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abattage

abattage [ abataʒ ] n. m. VAR. vx abatage
• 1265; de abattre
IAction d'abattre, de faire tomber.
1Action d'abattre (des arbres). L'abattage d'un sapin à la cognée, à la scie, à la tronçonneuse. Procéder à l'abattage des arbres dans une forêt. 2. coupe.
2Action de détacher (le minerai) de la paroi d'une mine. Abattage au marteau-piqueur.
3Action d'abattre, de tuer (un animal de boucherie). Abattage d'un bœuf au merlin.
4Fig. AVOIR DE L'ABATTAGE. (1822) Arg. anc. Avoir une haute stature, une grande vigueur. (1908) Mod. Avoir du brio, de l'entrain, tenir son public en haleine. Actrice, animateur qui a de l'abattage.
IIAction de coucher ce qui est debout. L'abattage d'un cheval, pour le soigner. Mar. Abattage d'un navire en carène, pour le réparer. IIIComm. Vente à l'abattage : vente à vil prix et par grandes quantités d'une marchandise de qualité médiocre. — Arg. « Commerce galant rapide à prix fixe et de tarif modeste » (Simonin). Maison d'abattage. Travailler à l'abattage.

abattage
n. m.
d1./d Action de faire tomber (ce qui est dressé). Abattage des arbres.
|| Abattage du minerai, action de le détacher du front de taille.
d2./d Mise à mort (d'un animal de boucherie).
d3./d Action de mettre à terre, de coucher. Abattage d'un cheval, pour le soigner.
d4./d Fig. Avoir de l'abattage, du brio, de la vivacité.

⇒ABATTAGE, ABATAGE, subst. masc.
I.— Sens propre
A.— Action de faire tomber (généralement un objet faisant partie d'une construction, des arbres, plus rarement un animal); action d'abattre pour tuer (un animal notamment de bouch.) :
1. Aux environs du boulevard Exelmans, dans ces petits bouquets de bois, soudainement nés et sortis de l'abattage des palissades de séparation, brûlées par les mobiles, dans un vif coup de soleil, c'est charmant, ces restaurants en plein air, sous les noisetiers roux.
E. et J. DE GONCOURT, Journal, oct. 1870, p. 628.
2. Sa résistance [du cuir], sa durabilité dépendent de la saison d'abatage [de l'animal].
R. CHAMPLY, Nouvelle encyclopédie pratique, t. 3, 1927, p. 183.
SYLVIC. Abattage (des arbres) :
3. En mai, il retournait en forêt, avec sa femme quand elle voulait bien le suivre, pour l'abattage et l'écorçage des baliveaux de chêne ...
R. BAZIN, Le Blé qui lève, 1907, p. 69.
4. Elle sentait qu'il avait tant de satisfaction à lui montrer comme il était entendu à aménager ses bois. Il savait reconnaître quels sont les arbres vieux et langoureux qui ne grossiront plus et empêchent leurs voisins de croître, et voyait du premier coup d'œil, parmi ceux-là trop pressés qui cherchaient la faveur du soleil, quels abatages il convenait de pratiquer.
H. POURRAT, Gaspard des montagnes, Le Château des sept portes, 1922, p. 131.
P. ext. En parlant d'un être hum., dans le vocab. de la lutte (terme plus courant : le tombé) :
5. Et le vieux barbu bûcha : coups de hanche, aceinturage par devant, tours de bras, aceinturage par derrière, étouffage à la chancellerie, abattage en douceur et collier de force, opposition de buste et même crocs-en-jambe, il usa de tout puisque l'autre en usait.
L. CLADEL, Ompdrailles, 1879, p. 334.
Rem. Ces emplois sont déjà plus ou moins techn.; s'agissant de techn. cour. on peut hésiter sur leur place dans un exposé sém.
B.— Emplois spéc. et techn. (selon les domaines, le sens propre reste plus ou moins perceptible).
ARCHIT. (cf. abattre I A 2) :
6. [L']Abatage ou recoupement [est une] opération qui consiste à abattre de la pierre à la frische ou au têtu en conservant une face.
E. ROBINOT, Vérification pratique et métrie des travaux du bâtiment, t. 2, 1926, p. 72.
ARMURERIE. Action d'abattre ou par laquelle s'abat le chien d'un fusil.
