I.
⇒MATHURIN1, subst. masc.
Religieux de l'ordre des Trinitaires ou ordre de la Rédemption des captifs. Rue des Mathurins. Le pape Innocent III se servit de lui [l'évêque Eudes] pour donner une règle aux religieux de la Rédemption des captifs, dits mathurins, qui s'établissaient alors (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t.1, 1840, p.43). Il (...) fit venir Jean Halbourd de Troyes, ministre général des trinitaires ou mathurins (A. FRANCE, J. d'Arc, t.1, 1908, p.320). Sous l'Ancien Régime, les trinitaires étaient appelés à Paris, les mathurins, du nom du patron de leur première maison (Encyclop. univ., t.20 1975, p.1940).
Prononc.:[]. Étymol. et Hist. Fin XIVe s. matelins (Le Dit du Boudin, éd. P. Meyer ds Romania t.40, p.78); 1410 (Journal d'un Bourgeois de Paris, éd. A. Tuetey, p.9: Et ung pou devant, avoit presché devant le roy le ministre des Mathurins). De saint Mathurin, saint auquel était dédiée la maison des religieux Trinitaires, dont l'ordre fut fondé en 1198 par St Jean de Matha, pour le rachat des captifs. Bbg. MIGL. 1968 [1927] p.133.
II.
⇒MATHURIN2, subst. masc.
Arg., vieilli. Matelot. Après la première rasade, la procession [des matelots] dédoublée, accrue d'autant de femmes qu'il y avait de mathurins, s'était reformée dans l'escalier (MAUPASS., Contes et nouv., t.1, Port, 1889, p.1332). Une dizaine d'hommes (...) se disputent l'honneur de le porter [le saint], et aux fortes encolures (...) j'en fais des mathurins, des hommes de mer (LORRAIN, Heures Corse, 1905, p.73).
— P. méton. Argot des marins. Parler mathurin. Je ne suis pas de ces vieux frères premier brin Qui devant qu'être nés parlaient jà mathurin, Au ventre de leur mère apprenant ce langage (RICHEPIN, Mer, 1886, p.117).
Prononc.: []. Étymol. et Hist. 1. 1847 «marin» (LA LANDELLE, Frise-Poulet, I, 132 cité par G. ESNAULT ds Fr. mod. t.19, p.305-306); 2. 1886 parler mathurin (RICHEPIN, loc. cit.). De mathurin1: les Trinitaires voués au rachat des captifs, au cours de leurs voyages en mer participaient à la vie des marins; de cette vie communautaire, les matelots ont hérité le patron, la fête et le surnom de mathurin (ESNAULT, loc. cit.). Fréq. abs. littér.:31. Bbg. PAULI 1921, p.48.
1. mathurin [matyʀɛ̃] n. m.
ÉTYM. 1847; probablt de saint Mathurin, patron des gens de mer; l'initiale commune mat- (avec matelot) a évidemment joué un rôle.
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♦ Pop. et vieilli. Matelot, marin.
1 Elle donnait la main à manger mon décompte
Et mes avances à manger.
Car, pour un mathurin faraud, c'est une honte :
De ne pas rembarquer léger.
Tristan Corbière, les Amours jaunes, Pl., p. 828.
2 Une des grandes vertus du marin français : le sang-froid ! Nos mathurins en donnèrent à ce moment une preuve éclatante.
A. Allais, Contes et Chroniques, p. 196.
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2. mathurin [matyʀɛ̃] n. m.
ÉTYM. XVIIe; du nom du saint, à cause de l'église parisienne qui lui était dédiée, et que les Trinitaires reçurent du chapitre de Paris.
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♦ Relig. Religieux appartenant à un ordre de Trinitaires qui étaient voués au rachat des captifs (ordre créé par Innocent III en 1198).
Encyclopédie Universelle. 2012.