Akademik

PERCEVAL
PERCEVAL

PERCEVAL

Cité parmi les chevaliers d’Arthur dans Érec , Perceval donne son nom au dernier roman de Chrétien de Troyes, Le Conte du Graal (env. 1180). Perceval, dont le père et les frères sont morts au combat, est élevé par sa mère dans la forêt, dans l’ignorance de la chevalerie, jusqu’au jour où il voit des chevaliers et veut devenir comme eux. Il part, laissant sa mère, pour être fait chevalier par le roi Arthur. Perceval a tout à apprendre: Gornemant lui enseigne le métier des armes et Blancheflor lui révèle l’amour. Ayant conquis la gloire par sa prouesse, il lui souvient de sa mère qu’il veut revoir; en chemin, il est accueilli au mystérieux château du roi Pêcheur, et voit passer sous ses yeux une étrange procession: une lance qui saigne, un vase étincelant. Perceval vient d’apprendre qu’il ne faut pas poser de questions indiscrètes, il ne demande donc rien, malgré sa curiosité émerveillée, et s’en va; en route, il apprend que sa mère est morte de douleur de le voir partir à la cour. Commencent alors cinq années de quête du Graal; Perceval découvre que c’est pour le péché d’avoir fait périr sa mère qu’il n’a pas posé la question apitoyée «du Graal et de qui on en sert?» qui aurait guéri de son incurable plaie le roi Méhaigné et rendu la fertilité à la Terre gaste (dévastée), son royaume. Un ermite, oncle de Perceval, lui fait voir dans quelle nuit spirituelle il a jusqu’alors vécu. Seule la pénitence peut réparer ce manque et lui permettre de retrouver le Graal et de guérir le roi. Le roman de Chrétien est inachevé, sur la voie de réconcilier la chevalerie et la courtoisie dans une ascension vers une sorte de sainteté laïque. Il a reçu plusieurs Continuations et a développé une imposante tradition. La Seconde Continuation introduit un motif qui remonte sans doute à un thème gallois, la quête parallèle d’un brachet que le héros doit rapporter à une jeune fille (on la trouve dans le Peredur gallois, un des mabinogion ). Revenu au château du roi Pêcheur, le héros ne peut ressouder l’épée que son hôte lui a remise la première fois; Perceval pleure, et ce repentir le rend digne. Le Perlesvaus anonyme (av. 1212) est l’épopée d’une guerre sainte entre le paganisme et le christianisme. Ce roman, l’un des premiers écrits en prose, est plein de barbarie, et chante une spiritualité guerrière en entrelaçant les aventures de Gauvain, de Lancelot et de Perceval. La place de Perceval dans la quête du Graal varie dans la tradition: tantôt il réussit, tantôt il doit finalement se contenter de la seconde place devant Galaad, nouveau venu dans la geste du Graal. C’est le cas dans La Queste del saint Graal , où Perceval, abandonné dans une île, est à deux doigts de succomber à la tentation du Mauvais apparu sous l’aspect d’une belle jeune femme et, arrivé au château du Graal, contemple avec Galaad et Bohort le Graal, reçoit la communion des mains du Christ, mais ne guérit pas le roi Méhaigné et ne contemple pas l’intérieur du Graal. On retrouve encore Perceval, avec les autres chevaliers de la Table ronde, dans le roman anglais Sir Perceval de Galles , en strophes allitératives, du XIVe siècle.

Le Parzival du poète bavarois Wolfram von Eschenbach (mort en 1220) reposerait, au dire de son auteur, sur l’œuvre d’un Provençal du nom de Kyot, dont on ne saura jamais s’il a ou non existé. Parzival se demande «qui est Dieu», c’est-à-dire qu’il s’interroge sur sa toute-puissance. La passion qu’il éprouve pour Condwiramur et la quête du Graal le plongent dans une préoccupation et une solitude constantes jusqu’au vendredi saint où la charité de l’ermite Trevizent, qui reconnaît en lui son neveu, lui rend la joie et la sainteté. Perceval peut alors devenir le conquérant du Graal et succéder au roi après s’être marié: c’est le couronnement de la chevalerie spirituelle, le monde et Dieu réconciliés.

C’est à partir du Parzival de Wolfram von Eschenbach que Richard Wagner imaginera son Parsifal six siècles et demi plus tard, dans une coloration idéologique si différente qu’elle n’a plus grand-chose à voir avec la poésie de la Table ronde.

Perceval
personnage du roman breton, héros du roman de Chrétien de Troyes, Perceval ou le Conte du Graal (v. 1190).

Encyclopédie Universelle. 2012.