VOJVODINE
VOJVODINE ou VOÏVODINE
Située au nord de la Serbie, dans la partie méridionale de la plaine pannonienne, la Vojvodine faisait partie de la Fédération des républiques socialistes de Yougoslavie (S.F.R.J.) en tant que province autonome. Sa capitale est Novi Sad, ville extrêmement riche sur le plan culturel, qui comptait 264 534 habitants en 1991. Elle est limitrophe de la Hongrie, de la Roumanie et de la Croatie. La Vojvodine a perdu, en même temps que le Kossovo, les prérogatives dont elle bénéficiait. Slobodan Milosevi が les a abrogées unilatéralement en 1989 et a pris directement le contrôle de cette province. Elle est donc intégrée à la république fédérale de Yougoslavie créée le 27 avril 1992 (Serbie et Monténégro).
Traversée par de nombreux cours d’eaux et canaux, et principalement par la Save, le Danube, le Tamiš et la Tiša qui se jette dans le Danube, la Vojvodine est une vaste plaine agricole très riche, semblable à la Slavonie (Croatie), avec un climat continental favorable à l’agriculture. Elle était le grenier de la Yougoslavie titiste, le domaine privilégié des cultures extensives (céréales, pommes de terre, betteraves, etc.) organisées au sein de combinats agricoles. Les vignes constituent un autre trait caractéristique de cette région. S’étendant sur 21 506 kilomètres carrés, le territoire compte au total une vingtaine de nationalités. La cohabitation de groupes nationaux différents, avec leur langue, leurs coutumes, leurs écoles, se déroulait de manière plutôt satisfaisante. Le recensement de 1991 dénombrait 2 012 517 habitants dont 57,3 p. 100 de Serbes, 16,9 p. 100 de Hongrois, 8,4 p. 100 de Yougoslaves, 2,2 p. 100 de Monténégrins, 3,7 p. 100 de Croates, 3,2 p. 100 de Slovaques, 1,2 p. 100 de Tsiganes, 1,9 p. 100 de Roumains, 0,8 p. 100 de Macédoniens, 0,3 p. 100 de Musulmans, 0,1 p. 100 de Slovènes, 0,1 p. 100 d’Albanais, 0,9 p. 100 de Ruthènes, 1,1 p. 100 de Bunjevac, 0,1 p. 100 de Šokac et 1,8 p. 100 d’autres. La Vojvodine possède une solide tradition de cohabitation nationale, de vie multiculturelle, de mixité nationale. Cependant, avec la montée des nationalismes, et plus précisément du nationalisme serbe, les antagonismes nationaux sont avivés. Des forces politiques locales se sont alors organisées, et particulièrement dans la communauté hongroise (340 946 membres en 1991). Depuis 1989, les droits des minorités sont contestés non seulement par les autorités de Belgrade, mais aussi par certains délégués locaux de groupes extrémistes serbes, comme le parti de Vojislav Šešelj (Parti radical serbe), qui agressent les minorités nationales.
Composée de quatre régions (Ba face="EU Caron" カka, Srem, Baranja et Banat), la Vojvodine a dans l’histoire fait l’objet de nombreuses convoitises en raison de sa situation géographique et de son sol particulièrement fertile. Conquise par les Turcs au XVIe siècle, transformée en confins militaires, elle fut partagée au traité de Karlowitz (1699). La majeure partie passa sous domination autrichienne. Les guerres de 1716-1718 précipitèrent le départ définitif des Turcs, laissant le champ libre aux Autrichiens et aux Hongrois. Les deux puissances menèrent une politique de repeuplement, faisant se côtoyer de nombreuses nationalités (Hongrois, Ruthènes, Slovaques, Roumains...). Des insurgés serbes vinrent également s’y réfugier. Elle allait bénéficier d’un début d’industrialisation de type néo-colonial. La Vojvodine n’a jamais fait partie de la Serbie avant la création du royaume des Serbes, Croates et Slovènes, en 1918. En 1929, elle fut intégrée à la banovina du Danube, les banovine étant des unités administratives. Pendant la Seconde Guerre mondiale, la Ba face="EU Caron" カka fut annexée par la Hongrie, le Srem et la Baranja intégrés à l’État oustacha croate, et le Banat passait sous administration allemande. Après la Seconde Guerre mondiale, une vague importante de colons des régions pauvres (Serbie du Sud, Bosnie-Herzégovine, Monténégro ou Macédoine) vinrent s’installer sur les terres rendues disponibles par la réforme agraire d’août 1945 et le départ massif des Allemands (plus de 400 000), expulsés ou partis après la défaite du IIIe Reich. La Baranja fut intégrée à la république de Croatie.
L’extension de la guerre en territoire croate, notamment en Slavonie, dans des zones frontalières proches de la Vojvodine, a évidemment aggravé la situation. La situation économique désastreuse et l’afflux massif de réfugiés serbes des zones de guerre croate ou bosniaque ont renforcé les animosités entre les groupes nationaux. Des extrémistes serbes s’efforcent d’inciter Croates et Hongrois (ou encore d’autres groupes) à quitter certains villages afin d’y installer les réfugiés serbes, modifiant ainsi la structure nationale, et parfois le nom du village. Les manifestations de violence se multiplient. Néanmoins, contrairement au Sand face="EU Caron" ゼak, ou encore au Kossovo, aucune revendication indépendantiste n’est clairement exprimée, la diversité des nationalités vivant sur ce petit territoire ne le permettant pas. La Communauté démocratique des Hongrois de Vojvodine (D.Z.V.M.) a raflé l’écrasante majorité des voix hongroises lors des élections de décembre 1993. Créé en 1990, la D.Z.V.M. est le seul parti de minorité réellement structuré de Vojvodine, soucieux de protéger les droits de l’homme et du citoyen et tout particulièrement de conserver l’identité hongroise. Elle est à la recherche d’une forme d’autonomie territoriale de la Vojvodine, sans pour l’instant revendiquer un État indépendant ni chercher à modifier les frontières. Cependant, avec seulement neuf députés sur deux cent cinquante au Parlement de Serbie (élections de décembre 1992) — et deux sièges au Parlement yougoslave — puis seulement cinq députés (élections de décembre 1993), la marge de manœuvre des élus hongrois reste limitée.
Vojvodine
province (autonome jusqu'en 1990) comprise dans la république de Serbie, au N. de Belgrade, cédée par la Hongrie à la Serbie au traité de Trianon en 1920; 21 506 km²; 2 049 000 hab. (Serbes 57 %, Hongrois 19 %); ch.-l. Novi Sad. Riche région agricole. Industries alimentaires. En 1992, la région fait face à un afflux de réfugiés serbes de Croatie. Parallèlement, les Serbes font pression sur les non-Serbes (chassés des emplois publics), afin qu'ils fuient la région. V. Serbie.
Encyclopédie Universelle. 2012.