inerte [ inɛrt ] adj.
• inherte 1509; lat. iners, inertis
1 ♦ Qui n'a ni activité ni mouvement propre. La matière inerte. — (1759) Phys. Masse, force inerte. — Chim. Gaz, liquide inerte, qui ne provoque aucune réaction des corps avec lesquels il est en contact. — Agron. Sol inerte : partie du sol située entre le sol actif et le sous-sol.
2 ♦ Qui ne donne pas signe de vie. Proie inerte. Un corps inerte. ⇒ inanimé. Il gisait par terre, complètement inerte. Visage inerte. ⇒ immobile. « Un masque désormais inerte d'où le sourire avait disparu » (Camus).
♢ Fig. Sans réaction. ⇒ amorphe, apathique, atone, 1. passif. Ils « restèrent spectateurs inertes et impuissants des grands événements qui bouleversèrent l'Europe » (Michelet).
⊗ CONTR. Actif, énergique; 2. alerte, ardent, entreprenant, remuant.
● inerte adjectif (latin iners, -ertis) Qui est sans activité, sans mouvement propre : La matière inerte. Dont le corps est sans mouvement, qui semble mort : Le blessé soutenait son bras inerte. Qui est sans énergie : Il faut réagir, ne pas rester inerte. ● inerte (expressions) adjectif (latin iners, -ertis) Gaz inerte, gaz utilisé pour protéger les denrées alimentaires ou les boissons de l'oxydation de l'air lors de leur stockage ou de leur conditionnement ; synonyme ancien de gaz rare. ● inerte (synonymes) adjectif (latin iners, -ertis) Qui est sans activité, sans mouvement propre
Synonymes :
- inanimé
Dont le corps est sans mouvement, qui semble mort
Synonymes :
- engourdi
- immobile
Contraires :
- mobile
- remuant
Qui est sans énergie
Synonymes :
- passif
Contraires :
- actif
- énergique
- vif
Gaz inerte
Synonymes :
- gaz rare
Contraires :
- animé
- vivant
inerte
adj.
rI./r
d1./d (Choses) Qui n'est pas en mouvement. Corps inerte.
d2./d CHIM Se dit d'un corps qui ne joue aucun rôle dans une réaction donnée. L'azote de l'air est inerte dans une combustion.
d3./d Qui n'est pas vivant; inorganique. Matière inerte et matière vivante.
rII./r
d1./d Qui ne manifeste aucun mouvement indiquant la vie. Il gisait là, inerte.
d2./d Qui n'agit pas. Il assistait, inerte, à la ruine de ses espérances.
⇒INERTE, adj.
A. — Domaine sc. et techn.
1. MÉCAN. et PHYS. Qui ne peut par soi-même changer l'état de repos ou de mouvement dans lequel il se trouve. Nous sommes encore plongés dans le monde que les sciences de la matière inerte ont construit sans respect pour les lois de notre nature (CARREL, L'Homme, 1935, p. 392).
2. AGRON. Sol inerte. Partie du sol située sous la terre arable et dans laquelle pénètrent les racines des plants cultivés afin d'y puiser une partie de la sève (d'apr. FÉN. 1970; Dict. XIXe et XXe s.).
3. ART MILIT. [En parlant de munitions destinées à l'instruction] Qui ne contiennent pas d'explosifs. Cartouche, grenade, obus inerte. (Dict. XXe s.).
4. CHIM. [En parlant d'un liquide, d'un gaz, d'une substance] Qui ne réagit pas au contact d'une autre substance. La mue a lieu, même si on les retire [les larves] de l'intestin et qu'on les place en milieu inerte, comme l'eau physiologique (JOYEUX ds Nouv. Traité Méd., fasc. 5, 1, 1924, p. 264).
♦ Gaz inerte. Synon. gaz rare. Il existe trois gaz radioactifs qui ont reçu le nom d'émanations (...). Les émanations sont considérées comme des gaz inertes, car on n'a pu les faire entrer en combinaison chimique (CURIE, Isotopie, 1924, p. 15).
