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assommer

assommer [ asɔme ] v. tr. <conjug. : 1>
XVe « endormir, étourdir »; v. 1175 assomer, essomer; de 1. a- et 3. somme
1Tuer à l'aide d'un coup violent sur la tête. Assommer un bœuf avec un merlin. abattre. « on les assomma de loin, sous des cailloux » (Flaubert).
2Battre, frapper (qqn), de manière à étourdir. fam. estourbir. « Je l'ai assommé pour qu'il ne se débatte pas » (Giraudoux).
3Fig. et vx Accabler, confondre (par des arguments). « Il croyait m'assommer avec saint Augustin et les autres Pères » (Rousseau).
4(XIIe) Vx (sujet chose) Plonger dans l'abattement, la stupeur. abattre, accabler. « Je n'en puis revenir, et tout ceci m'assomme » (Molière).
Affliger profondément. « La mort de M. du Mans m'a assommée » (Mme de Sévigné).
Vieilli Incommoder, abrutir (physiquement). « ceux qu'assomme le vacarme des autobus et des taxis » (F. Mauriac). Être assommé par le soleil, de soleil.
5(1666) Mod. Accabler sous le poids de l'ennui. ennuyer , excéder, fatiguer; fam. barber, empoisonner (cf. fam. Casser les pieds, pomper l'air). « Est-ce assez rasant, ce que je vous raconte là !... Mais si, je vous assomme » (A. Daudet). Il nous assomme avec ses discours.

assommer verbe transitif (de somme, du latin somnus, sommeil) Tuer quelqu'un, un animal en lui portant un coup violent sur la tête : Assommer un bœuf. Frapper un être vivant d'un coup qui l'étourdit : Assommer son agresseur d'un coup de poing. Abattre, éprouver physiquement quelqu'un, ou l'accabler moralement : Son échec aux élections l'a assommé. Ennuyer, importuner profondément quelqu'un : Il m'assomme avec ses récriminations.assommer (citations) verbe transitif (de somme, du latin somnus, sommeil) Denis Diderot Langres 1713-Paris 1784 « Assommer, Monsieur, assommer ! On n'assomme personne dans une ville bien policée ! » Le Neveu de Rameau assommer (synonymes) verbe transitif (de somme, du latin somnus, sommeil) Tuer quelqu'un, un animal en lui portant un coup violent...
Synonymes :
- abattre
- estourbir (familier)
Frapper un être vivant d'un coup qui l'étourdit
Synonymes :
- matraquer
- sonner (familier)
Abattre, éprouver physiquement quelqu'un, ou l'accabler moralement
Synonymes :
- abasourdir
- accabler
- anéantir
- étourdir
- paralyser
Contraires :
- ranimer
- revigorer
- vivifier
Ennuyer, importuner profondément quelqu'un
Synonymes :
- barber (familier)
- embêter (familier)
- empoisonner (familier)
- ennuyer
- excéder
- fatiguer
- lasser
- raser (familier)
Contraires :
- amuser
- captiver
- distraire
- intéresser
- réjouir

assommer
v. tr.
d1./d Tuer en donnant un coup sur la tête. Assommer un boeuf avec un merlin.
d2./d Faire perdre connaissance par des coups sur la tête.
|| v. Pron. S'assommer contre un mur.
d3./d Par métaph. Accabler. La chaleur m'assomme.
d4./d Ennuyer. Vous m'assommez avec vos récriminations.

⇒ASSOMMER, verbe trans.
I.— Emploi trans.
A.— Tuer ou laisser comme morte une personne ou un animal, à l'aide d'un objet pesant ou par un coup violent :
1. A-t-on songé qu'avec ces nouvelles troupes, les zouaves, — une machine de guerre que rien n'arrête, — il n'y a plus de stratégie, plus de génie militaire, plus de capitaines? Une bataille devient une immense lutte à main plate. Et la guerre s'en retourne droit à la barbarie, avec ces soldats qui n'abordent plus même à la baïonnette, qui assomment avec la crosse du fusil : c'est le tomahawk.
E. et J. DE GONCOURT, Journal, 1859, p. 610.
2. Son lourd pistolet tenu à deux mains, elle lâcha le coup à bout touchant dans le flanc de l'homme. L'autre fit un écart, ricana, puis, dégageant le bras, il asséna un si rude coup sur le crâne de Grange qu'il l'assomma comme un bœuf.
POURRAT, Gaspard des montagnes, À la belle bergère, 1925, p. 54.
SYNT. Assommer un bœuf avec un maillet (Ac. 1798-1932, BESCH. 1845, QUILLET 1965). Assommer à coups de bâton (Ac. 1798-1932). Assommer d'un coup de massue.
