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proprement

proprement [ prɔprəmɑ̃ ] adv.
• 1190; de propre
1D'une manière spéciale à qqn ou à qqch.; en propre. « Il n'y a pas de comique en dehors de ce qui est proprement humain » (Bergson).
2Au sens propre du mot, à la lettre. exactement, précisément, véritablement. C'est proprement scandaleux. « L'état relatif des puissances de l'Europe est proprement un état de guerre » (Rousseau). « Ce n'étaient point proprement des lettres d'amour » (A. Gide). À PROPREMENT PARLER : en nommant les choses exactement, par le mot propre. « la lettre de Broudier, qui à proprement parler était une épître, conçue dans le goût classique » (Romains). PROPREMENT DIT : au sens exact et restreint, au sens propre. ⇒ stricto sensu. « Quand on y arrive enfin, on a devant soi le temple proprement dit » (Loti). À droite « s'ouvraient les salles proprement dites » (Aragon).
3(1538) Vx De la manière qui convient, comme il faut. 1. bien. « Ils parlent proprement et ennuyeusement » (La Bruyère). Avec fermeté, dignité. « si je meurs proprement, j'aurai prouvé que je ne suis pas un lâche » (Sartre). Mod. et iron. (avant le v.) Il lui a proprement rivé son clou. On l'a proprement ficelé et bâillonné.
Comme il faut, sans plus. convenablement, correctement. Travail proprement exécuté.
4Avec soin. soigneusement. Chambres proprement rangées.
(XVIe) Avec propreté. « Il offrit une poignée de blé à l'âne qui la mangea proprement dans sa main » (Bosco). Proprement vêtu.
5Fig. et fam. Moralement, avec honnêteté, décence. Se conduire proprement. Faire les choses proprement.
⊗ CONTR. 2. Mal. Malproprement, salement.

proprement adverbe (de propre) Réellement, absolument, au sens strict du mot : Un tel spectacle est proprement insoutenable.proprement (expressions) adverbe (de propre) À proprement parler, au sens le plus rigoureux du mot : Il ne s'agit pas à proprement parler d'un échec. Proprement dit(e), dans l'acception restreinte et exacte du terme : L'agglomération urbaine et la ville proprement dite.proprement (synonymes) adverbe (de propre) Réellement, absolument, au sens strict du mot
Synonymes :
- en fait
- pratiquement
- véritablement
- vraiment
proprement adverbe (de propre) D'une manière propre : Manger proprement. De façon soignée : Une maison proprement tenue. D'une manière honnête : Il ne s'est pas conduit très proprement.proprement (synonymes) adverbe (de propre) D'une manière propre
Contraires :
- salement
De façon soignée
Synonymes :
- soigneusement
D'une manière honnête
Synonymes :
- bien
- correctement
- décemment
- honnêtement

proprement
adv.
d1./d D'une manière propre. Manger proprement.
d2./d Fig. D'une manière honnête, régulière. Il s'est conduit très proprement.
————————
proprement
adv.
d1./d Précisément, exactement.
|| Loc. adv. à proprement parler: pour parler en termes exacts.
|| Proprement dit: au sens étroit, restreint; au sens propre. Le domaine de la philosophie proprement dite.
d2./d De la belle manière, comme il faut. Il l'a proprement remis en place.

⇒PROPREMENT, adv.
I. —[Correspond à propre1]
A. —D'une manière qui est spéciale, spécifique à une personne, à un ensemble de personnes, à une chose. Synon. spécifiquement, exclusivement, en propre. Il faudrait bien distinguer dans notre nature ce qui appartient à l'animal et ce qui appartient proprement à l'homme (MAINE DE BIRAN, Journal, 1816, p.134). Il n'existe plus de gouvernement proprement français. En effet, l'organisme sis à Vichy, et qui prétend porter ce nom, est inconstitutionnel et soumis à l'envahisseur (DE GAULLE, Mém. guerre, 1954, p.303):
1. L'être symbolique et proprement sacramentel. —Le mot «proprement» n'est pas ici placé par erreur. Il est de première importance et marque, chez les théologiens, le souci de conserver aux sacrements de l'ancienne loi leur caractère de sacrement.
