ÉDITORIAL
ÉDITORIAL
Stricto sensu , un éditorial est un texte émanant de celui qui édite, en principe donc de la direction d’un journal. Un usage plus large veut qu’il s’agisse d’un texte d’opinion (vigoureusement affirmée), de prise de position, voire de parti pris, reposant sur une idée claire et même simple, où la force persuasive l’emporte sur la raison démonstrative et engage le journal tout entier.
Au temps où toute la presse écrite était presse d’opinion, la plupart des articles étaient sinon éditoriaux, du moins éditorialisants. Le directeur d’un journal avait d’ailleurs presque toujours vocation à prendre personnellement position: il y avait alors identité entre l’homme et l’organe. Peu importait que l’éditorial fût ou non signé; la forme, le style, la dimension en pouvaient même varier. En France, Louis Marin, dernier héritier avec Émile Buré de la presse du XIXe siècle, écrivait encore au lendemain de la Seconde Guerre mondiale des éditoriaux d’une page (grand format). À la même époque, un nouveau type, éphémère, d’éditorial apparaît dans Combat avec Albert Camus qui le définit comme «une idée, deux faits à l’appui, trois feuillets». Alors que, dans les pays socialistes et souvent dans les pays du Tiers Monde, l’éditorial demeure le mode d’expression affirmée des points de vue officiels, il devient occasionnel en Europe de l’Ouest (continentale) avec un dernier refuge du côté des organes communistes et un glissement d’un autre ordre vers les hebdomadaires d’opinion. Mais ce serait un abus de langage que de qualifier d’éditorial aussi bien le «bulletin de l’étranger» que les articles signés Maurice Duverger dans Le Monde ou ceux de Raymond Aron dans Le Figaro . Peut-être faudrait-il, en outre, remarquer que la quasi-disparition du genre éditorial est allée de pair avec celle des grands polémistes.
La presse anglo-saxonne reste, en revanche, attachée à une stricte tradition de l’éditorial (texte court, signé du journal lui-même et exprimant son point de vue sur un événement bien circonscrit). De grands quotidiens comme The New York Times ou The Washington Post aux États-Unis, The Times ou The Guardian de Londres réservent même deux colonnes au moins aux éditoriaux. Mais leur pluralité en émousse souvent l’impact au point que l’on peut se demander s’il ne s’agit pas d’une survivance difficile à maintenir, mais qui reprend sa pleine fonction à l’occasion d’événements d’une exceptionnelle gravité: ainsi, en 1973, l’affaire du Watergate et les accusations portées contre le président Nixon ont-elles marqué dans la presse américaine un renouveau de l’éditorial, voire son apparition dans un magazine cinquantenaire comme Time qui en était dépourvu.
Plus que l’éditorial, et venu des pays anglo-saxons, la column se répand dans la presse de tous les pays. On serait tenté de voir dans la column un commentaire dont la dimension (la valeur d’une colonne en principe) et la place sont à peu près invariables, et qui est obligatoirement signé. Les Anglo-Saxons admettent en effet qu’il puisse s’agir d’un commentaire, mais aussi d’un article de réflexion ou essai (genre illustré par un Walter Lippmann ou les frères Alsop), et l’on ne refuse la qualité de columnist ni à un chroniqueur sportif ni à un humoriste comme Art Buchwald.
L’effacement de l’éditorial, fût-ce au bénéfice de la column , reste malgré tout la marque de l’organe de grande diffusion.
1. éditorial, iaux [ editɔrjal, jo ] n. m.
• 1852 adj.; mot angl. amér., de editor « rédacteur en chef »
♦ Article qui émane de la direction d'un journal, d'une revue et qui définit ou reflète une orientation générale (politique, littéraire, etc.). Lire l'éditorial en première page. — Abrév. fam. (1939) ÉDITO [ edito ]. Des éditos.
éditorial 2. éditorial, iale, iaux [ editɔrjal, jo ] adj.
