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oeillade

oeillade
n. f. Coup d'oeil furtif, clin d'oeil en signe de connivence, spécial. en signe d'invite amoureuse.

⇒OEILLADE, subst. fém.
A. —Coup d'oeil plus ou moins furtif et complice. Je lui ripostai par une oeillade qu'il comprit à merveille. L'affaire était fort douteuse, ignoble; il devenait urgent de transiger (BALZAC, Gobseck, 1830, p.418). Lise, offensée: Oh! mes yeux, d'une oeillade hautaine, Savent vaincre quiconque attaque mes vertus. Cyrano: Euh! Pour des yeux vainqueurs, je les trouve battus (ROSTAND, Cyrano, 1898, II, 4, p.74):
1. Dans l'arène, Pepe Alcaraz, obsédé par le respect, entrecoupait sa préparation aux banderilles d'oeillades vers la loge princière. Pour un de ces regards absents, il se fût fait avec extase embrocher.
MONTHERL., Bestiaires, 1926, p.536.
B. —Clin d'oeil à l'adresse de quelqu'un, constituant un appel, une invite amoureuse. Les rendez-vous assaisonnés d'un peu de messe sont les meilleurs. Rien n'est exquis comme une oeillade qui passe par-dessus le bon Dieu (HUGO, Misér., t.1, 1862, p.763). D'abord des soupirs, des oeillades, des exclamations à demi-voix, de longues stations devant l'idole. Là-dessus, quelques présents de fleurs, puis, dépité qu'on ne voulût point l'entendre, Franz bombarda de bouquets l'Italienne (BOURGES, Crépusc. dieux, 1884, p.42):
2. Des harmonies inattendues, hardies, colorent chaudement une mélodie dont les inflexions troublent les sens, comme le déhanchement lascif et les oeillades provocantes de la gitanella. Un tel ouvrage ne pouvait que choquer un public habitué à des spectacles moins capiteux.
DUMESNIL, Hist. théâtre lyr., 1953, p.152.
Prononc. et Orth.:[oejad]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Ca 1480 «coup d'oeil» en partic. «coup d'oeil furtif lancé à dessein en signe de tendresse, de bienveillance, etc.» petis oeullades (G. COQUILLARD, Monologue du Puys, 5 ds OEuvres, éd. M. J. Freeman, p.300); 1551 une oeillade languissante (RONSARD, Tombeau de M. de Valois, 15 ds OEuvres compl., éd. P. Laumonier, t.4, p.12). Dér. de oeil étymol. A; suff. -ade1. Fréq. abs. littér.:147.
DÉR. OEillader, verbe trans. Lancer des oeillades à l'adresse de quelqu'un. Emploi abs. Le plus étrange c'est que Mme Paulin, ensuite, jubilait et oeilladait vers la normalienne avec méchanceté (FRAPIÉ, Maternelle, 1904, p.240). [oejade]. 1re attest. 1552 «lancer des oeillades à» (RONSARD, Les Amours, VIII, 1 ds OEuvres compl., éd. P. Laumonier, t.4, p.12), blâmé par Malherbe (Commentaire sur DES PORTES, Imitations de l'Arioste ds OEuvres, éd. L. Lalanne, IV, p.410) et ,,peu en usage`` dep. FUR. 1690; de oeillade, dés. -er.
BBG. —QUEM. DDL t.21 (s.v. oeillader).

Encyclopédie Universelle. 2012.