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alléguer

alléguer [ a(l)lege ] v. tr. <conjug. : 6>
• 1393; alléguier 1278; lat. allegare, spécialisé en lat. jurid.
1Citer comme autorité, pour sa justification. Alléguer un texte de loi, un auteur. invoquer.
2(XVIIe) Mettre en avant, invoquer, pour se justifier, s'excuser. exciper (de), objecter, prétexter. « Alléguant quelque excuse de santé » (Hugo). Avec que et l'indic., le condit. « alléguant [...] que la liberté excessive se détruit enfin elle-même » (Bossuet).

alléguer verbe transitif (latin allegare, citer en exemple) Citer une autorité, un fait pour s'en prévaloir : Alléguer un texte de loi. S'appuyer sur quelque chose ; prétexter : Il alléguait qu'il avait été provoqué par la victime.alléguer (difficultés) verbe transitif (latin allegare, citer en exemple) Conjugaison Attention à l'accent, tantôt grave, tantôt aigu : j'allègue, nous alléguons ; il alléguera. ● alléguer (synonymes) verbe transitif (latin allegare, citer en exemple) Citer une autorité, un fait pour s'en prévaloir
Synonymes :
- invoquer
- mentionner
- produire
- se référer à
S'appuyer sur quelque chose ; prétexter
Synonymes :
- avancer
- invoquer
- objecter
- opposer
- prétexter
- se prévaloir de

alléguer
v. tr.
d1./d Citer (une autorité) pour se défendre, se justifier. "Jean Lapin allégua la coutume et l'usage" (La Fontaine).
d2./d Mettre en avant comme justification, comme excuse. Alléguer de bonnes raisons. Syn. prétexter, se prévaloir (de).

⇒ALLÉGUER, verbe trans.
A.— Citer un texte, un passage, un fait comme preuve de ce qu'on affirme.
1. Au sens juridique :
1. Les faits que j'ai allégués contre vous sont de notoriété, ils forment la preuve de vos attentats.
MARAT, Les Pamphlets, Dénonciation contre Necker, 1790, p. 120.
2. P. ext. :
2. Et puis l'Écriture, et les Pères, et les sermons de Massillon appartiennent aux honnêtes gens. Les écrivains ne doivent pas s'en servir pour se justifier. Développement de cette proposition appliquée à l'auteur d'un roman condamné, qui osa dernièrement alléguer l'Évangile.
P.-L. COURIER, Pamphlets politiques, Procès de Paul-Louis Courier, 1821, p. 101.
3. Pour la plupart des psychologues modernes, l'estimation du temps dépend principalement de la richesse affective des états de conscience, et ils allèguent le fait que, dans maintes névroses et intoxications, la notion du temps subit des dilatations ou des contractions singulières : le sujet a parfois l'impression que les années s'envolent comme des jours, ou que les jours rampent comme des années.
J. ROSTAND, La Vie et ses problèmes, 1939, p. 124.
B.— Mettre en avant, s'appuyer sur (un fait, plus ou moins bien établi, une preuve mal fondée...) :
4. Dans mon interrogatoire sommaire, se disait-il, j'ai fait l'espagnol parlant mal le français, se réclamant de son ambassadeur, alléguant les privilèges diplomatiques et ne comprenant rien à ce qu'on lui demandait, tout cela bien scandé par des faiblesses, par des points d'orgue, par des soupirs, enfin toutes les balançoires d'un mourant.
H. DE BALZAC, Splendeurs et misères des courtisanes, 1847, p. 381.
5. Frédéric allégua une affaire urgente, puis courut à Auteuil.
G. FLAUBERT, L'Éducation sentimentale, t. 2, 1869, p. 88.
6. ... l'Allemagne, encouragée par la défaite que le Japon venait d'infliger aux Russes en Mandchourie, allégua que l'accord franco-anglais avait lésé ses intérêts et réclama une conférence internationale sur la question du Maroc. Guillaume II, débarqué à Tanger, y prononça des paroles menaçantes.
J. BAINVILLE, Histoire de France, t. 2, 1924, p. 250.
7. Nous avons beau alléguer que les conditions externes étaient jadis très différentes de ce qu'elles sont aujourd'hui, à vrai dire, nous ne savons pas trop de quoi nous parlons quand nous nous reposons sur ces conditions favorables à la formation du protoplasme.
J. ROSTAND, La Vie et ses problèmes, 1939, p. 192.
Pronom. passif, peu us. S'alléguer. Être allégué, mis en avant. Ces faits s'allèguent quand...
Prononc. ET ORTH. — 1. Forme phon. :[al(l)ege], j'allègue [(l)]. PASSY 1914, DUB. et Pt Lar. 1968 transcrivent le mot avec un seul [l]; WARN. 1968 transcrit [ll] double; BARBEAU-RODHE 1930, Pt ROB. et Harrap's 1968 donnent les 2 possibilités de prononc. En ce qui concerne la prononc. des consonnes doubles, GRAMMONT Prononc. 1958, pp. 90-91 fait observer que ,,La prononciation d'une consonne double à l'intérieur d'un mot est contraire au génie de la langue, puisqu'elle a simplifié toutes les consonnes doubles dans les mots de son vieux fonds; elle n'est acceptable que dans les mots tout à fait savants et rares ou spéciaux (...); elle est très choquante lorsqu'il s'agit de mots fréquemment employés et qui ont pénétré dans l'usage courant, comme : sommet, grammaire, nommer, arrêt, terrible, année, prudemment, affaire, suffire, appas, appeau, abbaye, attaquer, addition, accabler, aggraver. Pour d'autres il y a hésitation : immeuble, immense, immoler, commisération, commentaire, annales, innovation, inné, alléguer, illustre, collège, illogique, etc.``. — Rem. FÉR. 1768, FÉR. Crit. t. 1 1787, GATTEL 1841, NOD. 1844, transcrivent le mot avec un seul [l], LAND. 1834, LITTRÉ et DG notent [ll] double. Enq. :/ale2g/. Conjug. parler. 2. Forme graph. — Pour la répartition des graph. é/è dans le paradigme verbal, cf. abréger.
Étymol. ET HIST. — 1. 1273 dr. « citer comme autorité » (Etabl. de S. Louis, II, XIV, p. 364 ds GDF. Compl. : Por auleguer son privilege); 2. 1393 « mettre en avant, s'appuyer sur (un fait, un argument) » (Ménagier de Paris, éd. La Sté des Bibliophiles françois, I, 126 ds T.-L. : allegoient ...plusieurs raisons l'un contre l'autre); id. « invoquer comme justification » (Id., I, 130 ibid. : les exemples dessus allegués).
Empr. du lat. allegare, attesté dep. PLAUTE, Amph., 183 ds TLL, 1666, 73 au sens « déléguer, envoyer qqn », empl. en ce sens dans la lang. judiciaire : CIC., Phil., 5, 14, ibid., 1667, 5, quemadmodum ad hunc [nequinimum judicem] reus adleget [quemquam]?; au sens de « produire, invoquer (un fait, un argument) » : QUINT., Inst., 4, 1, 13, ibid., 1667, 55, litigatoris persona tractanda varie est : nam tum dignitas ejus adlegatur, tum commendatur infirmitas; d'où son emploi en ce sens dans la lang. judiciaire dep. Ulpien et Papinien, cf. lat. médiév. an. 1209, Chart. cell. Paulin., 50, p. 62, 5 ds Mittellat. W. s.v., 470, 42 : parte nostra adversa multa in contrarium allegante.
STAT. — Fréq. abs. litt. :536. Fréq. rel. litt. :XIXe s. : a) 856, b) 522; XXe s. : a) 1 215, b) 504.
BBG. — BAILLY (R.) 1969 [1946]. — BAR 1960. — BÉL. 1957. — BÉNAC 1956. — BOISS.8. — BONNAIRE 1835. — CAPUT 1969. — DUP. 1961. — GUIZOT 1864. — KOLD 1902. — LAF. 1878. — LAV. Diffic. 1846. — SARDOU 1877. — SOMMER 1882. — SPR. 1967. — Synon. 1818.

