PICARDIE
PICARDIE
Située au nord-est du Bassin parisien, la Picardie s’étend de la Bresle à l’Artois et de la Manche à l’Oise. Entre les anticlinaux de l’Artois et du Bray, des ondulations inférieures à 200 mètres parcourent une grande plaine de craie; elles ont fixé de nombreuses vallées sèches, et celles, à fond plat, humide ou même tourbeux, de la Canche, de l’Authie, de la Somme et de la Bresle. Des dépôts superficiels recouvrent la craie et diversifient les paysages. Une épaisse argile à silex, à l’ouest dans le Vimeu et le Ponthieu, des sables et argiles tertiaires à l’est dans le Vermandois et surtout un limon jaunâtre (5 à 20 m) au centre, dans le Santerre. Sur le littoral, de la Canche à la Somme, l’ancienne falaise morte donne la dépression argileuse du Marquenterre. Les nombreux vestiges du Paléolithique (haches de Saint-Acheul) feront au XIXe siècle de la Picardie un des berceaux de la science préhistorique, grâce aux découvertes de Boucher de Perthes. Partagée, au \PICARDIE Ier siècle, entre plusieurs populations (Ambiani, Bellovaques, Suessiones, Viromanduri), la région s’insère, après la conquête romaine, dans la province IIe Belgique. Le nombre de cités témoigne déjà d’une vie urbaine florissante: Soissons, Saint-Quentin, Arras, Senlis, Beauvais, Amiens. Zone de passage, la Picardie connaît, au long des siècles, une alternance d’invasions, de guerres et de périodes de paix favorables à un essor économique. Au Ve siècle, la destruction des villes par les Francs entraîne un repli sur les campagnes; à l’ère carolingienne, une vie économique se développe à partir d’Amiens et du port de Quentovic; mais les raids normands brisent cet essor dès le IXe siècle. Au XIe siècle, le renouveau des villes relance l’industrie drapière à Beauvais, Amiens, Abbeville; le commerce enrichit les bourgeois et de nombreuses communes obtiennent des chartes de franchise (Saint-Quentin 1080, Beauvais 1099, Amiens 1113). Champ de bataille (Crécy 1346) et enjeu de la guerre de Cent Ans, la Picardie échoit à l’Angleterre en 1420, puis revient définitivement à la France en 1482. Les guerres de Religion, l’invasion espagnole pendant la guerre de Trente Ans (1636) laissent le pays en ruine. Dans la seconde moitié du XVIIe siècle, la Picardie connaît cependant un nouveau développement économique: tapisserie de Beauvais, manufacture de draps d’Abbeville, toiles de Saint-Quentin, velours d’Amiens. En 1870 et pendant les deux guerres mondiales, de nombreuses offensives souvent décisives (Somme 1918) se dérouleront dans cette plaine.
Cette trame historique montre l’importance de l’industrie textile, née des ressources locales, mais les conditions physiques se révèlent favorables à l’agriculture. Sous la couche limoneuse fertile et sèche, la craie absorbe bien le surplus d’eau, mais reste suffisamment humide; le climat océanique assure des précipitations bien réparties sur toute l’année (de 800 à 1 000 mm en moyenne) et une amplitude thermique annuelle faible. La Picardie est un important producteur de blé et de betteraves à sucre. Les progrès de l’agriculture y ont été précoces: la betterave à sucre est introduite dès 1830; l’usage de machines agricoles se généralise très tôt; la mise en service d’arracheuses de betteraves et de pommes de terre en 1960 éliminait une grosse part de travail manuel effectuée par une main-d’œuvre saisonnière. Plus nombreuse autrefois, la population agricole trouvait un complément de ressources dans l’artisanat textile; une forte émigration s’est faite en direction de la région parisienne et la densité est de 93 habitants par kilomètre carré, en 1990. Mais la Picardie a conservé son caractère rural et agricole, surtout dans les départements de l’Aisne et de la Somme. En 1990, la surface agricole utilisée représentait 72 p. 100 du territoire régional et l’agriculture employait 8 p. 100 de la population active. L’agriculture picarde est devenue très performante et diversifiée: grandes exploitations céréalières très mécanisées de plus de 200 hectares (Santerre, Soissonnais, Valois et Vexin), exploitations de 30 à 70 hectares pratiquant la polyculture associée à l’élevage sur les plateaux picards (Noyonnais, Brie-Tardenois), petites exploitations herbagères (Vimeu, Thiérache, pays de Bray). La vallée de la Somme s’individualise par ses cultures maraîchères, les «hortillonnages», utilisant le fond tourbeux, drainé et sillonné de canaux. Le Marquenterre ne se caractérise plus par l’élevage des moutons engraissés dans les prés salés: la culture de betteraves, de légumes, et l’élevage bovin y occupent les polders asséchés au XVIIe siècle; l’habitat est situé sur les anciens cordons littoraux.
