injuste [ ɛ̃ʒyst ] adj.
• 1293; lat. injustus
♦ Qui n'est pas juste.
1 ♦ Qui agit contre la justice ou l'équité. ⇒ mauvais. Un maître injuste. Vous avez été injuste avec, envers vos amis. « C'est être injuste d'exiger des autres qu'ils fassent pour nous ce qu'ils ne veulent pas faire pour eux-mêmes » (Vauvenargues). Sort, société injuste.
2 ♦ Qui est contraire à la justice. ⇒ abusif, arbitraire, attentatoire, illégal, illégitime, inique . Sentence, jugement injuste. ⇒ partial. Châtiment injuste. ⇒ immérité, indu. Impôt, partage injuste. ⇒ inéquitable, 1. léonin. Il est injuste d'agir ainsi. Ce serait injuste qu'il soit puni à la place du coupable. — Subst. Distinguer le juste et l'injuste.
3 ♦ Vx ⇒ injustifié. « Hé ! repoussez, Madame, une injuste terreur » (Racine).
⊗ CONTR. Juste.
● injuste adjectif (latin injustus) Qui n'est pas conforme à la justice, à l'équité : Sentence injuste. Qui n'agit pas avec justice, équité : Père injuste à l'égard de son fils aîné. ● injuste (citations) adjectif (latin injustus) Victor Hugo Besançon 1802-Paris 1885 L'homme injuste est celui qui fait des contresens. Les Contemplations, Écrit au bas d'un crucifix, III, 8 Paul Valéry Sète 1871-Paris 1945 Il faut être profondément injuste. — Sinon ne vous en mêlez pas. Soyez juste. Rhumbs Gallimard ● injuste (synonymes) adjectif (latin injustus) Qui n'est pas conforme à la justice, à l'équité
Synonymes :
- immérité
- inique
- non fondé
Contraires :
- fondé
- légitime
Qui n'agit pas avec justice, équité
Synonymes :
- partial
Contraires :
- équitable
- juste
injuste
adj. (et n. m.)
d1./d Qui n'est pas juste, qui agit contre la justice. Se montrer injuste envers qqn.
d2./d Contraire à l'équité.
|| n. m. Trancher du juste et de l'injuste.
d3./d Mal fondé. Soupçons injustes.
⇒INJUSTE, adj.
A. — [En parlant d'une pers.] Qui juge, qui agit d'une manière qui n'est pas conforme à la justice. Vous avez été injuste dans bien des appréciations (BALZAC, Corresp., 1832, p. 131). L'amour vous avait faite heureuse et grande, la haine vous fait injuste et malheureuse (SAND, Hist. vie, t. 3, 1855, p. 403). Même si cet Être est terrible, Racine préfère sa présence au néant. Il a confiance dans son charme; il préfère un Dieu injuste, un Dieu capable de l'aimer mieux que les autres (MAURIAC, Vie Racine, 1928, p. 230) :
• 1. Les Juifs sont les plus doux des hommes. (...) ce sens de la justice et de la raison qu'ils opposent comme leur unique défense à une société hostile, brutale et injuste, c'est peut-être le meilleur du message qu'ils nous délivrent et la vraie marque de leur grandeur.
GIDE, Journal, 1948, p. 321.
SYNT. Homme injuste; juge, pontife injuste; foule, monde, société injuste; se montrer, être injuste avec, envers, pour, à l'égard de qqn.
— Emploi subst. Abaissement, prospérité des injustes. Il avait rejeté avec une espèce de fureur tout ce à quoi il avait cru (...). Il avait trop vu la réalité de l'existence, les forts opprimant les faibles, les injustes triomphants (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 370). V. affronter ex. 7 :
• 2. ... quand, sur la terre enfin soumise et purgée d'adversaires, la dernière iniquité aura été noyée dans le sang des justes et des injustes, alors l'État, parvenu à la limite de toutes les puissances, idole monstrueuse couvrant le monde entier, se résorbera sagement dans la cité silencieuse de la justice.
CAMUS, Homme rév., 1951, p. 287.
— P. ext. Destinée, sort, vie injuste (à l'égard de qqn). Dans notre laborieux avenir il lisait sa propre déchéance; il récriminait contre l'injuste destin qui le condamnait à avoir pour filles des déclassées (BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 176).
