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admonition

admonition [ admɔnisjɔ̃ ] n. f.
amonition XIIe; lat. ecclés. et jurid. admonitio « avertissement »
Dr. ou relig. Admonestation (de l'autorité judiciaire ou ecclésiastique).
Littér. Réprimande, avertissement sévère. « trop enclin à regimber contre les admonitions maternelles » (A. Gide).

admonition nom féminin (latin admonitio) Littéraire. Avertissement fait à quelqu'un sur sa conduite. Peine qui consistait à recevoir debout, devant le tribunal, un avertissement du président de ne plus commettre la faute dont on s'était rendu coupable. Synonyme de monition. ● admonition (synonymes) nom féminin (latin admonitio) Littéraire. Avertissement fait à quelqu'un sur sa conduite.
Synonymes :
- admonestation
- gronderie
- leçon
- observation
- remontrance
- représentation
- réprimande
Contraires :
- compliment
- congratulation
- félicitation
Synonymes :
- monition

⇒ADMONITION, subst. fém.
A.— En gén. Action de donner un avertissement; manifestation concrète de cette action.
1. L'avertissement est une réprimande :
1. De temps en temps, l'Allemagne tournait doctement la tête du côté de cette pauvre France qui rentrait à l'école comme une petite fille. Rarement la pédagogue se montrait satisfaite de son élève. Deux ou trois signes au plus d'une satisfaction protectrice laissèrent penser qu'elle ne désapprouvait pas les labeurs de cette innocente, et qu'avec du temps, et force férules, injonctions et admonitions, elle ne désespérait pas d'en faire quelque chose.
E. QUINET, Allemagne et Italie, Allemagne, 1836, p. 92.
2. ... je n'étais que trop enclin à regimber contre les admonitions maternelles; mais il faut dire aussi que ma mère en abusait un peu. Ses lettres n'étaient le plus souvent qu'une suite de remontrances; celles-ci parfois détendues jusqu'à pouvoir se dissimuler sous la bénévole formule : « Je ne te conseille pas; j'appelle simplement ton attention... »
A. GIDE, Si le grain ne meurt, 1924, p. 601.
2. L'avertissement est une invite pressante :
3. Par moments Courfeyrac croisait les bras, prenait un air sérieux, et disait à Marius : — Vous vous dérangez, jeune homme!
Courfeyrac, homme pratique, ne prenait pas en bonne part ce reflet d'un paradis invisible sur Marius; il avait peu l'habitude des passions inédites; il s'en impatientait, et il faisait par instants à Marius des sommations de rentrer dans le réel. Un matin, il lui jeta cette admonition :
— Mon cher, tu me fais l'effet pour le moment d'être situé dans la lune, royaume du rêve, province de l'illusion, capitale Bulle de Savon. Voyons, sois bon enfant, comment s'appelle-t-elle?
V. HUGO, Les Misérables, t. 2, 1862, p. 224.
3. L'avertissement est une prémonition :
4. Je ne vous parle pas des autres avertissements que j'ai reçus, des avertissements que j'ai reçus de toutes parts; des sourds avertissements profonds intérieurs; (...) et de ces singuliers, de ces profonds avertissements intérieurs qui nous viennent du dehors; de ces admonitions sévères et justes.
Ch. PÉGUY, Victor-Marie, Comte Hugo, 1910, p. 676.
5. Comment concevoir qu'un homme tel que Svedenborg, c'est-à-dire profondément cultivé, — habitué (...) à observer la formation de sa pensée et à s'avancer en soi-même, tout en préservant la conscience des opérations de son esprit, — ait pu ne pas discerner l'action même de cet esprit dans les productions d'images, d'admonitions ou de « vérités » qui lui venaient comme d'une source secrète?
P. VALÉRY, Variété 5, 1944, p. 275.
B.— Spécialement
1. DR. CIVIL. Action d'admonester (cf. admonester B). Synon. admonestation B :
6. L'admonition est moindre que le blâme, et n'est pas flétrissante. Elle n'emportait pas non plus la suspension des fonctions de l'admonété.
Autrefois, en France, elle était quelquefois suivie d'amende, mais plutôt encore de la condamnation à l'aumône. Elle se faisait souvent à huis-clos. Voici comme elle avait ordinairement lieu.
L'accusé était amené dans la chambre, derrière le barreau, où il se tenait debout. Alors le président ou le juge principal du tribunal lui disait, l'audience tenante, à haute voix : La cour vous admoneste et vous fait grâce; soyez plus circonspect à l'avenir; retirez-vous : vous entendrez le reste de votre arrêt.