Théol. cath. t.14, 1 1939, p.533.
B. —D'une manière exacte, au sens propre, à la lettre. Synon. précisément, réellement, vraiment. La soie n'est pas proprement brillante, mais lumineuse, d'une douce lumière électrique (MICHELET, Insecte, 1857, p.174). Mais Jeanne n'était pas proprement dans une prison ecclésiastique; elle était dans le château de Rouen, prisonnière de guerre (A. FRANCE, J. d'Arc, t.2, 1908, p.257).
LING. [P. oppos. à figurément] Au propre, littéralement. Parmi les personnes qui emploient le verbe acharner, combien peu savent qu'il signifie proprement lancer le faucon sur la chair? (A. FRANCE, Vie littér., 1888, p.295). Une coquille émane d'un mollusque. Émaner me semble le seul terme assez près du vrai puisqu'il signifie proprement: laisser suinter. Une grotte émane ses stalactites; un mollusque émane sa coquille (VALÉRY, Variété V, 1954, p.26).
Loc. adv.
1. À proprement parler. En employant le terme adéquat, le mot propre. Ce n'est point une ferme, à proprement parler, c'est une vacherie; car, dans ce canton, il n'y a que des prés et point de champs (DU CAMP Hollande, 1859, p.156).
♦[Dans un sens affaibli] Synon. de vraiment, véritablement. Le jeune baron n'était pas, à proprement parler, transporté d'enthousiasme (SANDEAU, Mlle de La Seiglière, 1848, p.328).
2. Proprement dit(e). Au sens exact et restreint où on l'entend habituellement.
a) [En parlant des pers.] Les poètes ont du coeur, les savants proprement dits sont serviles et lâches (STENDHAL, H. Brulard, t.1, 1836, p.264). Le père Faber était moins un mystique proprement dit qu'un visionnaire et qu'un poète (HUYSMANS, En route, t.1, 1895, p.267).
b) [En parlant des choses] Il s'est formé en Europe, et encore laissons-nous en dehors le royaume d'Espagne proprement dit, quatre royaumes, le Portugal, la Sardaigne, les Deux-Siciles, la Belgique (HUGO, Rhin, 1842, p.451). Une pièce sera le bureau du chef de service, une autre le bureau d'études proprement dit et le bureau de dessin, tandis que la troisième sera réservée aux méthodes et au planning (BRUNERIE, Industr. alim., 1949, p.154).
c) [Domaine abstr.] Il n'y a en effet point de vertu proprement dite, sans victoire sur nous-mêmes, et tout ce qui ne nous coûte rien, ne vaut rien (J. DE MAISTRE, Soirées St-Pétersb., t.1, 1821, p.246).
C. —[Dans un sens affaibli, vient renforcer une affirm.] Synon. de absolument, totalement. Pour entrer ici, Monsieur Gide, m'a-t-il dit d'abord, vous n'aurez pas besoin de passer par la porte étroite. Cela ne voulait proprement rien dire, mais marquait de la cordialité (GIDE, Journal, 1915, p.520). Une telle attitude lui était proprement intolérable (MARTIN DUG., Thib., Consult., 1928, p.1064). C'était proprement inacceptable (GRACQ, Beau tén., 1945, p.91).
II. —[Correspond à propre2]
A. —Avec soin et propreté.
1. [Appliqué à une pers.] Synon. de soigneusement, correctement. Manger, s'habiller, se laver proprement; proprement mis, vêtu. Sa femme, se trouvant chez son boucher, vit une femme vêtue proprement, vêtue comme une femme de la société, entrer et demander un sou de raclures de cheval (GONCOURT, Journal, 1870, p.684):
2. Vous figurez-vous sa vie avec ce maniaque, qui ne sait plus même se tenir proprement à table; il jette sa serviette au milieu du dîner, il s'en va comme un hébété, après avoir pataugé dans son assiette... et taquin avec cela! Il faisait des scènes pour un pot de moutarde dérangé. Maintenant il ne dit plus rien...
