TENNIS
TENNIS
Existe-t-il un rapport entre les joueurs aux longs pantalons de flanelle et chemises à manches longues de l’entre-deux-guerres et les «héros modernes» qui s’affrontent tout au long de compétitions qui leur offrent d’invraisemblables pactoles? Oui, et c’est le fondement même du tennis: n’avoir pour seul but que de faire passer une fois de plus que l’adversaire une balle de moins de 60 grammes par-dessus un filet placé à 0,915 m au-dessus du sol.
Même si les règles de la «sphairistike» déposées en 1874 par le major Walter Clopton Wingfield — lui-même précédé peut-être de quelques mois, dans sa conception du jeu, par Harry Gem — diffèrent très nettement de celles de la paume d’antan, passionnément pratiquée par les cours royales, nul doute cependant que le tennis lui ait emprunté son compte de points assez singulier, et jusqu’à son nom, directement dérivé par anglicisation du mot vieux français tenetz qui s’adressait autrefois au receveur de l’engagement. En 1877, la première finale du tournoi de Wimbledon organisée par le All England Lawn Tennis and Croquet Club voit Spencer Gore l’emporter (6/1, 6/2, 6/4) sur William Marshall, devant déjà deux cents spectateurs; tandis qu’en 1884 Maud Wilson, en battant sa sœur aînée Lilian (6/8, 6/3, 6/3), sera la première gagnante féminine. Aujourd’hui encore ce tournoi disputé sur herbe — ce qui privilégie les attaquants expéditifs dont le jeu repose sur l’enchaînement service-volée — reste la Mecque du tennis.
Il s’agit donc d’accumuler assez de points pour obtenir un jeu; puis assez de jeux pour obtenir un set; puis 2 sets sur 3, ou 3 sets sur 5 selon le niveau des rencontres — celles des dames se limitant dans l’ensemble au premier de ces deux comptes. Mais, comme toute activité humaine, ces principes simples ne sont que les données communes à une infinité de niveaux différents. Pour obtenir l’efficacité maximale sur le court, large de 8,23 m (10,97 m pour le double, à cause des deux couloirs latéraux supplémentaires) et long de 23,77 m, quelle marge de progression et quelles inlassables répétitions afin de perfectionner service, coup droit, revers, lob, voire demi-volée d’une part, jeu de volée d’autre part, où l’on ne laisse pas à la balle l’occasion de rebondir! Des parties amicales et des compétitions internes à chaque club jusqu’aux grands championnats, que de degrés à franchir!
Pour ce qui est des confrontations individuelles, seuls l’Américain Donald Budge (1938) et l’Australien Rod Laver (1962,1969) ont réussi le «grand chelem» consistant à gagner dans la même année civile les internationaux de France (stade Roland-Garros construit en 1928 sur terre battue), de Grande-Bretagne (Wimbledon), des États-Unis (désormais sur terrain dur), d’Australie enfin. «Big» Bill Tilden, qui domina l’univers du tennis de 1920 à 1930, fut peut-être le joueur le plus complet, cependant que, dans la période moderne, le Suédois Bjorn Borg (six fois vainqueur à Roland-Garros et cinq fois consécutivement à Wimbledon), avec son lift de renvoyeur impitoyable, ne fut mis en défaut que par le génie de John Mac Enroe, lui-même désormais «terrassé» par la puissance du Tchèque Ivan Lendl ou celle du jeune Allemand Boris Becker.
Créée en 1900, la Davis Cup se dispute par équipes: deux simples les premier et troisième jours avec croisement des protagonistes, un double lors de la deuxième journée. Cette formule a donné lieu à des confrontations palpitantes, développant un esprit collectif qui fit, de 1927 à 1932, la gloire des «Mousquetaires» français: Henri Cochet joueur d’inspiration, René Lacoste le métronome, Jean Borotra le «Basque bondissant», Jacques Brugnon leur fidèle et remarquable partenaire de double. S’ils trouvèrent la voie du succès, l’honneur revient à leur compatriote Suzanne Lenglen — pratiquement invincible de 1919 à 1926 — de leur avoir montré que les Anglo-Saxons n’étaient pas invincibles. «Suzanne», diva qui ne le cédait en rien à ce qu’a représenté soixante ans plus tard Martina Navratilova.