alléguer [a(l)lege] v. tr. [CONJUG. céder.]
ÉTYM. 1393; alléguier, 1278; auleguer, 1273; du lat. allegare, spécialisé en lat. juridique.
1 Citer comme autorité, pour sa justification. || Alléguer un texte de loi, un auteur. || Alléguer un précédent notoire. Invoquer, référer (se référer à).
0.1 Ici, quoique le marchand accusé vit bien que les deux marchands experts venaient de prononcer sa condamnation, il ne laissa pas néanmoins de vouloir alléguer quelque chose pour se justifier (…)
A. Galland, les Mille et une Nuits, t. III, p. 323.
2 (XVIIe). Mettre en avant, invoquer pour se justifier, s'excuser. Arguer (de), avancer, exciper (de), invoquer, objecter, opposer, prétexter, prévaloir (se prévaloir de), produire. || Alléguer de mauvaises raisons. || Alléguer que… (et l'indic.). Prétendre.
1 Les uns alléguant toujours que la liberté excessive se détruit enfin elle-même.
Bossuet, Disc. sur l'Hist. universelle, III, 6.
2 L'autre aussitôt de s'excuser,
Alléguant un grand rhume (…)
La Fontaine, Fables, VII, 7.
3 Jean Lapin allégua la coutume et l'usage.
La Fontaine, Fables, VII, 16.
4 Alléguez la beauté, la vertu, la jeunesse,
La mort ravit tout sans pudeur.
La Fontaine, Fables, VIII, 3.
Vx. || Alléguer qqch. à qqn, lui donner comme raison, comme excuse…
5 Alléguer l'impossible aux rois, c'est un abus.
La Fontaine, Fables, VIII, 3.
6 Tu m'allègues le sort; prétends-tu par ta foi
Me leurrer (…)
La Fontaine, Fables, X, 11.
3 Didact. Affirmer; poser comme vrai.
7 C'est faire dépendre la valeur de vérité (laquelle valeur est une valeur d'émotion et de motion ou action) de l'effet produit par celui qui allègue. Il me fait produire l'énergie nécessaire pour que la chose qu'il allègue prenne puissance d'excitation d'action.
Valéry, Cahiers, Pl., t. II, p. 658.
CONTR. Réfuter. — Nier.
DÉR. Allégation.

Encyclopédie Universelle. 2012.