ZOLA, Conquête Plassans, 1874, p.1122.
2. [Appliqué à un endroit] Convenablement. C'était une grande pièce meublée fort proprement (STENDHAL, Rouge et Noir, 1830, p.21).
3. [Appliqué à une action]
a) Avec soin, conscience et rigueur. Travailler proprement. Gaspard alla chercher un caillou de ruisseau qu'il lava bien proprement à la fontaine (POURRAT, Gaspard, 1925, p.242). J'ai proprement rempli la mission dont mon maître m'avait chargé (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p.224).
En partic. [Souvent appliqué à un acte répréhensible] Avec minutie et adresse, de manière à ne pas laisser de traces. Il tuait à domicile, poliment, discrètement et le plus proprement du monde (BLOY, Hist. désobl., 1894, p.221). V. propre2 A 4 c:
3. Ce coup de couteau à distance vaut mieux pour les sujets d'approche farouche qu'une pistolade qui fait du feu, de la fumée et du bruit et semble appeler les sergents à l'aide. —Oui, répondit Malartic, c'est un joli travail et proprement exécuté; mais si l'on manque son coup, on est désarmé et l'on reste quinaud.
GAUTIER, Fracasse, 1863, p.322.
b) D'une manière convenable, mais sans plus. Vous savez, ajouta mademoiselle, défense de fredonner l'Hymne à la nature entre les leçons! Sinon, vous l'estropierez, vous le déformerez et vous ne serez pas capables de le chanter proprement à la distribution (COLETTE, Cl. école, 1900, p.247).
B. —D'une manière convenable, honnête (v. propre2 B 2). Agir, vivre proprement; faire les choses proprement. Nous ne sommes pas riches, bien sûr; mais nous voulons encore nous conduire proprement (ZOLA, Assommoir, 1877, p.657). «Comment? Moi qui t'ai élevée proprement... moi qui t'ai mis dans des pensionnats de jeunes filles honnêtes! (...)» (GONCOURT, Journal, 1892, p.192).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.1. a) Ca 1180 «précisément, exactement» (MARIE DE FRANCE, Fables, éd. K. Warnke, Epilogue, 19); 1664 à proprement parler (Mme DE SÉVIGNÉ, Let., à M. de Pomponne, 20 nov. ds QUEM. DDL t.14); b) 1216 «d'une manière qui convient tout à fait» (ANGER, Trad. Vie St Grégoire, A 94 ds T.-L.); 2. a) ca 1280 «joliment» (Clef d'Amour, 1010, ibid.); b) 1580 «avec soin» (MONTAIGNE, Essais, II, 12, éd. P. Villey, t.1, p.478). Dér. de propre1 et 2; suff. -ment2. Fréq. abs. littér.:2734. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 3762, b) 3207; XXes.: a) 2586, b) 5143. Bbg. LALANDE (J.-N.). Ét. lexico-sém. du mot propriété ds les principaux dict... Grammatica. 1979, n° 7, p.16, 18.

proprement [pʀɔpʀəmɑ̃] adv.
ÉTYM. V. 1180, « convenablement »; de propre.
A
1 (1580). D'une manière spéciale à qqn, ou à qqch.; en propre. || Caractères proprement humains. || Les mœurs austères (cit. 6) sont proprement le caractère d'un sauvage. || « C'est proprement le mal français » (→ Croire, cit. 72). || C'est à ces pensées que convient proprement le nom d'idées (cit. 3).