Aristocratique à l’origine, le tennis a connu durant les deux dernières décennies un développement exponentiel, conséquence indiscutable du succès des retransmissions télévisées en direct. Les sommes brassées sont vraiment énormes: en 1987, la quinzaine de Roland-Garros mettait en action quelque 10 milliards de centimes, dont un prix de 1 303 800 francs pour le vainqueur du simple messieurs. Les impératifs du petit écran ont conduit à modifier certaines règles, telle la conclusion des sets opérée depuis 1971 par un tie-break joué sur quelques points, alors qu’il fallait naguère obtenir un écart de deux jeux complets pour s’assurer le gain d’un set. L’adoption d’une balle pelucheuse visant à faciliter le suivi par les téléspectateurs a également pour effet de modifier le jeu, en ralentissant les échanges.
tennis [ tenis ] n. m. et f.
• 1880; lawn-tennis 1877; aussi « jeu de paume »; mot angl., empr. fr. tenez (tenetz angl. 1400), exclam. du joueur lançant la balle
I ♦
A ♦ N. m.
1 ♦ Sport dans lequel deux ou quatre joueurs (⇒ simple; double) se renvoient alternativement une balle, à l'aide de raquettes, de part et d'autre d'un filet, sur un terrain de dimensions déterminées (⇒ 2. court). Jouer au tennis. Faire des balles avant une partie de tennis (⇒ jeu, set) . Coups au tennis. ⇒ lob, passing-shot, slice, smash, volée; drive, 1. droit (coup droit), revers; ace, service; amortir, couper, servir. Match, tournois de tennis. Tennis sur terre battue, sur gazon, sur revêtement synthétique (⇒ quick) . Short, jupe de tennis. Chaussures de tennis.
2 ♦ Par ext. (1891) Terrain de tennis, comprenant le court proprement dit et une enceinte aménagée. Les tennis d'un club sportif. Un tennis couvert.
3 ♦ Cotonnade d'armure sergé.
B ♦ N. m. ou f. (1894) Chaussure basse, à semelle de caoutchouc souple et adhérente. ⇒ 2. basket. Écoliers chaussés de tennis. Mettre des tennis pour faire du sport, se promener. Tennis en toile, en cuir.
II ♦ N. m. (1901) Tennis de table. ⇒ ping-pong.
● tennis nom masculin (anglais tennis, du moyen anglais tenetz, jeu de paume, du français tenez, terme que le serveur employait quand il lançait la balle) Sport consistant pour deux (simple) ou quatre (double) joueurs, munis d'une raquette, à envoyer la balle au-dessus d'un filet dans les limites du court. Court de tennis. Sorte de sandale à tige de toile et à semelle souple et adhérente, adaptée à la pratique du tennis. (S'emploie aussi au féminin.) Flanelle de coton légère. ● tennis (expressions) nom masculin (anglais tennis, du moyen anglais tenetz, jeu de paume, du français tenez, terme que le serveur employait quand il lançait la balle) Tennis de table, sport voisin du tennis dans son principe (nécessitant raquette, filet) et où le court est remplacé par une table. ● tennis (synonymes) nom masculin (anglais tennis, du moyen anglais tenetz, jeu de paume, du français tenez, terme que le serveur employait quand il lançait la balle) Tennis de table
Synonymes :
tennis
n. m.
d1./d Sport pratiqué par deux ou quatre joueurs qui se renvoient une balle au moyen de raquettes, sur un terrain (court) séparé en deux camps par un filet.
|| Des chaussures de tennis ellipt., n. m. pl., des tennis: chaussures de sport basses à empeigne souple et à semelle de caoutchouc.
d2./d Court de tennis.
d3./d Tennis de table ou ping-pong: jeu analogue au tennis qui se joue sur une table spéciale avec des raquettes en bois revêtues de caoutchouc.
⇒TENNIS, subst. masc.
