astragale [ astragal ] n. m.
• 1546; lat. astragalus, gr. astragalos
I ♦ Os du pied formant avec le calcanéum la rangée postérieure du tarse. « L'Astragale », roman d'A. Sarrazin.
II ♦ (astragalus 1545) Moulure ronde qui sépare le fût d'une colonne de son chapiteau.
♢ Moulure, ornement. « Ce ne sont que festons, ce ne sont qu'astragales » (Boileau).
III ♦ (1611) Plante (papilionacées) dont une espèce produit la gomme adragante, une autre (astragale fausse réglisse) étant purgative et diurétique.
● astragale nom masculin (latin astragalus, grec astragalos) Os court du pied en forme de poulie, situé entre l'extrémité inférieure de la jambe et le calcanéum, qui forme le sommet de la voûte tarsienne et joue un rôle essentiel dans les mouvements de flexion-extension du pied. Légumineuse fourragère dont certaines espèces fournissent la gomme adragante. (Le genre compte plus de 1 000 espèces, dont 25 en France.) Moulure arrondie à la jonction du fût et du chapiteau d'une colonne ou au nez d'une marche d'escalier. Bourrelet aménagé autour du canon des anciennes pièces d'artillerie. ● astragale (citations) nom masculin (latin astragalus, grec astragalos) Georges de Scudéry Le Havre 1601-Paris 1667 Académie française, 1649 Ce ne sont que festons, ce ne sont qu'astragales. Cité par Boileau dans le chant I de l'Art poétique Commentaire Vers cité par Boileau pour s'élever contre l'abus et la préciosité des descriptions.
astragale
n. m.
d1./d BOT Genre de papilionacées, dont certaines espèces produisent la gomme adragante.
d2./d ANAT Os du tarse articulé en haut avec les os de la jambe, en bas avec le calcanéum et le scaphoïde.
I.
⇒ASTRAGALE1, subst. masc.
I.— ANAT. (hum. et animale). ,,Os supérieur de la rangée postérieure des os du tarse`` (Méd. Biol. t. 1 1970) :
• 1. Parmi les édentés, le tarse du paresseux à trois doigts est très-remarquable par son articulation et par sa forme. Il n'est composé que de quatre os : l'astragal, le calcanéum et les deux cunéiformes. L'astragal s'articule avec le péroné, le calcanéum et le grand cunéiforme. Son articulation avec le péroné a lieu au moyen d'une fossette conique dont est creusée sa face supérieure, et dans laquelle est reçue l'extrémité de l'os dont la figure correspond en relief à celle en creux de l'astragal.
CUVIER, Leçons d'anat. comp., t. 1, 1805, p. 379.
• 2. L'astragale est un os court, de forme cuboïde, articulé en haut avec la mortaise tibio-péronière, en bas avec le calcanéum, en avant avec le scaphoïde.
G. GÉRARD, Manuel d'anat. hum., 1912, p. 203.
— P. anal.
1. HIST. ,,Osselet que l'on introduisait dans les cordelettes servant de menottes pour les prisonniers`` (Mots rares 1965).
Rem. Attesté ds Ac. Compl. 1842, BESCH. 1845, Lar. 19e-Nouv. Lar. ill.
2. JEUX ROMAINS. Jeu des osselets :
• 3. Les astragales ne roulent que sur 4 côtés marqués de points, les dés sur 6 côtés. Le jet des astragales est de 4 à la fois, le jet des dés de 3 à la fois. (...) Le 2 et le 5 ne sont pas marqués aux astragales (...) le jet de 4 faces différentes porte gain du jeu.
P. MONET (GAY 1967).
3. DIVINATION :
• 4. Si étrange que la chose puisse nous paraître, le jeu de dés se rattache souvent à des préoccupations sérieuses. Aux Indes, on jetait les dés pour prédire l'avenir et c'est surtout dans ce but que les nègres d'Afrique les utilisent. Les Thonga, par exemple, ont des séries compliquées d'astragales ainsi que d'autres objets et ont élaboré une véritable science de la divination; toutes les circonstances imaginables de leur existence sont liées d'une façon ou d'une autre aux combinaisons d'osselets, lesquels sont considérés comme trop sacrés pour être vendus.
R.-H. LOWIE, Manuel d'anthropol. culturelle, 1936, p. 192.
Rem. Cf. astragalisme.
II.— Dans différents domaines. Sorte de moulure.
A.— ARCHIT. ,,Moulure placée à la base des chapiteaux des ordres antiques et dont le profil est une demi-circonférence...`` (J. ADELINE, Lex. des termes d'art, 1884) :
• 5. On (...) voit des chapiteaux byzantins qui n'offrent d'autre forme que celle d'une pyramide tronquée dont la base occupe la partie supérieure; une légère courbure les relie à l'astragale de la colonne.
A. LENOIR, Archit. monastique, t. 1, 1852, p. 364.
• 6. C'est toujours la plus belle place du monde [celle de l'Hôtel-de-ville, à Bruxelles] (...) d'autant plus belle aujourd'hui qu'elle a conservé ses pignons ouvragés, découpés, festonnés d'astragales...
NERVAL, Les Fêtes de Hollande, 1852, pp. 271-272.
— Cordon ornemental en cuivre ou en fer, au haut des barreaux d'une grille, d'une rampe, d'un balcon.
Rem. Attesté ds LITTRÉ, GUÉRIN 1892, Lar. 19e-Lar. encyclop.
