raser [ raze ] v. tr. <conjug. : 1>
• v. 1175; « remplir à ras bord » déb. XIIe; lat. pop. °rasare, class. radere « tondre, raser la barbe », refait sur le p. p. rasus
I ♦
1 ♦ Couper (le poil) au ras de la peau. ⇒ tondre. Raser la barbe, les cheveux de qqn. — Par ext. Couper le poil au ras de. Raser les joues, le menton de qqn. « les bons musulmans se font gravement raser la tête » ( Loti). Elle s'est rasé les jambes, les aisselles. Crème, mousse à raser, que l'on passe sur la peau avant le rasoir. — Techn. Raser le drap, le velours.
♢ Dépouiller (qqn) de son poil en le rasant. Raser qqn avant une intervention chirurgicale. — Spécialt Couper à ras les cheveux ou la barbe de (qqn). Raser un condamné; un prêtre (⇒ tonsurer) . Coiffeur, barbier qui rase un client. Demain on rase gratis. — Pronom. Se raser : se faire la barbe.
2 ♦ Couper à ras (une plante). — Par ext. « On brûlait sa chaumière, on rasait son champ » (Zola).
3 ♦ (1851) Fam. Ennuyer, fatiguer (spécialt par des propos oiseux). ⇒ assommer, barber, barbifier, embêter; rasant. « Le digne homme n'imagine pas combien il peut raser les élèves » (A. Gide). Ça me rase d'aller les voir. — Pronom. (1903) S'ennuyer. « Comme vous devez vous raser ! Vous ne trouvez pas qu'on se bêtifie à rester [...] sur la plage » (Proust).
II ♦
1 ♦ (1382) Abattre à ras de terre. Raser un bâtiment, une fortification, une muraille. ⇒ démanteler, démolir, détruire. Tout le quartier a été rasé par un bombardement. Raser un immeuble. Raser un navire, en abattre les mâts.
2 ♦ (1606) Techn. Mettre à ras, de niveau. ⇒ araser. Raser une mesure à grains, en ôter le trop-plein afin que le grain ne dépasse pas le niveau des bords (cf. Rader étym. ).
♢ Mettre au niveau du sol, sans remblais ni tranchées (une route, une voie de chemin de fer).
3 ♦ Chasse Bête qui rase les oreilles, qui les rabat. — Pronom. Bête qui se rase, qui se tapit contre terre.
III ♦ (1611) Passer très près de (qqch.). « D'abord un bruit léger rasant le sol comme l'hirondelle avant l'orage » (Beaumarchais). « Un épervier passa. [...] Il rasait l'herbe et il remontait en criant » (Giono). Véhicule qui rase un piéton. ⇒ frôler. L'avion rase le sol (⇒ rase-mottes) . Balle qui rase le filet. — Loc. Raser les murs (pour ne pas être vu); fig. chercher à se dissimuler (cf. Se faire tout petit).
⊗ CONTR. Intéresser. — Élever.
● raser verbe transitif (latin populaire rasare, du latin classique radere, raser) Couper les cheveux, la barbe, les poils sur une partie du corps au ras de la peau. Abattre complètement une construction, la démolir jusqu'au niveau du sol : Raser des fortifications. Passer très près, au ras de quelque chose ou de quelqu'un : Hirondelles qui rasent le sol. Familier. Ennuyer profondément quelqu'un : Il nous rase avec ses sermons. Soumettre à l'opération du rasage. ● raser (expressions) verbe transitif (latin populaire rasare, du latin classique radere, raser) Raser les murs, marcher en longeant de près les murs pour se dissimuler. ● raser (homonymes) verbe transitif (latin populaire rasare, du latin classique radere, raser) ● raser (synonymes) verbe transitif (latin populaire rasare, du latin classique radere, raser) Couper les cheveux, la barbe, les poils sur une partie...