On ne pouvait condamner en même temps au bannissement et à l'admonition.
ST-EDME t. 1 1824.
7. Il avait enfreint la loi du 19 ventôse an XI, article 1er, qui défend à tout individu non porteur de diplôme l'exercice de la médecine; si bien que, sur des dénonciations ténébreuses, Homais avait été mandé à Rouen, près M. le Procureur du roi, en son cabinet particulier. Le magistrat l'avait reçu debout, dans sa robe, hermine à l'épaule et toque en tête. C'était le matin, avant l'audience. On entendait dans le corridor passer les fortes bottes des gendarmes, et comme un bruit lointain de grosses serrures qui se fermaient. Les oreilles du pharmacien lui tintèrent à croire qu'il allait tomber d'un coup de sang; il entrevit des culs de basse-fosse, sa famille en pleurs, la pharmacie vendue, tous les bocaux disséminés; (...). Peu à peu, le souvenir de cette admonition s'affaiblit, et il continuait, comme autrefois, à donner des consultations anodines dans son arrière-boutique.
G. FLAUBERT, Madame Bovary, t. 1, 1857, p. 99.
Cf. également admonesté ex. 2.
2. DR. CANON. [En parlant de l'autorité eccl. s'exerçant envers un membre du clergé ou tout fidèle jugé coupable envers les lois de l'Église] Action d'avertir solennellement, de porter un blâme, avant d'infliger une sanction plus grave (notamment l'excommunication) :
8. Fondée dans le sein même de la liberté, elle [secte des Quakers] ne connoît point la hiérarchie des pouvoirs, ni conséquemment les foudres spirituelles et les peines de l'excommunication. Les anciens de chaque église se contentent, après plusieurs admonitions, de rayer du tableau des membres qui la composent, le nom de ceux dont la conduite est immorale ou qui désirent quitter la secte.
J. DE CRÈVECŒUR, Voyage dans la Haute-Pensylvanie et dans l'État de New-York, t. 3, 1801, p. 46.
9. Après avoir inutilement tenté près de moi les admonitions charitables, Marcellin employa les mesures sévères : « Je serai forcé, me disoit-il souvent, de vous séparer de la communion des fidèles, si vous continuez à vivre éloigné des sacrements de Jésus-Christ. »
Je n'écoutai point ses conseils, je ris de ses menaces; ma vie devint un objet de scandale public : le pontife fut enfin obligé de lancer ses foudres.
F.-R. DE CHATEAUBRIAND, Les Martyrs, t. 1, 1810, p. 234.
10. ... il faut qu'il promulgue et maintienne les préceptes qui correspondent à ses doctrines : il faut qu'il les prêche, les enseigne, que lorsque la société s'en écarte, il les lui rappelle. Rien de coactif; mais la recherche, la prédication, l'enseignement des vérités religieuses; au besoin, les admonitions, la censure; c'est là la tâche du gouvernement religieux; ...
F. GUIZOT, Hist. générale de la civilisation en Europe, Leçon 5, 1828, p. 14.
Except. ,,Publication des censures, qui se faisait au prône dans les paroisses.`` (ST-EDME t. 1 1824).
Rem. 1. Qq. synon. : admonestation, avertissement, blâme, censure, conseil, foudres, injonction, menace, mesures, monition, monitoire, peine, punition, remontrance, réprimande, sommation. 2. Admonition semble être entré en concurrence avec admonestation dep. la 2e moitié du XIXe s. :
11. [Pourquoi M. B. Jouvin,] il y a quelque temps, a-t-il, en plein Figaro, donné si vertement sur les doigts à M. Peyrat, rédacteur en chef de l'Avenir national, pour avoir écrit admonestation au lieu d'admonition [?] L'Académie veut qu'on dise admonition :c'est pour cela qu'on doit dire admonestation.
A. DELVAU, Dict. de la langue verte, t. 8, 1866.
De nos jours, admonition et admonestation peuvent s'employer indifféremment l'un pour l'autre (cf. ex. 5 de admonestation et ex. 2 de admonition, très semblables).
