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PAGODE
PAGODE

Monument bouddhique, la pagode chinoise, aux destinations votive, commémorative et de reliquaire, a deux sources: l’une, proprement chinoise, qui vient du pavillon à étages de l’époque Han; l’autre, indienne, à partir du st pa d’une part et du sikhara d’autre part.

Dès le Ve siècle, la pagode fut transmise aux royaumes coréens avec la religion nouvelle. S’il ne subsiste dans la péninsule coréenne que des monuments en pierre, en revanche le Japon – qui a lui-même emprunté ce type architectural à la Chine par l’intermédiaire de la Corée – a conservé les plus anciens exemples d’édifices en bois du monde extrême-oriental ; ses pagodes, qui signalent de loin les monastères, sont célèbres.

Chine

La pagode, centre du monastère

Centre du culte, à l’époque des Six Dynasties (IVe-VIe s.) la pagode s’élevait, isolée, sur l’axe médian du monastère, devant la salle du Bouddha. Plus tard, sous les Sui (589-618) et les Tang (618-907), dans les grands établissements bouddhiques, le monument sera dédoublé; deux pagodes se dressent alors de part et d’autre de l’axe médian. Cette formule, où prévalait le goût chinois pour la symétrie, sera abandonnée à partir du IXe siècle pour des raisons d’économie. Dès lors, et sauf quelques exceptions en Chine du Sud, la pagode, quand elle existe, est placée derrière la salle principale ou sur un des axes latéraux de l’ensemble monastique.

D’abord construites en bois, les pagodes chinoises sont à partir du VIe siècle de plus en plus souvent édifiées en brique ou en pierre. La plus ancienne pagode en brique subsistant en Chine est celle du Songyue si, érigée en 523 sur une terrasse du Songshan au Henan. Vraisemblablement bâtie sur le modèle d’un sikhara indien, elle est de plan octogonal et comporte deux étages principaux que sépare une corniche de briques encorbellées. Le sommet en forme de cône est divisé en quinze faux étages par des corniches.

Les seuls bâtiments Tang qui subsistent sur l’emplacement de l’ancienne capitale Chang’an sont des pagodes en brique qui datent du milieu de la dynastie. La plus grande et la plus belle est le Dayan ta, fondé en 652 et partiellement reconstruit en 701. La pagode présente actuellement sept étages et se dresse sur une terrasse. Chaque étage est souligné par une large corniche de six à huit assises de briques encorbellées. Les murs, dont le massif en terre battue est revêtu de briques jaunâtres peu cuites, portent comme seul décor de minces pilastres, au nombre de dix, huit, six et quatre par étage, et une ouverture cintrée sur chaque côté.

Influence des constructions en bois

Il reste environ soixante pagodes datant des Cinq Dynasties et des Song (Xe-XIIIe s.). Elles sont le plus souvent octogonales et caractérisées par des structures qui imitent l’architecture de bois. Citons à Suzhou les pagodes jumelles (984-987) et la pagode Huqiu (961), à Kaifeng la pagode de Fer (Tie ta), ainsi nommée à cause de la couleur de ses briques vernissées (1049). La prépondérance des structures en bois à cette époque amène la construction de pagodes où la brique et le bois sont employés concurremment. Telles sont, à Suzhou, le Ruiguang ta et le Beisi da ta (milieu du XIIe s.). Des pagodes sont édifiées entièrement en bois, comme celle du Fogong si à Yingxian au Shanxi. Enfin, dans le nord-est du pays, les Liao construisent des pagodes en brique où l’importance accordée aux sculptures plaquées et les jeux variés de consoles tranchent sur la clarté et la simplicité des pagodes Song. Le meilleur exemple en est la pagode du Tianning si à Pékin (début du XIIe s.).

Le dagoba

À l’époque Yuan, à côté des pagodes traditionnelles apparaît un nouveau type, le «dagoba» lamaïque, en forme de bouteille sur un haut soubassement cubique. Le plus ancien exemple, à Pékin, le dagoba blanc du Miaoying si, date de 1271.

Sous les Ming et les Qing, le dagoba indien continue à être en vogue – celui de Beihai (1652) et celui du Huang si (1780), à Pékin –, tandis que l’on élève une copie du temple de Bodhgaya (Inde), le Wuta si dans la banlieue de Pékin.

Corée

Ravagé par une invasion chinoise à la fin du VIIe siècle, Kokury face="EU Caron" サ (royaume septentrional) n’a pas conservé d’exemple de ce type d’édifice. Au sud-est, près de Puy face="EU Caron" サ, dernière capitale du royaume de Paekche, le plan d’un monastère a pu être reconstitué. La pagode était située sur l’axe central unissant la porte au sanctuaire. Bientôt, sous l’influence des Tang, deux pagodes symétriques précéderont le sanctuaire.