Synonymes :
- tondre
Abattre complètement une construction, la démolir jusqu'au niveau du sol
Synonymes :
- démanteler
Contraires :
- édifier
- élever
Passer très près, au ras de quelque chose ou de quelqu'un
Synonymes :
- caresser
- friser
- frôler
Familier. Ennuyer profondément quelqu'un
Synonymes :
- assommer
- barber (familier)
- bassiner (familier)
- embêter (familier)
- emmerder (populaire)
- empoisonner (familier)
- enquiquiner (familier)
- tanner (familier)
Contraires :
- amuser
- captiver
- fasciner
- intéresser
raser
v. tr.
d1./d Couper au plus près de la peau. Raser la laine des moutons. Raser les cheveux de qqn.
|| Couper très court les poils, les cheveux de. Raser la tête de qqn.
|| Faire la barbe à (qqn).
— v. Pron. Se raser avant de sortir.
d2./d Abattre (un édifice) à ras de terre. Raser des fortifications.
d3./d Passer très près de, effleurer. La balle lui a rasé l'oreille.
d4./d Fam. Ennuyer, fatiguer. Conférencier qui rase ses auditeurs.
|| v. Pron. Je me suis rasé toute la soirée.
⇒RASER, verbe trans.
A. — Couper avec un rasoir.
1. a) [Le compl. d'obj. dir. désigne un système pileux] Raser les cheveux, la barbe de qqn. Elle lui fait raser sa moustache (RENARD, Journal, 1900, p. 604).
— Empl. pronom. Se raser la moustache. Il se rase la barbe, mais avec négligence (DUHAMEL, Maîtres, 1937, p. 122).
— Part. passé en empl. adj. Ras, tondu. Les cheveux courts ou longs, la barbe épaisse ou rasée (JOUY, Hermite, t. 4, 1813, p. 264). Elles avaient autant et plus à souffrir que lui. Cheveux rasés, condamnés à des années de détention (AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p. 206).
b) [Le compl. d'obj. dir. désigne une surface du corps poilue (généralement le visage ou le crâne)] Cette malheureuse femme s'est fait raser la tête (HUGO, L. Borgia, 1833, III, 3, p. 178).
— Empl. pronom. Se raser le cou, le menton. Il se rase les mollets et les bras (DABIT, Hôtel Nord, 1929, p. 220). Elle se mit à se raser les jambes avec une application frénétique (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 325).
— Part. passé en empl. adj. Crâne, menton rasé; tête rasée. Sa nuque rasée d'officier allemand faisant des plis comme un front (MALRAUX, Espoir, 1937, p. 620). La face était complètement rasée. Les sourcils touffus et les cheveux gris, presque blancs (DUHAMEL, Passion J. Pasquier, 1945, p. 12).
c) [Le compl. d'obj. dir. désigne une pers.] Raser un malade, un soldat, un condamné, une parturiente. L'homme qui me rase et à qui je donne cinq sous m'est alors apparu comme une majorité (GONCOURT, Journal, 1861, p. 883).
— Empl. pronom. Se faire la barbe. Les hommes, qui se rasaient près des fenêtres, se retenaient de chanter, sifflotaient (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1932, p. 26). Devant une glace ébréchée, je me rase attentivement (SAINT-EXUP., Terre hommes, 1939, p. 191):
• 1. À présent, il faut que je me rase. Il ramasse sa musette, s'approche d'une fenêtre, prend son rasoir, pose le morceau de miroir de biais sur le rebord de la fenêtre et se rase à sec; la douleur lui ferme à moitié les yeux.
SARTRE, Mort ds âme, 1949, p. 232.
— Part. passé en empl. adj. Être bien, mal rasé; être rasé de frais (v. frais1), de près. Je devais être toujours fraîchement rasé, fraîchement coiffé (GIRAUDOUX, Simon, 1926, p. 59). Les acteurs comme les prêtres sont rasés (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 78).
d) Absol. — L'étrenne de ma barbe, Suzanilla? — Non, merci, vous êtes beaucoup trop maladroit. Vous vous êtes encore coupé. — J'ai voulu raser de trop près (DUHAMEL, Suzanne, 1941, p. 188).
♦ Demain on rase gratis.
♦ Crème, mousse à raser. Crème, mousse amollissant la peau et le poil avant un rasage. Les produits de toilette et de beauté (crèmes à raser, fards, parfums, rouge à lèvres...) (QUILLET Méd. 1965, p. 313).
2. P. anal. ou au fig.
a) Vieilli, pop.