B. — [En parlant d'une chose]
1. [Sur le plan moral] Qui n'est pas conforme à la justice. Synon. inique. Si un abîme séparait leur iniquité de la mienne, il n'en est pas moins vrai qu'eux aussi subissaient un châtiment injuste et disproportionné (SAND, Lélia, 1839, p. 372). Chez nous, on ne constate pas de préférence injuste, pas de traitement différent selon que les enfants paraissent être de famille plus ou moins aisée (FRAPIÉ, Maternelle, 1904, p. 164). La révolte naît du spectacle de la déraison, devant une condition injuste et incompréhensible (CAMUS, Homme rév., 1951p. 21) :
• 3. ... supposez que la loi qu'établit la société soit injuste, la violation de cette loi cesse d'être injuste, et alors la punition d'un acte non injuste qui a transgressé une injuste loi est elle-même une injustice.
COUSIN, Hist. philos. XVIIIe s., t. 2, 1829, p. 281.
SYNT. Injuste condamnation, répartition; rigueur, traitement injuste; action, cause, guerre, souffrance injuste; arrêt, emprisonnement, jugement, procès, verdict injuste; sentence, procédure injuste.
— Emploi subst. masc. sing. à valeur de neutre. Il redoutait d'avoir perdu le discernement de l'injuste et du juste, et n'en revenait pas d'hésiter sur la valeur de ses actes (MAURIAC, Baiser Lépreux, 1922, p. 202). V. allemanderie2 ex. 1, bien3 ex. 14 :
• 4. Vous voulez vous venger, et moi aussi. Pour cela, j'ai besoin de disposer de votre vie à ma fantaisie (...). J'ai besoin qu'il n'y ait plus pour vous ni faux ni vrai, ni bien ni mal, ni juste ni injuste, rien que ma vengeance et ma volonté.
HUGO, M. Tudor, 1833, journée 2, 3, p. 90.
2. [Sur le plan intellectuel] Qui n'est pas fondé. Synon. injustifié. Il avait pris, depuis quelques mois, la mauvaise habitude de ne laisser passer aucune attaque injuste, sans y répondre (ROLLAND, J.-Chr., Révolte, 1907, p. 491). Rien n'est plus injuste que les objections qu'on nous fait (SARTRE, Existent., 1946, p. 94) :
• 5. ... si, après ces jeux, on venait à conclure que le vers libre n'est une nouveauté qu'en typographie, la conclusion serait injuste. Le vrai vers libre est conçu comme tel, c'est-à-dire comme fragment musical dessiné sur le modèle de son idée émotive, et non plus déterminé par la loi fixe du nombre.
GOURMONT, Esthét. lang. fr., 1899, p. 229.
SYNT. Injuste courroux, préjugé, soupçon; injuste affirmation, défiance, demande, hostilité, jalousie, méfiance, plainte, prétention, prévention; dédain, doute, reproche injuste; accusation, colère, critique injuste.
♦ Loc. verb. Il est, il semble injuste de + inf.; il est, c'est injuste que + subj. Il me semblait injuste de s'en prendre à moi d'une chose où je n'étais pour rien (SOULIÉ, Mém. diable, t. 1, 1837, p. 275). Quant au dédommagement que vous me proposez, il serait absolument injuste et indélicat de ma part de l'accepter (VILLIERS DE L'I.-A., Corresp., 1878, p. 245). Je pourrai composer ainsi mon épitaphe : « Passant, ne me plains pas. J'ai pris et j'ai donné, dans une mesure convenable. Et c'eût été injuste que seul je fusse immortel » (MONTHERL., Olymp., 1924, p. 324).
Prononc. et Orth. : []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1293 « contraire à la justice » (Franch. accord. à la v. de Lons-le-Saulnier, p. 219, Tuetey ds GDF. Compl.); 2. av. 1382 « qui n'agit pas avec équité » (ORESME ds MEUNIER, p. 164); 3. 1677 « mal fondé, injustifié » (RACINE, Phèdre, IV, 6). Empr. au lat. injustus « contraire à la justice; qui n'agit pas selon la justice ». Fréq. abs. littér. : 1 817. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 3 328, b) 1 905; XXe s. : a) 2 049, b) 2 633.
injuste [ɛ̃ʒyst] adj.