ARTILLERIE :
7. Pour faire poser les patins [du canon de 75] sous les roues, on procède à l'opération que l'on appelle l'abatage.
Capitaine ALVIN, Leçons d'artillerie, 1908, p. 178.
8. — Site zéro, annonça timidement Bichat.
Il avait oublié de rajuster son angle de tir après l'abattage. Près de lui, je ne pus m'empêcher de rire. Vite, qu'on mette Bichat dans un état-major.
R. ABELLIO, Heureux les pacifiques, 1934, p. 24.
BOIS (INDUSTR. DU). Action d'enlever l'excédent d'une pièce de bois :
9. [On appelle] chanfrin [l']abatage de l'arête d'une pièce de bois en pan coupé.
E. ROBINOT, Vérification pratique et métrie des travaux du bâtiment, t. 2, 1926, p. 166.
CARTIER (ART DU). (cf. abattre I A 2) :
10. On dit chez les cartiers : abattre, pour exécuter l'abattage.
CHAUTARD 1937, p. 47.
COMMERCE :
11. Abattage (vente à l'). — Vente sur la voie publique que les objets exposés couvrent comme si on les avait abattus.
LARCH. 1872.
JEUX :
♦ Billard :
12. Abattage ... Un coup qui se présente bien au billard.
G. DELESALLE, Dict. argot-français et français-argot, 1896, p. 2.
♦ Cartes :
13. [Ce tricheur] bat les cartes avec peine ... C'est pour mieux se « monter » un ou deux « abatages ».
HOGIER-GRISON, Le Monde où l'on triche, 1886, p. 115.
♦ Baccara :
14. Abatage. Action d'abattre son jeu sur la table, en annonçant son point, — dans le jargon des joueurs de baccara. Il y a abatage, toutes les fois qu'un joueur a d'emblée le point de neuf ou de huit.
L. RIGAUD, Dict. du jargon parisien, L'Argot ancien et moderne, 1878, p. 1.
MANUTENTION, (région.) :
15. Abatage ... s. m. — ... Lg. — Longueur d'un bras de levier, pesée faite au moyen d'un levier du premier genre, moment d'une force, en mécanique : ... V. Abat.
VERR.-ON. 1908.
MARINE :
Abattage d'un navire en carène (cf. abattre I B et hist. II B 3). Fait de le coucher sur le côté pour le réparer.
♦ Manœuvre dont est l'obj. un navire (cf. abattre sém. I B) :
16. Glenarvan, Mulrady, Robert d'un côté, Paganel, le major, Olbinett de l'autre, pesèrent sur les bringuebales, qui communiquaient le mouvement à l'appareil. En même temps, John et Wilson, engageant les barres d'abatage, ajoutèrent leurs efforts à ceux de leurs compagnons.
J. VERNE, Les Enfants du Capitaine Grant, 1868, p. 54.
MINÉR. (cf. abattre I A 2). Action de détacher de la paroi le minerai ou la houille :
17. Alors, Étienne se mit à lire l'affiche. C'était un avis de la compagnie aux mineurs de toutes les fosses. Elle les avertissait que, devant le peu de soin apporté au boisage, lasse d'infliger des amendes inutiles, elle avait pris la résolution d'appliquer un nouveau mode de paiement, pour l'abattage de la houille.
É. ZOLA, Germinal, 1885, p. 1287.
18. Cette exploitation [des ardoisières, par la méthode en descendant] consiste dans l'abatage, en descendant, de bancs successifs de schiste ...
J. CAHEN, E. BRUET, Carrières, 1926, pp. 255-256.
POLICE SANITAIRE. (cf. abattre I A 2) :
19. Abatage En t. de police, ce mot signifie l'action de tuer les chiens errans.
J.-F. ROLLAND, Dict. du mauvais langage, 1813, p. 2.
TAILLEURS (LANG. DES). Longueur d'un vêt. :
20. Cette basque de redingote contient trente centimètres d'abattage.
Lar. 19e.
TANN. Abattage de la laine (cf. abattre, sém. I A 2). Action de la faire tomber des peaux (DG).
TEXT. Opération qui consiste, dans les machines de bonneterie, à faire tomber sur le tricot précédemment fabriqué une nouvelle rangée de mailles (Lar. encyclop.).
TYPOGR. ET IMPR. :
21. Abattage. — Opération qui consiste à détacher des crochets, des épingles, etc., les feuilles de cartes après impression, collage ou trempage.
CHAUTARD, 1937, p. 47.