1 Il n'y a pas de comique en dehors de ce qui est proprement humain.
H. Bergson, le Rire, I, I.
2 Sa vie est un prisme où le patrimoine commun aux dieux et aux hommes, courage, amour, passion, se mue en qualités proprement humaines, constance, douceur, dévouement, sur lesquelles meurt notre pouvoir.
Giraudoux, Amphitryon 38, II, 3.
2 (V. 1190). Au sens propre du mot, à la lettre. Exactement, fait (en), pratiquement, précisément, véritablement. || Cet état est proprement un état de guerre (→ Paix, cit. 22). || C'est proprement l'associer (cit. 2) à l'empire. ( Littéralement).
3 Ce n'étaient point proprement des lettres d'amour; je répugne aux effusions et elle n'eût point supporté qu'on la loue.
Gide, Et nunc manet in te, Journal intime, 24 nov. 1918.
Loc. (1664). À proprement parler : en nommant les choses exactement, par le mot propre (→ Assimiler, cit. 20; département, cit. 1; fierté, cit. 3; français, cit. 5; personnel, cit. 1; 1. point, cit. 11). || Il n'est pas à proprement parler indifférent, mais plutôt négligent.(Vx). || Proprement parlant (→ Pamphlet, cit. 1).
4 Il se leva (…) et prit en mains la lettre de Broudier, qui à proprement parler était une épître, conçue dans le goût classique, et composée en vers alexandrins (…)
J. Romains, les Copains, II.
(Après un nom). Proprement dit : au sens exact et restreint ( Stricto sensu), au sens propre (→ Abstraction, cit. 2; intuition, cit. 1; joli, cit. 12; papier, cit. 17; pâtisserie, cit. 4). || L'Arabie proprement dite (→ Indigène, cit. 3). || Le louage (cit. 6) d'ouvrage comprend le louage de services et le louage d'ouvrage proprement dit.
5 Dans la dernière enceinte, les brahmes très purs, affectés au service des dieux, ont seuls le droit d'habiter avec leurs familles. Quand on y arrive enfin, on a devant soi le temple proprement dit (…)
Loti, l'Inde (sans les Anglais), IV, II.
3 (1538). Vx. De la manière qui convient, comme il faut. Bien (→ Fable, cit. 5). || Parler proprement et ennuyeusement (cit.). || Jouer proprement (→ Ornement, cit. 8). || Encaisser proprement un coup (→ Maître, cit. 111). || Mourir proprement, avec fermeté, dignité.
6 (…) j'ai pensé : c'est ma mort qui décidera; si je meurs proprement, j'aurai prouvé que je ne suis pas un lâche (…)
Sartre, Huis clos, V.
Mod., iron. (Avant le verbe). || Il lui a proprement rivé son clou. || On l'a proprement ficelé et bâillonné.
Comme il faut, sans plus. Convenablement, correctement. || Travail proprement exécuté.
7 Et maintenant, elle jouait Bach et Beethoven très proprement, (ce qui, à la vérité, n'est pas beaucoup dire)…
R. Rolland, Jean-Christophe, Foire sur la place, II, p. 733.
B (1580).
1 Avec soin. Soigneusement. || Chambres (cit. 13) proprement rangées. || Piquer (cit. 24) proprement une épingle au revers de son habit. || Tenir son homme (cit. 131) proprement. || Deux filles jolies, proprement mises (→ Mousser, cit. 1).Vx. Élégamment (→ Appliquer, cit. 31; nœud, cit. 10).
2 Avec propreté. || Manger proprement (→ Couffin, cit.). || Proprement vêtu.
8 (…) elle laisserait plutôt aller tout le dîner par le feu, que de tacher sa manchette (…) bien faire ce qu'elle fait n'est que le second de ses soins; le premier est toujours de le faire proprement.
Rousseau, Émile, V.
3 Fig., fam. Moralement, avec honnêteté, décence. || Se conduire proprement.
CONTR. Mal. — Malproprement, salement.

Encyclopédie Universelle. 2012.