— Guillotiner. On n'a pas assez rasé de riches pendant la Révolution, voilà tout (BALZAC, Paysans, 1844, p. 72).
— Voler, ruiner. Synon. plumer, tondre. Si la princesse s'avisait d'avoir un favori? Boum. Nous serions rasés!... Il ne faut pas qu'elle en ait! (MEILHAC, HALÉVY, Gde-duchesse Gérolstein, 1867, I, 7, p. 199).
b) Fam. Ennuyer, importuner par des propos oiseux. Synon. bassiner, embêter, emmerder, enquiquiner, faire suer, faire chier. Le digne homme n'imagine pas combien il peut raser les élèves avec des propos de ce genre; chez lui si sincères qu'ils découragent l'ironie (GIDE, Faux-monn., 1925, p. 1015). Bien avant mon départ de Toulouse, il nous rasait déjà avec cette histoire (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 102).
— Empl. pronom. S'ennuyer. Vrai, ce qu'on se rase, ici. Il n'y a pas une autre usine encore plus folâtre? (COLETTE, Cl. s'en va, 1903, p. 179).
B. — P. anal.
1. Mettre à ras.
a) [Le compl. d'obj. dir. désigne une constr. ou un ensemble de constr.] Détruire jusqu'au niveau du sol. La tour du château de Lusignan, en Poitou, rasé par ordre du roi à la fin du XVIe siècle (DURRY, Nerval, 1956, p. 170). [La bombe H] peut sur le plan stratégique brûler et raser n'importe quelle ville au monde, détruire la civilisation, détruire peut-être l'humanité (BILLOTTE, Consid. strat., 1957, p. 4016).
Part. passé en empl. adj. Immeuble, quartier rasé; ville rasée. Le vieux château, rasé à une certaine hauteur, sauf la tour du diable (MICHELET, Journal, 1831, p. 98). Une enceinte assez vaste, mais rasée à fleur de terre (FROMENTIN, Été Sahara, 1857, p. 246).
b) Spécialement
— BOT. [Le compl. d'obj. dir. désigne une plante, une végétation] Couper au ras du sol. [Henri] se trouva bientôt dans l'avenue du fond, que la Bricoline avait l'habitude de parcourir pendant des heures entières, et dont l'herbe avait été rasée par ses pieds en certains endroits (SAND, Meunier d'Angib., 1845, p. 239).
♦ Part. passé en empl. adj. Le gazon rasé, se collait misérablement contre les pentes (TAINE, Voy. Ital., t. 1, 1866, p. 34).
— MAR. [Le compl. d'obj. dir. désigne un navire] Couper les mâts. Les navires, ou démâtés, ou rasés au niveau des vagues, dérivent en brûlant (CHATEAUBR., Natchez, 1826, p. 276). Un vaisseau construit fut rasé (MICHELET, Journal, 1847, p. 669).
♦ Part. passé en empl. adj. Le lendemain, 20, les bastingages, les pavois, les œuvres-mortes, la plus grande partie du pont, furent dévorés. L'Henrietta n'était plus qu'un bâtiment rasé comme un ponton (VERNE, Tour monde, 1873, p. 199).
— MÉD. VÉTÉR., empl. intrans. [Le suj. désigne un cheval] Avoir la cavité des incisives usée. (Dict. XIXe et XXe s.). Ce cheval rase, commence à raser (Ac.).
— TEXT. [Le compl. d'obj. dir. désigne une étoffe] Soumettre au rasage. Raser le drap, le velours (DG).
2. Passer très près (d'une surface ou d'une ligne). Des jupes rasaient le parquet, soulevant dans la chaleur des bougies la fine poussière et l'odeur musquée des toilettes (ZOLA, Pot-Bouille, 1882, p. 157):
• 2. Voilà l'errante hirondelle
Qui rase du bout de l'aile
L'eau dormante des marais
Voilà l'enfant des chaumières
Qui glane sur les bruyères
Le bois tombé des forêts.
LAMART., Harm., 1830, p. 335.
♦ Raser les murs. V. mur A 3.
— BALIST. [Le suj. désigne un projectile, une balle] Passer très près, effleurer. Un boulet de canon lui rasa l'épaule. Une balle lui rasa le visage (Ac.).
