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TRAUMATISME
TRAUMATISME

TRAUMATISME

Initialement terme de chirurgie désignant l’état dans lequel une blessure grave jette l’organisme, le «traumatisme» en est venu à connoter dans la théorie psychanalytique toute excitation suffisant à mettre en échec les mécanismes de défense habituellement efficaces. Le traumatisme est ainsi indissolublement lié à la théorie du choc. «T’ai-je déjà révélé, oralement ou par écrit, le grand secret clinique, écrit Freud à Fliess le 15 octobre 1895? L’hystérie résulte d’un choc sexuel présexuel, la névrose obsessionnelle d’une volupté sexuelle présexuelle transformée ultérieurement en sentiment de culpabilité. Le mot «présexuel» signifie «antérieurement à la puberté»; [...] les incidents en question n’agissant ensuite qu’en tant que souvenir.» On peut dégager plusieurs types de problèmes relatifs au traumatisme: le nombre de chocs qui le constituent; la nature de ce choc; sa situation dans le développement ontogénétique et sa fonction dans l’histoire de la maladie; enfin, sa correspondance avec un incident repérable dans le champ d’autrui.

Dès 1896, Freud, étudiant le traumatisme à partir de l’étiologie de l’hystérie, souligne l’impossibilité pour un symptôme de provenir «d’une seule expérience réelle» (reale ): chaque fois, le souvenir, éveillé par association d’expériences antérieures, agit en même temps comme cause du symptôme, et la scène ultérieure doit la puissance qui lui permet de déterminer les symptômes à son accord (Übereinstimmung ) avec une scène antérieure. Cette scène antérieure doit nécessairement répondre aux deux conditions suivantes: premièrement comporter la qualification déterminante, deuxièmement posséder la «force traumatique nécessaire» (die nötige traumatische Kraft ). Ainsi, il ne suffit point pour expliquer un vomissement hystérique de le rapporter au souvenir d’un accident de chemin de fer, mais il faut se demander comment la peur a pu se transformer en vomissement; pareillement, il est inadéquat de rattacher ce symptôme à la seule image mnésique d’un fruit pourri, car on ne comprend pas alors pourquoi le dégoût acquiert l’intensité dont il fait preuve. Freud, sur ce point, prend position par rapport à Breuer, qui suivant la théorie associationniste expliquait la force traumatique d’un événement par l’état hypnoïde qui l’aurait accompagné.

Cette idée d’une constante de qualité traduit dès 1896 le souci freudien de dépasser la simple interprétation pour parvenir à une véritable reconstruction qui permet l’établissement d’un «arbre généalogique» de la maladie. En ce sens, le traumatisme est précisément le réel, si l’on reconnaît dans celui-ci cette cause qui continue à produire des effets: l’inconditionné que le sujet ne saurait rencontrer comme objet, mais dont la figure lui apparaît négativement comme condition de possibilité de la répétition de la déception qui constitue son expérience. Rien n’est plus réel que l’inconnaissable et, même chez Descartes, le cogito est englobé par l’idée d’infini qui fonde la conscience comme intentionnalité. Se poser la question de savoir si le traumatisme est constitué par un ou plusieurs incidents ou bien par l’action commune de circonstances en elles-mêmes insignifiantes présuppose ainsi la mise en question de la nature même du traumatisme comme choc sexuel présexuel réel. Ce choc est-il lié d’une façon contingente à l’histoire de l’individu, ou bien correspond-il à la structure même du psychisme humain? Parler d’un «traumatisme de la naissance», comme le fait O. Rank, c’est en effet se demander si le traumatisme est une catégorie de l’expérience, ou bien un simple concept, opératoire dans certains champs seulement.

En 1920, après avoir étudié les névroses de guerre, Freud spécifie le sens du traumatisme comme perturbation de l’économie énergétique, entraînant la mise hors combat d’un moyen de défense antérieurement efficace et la contribution d’un nouveau type de défense. Lors d’une «excitation trop forte», il devient impossible de liquider les excitations suivant le principe de constance qui maintient habituellement l’excitation au plus bas étage possible. L’appareil psychique doit alors mobiliser toutes les forces disponibles afin d’établir des contre-investissements et fixer sur place les quantités d’excitation affluentes. Ainsi seulement le principe de plaisir pourra-t-il être rétabli. Mais cette excitation trop forte est, chez Freud, la source aussi bien de la perversion et de la sublimation que de la névrose. Le problème reste donc entier de savoir s’il faut généraliser le concept de traumatisme ou restreindre son usage au champ de la psychopathologie. C’est en tout cas dans celui-ci que prennent tout leur sens les questions plus particulières de l’assignation temporelle et de la modalité d’ancrage du traumatisme dans l’ontogenèse.