P. ext. Anéantir, détruire :
3. À Leipsick, une armée de cent cinquante mille hommes fut assommée par une armée de trois cent mille...
STENDHAL, Napoléon, t. 2, 1842, p. 307.
P. exagér. Accabler de coups :
4. ... le bruit se répandait qu'il se passait d'étranges choses chez les Mouret. On racontait que le mari assommait la femme, toutes les nuits, à coups de trique.
ZOLA, La Conquête de Plassans, 1874, p. 1112.
B.— Au fig.
1. [Le suj. ou le compl. d'agent appartient au domaine phys.] Assommer par, assommer de. Abattre, accabler :
5. Les peintres, assommés de soleil, eussent cédé à une torpeur enfantine, mais leurs femmes, reposées l'après-midi dans une paix de harem, tournaient de grands yeux vers le golfe et fredonnaient tout bas.
COLETTE, La Naissance du jour, 1929, p. 58.
2. [Dans le domaine de la vie morale]
a) Étourdir, accabler :
6. ... il se mettait au piano, et il devait jouer pour ces imbéciles : — il les jugeait tels. — À des moments, l'indifférence environnante l'oppressait tellement qu'il était sur le point de s'arrêter au milieu du morceau. L'air manquait autour de lui, il était comme asphyxié. Quand il avait fini, on l'assommait de compliments, on le présentait de l'un à l'autre.
R. ROLLAND, Jean-Christophe, Le Matin, 1904, p. 115.
SYNT. Assommer qqn de questions, avec ses questions.
b) Affliger profondément, frapper de stupeur. La perte de ce procès l'a assommé (Ac. 1798-1932) :
7. ... il tomba devant le lit, sanglotant, assommé et sans force, sous le réveil de cette affreuse pensée qu'il avait tué son ami.
ZOLA, La Débâcle, 1892, p. 618.
3. [Dans un domaine de la vie intellectuelle] Accabler sous le poids des arguments, des connaissances.
Fam. Provoquer l'ennui, l'agacement, la contrariété :
8. Je suis peu curieux des nouvelles; la politique m'assomme; le feuilleton m'empeste; tout cela m'abrutit ou m'irrite.
FLAUBERT, Correspondance, 1846, p. 269.
II.— Emploi pronom.
A.— 1. Vx, emploi réfl. Se tuer volontairement ou involontairement en heurtant quelque chose de dur, de pesant. Il s'est assommé dans sa chute, il s'est assommé contre les murs de sa prison (Lar. 19e).
2. Emploi réciproque. S'assommer (à coups de). S'entretuer :
9. ... en deux secondes nos baïonnettes se croisèrent par milliers : on se poussait, on reculait, on se lâchait des coups de fusil à bout portant, on s'assommait à coups de crosse, tous les rangs se confondaient...
ERCKMANN-CHATRIAN, Le Conscrit de 1813, 1864, p. 197.
P. ext., fam. Se battre :
10. En Angleterre, la boxe est un passe-temps; on s'y assomme honorablement, sans rancune, ni fureur, ni honte.
TAINE (Lar. 19e).
B.— Au fig., rare. S'ennuyer, s'irriter :
11. Dans un musée je m'assomme dès que la vie se fige. Ce qui me touche le plus ce sont les grandes portes du Palais-Royal, où, vers le bas, les reliefs sont effacés par le frottement du passage des ânes. J'imagine immédiatement la rue et les figures. Le décor joue.
COCTEAU, Maalesh, 1949, p. 55.
PRONONC. ET ORTH. :[], j'assomme []. FÉR. 1768 souligne que ,,le mot se prononce avec une seule m``; comme Ac. 1798 il propose la graph. assomer.
ÉTYMOL. ET HIST. — 1. a) Ca 1175 trans. « abattre (moralement) » (CHR. DE TROYES, Chevalier Lion, éd. M. Roques, 2282-83 : s'an est Kex de honte essomez [var. ms. XIIIe s. assomez], Et maz, et muz, et desconfiz); b) XVe s. « causer un profond sommeil, assoupir » (Apol. mul. ms. Barberini, f° 1 r° ds GDF. : Le dieu qui s'appelle du somme A plomb mes esperis assomme); c) d'où 1501 « accabler, fatiguer » (Epitaphe de deffunt maistre Jehan Trotier ds Anc. poés. fr., t. 8, p. 10, vers 1 : Ung soir bien tart, de travail assommé); 1663 fig. « accabler sur le poids d'arguments, d'où ennuyer » (MOLIÈRE, Crit., 6 ds ROB.); d) 1899 arg. « en faire accroire par des mensonges » (Nouguier ds ESN.); 2. 1180-1200 « abattre, tuer par la chute de qqc. » (Aliscans, 5499 ds GDF. Compl. : E li ceval dessous aus asomé); av. 1205 « tuer avec une arme pesante » (Renart, éd. Méon, 16012 ds T.-L. : Ne sembler mie coart home, De la coignie tost l'asome.)
