aigre-doux, douce [ ɛgrədu, dus ] adj.
1 ♦ Dont la saveur est à la fois acide et sucrée. Oranges aigres-douces. Porc à la sauce aigre-douce (cuisine extrême-orientale).
2 ♦ Fig. Où l'aigreur perce sous la douceur. Un échange de propos aigres-doux.
aigre-doux, -douce
adj.
d1./d Dont la saveur est à la fois douce et aigre. Fruits aigres-doux.
d2./d Fig. Dont l'aigreur, l'acrimonie perce sous une apparente douceur. Des paroles aigres-douces.
⇒AIGRE-DOUX, -DOUCE, adj. et subst.
I.— Adjectif
A.— Au propre
1. [En parlant d'une substance : boisson, aliment, etc.] D'une saveur à la fois aigre et douce. Fruit aigre-doux; liqueur, orange aigre-douce.
— En partic. Cidre aigre-doux. ,,Vieux cidre passé sur le marc nouveau afin d'adoucir sa dureté, son aigreur.`` (BESCH. 1845).
Rem. Attesté également ds Lar. 19e, Lar. 20e.
— P. méton. [En parlant du goût lui-même] :
• 1. Le bon kéfyr doit avoir une écume persistante, un goût aigre-doux.
A.-F. POURIAU, La Laiterie, 1895, p. 42.
2. [En parlant d'un son] D'une tonalité à la fois aigre et douce :
• 2. Il semble que leur oreille [aux 24 violons] se soit réjouie d'accords légèrement acidulés, piquants et aigres-doux.
J. ÉCORCHEVILLE, Vingt suites d'orchestre, 1906, p. 180.
B.— Au fig. [En parlant d'une pers., de son caractère, de ses manières, etc.] Dont l'aigreur perce sous une apparente douceur, qui mêle la suavité et l'amertume. Caractère, esprit, humeur aigre-doux :
• 3. ... cependant que le traître Pinamonte, visiblement amusé de la grimace aigre-douce de sa victime, poursuivait son récit en ces termes : ...
O.-V. MILOSZ, L'Amoureuse initiation, 1910, pp. 47-48.
• 4. À chacun son soliloque. Ma mère pérore toujours, aigre-douce. Elle récite des litanies d'aphorismes, empruntés au répertoire de mon père.
H. BAZIN, La Mort du petit cheval, 1949, p. 314.
— En partic. [En parlant de la voix, du ton, du lang. parlé ou écrit] :
• 5. Cette notule beaucoup plus aigre-douce, pour ne pas dire plus aigre, que ma polémique, à laquelle, je n'avois jamais pensé, me plongea dans une cruelle consternation.
Ch. NODIER, Jean Sbogar, 1818, p. 83.
• 6. Les réprimandes, d'abord aigres-douces, devinrent vives et dures.
H. DE BALZAC, Pierrette, 1840, p. 67.
• 7. Sa voix aigre-douce [de Mme Heurtebise] devenait criarde, montait, piquait, bourdonnait avec un harcèlement de mouche, jusqu'à ce que le mari, furieux, éclatât à son tour...
A. DAUDET, Les Femmes d'artistes, 1874, p. 30.
• 8. Tous deux causaient d'ordinaire sur un ton aigre-doux de moquerie.
É. ZOLA, La Conquête de Plassans, 1874, p. 936.
— Au neutre :
• 9. Ah! l'interview! D'abord doit-il paraître?
Puis il n'y a rien été dit « d'aigre-doux ».
P. VERLAINE, Correspondance, lettres à Moréas, 1869-1896, p. 254.
II.— Emploi subst.
A.— Sing. et plur. ,,Se dit aussi des personnes dont l'humeur aigre se couvre d'une apparence de douceur : c'est un aigre-doux qui me déplaît. Peu usit.`` (Lar. 19e). Les aigres-doux sont déplaisants (Nouv. Lar. ill.).
B.— Seulement au sing. Caractère de ce qui est aigre-doux. Un air qui tient de l'aigre-doux (QUILLET 1965).
Prononc. ET ORTH. — 1. Forme phon. :[], fém. [-dus]. 2. Forme graph. — Ortho-vert 1966 précise qu'au plur. il faut écrire : aigres-doux, douces. — Rem. LAND. 1834 : ,,un fruit aigre-doux; des oranges aigre-douces. Dans cette phrase et dans les autres phrases semblables, aigre est invariable.`` Tel avait été aussi l'usage prôné par Ac. 1798 (des oranges aigre-douces : en cette phrase et dans les autres semblables, aigre ne se décline point). Mais ds Ac. 1835-1932, l'adj. est accordé : des oranges, des paroles aigres-douces.
Étymol. ET HIST. — 1549 (DU BELLAY, Deffence, II, 12 ds HUG. : [Lazare de Baïf] a donné à nostre langue le nom d'épigrammes et d'elegies, avecques ce beau mot composé, aigre-doulx); 1. 1541 fig. « où la douleur se mêle au plaisir » (Cl. MAROT, Leandre et Héro, p. 108 ds GDF. Compl. : Or sentoit ja ceste cy les secousses Et aiguillons des amours aigres douces); 2. 1611 au propre subst. fém. (COTGR. Aigre-douce. A ciuile Orange; or, Orange, that is betweene sweet and sower).
STAT. — Fréq. abs. litt. :32.
BBG. — BÉL. 1957. — BOISS.8. — LASNET 1970. — LAV. Diffic. 1846. — LITTRÉ-ROBIN 1865. — MONT. 1967. — NYSTEN 1814-20.
aigre-doux, douce [ɛgʀədu, dus] adj.
ÉTYM. 1541; création poétique de la Pléiade, due à Baïf; cf. du Bellay, Défense et illustration de la langue française, 11, 12; de aigre, et doux.
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1 Qui a un goût mêlé d'aigre et de doux. || Saveur aigre-douce. || Des oranges aigres-douces, des fruits aigres-doux. || Porc à la sauce aigre-douce de la cuisine extrême-orientale.
♦ Spécialt. || Cidre aigre-doux : vieux cidre passé sur un marc nouveau pour adoucir son aigreur.
2 Fig. Dont la douceur est feinte et laisse percer l'aigreur. || Humeur aigre-douce. || Ton aigre-doux (→ Optimisme, cit. 3). || Paroles aigres-douces. || Style aigre-doux. || Il nous a fait quelques remarques aigres-douces. ⇒ Acide.
♦ (D'une situation) :
0 J'y ai revu Thiers : entrevue aigre-douce.
E. Delacroix, Journal 1823-1850, 11 févr. 1849.
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DÉR. Aigre-douceur.
Encyclopédie Universelle. 2012.