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• ankylosé 1749; de ankylose

1 ♦ Paralyser par ankylose. — P. p. adj. « afin de rétablir la circulation dans sa jambe ankylosée » (Martin du Gard).

2 ♦ Pronom. Être atteint d'ankylose. Je m'ankylose, dans cette position. — Par ext. Perdre de sa rapidité de réaction, de mouvement par suite d'une immobilité, d'une inaction prolongée. ⇒ se rouiller. L'esprit s'ankylose dans la routine.

v. tr. Déterminer l'ankylose.

|| v. Pron. être frappé d'ankylose. Ses doigts s'ankylosent.

|| Pp. adj. Je me suis réveillé ankylosé.

— Par ext. Perdre de sa capacité à se mouvoir, par manque d'activité.

⇒ANKYLOSER, verbe trans.

A.— PATHOL. Provoquer l'ankylose (cf. ankylose A) :

• 1. ... ce galérien blafard, aux yeux de somnambule, cette espèce de tatillon, assommant avec ses chiquenaudes interminables, lesquelles, en ayant seulement l'air de caresser l'épiderme, engourdissaient les os, ankylosaient les jointures, se serait bien gardé de pousser quelques brillantes bottes, à ses risques et périls.

L. CLADEL, Ompdrailles, 1879, p. 280.

• 2. ... son corps entier se prenait, le mal montait des pieds aux genoux, puis aux coudes et aux mains. (...) C'était maintenant la goutte chronique, inguérissable, la goutte qui ankylose et qui déforme.

ZOLA, La Joie de vivre, 1884, p. 938.

— P. anal. [L'obj. désigne une chose] :

• 3. ... ne la mettez jamais au frais [la figue], ni (...) dans la glace pilée (...) pis-aller (...) qui paralyse toute saveur, ankylose le melon, anesthésie la fraise ...

COLETTE, Gigi, 1944, p. 244.

B.— Au fig. Provoquer l'ankylose (cf. ankylose B) :

• 4. Je ne songeais pas que l'apathie qu'il y avait à se décharger ainsi sur Andrée ou sur le chauffeur du soin de calmer mon agitation, en leur laissant le soin de surveiller Albertine, ankylosait en moi, rendait inertes tous ces mouvements imaginatifs de l'intelligence, toutes ces inspirations de la volonté qui aident à deviner, à empêcher ce que va faire une personne.

PROUST, La Prisonnière, 1922, p. 24.

A.— PATHOL. Ressentir les effets de l'ankylose (cf. ankylose A) :

• 5. ... elle se plaignait doucement de sa santé, de ses mains et de ses pieds gonflés, de ses jambes qui s'ankylosaient : elle exagérait son mal, elle se disait une vieille impotente, qui n'est plus bonne à rien.

ROLLAND, Jean-Christophe, La Révolte, 1907, p. 600.

• 6. Mais, pourrais-je oublier mes symptômes [d'un empoisonnement à la cocaïne]?

les veines qui se figent,

la circulation en déroute,

une zone inerte qui boise les membres,

le cœur qui se débat, qui cherche à fuir, qui frappe la poitrine et s'ankylose.

COCTEAU, Le Potomak, 1919, p. 274.

• 7. Voyons, Léontine, bouge-toi, tu t'ankyloses, est-ce que je dors après dîner, moi? Qu'est-ce que tu feras à soixante ans si tu dors maintenant comme une vieille? Tu vas prendre de l'embonpoint, tu t'arrêtes la circulation...

PROUST, Sodome et Gomorrhe, 1922, p. 961.

— Dans la lang. cour., avec une nuance fam. Synon. se rouiller :

• 8. Brusquement, il cria à Sandoz :

— Eh! dis donc, si tu voulais bien ne pas t'avachir!

Mais Sandoz déclara qu'il s'ankylosait, et il sauta du canapé, pour se dérouiller les jambes.

ZOLA, L'Œuvre, 1886, p. 42.

• 9. Mais vous, terre maternelle, vous nous conservez l'initiative, l'émulation au travail, la satisfaction mentale et l'amour de l'ouvrage. Par là même il s'en trouve allégé; mieux : il en devient attrayant. La variété de la tâche maintient la lucidité de l'intelligence, comme les changements d'attitude et d'outil la souplesse des membres. Rien ne s'ankylose aux champs, ni l'esprit, ni le muscle.

PESQUIDOUX, Le Livre de raison, t. 3, 1932, p. 131.

— P. anal. [En parlant d'une chose] :

• 10. ... ils s'ankylosent de partout, car les vieux instruments trop fatigués se raidissent aussi et cassent tout à coup ...

PESQUIDOUX, Le Livre de raison, t. 1, 1925, p. 201.

1. [En parlant de l'homme, de l'esprit hum., du vivant (cf. ankylose B 1)] :

• 11. ... il était réduit à la solitude la plus complète. Des Hermies dénoua son existence qui, repliée sur elle-même, s'ankylosait dans l'isolement. Il lui renouvela sa provision de sensations, lui fit faire peau neuve d'amitié, l'emmena chez l'un de ses amis qu'en effet Durtal devait aimer.

HUYSMANS, Là-bas, t. 1, 1891, p. 39.

• 12. — (...) Ici, le clergé est (...) excellent, composé de saints prêtres, mais presque tous végètent, engourdis par l'inaction; ils ne lisent ni ne travaillent, s'ankylosent, se meurent d'ennui ...

HUYSMANS, La Cathédrale, 1898, p. 171.

• 13. ... un simple coup d'œil jeté sur les espèces fossiles nous montre que la vie aurait pu se passer d'évoluer, ou n'évoluer que dans des limites très restreintes, si elle avait pris le parti, beaucoup plus commode pour elle, de s'ankyloser dans ses formes primitives. Certains foraminifères n'ont pas varié depuis l'époque silurienne.

BERGSON, L'Évolution créatrice, 1907, p. 103.

2. [En parlant de l'art, d'une œuvre d'art (cf. ankylose B 2)] :

• 14. ... usée et flétrie, la sculpture ira, s'ankylosant, d'année en année, davantage et finira par tomber, à jamais paralysée et radoteuse.

HUYSMANS, L'Art moderne, 1883, p. 253.

Rem. L'adj. ankylosant, ante, « qui provoque l'ankylose » est d'un emploi rare. Spondylite ankylosante (cf. RUD. 1962, p. 141).

PRONONC. :[].

ÉTYMOL. ET HIST. — 1749 ankylosé part. passé adjectivé (Abbé NOLLET, Leçons de Phys. expérimentale, 6 vol. ds BRUNOT t. 6, 1, p. 585 [sans attest.]); 1845 ankyloser (BESCH.).

Dénom. de ankylose; dés. -er.

STAT. — Fréq. abs. littér. : Ankyloser. 23. Ankylosant. 1.

ankyloser [ɑ̃kiloze] v. tr.

ÉTYM. 1845; ankylosé, 1749; de ankylose.

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1 Causer une ankylose à…, paralyser par ankylose. || Une arthrite lui a ankylosé le genou. — Au passif et p. p. || Être ankylosé par un long voyage en voiture, être tout ankylosé après un voyage. ⇒ Courbatu, courbaturé.