Dér. de somme (lat. somnus), préf. a-1; dés. -er. L'hyp. d'une identification avec l'a. fr. assommer « mener à bien, achever » (T.-L. s.v. assommer, REW4, 8454, v. aussi EWFS2), dér. de somme (lat. summa), « achever » d'où « tuer » est peu satisfaisante vu, d'une part, l'ancienneté et le nombre des attest. du sens de « étourdir, accabler » par rapport à celles du sens « tuer »; d'autre part et surtout les formes jurassiennes (fr. et suisses) de type asonner (le groupe lat. -mn- intervocalique se réduisant régulièrement à -n- dans ce domaine contrairement à l'aire fr. du Nord où il se réduit à -m-), v. Pat. Suisse rom., s.v. assommer. Cependant il reste que assom(m)er ne signifie que tardivement « assoupir » et seulement au fig. et que cet emploi peut fort bien s'expliquer à partir du sens « accabler »; que som(m)e est une forme tardive (ca 1175 CHR. DE TROYES, Chevalier Lion, éd. M. Roques, v. 2760) tirée de l'usuel sommeil; que dès les premiers emplois, l'idée qui domine est celle d'une masse qui s'abat de haut en bas et écrase sans rémission ce qui est placé en dessous; il n'est donc pas impossible de voir dans assommer un dér. de l'a. fr. som(n)e « charge, trait sur le dos d'un animal » (début XIIe s., Voy. Charl. ds A.-J. GREIMAS, Dict. de l'a. fr., Paris, Larousse, 1969); assommer signifie alors « charger complètement une bête » d'où « l'accabler, l'écraser » et s'impose dans ce sens à mesure que chargier et enchargier ont pris sa place pour son sens premier.
STAT. — Fréq. abs. littér. :636. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 478, b) 1 333; XXe s. : a) 1 413, b) 731.
BBG. — BÉL. 1957. — BRUANT 1901. — DAUZAT Ling. fr. 1946, pp. 196-197. — ESN. 1966. — LE ROUX 1752. — MAT. Louis-Philippe 1951, p. 252. — PIERREH. 1926. — PIERREH. Suppl. 1926. — ST-EDMÉ t. 1 1824. — STIMM (H.). Fränkische Lehnprägungen in französischen Wortschatz In : [Mél. Gamillscheg (E.)]. München, 1968, p. 611.

assommer [asɔme] v. tr.
ÉTYM. XVe; essomer, assomer, v. 1175; de 1. a-, somme, et -er.
1 Sens étym. Endormir, étourdir.
1 (Ils) sont si endormis et assommés, qu'ils ne se peuvent aider.
Ambroise Paré, XXIV, 28.
2 Par ext. Tuer à l'aide d'un coup violent sur la tête. || Assommer un bœuf avec un merlin. Abattre. || Il a assommé sa victime d'un coup de massue. fam. Estourbir.
2 On assomma la pauvre bête.
Un manant lui coupa le pied droit et la tête.
La Fontaine, Fables, IV, 6.
3 L'ordre était de le battre, et non de l'assommer;
Et c'était sur le dos, et non pas sur la tête,
Que j'avais commandé qu'on fît choir la tempête.
Molière, l'École des femmes, V, 1.
4 D'autres se défendirent à outrance; on les assomma de loin, sous des cailloux, comme des chiens enragés (…)
Flaubert, Salammbô, VIII.
3 Par métaphore. Vx. Accabler (qqn). Abrutir, accabler.REM. Dans la langue classique, cet emploi est beaucoup plus fort que dans la langue moderne.
5 Mais je lui disais, moi, qu'un froid écrit assomme (…)
Molière, le Misanthrope, I, 2.
6 Je suis embarquée dans la vie sans mon consentement; il faut que j'en sorte, cela m'assomme.
Mme de Sévigné, 257, 16 mars 1672.
7 Assommer se dit figurément en Morale des choses qui abattent l'esprit. Cette affliction, la perte de ce procès l'a assommé.
Furetière, Dictionnaire.
8 La formalité dont on assomme une ambassade.
Voltaire, Épîtres, 26.
Vx. Accabler sous le poids des arguments. Confondre.