Aucun vestige d’architecture en bois n’a subsisté, mais de nombreux monuments en pierre, qui imitent les pagodes en brique des Tang, ont été préservés. Le plus ancien, datant de 634, se trouve à Ky face="EU Caron" サngju, capitale du royaume de Silla (au sud-ouest de la péninsule). Cette pagode carrée est montée sur un socle en appareil cyclopéen et ses trois étages sont faits d’assises de pierres taillées en forme de briques. Le premier étage, très massif, s’orne sur chaque face d’une fausse porte à deux vantaux, sur lesquels sont représentés des rois-gardiens en haut relief. Cet étage est couronné d’un toit supporté par des assises en encorbellement et surmonté de deux autres étages moins larges et moins hauts. On pense qu’en son état primitif l’édifice comportait encore d’autres étages. Dans un autre parti architectural, les étages sont faits de dalles de pierre, renforcées de part et d’autre par des pilastres. L’un des exemples les plus typiques est le Sokka-tap (pagode de Ç kya-muni), précédant à l’ouest le sanctuaire du Pulkuk-sa, fondé en 752 non loin de Ky face="EU Caron" サngju. Haut de 7,25 m, il comporte trois étages montés sur un double socle carré et il est couronné par un joyau taillé dans la pierre. Ce modèle se perpétuera jusqu’au Xe siècle, avec beaucoup de variantes dans le nombre des étages, leur épaisseur et leur hauteur.

Au Pulkuk-sa, en pendant au Sokka-tap s’élève le Tabo-tap (pagode de Prabhuta-ratna), d’une forme très originale. Haut de 9,59 m, il se compose, sur un haut socle muni sur chaque face d’une rampe d’accès, d’un étage carré dont le toit est supporté par de lourdes consoles imitant l’architecture en bois; Ce dernier supporte trois étages octogonaux. Un large toit à huit pans couronne l’ensemble; il est surmonté d’une aiguille en pierre ornée de disques sculptés, s’inspirant du parasol qui s’élève au-dessus du st pa indien.

À l’époque Kory face="EU Caron" サ (918-1392) dominent les plans octogonaux, aux formes plus élancées et souvent entièrement couvertes de sculptures, qui s’inspirent des modèles chinois des époques Song et Yuan.

Japon

Au Shitenn 拏-ji (face="EU Upmacr" 牢saka), première fondation pieuse du prince Sh 拏toku, à la fin du VIe siècle, la pagode était située, comme au Paiktche, sur l’axe central unissant la porte du sanctuaire; au H 拏ry -ji, en revanche, précédés par le Ch mon (porte centrale), le sanctuaire (Kond 拏 ou temple d’Or) et la pagode se trouvent sur le même axe transversal, de part et d’autre de cette porte. À l’époque de Nara, sous l’influence des Tang, deux pagodes symétriques précédaient le Kond 拏 du Yakushi-ji (Nara). Au T 拏dai-ji (Nara), fondé en 752, ces deux pagodes étaient placées en avant de l’enceinte du Daibutsu-den (sanctuaire principal). Avec l’apparition des sectes ésotériques, au début de l’époque Heian, et l’établissement de monastères de montagne, l’emplacement de la pagode varie selon la configuration du terrain. Au Mur 拏-ji (préfecture de Nara), elle s’élève derrière le sanctuaire mais sur plan plus élevé.

Du point de vue structurel, l’âme de la padoge est un haut mât de bois fiché dans la terre (shin-baschira ), au-dessus d’une pierre creusée dans laquelle est disposé un coffret en métal contenant les reliques (shari ). Ce mât dépasse le dernier toit, et son extrémité s’orne d’éléments de métal, les principaux étant neuf disques superposés (s 拏rin ), un ornement ajouté en forme de flammes (suien ) et un joyau (h 拏shu ).

La pagode du H 拏ry -ji, reconstruite après l’incendie de 670, est l’exemple classique du genre. Haute de 31,9 m, elle comporte cinq étages dont le premier a 7,84 m de côté et se dresse sur un socle paré de dalles de pierre. Les toits, revêtus de tuiles, sont soutenus par des consoles à deux branches ou en forme de nuage que supportent des colonnes à demi engagées dans les parois revêtues d’un enduit blanc. Des balustrades en bois sculpté entourent chaque étage.