En bord de mer, la Picardie n’est cependant pas une région maritime: les courants marins du sud-ouest remanient sans cesse une côte basse et sableuse et déposent les galets au sud des estuaires, qui se déplacent vers le nord; le sable qui forme des dunes et des cordons littoraux n’est pas propice à l’établissement de ports: Le Crotoy, Cayeux, Le Hourdel, Saint-Valéry-sur-Somme sont de petits centres de pêche; le tourisme balnéaire reste peu développé en raison d’un faible ensoleillement. Le réseau urbain associe de gros marchés ruraux (Ham, Corbie, Montdidier, 6 500 hab. en 1990; Doullens, 7 400 hab.; Péronne, 9 100 hab.) à des villes importantes qui ont concentré une activité industrielle autrefois éparpillée dans les campagnes. À Amiens (136 200 hab. en 1990, 156 000 avec l’agglomération), usines de pneumatiques, de constructions mécaniques et électromécanique et industries chimiques relaient l’ancienne industrie textile. Saint-Quentin (62 000 hab. en 1990) associe une industrie textile toujours importante (tissus de lin, de coton, teintureries) à des activités nouvelles (constructions mécaniques). L’industrie employait, en 1990, 35 p. 100 des actifs alors que le tertiaire (57 p. 100) est sous-représenté dans la région par rapport à la moyenne nationale. Circonscription d’action régionale (siège Amiens), la Picardie regroupe les départements de l’Aisne, de la Somme et de l’Oise: 1 810 000 habitants en 1990, sur 19 500 kilomètres carrés. Encadrée par deux régions à forte concentration urbaine, l’Île-de-France et le Nord - Pas-de-Calais, la Picardie doit, pour devenir une région d’accueil et non plus une région de passage, jouer la carte de la complémentarité avec elles et tirer parti de ses atouts (diversité des paysages, forte tradition agricole, patrimoine historique).
Picardie
anc. province française, située entre l'Artois au nord et l'Île-de-France au sud.
— Elle devint définitivement française en 1482 (2e traité d'Arras signé avec Maximilien d'Autriche).
————————
Picardie
région admin. française et rég. de la C.E., formée des dép. de l'Aisne, de l'Oise et de la Somme; 19 443 km²; 1 853 550 hab.; cap. Amiens. Géogr. et écon. - Région de climat océanique, marqué de nuances continentales vers l'intérieur, la Picardie s'ouvre sur la Manche. Au S. s'étendent les plateaux tertiaires du bassin de Paris; ils portent d'opulentes campagnes ouvertes mais aussi de vastes forêts (Compiègne, Senlis, Villers-Cotterêts). Au N., les plaines et les collines de craie abritent de beaux openfields. La vallée de l'Oise est le grand axe de peuplement et de passage. Le solde migratoire est négatif dans l'Aisne et la Somme; très positif dans l'Oise, proche de Paris. Les grandes cultures: betterave (1er rang national), céréales, pomme de terre, fourrage, haricots, pois, favorisent l'industrie agro-alimentaire. Marquée par l'influence de la région industrielle du Nord et forte de traditions locales (verrerie de Saint-Gobain, notam.), la Région a bénéficié de la décentralisation parisienne. Elle jouit d'une position stratégique dans les échanges européens.
Encyclopédie Universelle. 2012.