Abattage du tympan (cf. abattre, typogr. I A 2) :
22. Un fort abattage occasionne des doublemens. On dit d'un imprimeur qu'il a un bon abattage quand il sait bien abattre son tympan, qu'il tire bien le barreau.
A.-F. MOMORO, Traité élémentaire de l'imprimerie, 1794, p. 34.
VÉTÉR. (ART). Abattage d'un cheval ou d'un autre gd animal domestique. Action de le coucher sur le côté pour lui faire subir une opération (cf. sup. I A 1 ex. 2 etc. abattre, sém. I A 2).
C.— Expr. arg.
Dér. de abattre, et plus particulièrement de l'expr. abattre de la besogne (cf. abattre I A 3) :
23. Abatage. Ouvrage vivement exécuté. — Graisse d'abatage, ardeur à l'ouvrage.
L. RIGAUD, Dict. du jargon parisien, L'Argot ancien et moderne, 1878, p. 1.
Loc. faire l'abattage, maison d'abatage :
24. En argot des filles, faire l'abatage, signifie rechercher une clientèle nombreuse sans se soucier de la qualité.
J. LACASSAGNE, L'Argot du milieu, préf. de F. Carco, 1928, p. 1.
25. Maison d'abatage :maison de prostitution où l'on admet des clients de qualité inférieure, qui, par contre, n'ont pas le droit de se montrer exigeants.
J. LACASSAGNE, L'Argot du milieu, préf. de F. Carco, 1928, p. 1.
26. La prospérité de certaines « maisons d'abattage » suffit à prouver que l'homme peut trouver quelque satisfaction avec la première femme venue.
S. DE BEAUVOIR, Le Deuxième sexe, t. 2, 1961, p. 208.
II.— Au fig.
1. a) Lang. parlé. Critique sévère (cf. abattage « démolition ») :
27. Il taille, le vieux prêtre, il fait un abatage terrible des témoignages publics, des représentations mystiques et extatiques, de ces séances d'Aïssa-Onas.
A. DAUDET, L'Évangéliste, 1883, p. 248.
28. Dans cette comédie du chic, Zola jouant le bonhomme, mais Mme Zola singeant la princesse, tout en se livrant à un abattage général de la littérature et en proclamant que son mari a seul du talent...
E. et J. DE GONCOURT, Journal, 1889, p. 897.
29. Il fut un temps où chaque revue française, chaque périodique contenait une apologie ou un abatage du « retour éternel », de la « morale des maîtres » ...
L. DAUDET, L'Entre-deux guerres, 1915, p. 193.
b) Pop. Réprimande :
30. Il reconnaît ... qu'il [le patron] avait raison de lui ficher un abattage.
D. POULOT, Le Sublime ou Le Travailleur comme il est en 1870 et ce qu'il peut être, 1872, p. 134.
31. J'en ai été réduit à lui flanquer un abatage court et soigné, ...
ALAIN-FOURNIER, J. RIVIÈRE, Correspondance, lettre de A.-F. à J. R., avr. 1907, p. 104.
2. Vieux
Région. Haute stature, force phys. :
32. Abatage ... s. m.- ... Force physique, vigueur corporelle, en tant qu'elle est due à la masse et à la grandeur de l'individu, plutôt qu'à sa musculature et à sa nervosité.
VERR.-ON. 1908.
Avoir de l'abattage
Fam. Être vigoureux :
33. Sur je ne sais quel mot, nous nous étions donné rendez-vous à la sortie, sous la porte cochère. Je lui portai d'abord quelques coups de poings à la tête, car j'avais un peu d'abattage; mais il me donna un croc-en jambe et me jeta facilement par terre. Poinsot vint, qui nous sépara.
J. MICHELET, Mémorial, 1822, p. 198.
P. ext., dans la lang. du théâtre. Jouer (danser) avec brio :
34. Avoir de l'abatage pour un comédien, c'est savoir s'imposer dans un rôle, plus par une grande habitude des planches que par un talent consommé.
H. GÉNIN, Le Langage des planches, 1911, p. 9.
Emplois fig. dans la lang. commune. Assurance du geste et du langage; brio de l'activité, etc.
Rem. Emploi plur., où le mot semble à la fois suggérer l'idée d'« abats » (de volailles) et divers emplois fig. de abattage :
35. Pourquoi, puisque tout est régulier de nos jours, ne pas mettre en regard de la carte des choses à manger celle des propos à tenir.
