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allitération

allitération [ a(l)literasjɔ̃ ] n. f.
• 1751; angl. alliteration, du lat. littera « lettre »
Rhét. Répétition des consonnes initiales (et par ext. des consonnes intérieures) dans une suite de mots rapprochés. L'allitération peut être un procédé de style. assonance.

allitération nom féminin (anglais alliteration, du latin ad, vers, et littera, lettre) Répétition des consonnes initiales ou intérieures dans une suite de mots pour obtenir un effet d'harmonie, de pittoresque ou de surprise (par exemple « De Ce Sacré Soleil dont je Suis deSCendue » [Racine]).

allitération
n. f. RHET Répétition d'une consonne ou d'un groupe de consonnes dans une phrase, un vers. Par ex.: "Aboli bibelot d'inanité sonore" (Mallarmé).

⇒ALLITÉRATION, subst. fém.
CRIT., VERSIF. Répétition exacte ou approximative d'un ou de plusieurs phonèmes (surtout consonantiques) à l'initiale des syllabes d'un même mot, au commencement ou à l'intérieur de mots voisins dans une même phrase :
1. Chez les peuples scandinaves, l'allitération ou l'emploi des mêmes consonnes était le principe dominant de la versification, comme la mesure chez les anciens et la rime chez nous.
BOUILLET 1859.
2. Te souviens-tu de ce sonnet : Le Vœu, où il y a une perpétuelle allitération en v?
Le nombreux univers en vous fut plus vivant
Qu'en ses fleuves, ses flots, ses fleurs et ses fontaines.
J. RIVIÈRE, ALAIN-FOURNIER, Correspondance, lettre de J. R. à A.-F., août 1907, p. 236.
3. Jamais un poète d'Israël n'a résisté au plaisir de l'allitération; c'est pour lui une façon souveraine de traduire la colère, l'indignation, la joie ou la frayeur; d'une certaine manière, on pourrait dire que l'allitération est sa langue. Avec une virtuosité dont les meilleures traductions françaises ne peuvent donner une idée, il multiplie les sifflantes et met en jeu le registre grandiose des gutturales. C'est le souffle vigoureux de l'éternel qui passe dans cette langue...
J. GREEN, Journal, 1936, pp. 63-64.
4. Le vers libre n'est vers qu'en tant qu'il épouse, par son accentuation ou ses homophonies, des courants naturels et des habitudes ancestrales du français. Il a pour éléments, aussi bien que le vers régulier (...), des successions de longues et de brèves équilibrées selon le mouvement et l'émotion, des assonances et des allitérations, parmi lesquelles la rime est comprise, et il diffère de la prose dans la mesure où il maintient un emploi continu, avec des retours, de ces éléments.
A. THIBAUDET, Réflexions sur la littérature, 1936, p. 15.
5. L'on a déployé beaucoup d'astuce au sujet de l'e muet et de l'allitération. (...) La position de l'e muet dans le vers est, dites-vous, de primordiale importance; de même vous avez remarqué que souvent la reprise dans le corps d'un vers, comme en écho, d'une même sonorité, peut nous emplir d'aise. Il est vrai; mais le charme est rompu si l'on sent ici l'intention et l'artifice...
A. GIDE, Journal, 4 juill. 1941, p. 83.
Rem. L'allitération se distingue de l'apophonie, qui consiste en un jeu sur les variations du timbre vocalique, et de l'assonance, qui consiste, lorsqu'elle se produit à l'intérieur du vers, dans la répétition d'une même voyelle. L'allitération est fréq. dans les prov. : Qui terre a, guerre a.
P. anal., littér. Distribution plus ou moins régulière d'éléments qui se répondent :
6. Je m'amusais à regarder les carafes que les gamins mettaient dans la Vivonne pour prendre les petits poissons, et qui, remplies par la rivière où elles sont à leur tour encloses, à la fois « contenant » aux flancs transparents comme une eau durcie et « contenu » plongé dans un plus grand contenant de cristal liquide et courant, évoquaient l'image de la fraîcheur d'une façon plus délicieuse et plus irritante qu'elles n'eussent fait sur une table servie, en ne la montrant qu'en fuite dans cette allitération perpétuelle entre l'eau sans consistance où les mains ne pouvaient la capter et le verre sans fluidité où le palais ne pourrait en jouir.
M. PROUST, À la recherche du temps perdu, Du côté de chez Swann, 1913, p. 168.
7. ... devant les calmes surfaces de Braque, la permanence des motifs, le jeu tout classique des équilibres et des allitérations, le dosage précautionneux des éléments les plus subtils, comment croire à une pure manifestation de l'inconscient? Il faut y croire cependant...
A. LHOTE, Peinture d'abord, 1942, pp. 157-158.
Prononc. — 1. Forme phon. :[al(l)]. PASSY 1914, Harrap's 1963 et WARN. 1968 transcrivent [l] double; Pt Lar. 1968 : [l]. Pt ROB. donne les 2 possibilités de prononc. D'apr. FOUCHÉ Prononc. 1959, p. 306, le mot se prononce avec [l] double. Harrap's 1963 transcrit la 3e syllabe avec [] (-). — Rem. NOD. 1844, LITTRÉ et DG donnent une prononc. avec l double; LAND. 1834, GATTEL 1841 transcrivent un seul l. 2. Dér. : allitérant, allitéré, allitérer.
Étymol. ET HIST. — 1751 ling. (Encyclop. t. 1 : Allitération [...] figure de Rhétorique; c'est une répétition et un jeu sur la même lettre).
Composé du lat. ad et littera sur le modèle de adlocutio; l'angl. alliteration « id. » étant attesté dep. 1656 (NED) l'hyp. d'un empr. à l'angl. n'est pas à exclure.
STAT. — Fréq. abs. litt. :29.
BBG. — BACH.-DEZ. 1882. — BAILLY (R.) 1969 [1946]. — BÉL. 1957. — BÉNAC 1956. — BOISS.8. — BOUILLET 1859. — DAGN. 1965. — GALL. 1955, p. 504. — MAR. Lex. 1961 [1951]. — MORIER 1961. — SPRINGH. 1962.

allitération [a(l)liteʀɑsjɔ̃] n. f.
ÉTYM. 1751; angl. alliteration, du lat. littera « lettre ».
Rhét. Répétition des consonnes (notamment des consonnes initiales) dans une suite de mots rapprochés; par ext., répétition des mêmes phonèmes ou groupes de phonèmes (ex. : « Les souffles de la nuit flottaient sur Galgala » [Hugo, Booz endormi]). || L'allitération, procédé stylistique fréquent en poésie. || Allitération excessive, cacophonique ( Cacophonie). || Allitérations et assonances. || On recourt fréquemment à l'allitération dans le style publicitaire, le slogan.
Par métaphore. Rapprochement d'éléments qui se répondent. || « Cette allitération perpétuelle entre l'eau (…) et le verre » (Proust).
DÉR. Allitérer, allitératif.

Encyclopédie Universelle. 2012.