ÉTYM. 1293, au sens 2; lat. injustus, de in- (→ 1. In-), et justus (→ Juste), de jus, juris « droit ».
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♦ Qui n'est pas juste.
1 (V. 1361; personnes ou entités personnifiées). Qui agit contre la justice ou l'équité. ⇒ Mauvais, méchant, odieux, tyrannique. || Un maître, un père injuste (→ Ailleurs, cit. 8). || Accusateur (cit. 2) injuste. || Les gens riches sont bien injustes… (→ Dédaigneux, cit. 11). — Vous avez été injuste en cette occasion (→ Gré, cit. 23). || Providence, sort, puissance, société injuste (→ Frêle, cit. 6; crime, cit. 22). || La vie est injuste et cruelle (cit. 13). || « La douleur est injuste », rend injuste (→ Aigrir, cit. 3, Racine).
1 La nature envers vous me semble bien injuste.
La Fontaine, Fables, I, 22.
2 Hé quoi ? toujours injuste en vos tristes discours,
De mon inimitié vous plaindrez-vous toujours ?
Quelle est cette rigueur tant de fois alléguée ?
Racine, Andromaque, II, 2.
3 C'est être injuste d'exiger des autres qu'ils fassent pour nous ce qu'ils ne veulent pas faire pour eux-mêmes.
Vauvenargues, Maximes et réflexions, 474.
4 Une chose peu remarquée, la plus déchirante peut-être au cœur maternel, c'est que l'enfant est injuste. Habitué à trouver dans la mère une providence universelle qui suffit à tout, il s'en prend à elle, durement, cruellement, de tout ce qui manque, crie, s'emporte, ajoute à la douleur une douleur plus poignante.
Michelet, Hist. de la Révolution franç., II, VIII.
5 (…) je n'ai connu personne qui fût plus que toi sereinement injuste.
F. Mauriac, le Nœud de vipères, IX.
♦ Le juste et l'injuste (→ Hasard, cit. 32).
2 (Choses). Qui est contraire à la justice. ⇒ Abusif, arbitraire, attentatoire, illégal, illégitime, immoral, indigne, inique, injurieux (vx). || Une loi, une coutume, une mesure injuste (→ Abolir, cit. 2). || Actions, entreprises, guerres injustes (→ Antinational, cit.; haro, cit. 1). — Sentence, jugement injuste. ⇒ Partial; → Égard, cit. 3 et 4. || Châtiment injuste. ⇒ Immérité, indu. || Impôt, partage injuste. ⇒ Inéquitable, léonin; → Inégalité, cit. 6. — Un ordre social injuste. ⇒ Anormal, blâmable, oppresseur. || Pouvoir injuste. ⇒ Tyrannie, usurpation. — Il est injuste de, et l'inf. (→ Assassin, cit. 7; attribuer, cit. 11). || Il serait injuste de l'en accuser. || Il est injuste que, et le subj. (→ Entretenir, cit. 12).
6 (…) l'on ne choisit pas, pour gouverner un bateau, celui des voyageurs qui est de meilleure maison. Cette loi serait ridicule et injuste.
Pascal, Pensées, V, 320.
7 (…) mon cœur s'enflamme au spectacle ou au récit de toute action injuste, quel qu'en soit l'objet et en quelque lieu qu'elle se commette, comme si l'effet en retombait sur moi.
Rousseau, les Confessions, I.
8 Ah ! l'on me recommande le sacrifice et le renoncement, je dois prendre garde à tout ce que je fais, il faut que je me casse la tête sur le bien et le mal, sur le juste et l'injuste, sur le fas et le nefas. Pourquoi ?
Hugo, les Misérables, I, I, VIII.
3 (1677). Vx. Qui résulte d'une erreur d'appréciation, qui est mal fondé. ⇒ Déraisonnable, injustifié. || Mépris, haine, soupçons injustes (→ Hériter, cit. 5). || Querelles injustes (→ Exaspérer, cit. 13; farceur, cit. 7).
9 Hé ! repoussez, Madame, une injuste terreur.
Racine, Phèdre, IV, 6.
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CONTR. Juste. — 1. Bon, équitable, impartial. — Fondé, légitime, raisonnable.
DÉR. Injustement.
Encyclopédie Universelle. 2012.