De cette sorte on aurait d'avance la couleur morale du repas. Essayons :
Potage queues de mots.
Entrées. Poissons et venaisons. Scholl normandes.
Abatages d'oies lyriques.
Anas ressassés et recuits dans leur jus; sauce aux conserves de 1840 par l'éminent professeur Villiers, docteur ès-frivolités littéraires, journaliste sans porte-feuille, grand déverseur de malices cousues de fil noir. Légumes et desserts.
Fatras philosophique à la Pascal, sauce Swift, par le même.
Symboles conflits au vinaigre en sauces vertes ...
Ph.-A.-M. DE VILLIERS DE L'ISLE-ADAM, Correspondance, 1886, p. 140.
Prononc. ET ORTH. — 1. Forme phon. :[]. Enq. ://. 2. Dér. et composés : cf. abattre. 3. Hist. — Le mot apparaît sous sa forme graph. actuelle dans les dict. du XIXe s. à partir de BESCH. 1845. Jusque-là, il conserva sa forme avec un seul t sous laquelle il apparaît à son entrée dans la lang. au XIIIe s. (cf. étymol.). À noter que BESCH. 1845 réserve par ailleurs une vedette de renvoi à abatage avec un seul t, qu'il qualifie d',,orthographe de l'Académie``. Ac. 1694 à 1878, maintient abatage, ainsi que LITTRÉ qui souligne néanmoins l'inconséquence suiv. : ,,L'Académie n'y met qu'un seul t; mais elle en met deux à abattre; la conséquence veut qu'on mette deux t à abatage, ou qu'on n'en mette qu'un à abattre``. DG admet encore comme vedette unique abatage. Ce n'est qu'en 1932 qu'Ac. entérine la forme avec 2 t. Cependant, Pt ROB donne encore : abattage ou abatage. Lar. encyclop. et DUB. sous la vedette abatage renvoient à abattage. — Rem. Pour la forme abataige, cf. suff. -age, var. dial. -aige.
ÉTYMOL. — 1. 1265 « action d'abattre un anim. domestique »; [d'après DU CANGE] « inspection de l'état d'un porc d'après l'examen de sa langue (celui-ci supposant l'animal étendu à terre) donnant lieu à la perception d'un droit par le seigneur » terme jur. (Revenus du comté de Henaut, Arch. Chambre des Comptes de Lille, ds DU CANGE : Et si a li quens a l'abataige des pourchiaus LXX solz par an; c'est a entendre de warder s'ils sont sain) voir langueyeur (de porc); 2. 1313 « action d'abattre (arbres?; objet non précisé) » id. (Trav. aux chât. des Comtes d'Artois, Arch. nat., KK 39 fol. 48 ds GDF. Compl. :Takes d'abatage); 1412, 21 mai-20 août « action de couper des arbres » id. (Arch. Tournai, Compte d'ouvrages, 6e somme de mises, ibid. :Pour l'abatage du grant hommiel qui estoit à Rumegnies).
Dér. de abattre, étymol. 1, sens propre; suff. -age.
HIST. — L'étude hist. de abattage révèle que le mot ne semble avoir eu qu'une vitalité réduite au sens propre et gén. « action de faire tomber ». Dès la 1re attest. (1265, cf. étymol. 1) l'emploi est techn. et par suite on ne retrouve le mot que dans des emplois techn. où l'idée de chute comprise dans abattre subsiste; il est vrai qu'il s'agit de techn. très répandues. On note en outre que abattage a conservé la plupart des accept. techn. du verbe (cf. abattre, hist. II B) et qu'il est aussi empl. au fig. dans des accept. où l'idée de démolition (au fig.) prédomine (cf. inf. II C 1). — Rem. 1. Les dict. gén. du XVIIIe s. ne recensent qu'un seul emploi du mot, anc. et très cour. (abattage du bois) alors que l'Encyclop. t. 1 1751 et les dict. à tendance encyclop. répertorient d'autres emplois techn. dont la diversification ira en s'accentuant aux XIXe et XXe s. (cf. inf. II A). 2. L'art. sém. mentionne un sens propre gén. Dans l'ex. 1, il s'agit peut-être d'un procédé de style; dans l'ex. 2, le mot est déjà un terme techn. du vocab. de la bouch. où il aurait remplacé au XIXe s. (dès Ac. 1835) abattis, attesté en ce sens aux XVIIe et XVIIIe s.