9 Ah ! Monsieur Lysidas, vous nous assommez avec vos grands mots… Pensez-vous qu'un nom grec donne plus de poids à vos raisons ?
Molière, Critique de l'École des femmes, 6.
10 Il croyait m'assommer avec saint Augustin et les autres Pères.
Rousseau, les Confessions, II.
4 Par exagér. (du sens 2). Accabler de coups; battre, frapper sur (qqn) de manière à étourdir.
11 (…) On vous happe notre homme,
On vous l'échine, on vous l'assomme.
La Fontaine, Fables, XII, 22.
12 Je t'assomme, si tu ne parles.
Molière, Dom Juan, III, 5.
13 Battez-moi, assommez-moi de coups, tuez-moi si vous voulez (…)
Molière, Dom Juan, V, 2.
14 Blanchet jura que si elle ne mettait pas ce Champi à la porte sans délibérer, il se promettait de l'assommer et de le moudre comme grain.
G. Sand, François le Champi, IX.
5 (XIIe; sujet n. de chose). Vx. (langue classique). Plonger dans l'abattement, la stupeur. Abasourdir, abattre, accabler, anéantir.
15 Voilà, je vous l'avoue, un abominable homme !
Je n'en puis revenir, et tout ceci m'assomme.
Molière, Tartuffe, IV, 6.
16 Notre maison de Paris m'assomme encore tous les jours et Livry m'achève.
Mme de Sévigné, Lettres, 26 mars 1671.
Vieilli. Affliger profondément. Déprimer. || « La mort de M. du Mans m'a assommée » (Mme de Sévigné). → ci-dessous, cit. 20.
Vieilli. Incommoder, abrutir (physiquement).
17 Toujours plus nombreux sont ceux qu'assomme le vacarme des autobus et des taxis, que le métro asphyxie.
F. Mauriac, la Province, p. 41.
6 Mod. (1663; ce sens se dégage du sens 3 par atténuation). Accabler d'ennui. Ennuyer, excéder, fatiguer, importuner, lasser; (fam.), barber, emmerder, empoisonner, raser; cf. Casser les pieds.
18 Son Monsieur Trissotin me chagrine, m'assomme (…)
Ses écrits, ses discours, tout m'en semble ennuyeux (…)
Molière, les Femmes savantes, I, 3.
18.1 La campagne m'est nécessaire de temps en temps. Comme j'y travaille, elle ne m'assomme pas.
E. Delacroix, Journal 1850-1854, 17 oct. 1853.
18.2 Est-ce assez rasant ce que je vous raconte-là !… Mais si, je vous assomme…
Alphonse Daudet, Sapho, II.
18.3 Les gens qui m'aiment par intérêt me désespèrent et les gens qui semblent m'aimer de façon désintéressée me déconcertent ou m'assomment.
G. Duhamel, le Voyage de P. Périot, III.
18.4 Les affaires publiques nous assommaient; mais nous escomptions que les événements se dérouleraient selon nos désirs sans que nous ayons à nous en mêler (…)
S. de Beauvoir, la Force de l'âge, p. 19.
——————
s'assommer v. pron.
1 (Réfl.). Vx. Se tuer, volontairement ou non, en se heurtant contre, ou en utilisant qqch. de dur.
(Passif). Être assommé.
19 Un homme s'assomme par l'imprévu comme un bœuf par le merlin.
Hugo, l'Homme qui rit, II, V, 3.
(Récipr.). S'entre-tuer, et, par ext., se donner mutuellement des coups. || Il essayait de séparer des voyous qui s'assommaient dans la rue.
2 (Réfl.). Fig. S'ennuyer. || On s'assomme, dans cette réunion.
19.1 La seule différence dans les orgies entre l'Est et l'Ouest, c'est que dans l'Est on s'assomme et que dans l'Ouest on s'amuse.
Jacques Renaud, le Cassé, in Littératures de langue franç. hors de France, p. 527.
——————
assommé, ée p. p. adj. et n.
|| Un bœuf assommé d'un coup de maillet.
19.2 On entendait, pulsation régulière et lamentable de la forêt, le coup assommé de la hache des bûcherons.
Giraudoux, les Aventures de Jérôme Bardini, p. 108.
Fig. Accablé.
20 Je suis assommée de cette nouvelle.
Mme de Sévigné, Lettres, 252, 26 févr. 1672.
Qui subit le choc violent (de qqch.).
21 La rue, assommée de soleil (…)
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, t. I, p. 323.
N. Rare. || Un assommé, une assommée. Personne qui se fait assommer, qui est assommée.
DÉR. Assommade, assommage, assommant, assommement, assommeur, assommoir.

Encyclopédie Universelle. 2012.