abusif, ive [ abyzif, iv ] adj.
• 1361; bas lat. abusivus
1 ♦ Qui constitue un abus. L'usage abusif d'un médicament. ⇒ excessif, immodéré, mauvais. Emploi abusif d'un mot : emploi d'un mot dans un sens qu'il n'a pas.
2 ♦ Qui abuse de son pouvoir. ⇒ possessif. Mère abusive, père abusif, qui maintient son enfant dans une trop grande dépendance affective. Veuve abusive, qui exploite la notoriété du défunt à son profit.
● abusif, abusive adjectif (bas latin abusivus) Qui est exagéré, qui dépasse une limite convenable : Un emploi abusif de médicaments. Qui constitue un abus, qui est répréhensible : Privilège abusif. Se dit de quelqu'un qui, abusant de liens affectifs, maintient une personne, en particulier un enfant, dans une grande dépendance : Mère, épouse abusive. Se dit de l'emploi d'un mot dans un sens qu'il n'a pas selon la norme. ● abusif, abusive (synonymes) adjectif (bas latin abusivus) Qui est exagéré, qui dépasse une limite convenable
Synonymes :
- excessif
Qui constitue un abus , qui est répréhensible
Synonymes :
- excessif
- immodéré
- injuste
Contraires :
- équitable
- juste
Se dit de l'emploi d'un mot dans un sens qu'il...
Synonymes :
- impropre
Contraires :
- normal
- propre
abusif, ive
adj. Qui constitue un abus.
⇒ABUSIF, IVE, adj.
A.— [En parlant d'une coutume, d'un usage, d'un emploi, d'une action, etc.] Qui constitue un abus :
• 1. En quelque discrédit que soit tombé le mot drame par la manière abusive et tortionnaire dont il a été prodigué dans ces temps de douloureuse littérature, il est nécessaire de l'employer ici...
H. DE BALZAC, Le Père Goriot, 1835, p. 5.
• 2. Il faut la mettre à part pour le souper, car le dîner est un repas indigeste, abusif et superflu que nous supprimerons.
T. GAUTIER, Le Capitaine Fracasse, 1863, p. 157.
• 3. L'emploi abusif de termes abstraits nuit souvent beaucoup au récit d'une action.
A. GIDE, Journal, 1944, p. 272.
• 4. Le lendemain, parlant à la radio, je pris le peuple à témoin des exigences abusives que des partisans prétendaient me dicter.
Ch. DE GAULLE, Mémoires de guerre, Le Salut, 1959, p. 275.
— P. ext. Rare. [En parlant d'une chose concrète] Dont l'usage constitue un abus :
• 5. Heureusement M. de Rênal ne vit point cette nouvelle impertinence, elle ne fut remarquée que de Mme Derville, son amie fondait en larmes. En ce moment M. de Rênal se mit à poursuivre à coups de pierres une petite paysanne qui avait pris un sentier abusif, et traversait un coin du verger... [Il] appela son jardinier avec lui à barrer, avec des fagots d'épines, le sentier abusif, à travers le verger.
H. STENDHAL, Le Rouge et le noir, 1830, p. 56.
B.— [En parlant d'une pers. ou du comportement d'une pers.] :
• 6. — Mais non, à la fin, la créature humaine est née égoïste, abusive, vile. Regardez donc autour de vous et voyez! Une lutte incessante, une société cynique et féroce, les pauvres, les humbles, hués, pilés par les bourgeois enrichis, par les viandards!
J.-K. HUYSMANS, Là-bas, 1891, p. 197.
— Mère abusive, père abusif. Mère, père qui capte pour soi et de manière exclusive l'affection de ses enfants.
— Veuve abusive. Veuve qui exploite à son profit ou arrange selon ses idées la réputation posthume de son époux :
• 7. Demain, plus tard et toujours, les hommes s'inquièteront de la condition des veuves, pour célébrer l'héroïsme des unes, pour stigmatiser les abus que d'autres commettent dans l'administration d'un héritage d'amour ou de gloire. En essayant de classer à leur rang les veuves abusives, je prétends traiter un sujet d'une actualité indéfinie.
A. DE MONZIE, Les Veuves abusives, 1936, p. 12.
• 8. ... j'étais avocat à Paris ... j'avais une spécialité : les nobles causes. La veuve et l'orphelin, comme on dit, je ne sais pourquoi, car enfin il y a des veuves abusives et des orphelins féroces.
A. CAMUS, La Chute, 1956, p. 1482.
C.— Vieilli. Qui abuse, trompeur :
• 9. Je demeurai dans les abusives croyances de l'amour platonique.
H. DE BALZAC, Le Lys dans la vallée, 1836, p. 110.
Rem. Sens signalé sporadiquement : DG et ROB.
Prononc. :[abyzif], fém. [-i:v]. Enq. :/abyzif, abyziv/.
Étymol. — Corresp. rom. : ital., esp., port. abusivo; cat. abusiu (fém. -iva); roum. abuziv.