I.— Disparition av. 1789. — « Inspection de l'état d'un porc d'après l'examen de sa lang. », 1 attest. isolée 1265 (cf. étymol. 1).
II.— Hist. des emplois attestés apr. 1789. — A.— Sém. I B emplois techn. — Ils sont cités ci-dessous dans l'ordre chronol. de leur 1re apparition. 1. Sylvic. : sans doute perman. dep. les orig. (peut-être dès 1313; 1412, cf. étymol. 2) jusqu'à l'époque contemp. bien que le terme ne soit pas recensé dans les dict. aux XVIe et XVIIe s. XVIIIe s. : Signifie entre les marchands de bois, la peine et les frais pour abatre les bois qui sont sur pied. FUR. 1701. XIXe et XXe s. : On ne commencera l'abatage de ces bois qu'au mois de novembre. Ac. 1835. — Rem. Aux XVIIIe et XIXe s. on note dans les dict. l'emploi de abattage « frais d'abatage », cf. ci-dessus FUR. 1701 mais aussi Trév. et Ac. qui l'illustrent par le même ex. (c'est à l'acheteur à payer l'abatage). La distinction entre cet emploi et l'action d'abattre les bois n'apparaît que ds Ac. 1835 (... « action d'abattre les bois (...) ou les frais que ce travail nécessite »). A partir de Ac. 1878 cette distinction disparaît. Il semble que l'idée de « frais d'abatage » soit tirée du cont. (payer -) et n'appartienne pas à la lang. proprement dite. 2. Text. : 1re attest. 1751, subsiste : Abatage, sixième manœuvre du faiseur de bas au metier (...) On voit l'ouvrage abattu et soûtenu par les aiguilles, avec les mailles formées. Encyclop. t. 1 1751. 3. Archit., dep. le XVIIIe s., subsiste : Action d'abattre l'excedant d'une pierre formant saillie. Lar. 19e. 4. Manutention, 1re attest. 1751 : On dit dans un chantier et sur un attelier, faire un abatage d'une ou plusieurs pierres, lorsque l'on veut les coucher de leur lit sur leurs joints pour en faire les paremens. Encyclop. t. 1 1751. Faire un abatage (...) c'est lever une pièce de bois par le moyen d'un levier. Trév. 5. Impr., 1re attest. 1794, subsiste jusqu'à DG dans l'état de notre docum. (ex. 22). 6. Police sanitaire, 1re attest. 1835, subsiste : L'abatage est prescrit par les règlements, dans le cas de maladie contagieuse. Ac. 1835. 7. Mar., sém. I B, abattage en carène, 1785 (JAL); id. et « manœuvre dont est l'obj. un navire », ds Ac. 1835 : Abatage, en termes de Marine, L'action d'abattre un navire. 8. Armurerie, 1re attest. ds Ac. Compl. 1842, subsiste. 9. Art. vétér., 1re attest. ds LITTRÉ : Action de renverser et de fixer les grands animaux sur un lit de paille, quand ils doivent subir des opérations chirurgicales. Lar. 19e. 10. Lang. des tailleurs, 1re attest. 1866, subsiste (cf. Lar. encyclop.). 11. Comm., 1re attest. 1872 (ex. 11). 12. Jeux, 1re attest. 1872, subsiste : Dans le baccarat en banque, il y a à peu près la moitié des coups où il y a au moins un abattage. E. DORMOY, Journ. des Actuaires franç., t. II, 1872, p. 45 (LITTRÉ Suppl. 1877). 13. Minér., 1re attest. ds LITTRÉ Suppl. 1877, subsiste : Action d'abattre la houille dégagée par le havage. LITTRÉ Suppl. 1877. 14. Tann. attest. ds DG, subsiste. 15. Artill., 1908 (cf. ex. 7). 16. Bois (industrie du), 1926 (ex. 9). 17. Cartier (art du), 1937 (ex. 10). 18. Typogr., attest. 1937 (ex. 21). B.— Sém. I C, emplois arg. — 1. Graisse d'abattage, 1re attest. 1870, ESN.; 2. Maison d'abattage, 1re attest. 1928, ibid. C. Sém. II, sens fig. — 1. Sém. II 1. — a) : « critique », 1re attest. 1883 ds l'IGLF; b) « réprimande », 1re attest. 1872 ds l'IGLF. 2. Sém. II 2. — a) avoir de l'abattage, autre attest. 1866 ds Lar. 19e; est vieilli au XXe s.; b) « brio, entrain » sur la scène, 1re attest. 1908 ESN.
