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appris

⇒APPRIS, ISE, part. passé, adj. et subst.
I.— Part. passé de apprendre.
II.— Adjectif
A.— Retenu par la mémoire, acquis par l'éducation du comportement.
1. [En parlant d'une matière, d'une leçon] Une leçon bien apprise :
1. Ces nouveaux animateurs s'aperçurent que les matières apprises considérées jusque-là comme un des éléments essentiels pour parvenir à la culture, n'étaient en réalité qu'un simple moyen de connaissance.
B. CACÉRÈS, Hist. de l'éducation pop., 1964, p. 143.
2. Qqf. péj. [En parlant d'une manière d'être, d'une fonction ou d'un sentiment hum.] Mécanique et sans relation avec la vie, comme ce qu'on apprend à l'école. Anton. naturel :
2. Il entre dans l'art du coiffeur des tournures de convention, des choses apprises, des façons académiques, qui sentent l'école. Mariette avait dans les cheveux le charme de l'imprévu.
CHAMPFLEURY, Les Aventures de Mlle Mariette, 1853, p. 298.
3. Un jeune homme au visage de blanchisseuse, qui portait une cape et un collier de perles, se promenait entre les tables, souriait aux uns, bousculait les autres (...). Sa voix apprise ressemblait aux courbes ridicules du modern-style.
COCTEAU, Le Grand écart, 1923, p. 40.
4. ... le pédant, l'important, le bourgeois, le mari étouffent en eux toute étincelle de vie et de vérité; bardés d'idées toutes faites, de sentiment appris (...) leur personnage n'est habité que par le vide...
S. DE BEAUVOIR, Le Deuxième sexe, t. 1, 1949, p. 367.
SYNT. Les grâces, les manières apprises.
B.— Rare. [En parlant d'une pers., d'un enfant] Appris à. Éduqué à :
5. Dès l'enfance appris à cela [mendier].
P.-L. COURIER (Littré, 1873).
C.— Fam. Bien appris, mal appris.
1. Bien appris. [En parlant d'une pers.] Bien élevé, ayant de bonnes manières :
6. Le moment n'est pas loin où une jeune dame bien apprise et convenablement sentimentale devra se choisir pour ami de cœur un des beaux officiers suisses de Versailles ...
SAINTE-BEUVE, Causeries du lundi, t. 14, 1851-62, p. 435.
7. ... un de mes compagnons de captivité (...) assez bien appris pour ambitionner d'accomplir un miracle (...) cueillit la fleur...
R. DE MONTESQUIOU, Mémoires, Les Pas effacés, t. 2, 1921, p. 71.
P. anal. [En parlant d'un animal] Bien dressé :
8. Les deux sœurs l'examinèrent du coin de l'œil en chattes bien apprises, qui lorgnent une souris sans avoir l'air d'y faire attention.
BALZAC, La Maison Nucingen, 1838, p. 615.
P. métaph. :
9. ... une île doit être une exception chez un fleuve bien appris; mais, pour la Loire, l'île est la règle ...
STENDHAL, Mémoires d'un touriste, t. 1, 1838, p. 29.
10. Et en même temps, le premier rayon de soleil du jour filtre dans le wagon où je viens de dormir : un petit rayon qui semble domestiqué et bien appris ...
LOTI, Reflets sur la sombre route, 1899, p. 87.
2. Mal appris. [En parlant d'une pers.] Mal élevé, sans manières :
11. Je renferme dans mes cinq pieds deux pouces toutes les incohérences, tous les contrastes possibles, et ceux qui me croiront vain, prodigue, entêté, léger, sans suite dans les idées, fat, négligent, paresseux, inappliqué, sans réflexion, sans aucune constance, bavard, sans tact, mal-appris, impoli, quinteux, inégal d'humeur, auront tout autant raison que ceux qui pourraient dire que je suis économe, modeste, courageux, tenace, énergique, négligé, travailleur, constant, taciturne, plein de finesse, poli, toujours gai.
BALZAC, Correspondance, 1825, p. 270.
12. Quel drôle de bonhomme, et comme il est mal appris... Et pourquoi ne m'adresse-t-il jamais la parole? ... Et pourquoi ne répond-il jamais, non plus, quand je lui parle? ...
MIRBEAU, Le Journal d'une femme de chambre, 1900, p. 7.
Emploi subst. Un malappris :
13. Ce marquis est un mal appris qui mériterait une bonne leçon. Ne vous semble-t-il pas, vicomte, qu'il n'a pas eu pour moi tous les égards qui sont dus à mon rang? Quelle pitié! Ça fait le fier, et je jurerais que j'ai là, dans ma poche, plus d'argent qu'il n'en faudrait pour acheter ses terres, son château et ses armoiries.
SANDEAU, Sacs et parchemins, 1851, p. 18.
P. anal. [En parlant d'un animal] :
14. CAMILLE. — Cela se peut, il doit y avoir dans toutes mes idées des choses très-ridicules. Il se peut bien qu'on m'ait fait la leçon, et que je ne sois qu'un perroquet mal appris. Il y a dans la galerie un petit tableau qui représente un moine courbé sur un missel; à travers les barreaux obscurs de sa cellule glisse un faible rayon de soleil, et on aperçoit une locanda italienne devant laquelle danse un chevrier. Lequel de ces deux hommes estimez-vous davantage?
MUSSET, On ne badine pas avec l'amour, 1834, II, 5, p. 45.
PRONONC. ET ORTH. :[], fém. [-i:z]. L'orth. malappris est attestée ds Ac. 1878, GUÉRIN 1892, Ac. 1932, ROB., Lar. encyclop. et QUILLET 1965; la seule admise selon Lar. Lang. fr.
STAT. — Fréq. abs. littér. :5 527. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 7 948, b) 6 795; XXe s. : a) 7 181, b) 8 763.

Encyclopédie Universelle. 2012.