1. a) 1371 « qui est le fait d'un mauvais usage (d'un inanimé) » terme gramm. (ORESME, Polit., 94 r° [éd. 1489] ds GDF. Compl. : Faire une comparaison abusive de choses qui ne sont pas comparables); b) XVIe s. « qui constitue un abus (d'un inanimé) » terme jur. (CARLOIX, V, 32 ibid. :Il rompit et annula cette coustume comme abusive, pleine de larcin); 2. 1541 « qui induit en erreur (d'un inanimé) » CALVIN, Inst., 56 ds LITTRÉ : Tout ce que les hommes apprennent de Dieu par les images est frivole et mesme abusif); 1547 abusif de « qui trompe au moyen de (d'une pers.) » (BUDÉ, Inst. du prince, éd. Foucher, ch. 36 ds HUG. : Antigonus congnoissant le personnage, ou la maniere de ces philosophes simulés, et abusifz de l'habit et profession).
Empr. au lat. abusivus, attesté dep. CAEL. AUREL., Acut., praef. 14 ds TLL s.v., 238, 72 au sens 1 a (abusiva appellatione) fréquemment empl. dans cont. gramm. (cf. POMP., Gramm., V, 155, 20 : haec non est vera comparatio sed abusiva; et aussi ALBERT LE GRAND, De causis et proprietatibus elementorum, 1, 1, 1 ds Mittellat. W. s.v., 68, 63 : abusiva comparatio); 1 b en lat. médiév. XIe s. OTLOHUS, Vita Wolfkangi episc., 15 med., ibid. 68, 70 : abusiva potestas. 2 non attesté en lat., issu de abuser 2. Attest. du dér. abusivement, 1327 révèle existence de abusif antérieurement à 1371.
HISTORIQUE
I.— Abusif, « qui constitue un abus », s'est maintenu avec une grande stab. dep. son apparition dans la lang. Attesté comme terme de gramm. au XIVe s. puis comme terme jur. au XVIe s. (cf. étymol.) il conserve ces 2 caractéristiques dans la plupart des dict. et ne semble avoir été empl. de façon plus gén. que dep. la fin du XIXe s.
II.— 1. Abusif, « qui abuse, qui trompe », semble avoir connu un emploi plus limité; attesté au XVIe s. (cf. étymol.) puis au XVIIe s. : [Cette] méthode... est abusive, les met en erreur, les abuse. MONET, Invant. des deux lang. (DG). Ce sens est ignoré par les dict. du XVIIIe s. et du début du XIXe s.; au XXe s., DG et ROB. le considèrent comme vieilli. 2. Attest. isolée de l'expr. abusif de au XVIe s. (cf. étymol.).
STAT. — Fréq. abs. litt. :93.
abusif, ive [abyzif, iv] adj.
ÉTYM. 1371, en gramm.; bas lat. abusivus, de abusus. → Abus.
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1 Qui constitue un abus. || L'emploi abusif des médicaments. ⇒ Excessif, immodéré, mauvais. || L'usage abusif de la sonnette d'alarme sera sanctionné. || Un contrat injuste et abusif. ⇒ Léonin. — Emploi abusif d'un mot : emploi d'un mot dans un sens qu'il n'a pas. ⇒ Impropre.
1 L'emploi constant des tirets (j'en supprime plus des trois quarts) m'irrite, et, plus encore, de certains mots, particulièrement le « après » dont je fais un usage impropre et abusif.
Gide, Journal, 26 août 1926.
♦ Rare (choses concrètes). Dont l'usage constitue un abus. || Suivre un chemin abusif.
2 (Il) se mit à poursuivre à coups de pierres une petite paysanne qui avait pris un sentier abusif, et traversait un coin du verger.
Stendhal, le Rouge et le Noir, I, 9.
2 Psychol., psychan. Qui abuse de sa situation; qui s'exerce, agit dans un sens appropriatif. ⇒ Captatif, possessif. || Sentiments abusifs. || Parents abusifs à l'endroit de l'enfant, qui cherchent à l'accaparer, à l'« absorber » affectivement, au lieu de se donner à lui. || Mère abusive, père abusif : mère, père, qui maintient son enfant dans une trop grande dépendance affective. || Veuve abusive, qui exploite à son profit la notoriété de son mari défunt.
3 Le plus odieux mensonge est celui des mères abusives, qui, sous prétexte qu'elles ont allaité, torché, bichonné, caressé, embrassé, consolé, soigné, protégé leur bambin, exigent d'être payées en retour de gratitude émue ou d'amour reconnaissant; comme si, pour ce faire, elles avaient dû se « sacrifier ».
Annie Leclerc, Parole de femme, p. 102.
3 Vx. Qui abuse, trompe. || Des croyances abusives.
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CONTR. Équitable, juste. — Oblatif.
DÉR. Abusivement.
Encyclopédie Universelle. 2012.