STAT. — Fréq. abs. litt. :44.
BBG. — BARB.-CARD. 1963. — BLANCHE 1857. — CHABAT t. 1. 1875. — CHAUTARD 1937. — CHESN 1857. — JAL 1848. — JOSSIER 1881. — LE CLÈRE 1960. — LITTRÉ-ROBIN 1865. — MONT. 1967. — NYSTEN 1814-20. — PRIVAT-FOC 1870. — RÉAU-ROND. 1951. — SOÉ-DUP. 1906. — SPR. 1967. — WILL. 1831.

abattage ou (vx) abatage [abataʒ] n. m.
ÉTYM. 1265, au sens I., 3.; 1313; de abattre.
———
I Action d'abattre, de faire tomber.
1 Action d'abattre (les arbres, les bois sur pied). || L'abattage d'un pin à la cognée, à la scie, à la tronçonneuse. || Abattage des arbres, dans une forêt. Coupe. || Procéder à l'abattage des arbres.D'abattage : qui sert à l'abattage. || Corde, hache d'abattage.
1 Pendant ce temps, ses compagnons s'employèrent à l'abattage et au charroi des arbres qui devaient fournir les courbes, la membrure et le bordé (…) Les charpentiers travaillèrent donc avec ardeur (…) Maître Jup (un singe) les aidait adroitement, soit qu'il grimpât au sommet d'un arbre pour y fixer les cordes d'abattage, soit qu'il prêtât ses robustes épaules pour transporter les troncs ébranchés.
J. Verne, l'Île mystérieuse, t. II, p. 769.
Abattage d'un pylône, d'un poteau, d'une palissade. Démolition.
2 (1905, in Rev. gén. des sc., no 13, p. 617). Action de détacher (le minerai, le charbon) de la paroi d'une mine. || Abattage au marteau-piqueur.Abattage des roches, de la houille. Havage. || Chantier d'abattage.
2 Il faut bien vous rendre compte — lui dit un porion à qui il demande plusieurs années après quelques explications élémentaires —, il règne couramment dans les chantiers d'abattage une température de 35 à 40°. Des courants d'air glacés vous passent le long de l'échine durant la descente (…)
Pierre Mertens, les Bons Offices, p. 38.
3 Action d'abattre, de tuer (un animal, notamment pour la boucherie). || Abattage à la masse, au merlin, au pistolet automatique. || Abattage par assommement, par énervation.
3 Il venait rappeler au boucher les nouveaux règlements municipaux aux termes desquels l'abattage des bêtes de boucherie devait avoir lieu dans les bâtiments construits par la ville à cet usage.
Pierre Gascar, les Bêtes, p. 63.
———
II Action de coucher ce qui est debout. || Abattage d'un cheval, pour le soigner.Mar. || Abattage d'un navire en carène, pour le nettoyer de la végétation sous-marine, le réparer, etc. || Barres d'abattage.
———
III (Emplois fig. de abattre, I. : abattre de la besogne, etc.).
1 (1822). Argot, vx. Avoir de l'abattage : avoir une haute stature, une grande vigueur.(1908). Mod. Avoir du brio, de l'entrain, tenir son public en haleine. || Cet acteur a de l'abattage, un sacré abattage.
2 (1872, Larchey). Argot comm. || Vente à l'abattage : vente à vil prix et par grandes quantités d'une marchandise de qualité médiocre. || Un abattage : une vente à l'abattage.
Argot. « Commerce galant rapide à prix fixe et de tarif modeste » (Simonin); fait de se prostituer à vil prix à une clientèle nombreuse.(Surtout en loc.). Maison d'abattage.Faire (de) l'abattage, travailler à l'abattage.
———
IV (1872, in G. L. L. F.). Fam. et vieilli. Critique, réprimande violente. || Faire, se livrer à un abattage.
4 Pendant quarante ans j'ai été vendeur dans les tissus d'ameublement (…) Le chef de rayon sur le dos à vous surveiller et raison ou pas, quand il vous passe un abattage, vous n'avez qu'à vous incliner. C'est ça ou bien prendre la porte.
M. Aymé, le Passe-muraille, « En attendant ».

Encyclopédie Universelle. 2012.