— CHASSE, empl. pronom. Se tapir à terre pour ne pas être vu. La bête se rase à peine sous les feuilles (GIONO, Colline, 1929, p. 136). Elle tiendra l'arrêt en se rasant sur le sol avec lequel elle espère se confondre (VIDRON, Chasse, 1945, p. 59).
— HIPP. [Le suj. désigne un cheval] Raser le tapis. Élever très peu les membres (d'apr. TONDRA Cheval 1979).
Prononc. et Orth.:[], [-], (il se) rase [], [-]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1140 « remplir à ras bord » (Voyage de Charlemagne, éd. G. Favati, 570), seulement au Moy. Âge, v. GDF., T.-L., v. aussi araser; 2. 1176-81 « couper en passant tout près de » (CHRÉTIEN DE TROYES, Chevalier Lyon, éd. M. Roques, 950); 3. fin XIIe s. « passer près de, effleurer » (ALEXANDRE DE PARIS, Alexandre, I, 1264 ds Elliott Monographs t. 37, p. 29); 1678 ligne de défense razante (GUILLET); 1788 vûe râsante (FÉR.); 4. ca 1200 reseies barbes (Moralités sur Job, 303, 24 ds T.-L.); 5. fin XIIIe s. « détruire (une ville) » (Alexandre, éd. H. Michelant, 45, 34, ms. H [cf. Elliott Monographs t. 37, p. 38: enbrasee]); 6. a) 1355 « polir (une pierre) » (Ord., IV, 166 ds GDF.) — 1459, ibid.; b) 1678 « avoir la cavité des dents qui ne paraît plus (des chevaux) » (GUILLET); 7. 1665 « soumettre une étoffe au rasage » (Statuts de la Communauté des Brodeurs Chasubliers ds HAVARD); 8. 1671 mar. (POMEY); 9. a) 1851 « importuner » (d'apr. ESN.); 1857 (FURPILLE, Dict. de la lang. bleue ds KLEIN Vie paris., p. 128); b) 1872 rasant (TOUCHATOUT, Hist. de France tintamarresque, p. 312 ds QUEM. DDL t. 15); c) 1903 se raser (COLETTE, loc. cit.). Du lat. pop. rasare, altér. (d'apr. le supin rasum) du class. radere « raser », « gratter, polir, ratisser » et « toucher en passant, effleurer, côtoyer ». Fréq. abs. littér.:607. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 607, b) 770; XXe s.: a) 982, b) 1 063.
DÉR. 1. Rasance, subst. fém. a) Caractère de ce qui est rasant. (Dict. XXe s.). Rasance d'un rayon lumineux. b) Balist. Rapport entre la hauteur de la trajectoire et celle de l'objectif. La rasance est d'autant plus grande que la trajectoire s'élève moins au-dessus du sol (Lar. encyclop.). — [], [-a-]. — 1re attest. 1940 (A. ARNOUX, Relève d'infanterie, Revue de Paris, 1er janvier, p. 45 ds A. FRANÇOIS, La Désinence « -ance », p. 65); de raser, suff. -ance. 2. Rasement, subst. masc. a) Action d'abattre jusqu'au sol. Rasement d'un édifice, d'un monument. b) Méd. vétér. ,,Période de disparition du carnet dentaire par usure de la dent`` (VILLEMIN 1975). — [], [-a-]. Att. ds Ac. dep. 1762. — 1res attest. a) 1372 « action d'abattre une construction jusqu'au niveau du sol » (BAILL. DU COTENTIN, Mont-Saint-Michel, A. Manche ds GDF. Compl.); b) 1520 « action de raser » (Le Guidon en françois... de Jean Falcon, p. 274 ds SIGURS, p. 540); c) 1845 « mesure progressive des dents du cheval » (BESCH.); de raser, suff. -ment1.
raser [ʀɑze] v. tr.
ÉTYM. V. 1175; « remplir à ras bord », déb. XIIe; lat. pop. rasare, class. radere « tondre, raser la barbe »; refait sur le p. p. rasus. → 3. Ras; 1. rader.