5. PAPET. Papier, carton inerte. Papier, carton qui résiste à l'humidité et reste bien plat. (Ds Lar. Lang. fr. et Logos).
B. — Usuel. [En parlant d'un être vivant, de son corps ou d'une partie de son corps]
1. Qui est dépourvu de mouvement, qui ne donne pas signe de vie. Synon. immobile, inanimé; anton. remuant, vivant. Andrea lui prit la main et la souleva; la main retomba inerte sur la courtine blanche du lit (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 1, 1859, p. 71). Édouard souleva du doigt les paupières qui retombèrent sur un regard sans vie. Pourtant le cœur battait. (...) il coucha le corps inerte sur le divan (GIDE, Faux-monn., 1925, p. 1179) :
• Par cette opération, la grenouille est insensibilisée à la douleur puisque la destruction du cerveau lui a fait perdre toute sensibilité consciente. Abandonnée à elle-même, elle demeure inerte, incapable de tout mouvement volontaire.
CAMEFORT, GAMA, Sc. nat., 1960, p. 254.
— Littér. et p. ext. Sans vie, sans mouvement, sans âme. Ce tas inerte de carton et de paperasse (ARNOUX, Chiffre, 1926, p. 173). Les manteaux de maman, de Valérie, le pardessus de papa, pendaient là (...) inertes et vides de leurs corps (VIALAR, Tournez, 1956, p. 7).
2. [En parlant du visage, du regard] Qui demeure figé, sans expression. Synon. éteint; anton. expressif. Lépine, avec sa cohorte de sbires de toute sorte, Aussitôt est accouru, Suivi de Monsieur Homolle, Œil inerte et jambe molle (PONCHON, Muse cabaret, 1920, p. 234). Antoine ne quittait pas son père de l'œil; il semblait peser de tout son regard sur cette face inerte pour en faire jaillir une lueur d'acquiescement. M. Thibault, ramassé sur lui-même, gardait une immobilité massive (MARTIN DU G., Thib., Pénitenc., 1922, p. 723).
3. Au fig. Qui est dépourvu d'énergie physique ou morale, qui demeure sans réaction. Synon. abattu, apathique, atone, prostré; anton. actif, alerte, diligent, énergique, entreprenant. Demeurer inerte devant la mort. Je végétais, inerte, au fond de mon cachot; je perdais conscience de la fuite du temps, insensible à tout (MORAND, Dern. jour Inquis., 1947, p. 217).
— PSYCHOPATHOL., emploi subst. Malade dont l'état est caractérisé par une absence d'activité et d'initiative générale. Ils étaient des abouliques et des inertes (JANET, Obsess. et Psychasth., 1903, p. 74).
REM. 1. Inertance, subst. fém., acoust. ,,Pour un milieu acoustique, coefficient qui (...) donne la partie imaginaire de l'impédance acoustique résultant de l'inertie ou masse effective du milieu`` (PIR. 1964). 2. Inertement, adv., rare et littér. De manière inerte. Les singes noirs, du haut des sassafras, (...) Laissent inertement aller leurs maigres bras (LECONTE DE LISLE, Poèm. trag., 1886, p. 146).
Prononc. et Orth. : []. Att. ds Ac. dep. 1798. Étymol. et Hist. 1. 1505 inerte « inactif » (D. CHRISTOL, Platine en francoys, 69 v° a d'apr. R. ARVEILLER ds Mél. Séguy (J.), pp. 68-69) seulement au XVIe s. (v. GDF. Compl. et HUG.); 2. 1759 « sans réaction, sans mouvement » (DIDEROT, Lettres à Sophie Volland, 15 oct., p. 69 : Quoi! la particule a placée à gauche de la particule b n'avoit point la conscience de son existence, ne sentoit point, étoit inerte et morte). Empr. au lat. iners, -ertis « inactif, sans énergie », proprement « sans capacité », dér. de ars, artis (art). Fréq. abs. littér. : 1 109. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 707, b) 1 167; XXe s. : a) 2 353, b) 1 803. Bbg. GOHIN 1903, p. 315.
inerte [inɛʀt] adj.