traumatisme [ tromatism ] n. m.
• 1855; gr. traumatismos
1Méd. Ensemble des troubles physiques ou psychiques provoqués dans l'organisme par le trauma. Traumatisme crânien. Traumatismes multiples ( polytraumatisé) .
2Traumatisme (psychique) : ensemble des perturbations résultant d'un violent choc émotionnel. — Psychan. Événement déclenchant chez un sujet un afflux d'excitations dépassant le seuil de tolérance de son appareil psychique.

traumatisme nom masculin (grec traumatismos) Ensemble des lésions locales intéressant les tissus et les organes provoquées par un agent extérieur ; troubles généraux qui en résultent. (Abréviation : trauma.) Action violente provoquant ces lésions locales. ● traumatisme (expressions) nom masculin (grec traumatismos) Traumatisme psychique, ensemble des troubles psychiques ou psychosomatiques provoqués accidentellement par un agent extérieur au sujet.

traumatisme
n. m.
d1./d MED, CHIR Ensemble des conséquences physiques ou psychologiques engendrées par un trauma (sens 1).
d2./d PSYCHO et cour. Ensemble des troubles de la vie affective et de la personnalité déclenchés chez un sujet par un choc émotionnel.

⇒TRAUMATISME, subst. masc.
A. — MÉD. ,,Ensemble de manifestations locales ou générales provoquées par une action violente sur l'organisme`` (Méd. Biol. t. 3 1972). Traumatisme du corps, du crâne; traumatisme crânien, oculaire; traumatismes dus à un accident; être atteint de céphalée chronique à la suite d'un traumatisme. Mentionnons encore le rôle (...) très exceptionnel du traumatisme opératoire dans l'ablation des amygdales (AVIRAGNET, WEILL-HALLÉ, MARIE ds Nouv. Traité Méd. fasc. 2 1928, p. 655). Une contusion est un traumatisme et le coup qui a été produit est appelé de même (Lar. Méd. t. 3 1972). V. trauma ex. de Méd. Biol. t. 3 1972.
B. — PSYCHOL., PSYCHANAL.
1. ,,Violent choc émotionnel provoquant chez le sujet un ébranlement durable`` (GDEL). Traumatisme affectif, psychologique, psychique. Seule une cloison séparait à présent mon lit de celui de mes parents et il m'arrivait d'entendre mon père ronfler: fus-je sensible à cette promiscuité? (...) Vers la même époque, le lever devint un traumatisme si douloureux qu'en y pensant le soir, avant de m'endormir, ma gorge se serrait, mes mains devenaient moites (BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 101).
2. ,,Tout événement subit, brutal, entraînant pour le sujet qui en est victime des transformations plus ou moins profondes, plus ou moins réversibles`` (THINÈS-LEMP. 1975). Traumatisme infantile. La psychanalyse (...) a peu à peu délaissé la doctrine du traumatisme initial en faveur de l'ambiance traumatisante (CHOISY, Psychanal., 1950, p. 120).
3. ,,Excès d'excitation au point que la décharge est impossible et que l'organisme tend à supprimer toute excitation supplémentaire (par exemple par évanouissement)`` (ANCELIN Sc. hum. 1982).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. 1935. Étymol. et Hist. 1. 1855 méd. (NYSTEN); 1926 traumatisme crânien (CODET, Psychiatrie, p. 84); 2. a) 1900 traumatisme psychique (Th. FLOURNOY, Des Indes à la planète Mars, p. 268 ds QUEM. DDL t. 34); b) 1923 psychol. « choc émotionnel » (COLETTE, Blé en herbe, p. 90); 1928 traumatisme de la naissance (Lar. mens., juill., Mois sc.: S. Jankélévitch a donné une traduction de l'ouvrage du Dr Otto Rank, le Traumatisme de la naissance). Dér. de traumatique; suff. -isme. Cf. gr. « action de blesser ». Au sens 2 a, cf. l'angl. psychic traumatism (1898 ds NED Suppl.2), au sens 2 b, titre original de l'ouvrage d'O. Rank: Das Trauma der Geburt, 1924. Fréq. abs. littér.:17. Bbg. QUEM. DDL t. 29.

traumatisme [tʀomatism] n. m.
ÉTYM. 1855; grec traumatismos, ou de traumatique.
1 Méd. Ensemble des troubles physiques ou psychiques provoqués dans l'organisme par le trauma. || Traumatismes crâniens (avec ou sans plaie), entraînant des perturbations psychiques. || Chirurgie des traumatismes (→ Chirurgien, cit. 2). || Traumatismes dus à un accident.
2 Psychol., cour. || Traumatisme (ou, abusivt, trauma) psychique : ensemble des perturbations résultant d'un violent choc émotionnel.Psychan. Événement déclenchant chez un sujet un afflux d'excitations dépassant le seuil de tolérance de son appareil psychique.
0 (…) jamais un traumatisme ne déclenche de sérieux troubles sans qu'un ensemble de circonstances y ait prédisposé le sujet.
S. de Beauvoir, la Force de l'âge, p. 136.
COMP. Barotraumatisme, microtraumatisme.

Encyclopédie Universelle. 2012.