Datant du début du VIIIe siècle, la pagode de l’Est du Yakushi-ji, qui seule a subsisté, n’a que trois étages, mais ceux-ci sont entourés d’une véranda pourvue d’un toit en appentis qui double le toit revêtu de tuiles. Haute de 33,9 m, cette pagode est couronnée par un s 拏rin , et son suien orné de divinités musiciennes au milieu de nuages en forme de flammes est d’une grande beauté.

Élevée vers le IXe siècle, la pagode du Mur 拏-ji, de proportions plus réduites (16,2 m de hauteur, 2,84 m de côté), dresse parmi les arbres ses cinq toits délicatement incurvés.

Souvenir de la conversation mystique de Ç kya-muni et de Prabhutaratna, les pagodes à base carrée et étages arrondis auraient été introduites au Japon par K 拏b 拏-daishi, fondateur au IXe siècle de la secte Shingon. On trouve un exemple de ce genre dans le Tah 拏t 拏 à deux étages de l’Ishiyama-dera, bâti en 1194, au bord du lac Biwa.

pagode [ pagɔd ] n. f.
• 1553; paxode 1545; port. pagoda, du tamoul pagavadam « divinité »
1Temple des pays d'Extrême-Orient (Birmanie, Chine, Inde, Japon). Toit en pagode, qui s'évase et se retrousse vers le bas. — Manche pagode, qui va en s'évasant jusqu'au poignet.
2Figurine chinoise de porcelaine à tête mobile.

pagode nom féminin (portugais pagode, du tamoul pagôdi, du sanskrit bhagavat) Édifice religieux, issu du stupa indien, consacré au culte du Bouddha en Extrême-Orient. Petite figurine chinoise à tête mobile, fabriquée en Chine aux XVIIe et XVIIIe s. pour l'exportation. Monnaie d'or indienne frappée du début du XVIIe au XIXe s. ● pagode (expressions) nom féminin (portugais pagode, du tamoul pagôdi, du sanskrit bhagavat) Abat-jour pagode, dont la forme rappelle celle d'un toit de pagode, à versants concaves. Manche pagode, manche dont la couture sous le bras part en s'évasant de l'aisselle au poignet.

pagode
n. f. Temple des peuples d'Extrême-Orient.
|| (Réunion) Lieu de culte tamoul.
|| (Asie du S.-E.) Lieu de culte et monument funéraire ou commémoratif bouddhiste.