❖
———
1 Couper (le poil) au ras de la peau. ⇒ Tondre. || Raser le poil (→ Malpropre, cit. 1), la barbe, les cheveux de qqn. || Raser le poil, la toison d'un animal (on dit plus souvent tondre). — Par ext. Couper le poil au ras de. || Raser les joues d'un homme. || Se raser les joues et le menton (→ Duvet, cit. 7). || Job se rasa la tête (→ 1. Nu, cit. 1). || Se raser les jambes, les aisselles. — Absolt. || Instrument pour raser. ⇒ Rasoir, tondeuse. || Crème, mousse à raser, que l'on passe sur la peau avant le rasoir.
1 (…) les bons musulmans se font gravement raser la tête, en réservant au sommet la mèche par laquelle Mahomet viendra les prendre pour les porter en paradis.
Loti, Aziyadé, IV, XXIV.
♦ (Av. 1662). Par ext. Dépouiller (qqn) de son poil en le rasant. || Raser qqn. — Spécialt. Couper à ras les cheveux de (qqn). || Raser un condamné (→ Exécution, cit. 19); un prêtre. ⇒ Tonsure, tonsurer. — Couper à ras la barbe de (qqn). || Barbier, coiffeur qui rase un client (⇒ Rasage). ☑ « Demain (cit. 6) on rasera gratis ». || Se faire raser en pleine (cit. 30) rue, chez son coiffeur (cit. 2).
♦ Pron. || Se raser. || Se savonner avant de se raser. || Tu te rases ou tu t'épiles ? — Spécialt. Se raser la barbe (→ Douche, cit. 1; espagnolette, cit.). ⇒ Rasoir; barbe (savon, bol à barbe…); blaireau. || Se raser tous les matins. || Il ne s'est pas rasé depuis trois jours.
2 M. de Coantré monta et se rasa. Sa main tremblait et il se coupa.
Montherlant, les Célibataires, I, IV.
2 (1851). Fam. Ennuyer, fatiguer (spécialt, par des propos oiseux). ⇒ Assommer, barber, barbifier, bassiner, embêter, tanner. || Raser ses élèves (→ Genre, cit. 33). || Tu nous rases avec tes histoires ! || Ça me rase d'aller les voir. ⇒ Rasant, rasoir (2.). — (1903, in D. D. L.) Pron. || Se raser : s'ennuyer. || Comme vous devez vous raser sur la plage ! (→ Bêtifier, cit. 2).
3 (…) elle rasa tout le monde par ses bons sentiments, un accès d'honnêteté bête, avec des idées d'éducation religieuse pour Louiset et tout un plan de bonne conduite pour elle.
Zola, Nana, VI.
4 Ah ! non, tu nous rases, tu sais, avec ton Forgeron de la paix !
Courteline, Boubouroche, I, 1.
3 (1665; par anal. du sens 1). || Raser le drap, le velours. ⇒ Rasage. — Couper à ras (une plante).
———
II
1 (Fin XIIe). Abattre à ras de terre. || Raser un bâtiment, une fortification, une muraille. ⇒ Démanteler, démolir, détruire. || Tout le quartier a été rasé par un bombardement. — (1671). Mar. || Raser un navire, en abattre les mâts. ⇒ 3. Ras. Détruire en écrasant les plantes, la récolte de. || On brûlait sa chaumière, on rasait son champ (→ Paysan, cit. 6). ⇒ Dévaster. — Au participe passé :
5 Lorsque le laboureur, regagnant sa chaumière,
Trouve le soir son champ rasé par le tonnerre,
Il croit d'abord qu'un rêve a fasciné ses yeux (…)
A. de Musset, Poésies nouvelles, « Lettre à Lamartine » (→ Fasciner, cit. 8).
6 En exigeant que le port de Dunkerque fût comblé, ses fortifications rasées, l'Angleterre montrait l'importance qu'elle attachait à nous désarmer sur la côte qui lui fait face (…)
J. Bainville, Hist. de France, XIII, p. 250.
2 (1606). Techn. a Mettre à ras, de niveau. || Raser une mesure à grains, en ôter le trop plein afin que le grain ne dépasse pas le niveau des bords. ⇒ Rader. Par ext. Remplir jusqu'au bord.
b Mettre au niveau du sol, sans remblais ni tranchées (une route, une voie de chemin de fer).
c Chasse. || Bête qui rase les oreilles, qui les rabat (→ Croc, cit. 3). Pron. || Bête qui se rase, qui se tapit contre terre. — Cheval qui se rase, ou, intrans., qui rase, dont les incisives ont perdu par usure la cavité dite du cul-de-sac externe.