• 1939; du rad. de éditeur
♦ Qui concerne l'activité d'édition. La politique éditoriale des éditions X. Informatique éditoriale.
● éditorial, éditoriale, éditoriaux adjectif (de éditeur) Relatif à l'édition. ● éditorial, éditoriaux nom masculin (anglais editorial) Article de fond, commentaire, signé ou non, qui exprime, selon le cas, l'opinion d'un journaliste ou celle de la direction ou de la rédaction du journal, de la radio ou de la télévision. (Abréviation familière : édito.)
éditorial, aux
n. m. Article de fond reflétant les grandes orientations d'une publication (journal, revue) et émanant souvent de la direction.
————————
éditorial, ale, aux
adj. Qui concerne l'édition, le métier d'éditeur. Une réunion éditoriale.
⇒ÉDITORIAL, ALE, AUX, adj. et subst. masc.
I.— Adjectif
A.— Qui a rapport à l'édition. Une augmentation rapide du nombre de bibliographies dont l'accroissement plus rapide encore de la production éditoriale accentue l'utilité (Civilis. écr., 1939, p. 2414).
B.— Vieilli. Qui émane de la direction d'un périodique. Les nouvelles de la rédaction, les articles éditoriaux et la publicité (MORAND, New-York, 1930, p. 197).
II.— Subst. masc. Article de journal émanant de la direction. Une page intérieure est consacrée aux éditoriaux (Civilis. écr., 1939, p. 4003). Un qui a solidement débloqué dans ses derniers éditoriaux c'est votre ami Luc (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 112) :
• Ce journal était (...) admirablement rédigé. Mais il intéressait mille fois davantage quand ce premier article (dit « premier-Paris » dans ces temps lointains, et appelé aujourd'hui, on ne sait pourquoi, « éditorial ») était au contraire mal tourné, avec des répétitions de mots infinies. Chacun sentait alors avec émotion que l'article avait été « inspiré ». Peut-être par M. de Norpois ...
PROUST, La Fugitive, 1922, p. 637.
Prononc. :[]. Enq. ://. Étymol. et Hist. 1852 (BAUDELAIRE, Edgar Poe, sa vie et ses ouvrages, III, préf. aux Œuvres d'E. Poe, éd. La Boétie, Bruxelles, 1944, p. 18 : la rédaction de la partie dite éditorial c'est-à-dire [de] l'analyse de tous les ouvrages parus et [de] l'appréciation de tous les faits littéraires). Empr. à l'angl. editorial adj. « propre à un éditeur » (1744 Akenside ds NED) et subst. « article de journal écrit sous la responsabilité d'un éditeur-chef » (1864 Spectator, 539, ibid.). Fréq. abs. littér. :20. Bbg. BONN. 1920, p. 52. — DAUZAT Ling. fr. 1946, p. 323.
1. éditorial, ale, aux [editɔʀjal, o] adj. et n. m.
ÉTYM. 1852; angl. editorial, adj. « propre à un éditeur », et n. « article de journal écrit sous la responsabilité d'un rédacteur en chef », de editor « directeur de journal, rédacteur en chef », de même orig. que le franç. éditeur.
❖
1 Adj. Vieilli. Qui émane de la direction politique d'un journal, d'une revue. || Article éditorial.
2 N. m. (1870, in Höfler). Article qui émane de la direction d'un journal, d'une revue et qui définit ou reflète une orientation générale (politique, littéraire, etc.). || Lire l'éditorial en première page.
♦ Abrév. fam. : un édito (1939, in D. D. L.).
❖
DÉR. Éditorialiste.
————————
2. éditorial, ale, aux [editɔʀjal, o] adj.
ÉTYM. 1939; du rad. de éditeur.
❖
♦ Qui concerne l'activité d'édition. || La politique éditoriale d'une maison d'édition. || Des projets éditoriaux. || Le travail éditorial sur un manuscrit.
Encyclopédie Universelle. 2012.