A. — SPORTS
1. Sport pratiqué sur un court de dimensions déterminées, et opposant selon des règles précises deux joueurs (ou deux équipes de deux joueurs) qui, munis de raquettes, se renvoient alternativement une balle de part et d'autre d'un filet qui partage le court. Jouer au tennis; pratiquer le tennis; tennis sur gazon, sur terre battue; balle, chaussures, équipement, raquette de tennis; match, partie de tennis; compétition, tournoi de tennis; classement de tennis; Fédération française de tennis. Il m'emmena sur le court de tennis, me proposa d'échanger quelques balles (BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 147). Ces aimables parties entre gens de bonne compagnie mais d'où la passion n'est jamais exclue, font du tennis le jeu, le sport le plus divers, le plus attachant qui soit et, comme le disait Henri Cochet: « Le tennis est un jeu qui devient sport et redevient jeu suivant l'âge de l'individu » (Jeux et sports, 1967, p. 1378).
— P. méton.
♦ Emplacement aménagé pour ce sport, comprenant le terrain lui-même et les installations qui le complètent. Les tennis d'un club sportif, d'une municipalité; tennis couvert, de plein air; construire, entretenir des tennis. Mon avion prend de la hauteur (...) voici les grosses dalles irrégulières des champs anglais et des tennis, seules figures géométriques (MORAND, Londres, 1933, p. 69). V. court2 ex.
♦ Gén. au plur. Chaussures de toile ou de cuir, à semelle caoutchoutée, spécialement adaptées à la pratique de ce sport. Une paire de tennis; enfiler, porter des tennis. Je n'ose avouer que c'est avec des tennis semblables que, depuis quinze ans, chaque dimanche, je trottine dans les bois et que je m'en porte fort bien (Le Monde loisirs, 11 févr. 1984, p. XVI).
2. P. anal. Tennis de table. Jeu d'intérieur dont les règles s'apparentent à celles du tennis, qui se pratique sur une table de bois munie d'un filet, avec de petites raquettes caoutchoutées et une balle en celluloïd. Synon. ping-pong. Balles, raquettes pour le tennis de table. Le premier tour des championnats de France de tennis de table sera disputé le 27 janvier (Le Figaro, 19-20 janv. 1952, p. 9, col. 7).
B. — INDUSTR. TEXT. Flanelle de coton à fines rayures. Tennis de coton rayé pour chemises et pyjamas (Le Figaro, 3 janv. 1952, p. 4).
REM. 1. Tennis-elbow, subst. masc., pathol. Douleur du coude, fréquente chez les joueurs de tennis, consécutive à un effort violent ou à un traumatisme, et qui oblige à une limitation des mouvements. Plus ce dernier [le matériau de la raquette] est souple, plus le risque de tennis-elbow semble faible (Le Monde loisirs, 25 mai 1985, p. II, col. 5). 2. Tennisman, subst. masc., tenniswoman, subst. fém. Joueur, joueuse de tennis. Les tennismen français ont pris un excellent départ hier après-midi devant leurs rivaux londoniens (Le Figaro, 19-20 janv. 1952, p. 8, col. 7). En appos. à valeur d'adj. La jeune fille aux cheveux courts, aux jarrets de Diane tenniswoman (ARNOUX, Renc. Wagner, 1927, p. 38). 3. Tennistique, adj., rare. Relatif au tennis. Une des plus importantes manifestations tennistiques d'Europe (Tennis et Golf, 1er avr. 1935, p. 7 ds GRUBB Sports 1937, p. 73).