⇒PAGODE, subst. fém.
A. —Temple des religions d'Extrême-Orient caractérisé par sa riche décoration, son toit pyramidal ou ses toits superposés à bords relevés. Pagode chinoise, hindoue, japonaise. Ces pagodes de l'Inde reproduisant du haut en bas toutes les plantes, toutes les bêtes de la jungle (FAURE, Espr. formes, 1927, p.73):
1. Le onzième jour, au soleil levant, il aperçut la fameuse pagode de Jagrenat, bâtie sur le bord de la mer, qu'elle semblait dominer avec ses grands murs rouges et ses galeries, ses dômes et ses tourelles de marbre blanc.
BERN. DE ST-P., Chaum. ind., 1791, p.78.
En pagode. En forme de pagode. Cage dorée aux quatre coins relevés en pagode (BERNANOS, M. Ouine, 1943, p.1419).
En appos. à valeur adj. Colombe, qu'elle apportait dans sa cage pagode (POURRAT, Gaspard, 1925, p.253). [La villa] s'agrémentait d'un toit pagode (VERCEL, Cap. Conan, 1934, p.217). Manche pagode. V. manche2 I A.
B.Vieilli. Idole adorée dans ce temple. Pagode dorée. Elle donnait le ton, et, reine de la mode, Elle était adorée ainsi qu'une pagode (GAUTIER, Albertus, 1833, p.138). À midi, son corps était semblable à une pagode d'ambre jaune, à un ostensoir en vermeil (JOUHANDEAU, M. Godeau, 1926, p.232):
2. ... leurs grands paniers sortaient par la porte de la chaise comme des devants d'autel. Elles ressemblaient elles-mêmes [les ladies], sur ces autels de leur ceinture, à des madones ou à des pagodes.
CHATEAUBR., Mém., t. 1, 1848, p.525.
P. ext. Magot (v. magot1 B) chinois, ordinairement à tête mobile. Il remue la tête comme une pagode (Ac. 1798-1935). Ces petits monstres posés Pieds croisés, Qu'on appelle des pagodes! (POMMIER, Colifichets, 1860, p.310).
Fam. ,,Ce n'est qu'une pagode`` (Ac. 1798-1878). ,,Se dit d'une personne qui fait beaucoup de gestes insignifiants`` (Ac. 1798-1878).
C. —Ancienne monnaie d'or ayant eu cours aux Indes. Selon un rapport tiré des archives de l'office des Indes il aurait laissé une fortune de 30000 pagodes, soit 10000 livres sterling (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p.16).
REM. Pagodine, subst. fém., hapax. Petite pagode. Ah! si on n'avait pas le petit sanctuaire, la pagodine intérieure, où, sans rien dire à personne, on se réfugie pour contempler et rêver le beau et le vrai, il faudrait dire: «À quoi bon?» (SAND, Corresp., t.6, 1872, p.196).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1545 paxode masc. ou fém.? «temple des pays d'Extrême-Orient» (ST FRANÇOIS XAVIER, Copie d'une lettre missive envoiee des Indes, c. III v° ds ARV., p.381); 1553 pagode masc. «id.» (N.DEGROUCHY, Le premier Livre de l'Hist. de l'Inde, fol. 31a [trad. de l'ouvrage port. de Castanheda] ds KÖNIG, p.156); 1609 fém. «id.» (Histoire du royaume de la Chine, p.382 ds DELB. Notes mss); 2. a) 1553 [éd.] masc. ou fém.? «idole» (N. DE GROUCHY, op. cit., f° 33 b: et disent [les Naires] que c'est un de leurs dieus ou pagodes); 1677 fém. «id.» (FR. DE L'ESTRA, Rel. ou Journ. d'un Voy. fait aux Indes Orientales, p.117 ds KÖNIG, p.157); b) 1673 pacode fém. «figure chinoise» (Doc. ds J. GUIFFREY, Inventaire gén. du mobilier de la Couronne sous Louis XIV, t.2, p.115); 1690 pagode «id.» (FUR.); 3. 1610 [éd.] masc. numism. (Hist. de la nav. [trad. de l'ouvrage néerl. de Linscot], p.96); 1666 fém. (THÉVENOT, Voyages, III, p.269 ds DALG.); 4. a) 1800 fém. «manche large, tombante, évasée à la chinoise» (BOISTE); b) 1849 manche pagode (Journ. des demoiselles, juin, p.184 b (Bruxelles) ds QUEM. DDL t. 16). Empr. au port. pagode, att. au sens de «idole» en 1525 (voir MACH.3) d'où p.ext. «temple consacré au culte des idoles» (1516, ibid.); du dravidien pagôdi ou pagavadi (proprement, nom de Cali, épouse de Çiva) lui-même issu du skr., bhagavati «déesse», fém. de bhagavat «saint, divin». Voir FEW t. 20, pp.92b-93a, DALG. et MACH.3. Fréq. abs. littér.:172.
DÉR. Pagodon, subst. masc. Petite pagode. Le rivage birman en est donc tout peuplé, de ces bizarres petits personnages, dorés comme leurs pagodons (THARAUD, Paris-Saïgon, 1932, p.179). []. 1re attest. 1925 (ARNOUX, Suite var., p.81); de pagode, suff. -on1.
BBG. —QUEM. DDL t.16.

pagode [pagɔd] n. f.
ÉTYM. 1553; paxode, 1545; port. pagoda, du tamoul pagavadam « divinité ».
1 Temple, en Extrême-Orient (Birmanie, Chine, Inde, Japon…). || La pagode est généralement un ensemble architectural complexe, qui comprend un sanctuaire entouré de plusieurs murs d'enceinte, des édifices annexes, des étangs sacrés… || Pagode chinoise, hindoue (cit. 1).
REM. Le terme de pagode, usuel dans la langue classique, est plutôt pittoresque et évocateur dans la langue didact.; il tend à être remplacé de plus en plus par celui de temple.
0 (…) les pagodes siamoises endormies au monotone tintement de leurs clochettes sous les moussons malaises (…)
Malraux, les Voix du silence, p. 170.
2 (1553). Vx. a L'idole qui est adorée dans ce temple.
b (1690). Figurine chinoise de porcelaine, de stéatite, sorte de magot à tête mobile. || Vitrine pleine de pagodes. || « Il remue la tête comme une pagode » (Académie).
3 Vx. (1610). Ancienne monnaie d'or de l'Inde, qui portait la figure de la déesse des richesses.
4 (1868). Mod. || Manches (1. Manche, cit. 3) pagodes : manches qui vont en s'évasant du coude jusqu'au poignet.
DÉR. Pagodon.

Encyclopédie Universelle. 2012.