Stylistique — Admonition est plus empl. au XIXe s. qu'au XXe s., contrairement à admonestation, qui semble l'évincer progressivement. Dans son emploi gén., le plus fréq., il apparaît — plus souvent au XXe s. qu'au XIXe s. — chez des aut. à tendance didactique (ét. de mœurs, de caractère, etc.); ordinairement solennel ou recherché, il se nuance parfois d'une valeur fam. ou humoristique, ou iron. (p. ex. pour souligner le pédantisme d'une pers., ex. 1). Dans son emploi jur. profane, il semble totalement tombé en désuétude : ST-EDME t. 1 1824 le donne comme terme anc. (ex. 6). Dans son emploi eccl., second par l'importance numérique et relativement techn., quoique très proche de l'emploi gén., il est attesté dans les textes litt. de la 1re moitié du XIXe s. Il semble remplacé par monition, monitoire.
Prononc. :[].
Étymol. ET HIST. — 1. Fin XIIe-XVIIe s. « exhortation » emploi relig. (Li Dialoge Gregoire lo Pape, éd. Förster, 85, 1 : Par un jor envoiat solunc coustume, mais cil moines ki fut envoiez, aprés faite l'amonicion... [is qui missus fuerat monachus, post admonitionem factam]; 1140-1200 [copie du XIVe s.] « avertissement, exhortation » emploi relig. admonition (Vie de Saint Evroult, 3508 ds BARB. Misc. 1 1925-28, p. 94 : De rechief cele avision Reprent o admonition Restout, qui n'a pas plainement Obëï au commandement). — 1606 (O. DE SERRES, Théâtre d'Agriculture, I, 6 ds HUG. : Puis qu'en nostre Agriculture nous recherchons leurs enseignemens pour nostre utilité, à plus forte raison devons nous faire profit de leurs sainctes amonitions, conformes à la pieté et religion Chrestienne), encore dans COTGR. 1611; repris en 1710 « avertissement » (LEIBNITZ, Théod. Bonté de Dieu, III, 342 ds DG :la douleur sert de châtiment de ce qu'on s'est engagé effectivement dans le mal et d'admonition de n'y pas retomber une autre fois); 2. 1270-1285 « avertissement de l'autorité eccl. » dr. canonique (BEAUMANOIR, XI, 13 ds LITTRÉ : Et s'il n'obeist à l'ammonission, il doit estre escommeniés publiquement); spéc. dans les emplois suiv. : FUR. 1690 s.v. : ... Un Beneficier scandaleux doit être privé par le Juge de ses Benefices après trois admonitions. On a fait plusieurs admonitions au prône, pour dire, plusieurs publications de censures; 3. 1312 dr. « injonction » (A. Somme ds GDF. Compl. :Seur l'amonicion que nous leur avons faite de mettre aucunes terres hors de leur main), rare; 1690 « avertissement fait en justice » FUR. s.v. : ... il y a un arrest d'admonition et d'interdiction contre cet officier; la peine d'admonition ayant été supprimée en 1791, le terme, toujours attesté, est devenu hist.
Empr. au lat. admonitio, attesté dep. Cicéron (au sens « action de faire souvenir, de remémorer », Fin., 5, 2 ds TLL s.v., 768, 11), au sens 1 « exhortation, avertissement », De Orat., 2, 339, ibid., 768, 34 : his quattuor causis totidem medicinae opponuntur : tum obiurgatio..., tum admonitio quasi lenior obiurgatio, tum promissio... tum deprecatio; cf. 789 « exhortation », Admon. gener. Karoli M., a. 789, praef., Capit. I, p. 53 ds NIERM. t. 1 1954-58 : Sedula ammonitione populum Dei ad pascua vitae aeternae ducere studeatis; au sens 3, « sommation, injonction », Lex Sal., tit. 50 § 2 Similiter tit. 52, ibid. : Ad domum illius [debitoris] ... ambulare debet [creditor] et rogare sibi debitum solvere... Per singulas admonitiones... terni solidi super debitum adcrescant; pas d'ex. au sens d'« avertissement fait par un juge (laïc) »; sens 2, 1243-1248, ALBERT LE GRAND, Sacram., 232, 152, 8 ds Mittellat. W. s.v., 219, 37 : admonitio ordinatur... Coexistence dès a. fr. de la forme adaptée am- et de la forme étymol. adm-.
STAT. — Fréq. abs. litt. :19.
BBG. — BAR 1960. — BÉL. 1957. — DAIRE 1759. — DUPIN-LAB. 1846. — LAPL.-PONT. 1967. — LEP. 1948. — POPE 1961, § 745. — PRÉV. 1755. — SPR. 1967. — ST-EDME t. 1 1824.

admonition [admɔnisjɔ̃] n. f.
ÉTYM. XIIe, amonition; du lat. ecclés. et jurid. admonitio « avertissement, leçon », de admonere, de ad-, et monere. → Admonester.
1 Littér. Action d'avertir, avertissement.
0 (…) car je n'étais que trop enclin à regimber contre les admonitions maternelles.
Gide, Si le grain ne meurt, II, 2.
2 Rare. Avertissement par une prémonition (cf. Péguy, Valéry, in T. L. F.).
3 Spécialt (dr., relig.). Admonestation (de l'autorité judiciaire ou ecclésiastique, par ex., avant un décret d'excommunication).

Encyclopédie Universelle. 2012.