Dépourvu de : qui n'a pas de. Manquer; sans. || Être dépourvu de… Sans. || Fleur dépourvue de corolle. || Dépourvu d'ornement. Nu. || Dépourvu de sens. Vide. || Dépourvu de dons, de biens, d'affections. Déshérité (de la vie). || Acte dépourvu de méchanceté, d'arrière-pensées (cit. 4). Exempt, pur. || Dépourvu d'intelligence, de qualités. Dénué. || Dépourvu d'argent, de ressources, ou, absolt, Dépourvu. Désargenté, impécunieux, pauvre, sou (sans le).Être dépourvu de… Manquer (de).Vx. || Être dépourvu (sans compl.), dans le besoin.
1 La cigale, ayant chanté
Tout l'été,
Se trouva fort dépourvue
Quand la bise fut venue.
La Fontaine, Fables, I, 1.
2 C'est tenir un propos de sens bien dépourvu.
Molière, Tartuffe, V, 3.
3 Leurs ouvrages (des Anglais), qu'on ne lit pas sans fruit, sont trop souvent dépourvus de charmes, et le lecteur y trouve toujours la peine que l'écrivain ne s'est pas donnée (…)
Rivarol, Dict. universel de la langue franç., p. 19.
4 Les yeux du limaçon terrestre, connu sous le nom d'escargot, sont placés au sommet de ses grandes cornes; les petites en sont dépourvues (…)
Charles Bonnet, Contemplation de la nature, III, 21, note 5, in Littré.
5 L'éducation scolaire trace chez nous une distinction profonde, sous le rapport de la valeur personnelle, entre ceux qui l'ont reçue et ceux qui en sont dépourvus.
Renan, Vie de Jésus, II, p. 9.
N'être pas dépourvu de : avoir, posséder (un certain caractère). || Personne non dépourvue d'orgueil.
2 Loc. adv. (1559). Au dépourvu. a Vx. Dans un moment où l'on est dépourvu des ressources nécessaires. || Prendre qqn au dépourvu. Court (à, de).
b Par ext. Sans que les gens soient préparés, avertis. Improviste (à l'). || Votre question me prend tout à fait au dépourvu.
6 Il (l'enfant) me fera peut-être, au dépourvu, des questions scabreuses.
Rousseau, Émile, III.
7 Ce fut justement à propos de dictionnaire qu'il (Th. Gautier) ajouta « que l'écrivain qui ne savait pas tout dire, celui qu'une idée si étrange, si subtile qu'on la supposât, si imprévue, tombant comme une pierre de la lune, prenait au dépourvu et sans matériel pour lui donner corps, n'était pas un écrivain. »
Baudelaire, Curiosités esthétiques, l'Art romantique, Théophile Gautier, III.
CONTR. Pourvoir. — Doter, douer, enrichir, garnir, munir, nantir. — (Du p. p.) Abondant, assorti, riche.

Encyclopédie Universelle. 2012.