ÉTYM. V. 1509, inherte « sans activité »; inerte « sans effet, sans action », 1528; aussi, au XVIe, inert « ignorant, maladroit »; lat. iners, inertis « sans capacité, sans talent; sans activité, sans énergie; improductif; fade, insipide », de in- (→ 1. In-) et ars, artis « savoir-faire, art ». → Art.
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1 (1759, Diderot, in T. L. F.). Qui n'a ni activité ni mouvement propre. || La matière inerte. || Les minéraux, corps inertes. — (1759). || Masse, force inerte (en physique). — Chim. || Gaz, liquide inerte. Caractérisé par l'absence de toute réaction chimique. — REM. Dans la mesure où les gaz dits inertes ne sont que relativement inactifs, on les désigne aussi sous le nom de gaz nobles par analogie avec les métaux nobles. || L'azote, gaz inerte. || Mélange inerte. — Agronomie. || Sol inerte, partie du sol située entre le sol actif et le sous-sol. — Milit. || Obus, mine inerte, sans explosif, servant à l'entraînement.
1 (…) la monstrueuse bête n'était pas un poids inerte; au contraire, elle enveloppait et opprimait l'homme de ses muscles élastiques et puissants (…)
Baudelaire, Spleen de Paris, VI.
2 Tout évolue, tout réagit : la pierre et l'homme. IL n'y a pas de matière inerte.
Martin du Gard, Jean Barois, II, le Calme, III.
2 (1783). Qualifiant des êtres ou des choses normalement doués de mouvement. Qui ne donne pas signe de vie. || Cadavre (cit. 8) inerte. ⇒ Inanimé. || Proie inerte (→ Arracher, cit. 28). || Formes inertes (→ Faucher, cit. 5). || Masque (→ Humain, cit. 4), visage inerte (→ Hypnotiser, cit. 4). ⇒ Immobile. — Membre inerte; monstre débile aux mains et aux pieds inertes (→ État, cit. 107). ⇒ Perclus, vigueur (sans).
3 (…) sur les bords et le pourtour de la goutte, partout où elle restait en contact avec l'air extérieur, les vibrions étaient devenus inertes, immobiles, tandis que dans le centre de la goutte d'autres continuaient à se mouvoir agilement.
Henri Mondor, Pasteur, IV, p. 59.
3 (V. 1509). Êtres animés. Sans mouvement, sans activité. || Être, rester inerte comme une souche. ⇒ Figé. — (1835). Didact. et cour. || (Personne) inerte, sans énergie, sans ressort. ⇒ Apathique (cit. 2), atone, faible, mou. — N. || Des « abouliques et des inertes » (Janet, 1903, in T. L. F.). Fig. || Esprit (cit. 44) inerte. ⇒ Ankylosé (fig.), engourdi, paralysé (fig.); endormi, paresseux. — Sans réaction. || Demeurer inerte devant le malheur. ⇒ Abattu.
4 Henri et son fils, Philippe Ier (…) restèrent spectateurs inertes et impuissants des grands événements qui bouleversèrent l'Europe sous leur règne.
Michelet, Hist. de France, IV, I.
5 (…) plus inerte qu'une couleuvre engourdie.
Flaubert, l'Éducation sentimentale, II, II.
6 (…) une pensée moins indolente encore que soumise, moins inerte qu'entraînée et comme possédée.
J. Paulhan, les Fleurs de Tarbes, p. 46.
4 N. m. || L'inerte : ce qui est sans vie, sans mouvement, sans âme.
7 Ils voulurent que s'instaure entre eux et les choses un lien qui fût aussi étroit que celui de la femme à l'enfant qu'elle porte; ils instaurèrent la propriété qui n'en est que l'image corrompue, retombée dans l'inerte.
Annie Leclerc, Parole de femme, p. 127 (1974).
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DÉR. Inertance, inertement.
Encyclopédie Universelle. 2012.