ÉBÉNISTERIE
ÉBÉNISTERIE
Dans son acception la plus large, le terme «ébénisterie» est employé pour désigner la fabrication de meubles en bois massif ou plaqué. En fait, seuls les meubles en bois plaqué sont à proprement parler «d’ébénisterie». Les meubles en bois massif sont l’œuvre de menuisiers qui débitent le bois, l’assemblent, le sculptent. Cette technique, la première à être employée, existe à des degrés de perfectionnement différents depuis l’Antiquité. Il n’en est pas de même pour la technique du placage, qui apparaît plus tardivement. En France, par exemple, elle ne se développe qu’à partir du XVIe siècle. Ces placages se font généralement en bois exotiques, et le nom donné à ces techniciens à partir du XVIIe siècle vient du mot «ébène». Cette époque voit, en effet, se répandre les cabinets plaqués d’ébène présentant sur leurs vantaux des sculptures en faible relief. C’est surtout par ces cabinets que l’usage du placage se répandit en France.
Les ébénistes, artisans du bois, seront rattachés juridiquement à la corporation des menuisiers, qui deviennent menuisiers-ébénistes; à Paris, ils sont groupés sous le patronage de sainte Anne. Dans les faits, pourtant, les deux métiers resteront distincts et les maîtres seront soit menuisiers, soit ébénistes. Cela s’explique facilement du point de vue technique. Le menuisier, qui exécute essentiellement des sièges, des consoles, des lits, traite un bois qui, à condition d’être convenablement assemblé, peut jouer librement, selon des règles connues qui réservent peu de surprises. L’ébéniste, au contraire, qui exécute une marqueterie ou un placage, doit agencer deux matières totalement différentes: d’une part un support de bois massif, du chêne par exemple; d’autre part un placage collé sur ce bâti, l’un et l’autre réagissant de manière tout à fait distincte aux variations hygrométriques, ce qui peut provoquer dans le placage des soulèvements ou des cloques.
En France, la connaissance de cette technique de la marqueterie, importée d’Italie puis des Pays-Bas, atteint la perfection grâce à André Charles Boulle qui se spécialise dans les placages d’écaille et de métal (cuivre ou étain). Le XVIIIe siècle voit se généraliser pour les meubles d’ébénisterie (commodes, bureaux, tables...) le placage de marqueterie. L’utilisation de bois divers, bois de rose et de violette, amarante, palissandre, parfois ébène, acajou, sciés de différentes manières, en bout, en fil, en tirant parti des veines du bois permettait des décors extrêmement variés: placages géométriques (cubes, étoiles, mosaïques), décors de bouquets de fleurs, ou de trophées formant de véritables tableaux où excelleront les ébénistes d’origine allemande installés à Paris comme Œben ou Riesener.
Sous l’Empire, l’emploi presque exclusif de l’acajou simplifiera la technique de l’ébénisterie, qui connaîtra un certain renouveau par la copie de meubles anciens dans la seconde moitié du XIXe siècle.
ébénisterie [ ebenist(ə)ri ] n. f.
• 1732; de ébéniste
♦ Art, métier de l'ébéniste; fabrication des meubles de luxe, ou décoratifs, exigeant une technique plus soignée que la menuiserie en meubles. ⇒ marqueterie, tabletterie. Bois d'ébénisterie (acajou, citronnier, ébène, palissandre, etc.).
● ébénisterie nom féminin Métier de l'ébéniste. Travail, placage fait par un ébéniste.
ébénisterie
n. f. Travail, art de l'ébéniste.
⇒ÉBÉNISTERIE, subst. fém.
Art et technique de l'ébéniste caractérisés, grâce à l'utilisation d'essences de bois diverses, par des oppositions de couleurs sur des surfaces planes. Atelier, travaux d'ébénisterie. L'architecture, la sculpture, la peinture, l'orfèvrerie, la céramique, l'ébénisterie, art tout moderne (BALZAC, Cous. Pons, 1847, p. 68). Cage acajou verni, en ébénisterie très soignée (Catal. instrum. lab. (Prolabo), 1932, p. 26). Ensemble de style, plaqué bois de rose, traité en ébénisterie (Le Monde, 19 janv. 1952, p. 6, col. 5) :
• 1. J'achète pour quatre-vingt francs un délicieux meuble d'ébénisterie antique, et l'on crie au luxe : ...
BALZAC, Lettres à l'Étrangère, t. 2, 1850, p. 52.
• 2. L'océan de la fantaisie est dompté, aucune vague n'en sera assez audacieuse pour gâter le dehors du piano, chef-d'œuvre d'ébénisterie en palissandre miroitant, ni pour mouiller le feutre des marteaux et rouiller l'acier des cordes.
CROS, Le Coffret de santal, 1873, p. 129.
— En emploi apposé avec valeur d'adj. Coffret ébénisterie très soigné pour microtome Minot (Catal. instrum. lab. (Prolabo), 1932, p. 131).
— P. méton. Meuble, objet exécuté par un ébéniste. Cet axe est fixé par une vis sur l'ébénisterie (LECLERC, Télégr. et téléph., 1924, p. 184).
Prononc. et Orth. :[ebenist()]. Ds Ac. dep. 1798. Étymol. et Hist. [1732 Trév. d'apr. FEW t. 3, p. 199a] 1. 1798 « métier de l'ébéniste » (Ac.); 2. 1798 « meubles réalisés par l'ébéniste » (ibid.), cf. 1836 ateliers d'ébénisterie (GOZLAN, Notaire, p. 232). Dér. de ébéniste; suff. -erie. Fréq. abs. littér. :12.
ébénisterie [ebenistəʀi] n. f.
ÉTYM. 1732; de ébéniste.
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♦ Art, métier de l'ébéniste.
1 Branche de la menuiserie appliquée à la fabrication des meubles de luxe ou décoratifs, exigeant une technique plus soignée que la menuiserie. ⇒ Menuiserie; marqueterie, tabletterie. || Bois d'ébénisterie : acajou, alisier, amarante, buis, cerisier, chêne, citronnier, courbaril, ébène, érable, merisier, micocoulier, myrte, noyer, okoumé, orme, palissandre, pitchpin, plaqueminier, poirier, rose (bois de rose), santal (bois de santal), sycomore, thuya, wacapou… || Travaux d'ébénisterie : déroulage, placage, tranchage; contre-placage. || Ouvrages d'ébénisterie (⇒ Meuble, moulure, parquet).
0 J'achète pour quatre-vingts francs un délicieux meuble d'ébénisterie antique, et l'on crie au luxe…
Balzac, Lettres à l'Étrangère, t. II, 1850, p. 52, in T. L. F.
2 Par métonymie. a (1798). Ensemble des meubles fabriqués par les ébénistes. || L'importation d'ébénisterie.
Encyclopédie Universelle. 2012.