Prononc.:[tenis]. Étymol. et Hist. 1. 1824 (RAYMOND: Tennis. s. m. Sorte de jeu de balle où l'on se sert de raquettes en bois qui sont très-étroites); 2. 1877 lawn-tennis « sport qui se joue à deux ou quatre joueurs se renvoyant une balle sur un terrain appelé court partagé par un filet » (Règles du jeu de Lawn-Tennis, Revue des Sports, 4 mars ds PETIOT 1982); 1880 tennis (Le Sport, 14 janv., ibid.); 3. 1890 text. lainage tennis (Le Moniteur de la mode, 19 juillet, 338a ds HÖFLER Anglic.); 1890 costume en tennis (ibid., 30 août, 410a, ibid.); 4. 1891 « lieu aménagé pour la pratique du tennis » (Les Sports athlétiques, 8 août, 5b, ibid.); 5. 1894 subst. masc. plur. « chaussures de tennis » (Le Moniteur de la cordonnerie et Le Magasin de chaussures réunis, 15 avr., p. 308, Publicité ds QUEM. DDL t. 16); 6. 1901 Tennis de Table (Vie au Grand Air, 20 déc. ds PETIOT 1982). Empr. à l'angl. tennis désignant le jeu de paume et représentant la forme altérée de la 2e pers. du plur. de l'impér. du verbe fr. tenir, exclam. du joueur qui lançait la balle (ca 1400 tenetz, ca 1440 teneys, 1441 tenyse, ca 1460 tenys « paume (jeu) » ds NED, cf. aussi tennis traduisant paulme ds COTGR. 1611). Au sens 2, empr. à l'angl. lawn tennis comp. de tennis et de lawn « gazon », att. dep. 1874 et désignant un nouveau type de jeu de paume de plein air appelé ensuite tennis p. ell. de lawn (1878 ds NED Suppl.2) d'où l'expr. real tennis « vrai tennis » désignant alors la paume traditionnelle, (1880, ibid., s.v. jeu). Pour le sens 3, cf. l'angl. tennis flannels « pantalon de tennis en flanelle » (1899, ibid.), le sens 4 cf. tennis ground (1891 ds NED), le sens 5 tennis shoes (1887 ds NED Suppl.2) et pour tennis de table l'angl. table tennis avant la création de ping-pong (1887, ibid., s.v. table). Fréq. abs. littér.:181. Bbg. BÄCKER 1975, p. 208. — BECKER 1970, p. 107, 276 (s.v. tennis de table; tennisman; tennistique). — BONN. 1920, p. 154. — HASSELROT 20e s. 1972, p. 15 (s.v. tennistique). — QUEM. DDL t. 5 (s.v. tennistique), 6 (s.v. tennisman), 16, 33 (s.v. tennis de salon).
tennis [tenis] n. m. invar.
ÉTYM. 1880; « jeu de paume », 1866; sens mod. d'abord sous la forme lawn-tennis, 1877 (→ ci-dessous cit. Claudel); mot angl., « jeu de paume », empr. franç. tenez (tentez en angl., en 1400), exclamation du joueur lançant la balle.
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1 Sport dans lequel deux ou quatre joueurs (⇒ Simple; double) se renvoient alternativement une balle, à l'aide de raquettes, de part et d'autre d'un filet, selon des règles précises et sur un terrain de dimensions déterminées (⇒ 2. Court). || Jouer au tennis (→ Feu, cit. 29). || Le badminton est proche du tennis. || Balle, raquette de tennis. || Court de tennis. || Faire des balles avant de disputer une partie de tennis (⇒ Jeu, supra cit. 26). || Coups au tennis. ⇒ Balle; amortir, couper (I., C., 1.), lob, passing-shot, smash, volée; drive, droit (coup), revers; service (III., 3.), servir. || Coupe, tournoi de tennis. || Catégories de joueurs de tennis. ⇒ Série. — Tennis sur terre battue, sur herbe, sur bois (en courts couverts). || Pantalon, short, jupe, chaussures de tennis. — REM. La forme lawn-tennis utilisée au début du siècle (→ Profane, cit. 1) subsiste dans le langage officiel (Fédération de lawn-tennis).
1 Beaucoup d'exercice de corps : on nage, on rame, on monte à cheval, il y a partout des clubs de cricket et de lawn-tennis.
Claudel, Dans l'île de Wight, août 1889, in Œ. en prose, Pl., p. 1015.
2 Ma pauvre Micheline, c'est fini de nos parties de tennis. Dommage. Ton jeu commençait à se tenir et tu avais un drive qui venait bien. Tu vas te remettre à jouer en double avec des femmes qui te gâteront la main en huit jours.
M. Aymé, Travelingue, p. 23.
2 (V. 1900). Terrain de tennis, comprenant le court proprement dit et une enceinte aménagée (→ 2. Croquet, cit. 2). || Les tennis d'un club sportif.
1 (1890). Cotonnade d'armure sergée.
➪ tableau Noms et types de tissus.
2 N. m. (1913, in Höfler). Chaussure basse en toile à semelle de caoutchouc. || Une paire de tennis. || Un tennis.
3 C'était un homme jeune, habillé avec un survêtement blanc, chaussé de tennis blancs (…)
J.-M. G. Le Clézio, les Géants, 1973, p. 137.
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DÉR. Tennisman, tennistique.
Encyclopédie Universelle. 2012.