———
III (V. 1175). Passer au ras d'une surface, très près. || Raser le sol. || Tout courbés, rasant le sol (→ Aplatir, cit. 4). || « D'abord un bruit léger rasant le sol comme l'hirondelle avant l'orage » (→ Calomnie, cit. 5, Beaumarchais.). ☑ Raser les murailles (pour se cacher). → Hypocrite, cit. 26. Rasant les murs (→ Fermer, cit. 20). ⇒ Longer. || La lumière rasait ses lèvres. ⇒ Effleurer, friser. || Véhicule qui rase un piéton. ⇒ Frôler. || Balle qui rase le filet. || Un avion rase le sol (⇒ Rasemottes).
7 Quand nous nous réveillâmes, les hirondelles criaient déjà autour de notre couche en rasant la terrasse, pour y dérober les miettes de notre souper (…)
Lamartine, Graziella, Épisode, XIV.
8 Je le regardais s'éloigner : je le regardais, par la fenêtre. Il rasait les murs. Il n'avait plus d'âge. Il ressemblait au juif errant, à un proscrit (…)
G. Duhamel, Cri des profondeurs, VII.
9 Le rapide nous rasa de si près que l'air qu'il chassait me heurta comme un corps solide.
J. Romains, Lucienne, II.
10 Un épervier passa. Il baissait son vol comme pour essayer de passer sous la pluie. Il rasait l'herbe et il remontait en criant.
J. Giono, le Chant du monde, I, VII.
——————
rasé, ée p. p. adj.
1 (Fin XVIe, n. m., « prêtre » : homme tonsuré, tondu). Coupé à ras. || Poil, cheveux rasés. Dont le poil est coupé à ras. || La tête rasée jusqu'à la peau (→ Exception, cit. 10); le crâne rasé à la façon d'un teigneux (→ Moyenâgeux, cit. 1). → fam. Avoir la boule à zéro. || Têtes chevelues (cit. 1) et têtes rasées. ⇒ Tonsuré. || Face (cit. 5), figure rasée (→ Gros, cit. 5; 1. masque, cit. 25). — (Personnes : hommes adultes). || Être rasé, bien rasé : avoir la figure rasée, la barbe faite (→ Favori, cit. 11). || Rasé de près (cit. 2), de frais (→ 1. Frais, cit. 22). || Joues, menton bleu(s), piquant(s)… d'un homme mal rasé. || Pas lavé, pas rasé.
11 Tout le monde était tondu à neuf, les oreilles s'écartaient des têtes, on était rasé de près; quelques-uns même, qui s'étaient levés dès avant l'aube, n'ayant pas vu clair à se faire la barbe, avaient des balafres en diagonale sous le nez, ou le long des mâchoires, des pelures d'épiderme larges comme des écus de trois francs (…)
Flaubert, Mme Bovary, IV.
12 Sa figure était, non pas longue, mais grande et toujours rasée de près, ce qui accentuait le caractère de propreté et de franchise qui se dégageait de toute sa personne.
Valery Larbaud, Fermina Marquez, V.
13 Il eut un singulier sourire, presque enfantin, qui paraissait déplacé sur sa face olivâtre où la barbe mal rasée mettait des plaques bleues.
Sartre, l'Âge de raison, p. 312.
2 (Au sens II). || Bâtiment rasé. || Ville à demi rasée, après un bombardement.
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CONTR. Amuser, intéresser. — Construire, élever, fortifier. — Écarter (s'). — (Du p. p.) Barbu, chevelu, poilu.
DÉR. Rasage, rasant, rasement, rasette, raseur.
COMP. Araser, déraser. — Rase-bitume, rase-mottes, rase-pet.
Encyclopédie Universelle. 2012.