— ,,Moulure fixée horizontalement à quelques dizaines de centimètres d'un plafond pour limiter la hauteur d'un revêtement mural`` (BONNEL-TASSAN 1966). ,,Petite moulure dont la succession offre une certaine ressemblance avec un chapelet d'osselets`` (LAVEDAN 1964) :
• 7. Après avoir compté à la lueur de ma veilleuse les astragales du plafond, regardé les gravures de la Jeune Milanaise, de la Belle Suisse, de la Jeune Française, de la Jeune Russe, du feu roi de Bavière, de la jeune reine de Bavière qui ressemble à une femme que j'ai connue et dont il m'est impossible de rappeler le nom, j'attrapai quelques minutes de sommeil.
CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 4, 1848, p. 201.
B.— ART MILIT. ,,Sorte de moulure, de bourrelet, que l'on ménage autour d'une pièce d'artillerie`` (Nouv. Lar. ill.).
Rem. Attesté ds BESCH. 1845, LITTRÉ, Lar. 19e-Lar. encyclop.
C.— Au fig. Faux brillants, fioritures d'un style pompeux, surchargé d'images :
• 8. Stendhal (...) resta dans les traditions de style du XVIIIe siècle, très choqué de la langue nouvelle, plein de railleries pour ce flot d'épithètes qu'il jugeait inutiles, pour ces festons et ces astragales sous lesquels la vieille phrase française perdait sa netteté et sa vivacité.
ZOLA, Les Romanciers naturalistes, Stendhal, 1881, p. 69.
• 9. Les astragales de langage, dont je me servis pour ne pas l'accepter, [l'offre d'une dédicace de Jean Lorrain], ne faisaient qu'augmenter l'affront qui cingle vif...
R. DE MONTESQUIOU, Mémoires, Les Pas effacés, t. 3, 1921, p. 80.
Rem. On rencontre dans la docum. le dér. astragalien, ienne, adj. (1866, Lar. 19e; suff. -ien). Qui appartient, qui se rapporte à l'astragale (cf. supra I). Articulation, luxation astragalienne.
ÉTYMOL. ET HIST. — 1. 1545 archit. astragalus (S. SERLIO, Reigles generales de l'Archit. [...] selon la doctrine de Vitruve, trad. fr. Pieter Coekke, Anvers, 4 v, d'apr. M. Cagnon et M. Smith ds Cah. Lexicol., t. 18, 1971, p. 99); 1547 id. astragale (ID., Quinto Libro d'Archiettura [...], trad. fr. Jean Martin, Paris 10 r, ibid. : l'une desquelles se sera l'astragale avec son petit quarré); 2. 1546 anat. (CH. ESTIENNE, Dissect. des Parties du corps, 31, 23 ds QUEM. : Astragal).
Empr. au lat. astragalus sens 1 (VITRUVE passim ds TLL, II, 957, 25), lui-même empr. au gr. d'abord attesté au sens de « vertèbre » (Iliade, 14, 446 ds BAILLY) d'où « talon » et sens 1 (VITRUVE, 3, 3, ibid.).
II.
⇒ASTRAGALE2, subst. masc.
BOT. Plante de la famille des légumineuses-papilionacées, annuelle, vivace, arbrisseaux trapus dont certaines espèces fournissent la gomme adragante :
• Fétuques, avoines, canches, dactyles constituent la base de la prairie subalpine : en milieu ensoleillé, le serpolet et l'astragale de Montpellier se multiplient; ...
M. WOLKOWITSCH, L'Élev. dans le monde, 1966, p. 100.
PRONONC. :[].
ÉTYMOL. ET HIST. — 1611 bot. (COTGR.).
Empr. au lat. astragalus, terme de botanique, (PLINE, Hist. nat., 26, 46 ds TLL, II, 957, 37), lui-même empr. au gr. (v. astragale1) attesté comme terme de bot. (DIOSCORIDE, 4, 162 ds BAILLY).
STAT. — Fréq. abs. littér. :37.
BBG. — Ac. Gastr. 1962. — BACH.-DEZ. 1882. — BARB.-CAD. 1963. — Bible 1912. — BONNEL-TASSAN 1966. — BOUILLET 1859. — BRARD 1838. — CAGNON (M.), SMITH (S.). Le Vocab. de l'archit. en France de 1500 à 1550. Cah. Lexicol. 1971, n° 18, p. 99. — CHABAT t. 1 1875. — CHESN. 1857. — CHEVALLIER 1970. — GAY t. 1 1967 [1887]. — JOSSIER 1881. — Lar. méd. 1970. — LAVEDAN 1964. — LITTRÉ-ROBIN 1865. — MARCEL 1938. — Méd. 1966. — Méd. Biol. t. 1 1970. — MONT. 1967. — Mots rares 1965. — NOËL 1968. — NYSTEN 1824. — PERRAUD 1963. — PRIVAT-FOC. 1870. — TIMM. 1892. — VIOLLET 1875.
1. astragale [astʀagal] n. m.
ÉTYM. 1546, Ch. Estienne; d'abord écrit astragal, encore in Cuvier, 1805; du lat. astragalus, du grec astragalos « vertèbre », « os du talon ».
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I Anat. Os du pied formant avec le calcanéum la rangée postérieure du tarse.
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II
1 (1545, astragalus). Archit. Moulure ronde qui sépare le fût d'une colonne de son chapiteau. || Le chapiteau des colonnes ioniques s'ornait d'astragales.
♦ Par ext. Moulure, ornement. || Pignons festonnés d'astragales (→ 1. Pignon, cit. 1).
1 S'il (cet auteur) rencontre un palais, il m'en dépeint la face (…)
Ce ne sont que festons, ce ne sont qu'astragales.
Boileau, l'Art poétique, I.
REM. Ce dernier vers est souvent cité pour critiquer les « faux brillants » d'un style surchargé d'ornements (→ ci-dessous, 3.).
2 Théophile Gautier m'avait fait aimer cette église à obélisques et astragales qui ressemble si parfaitement à l'ouverture du Moïse de Rossini.
Paul Morand, Venises, p. 36.
3 Elle doit dater de la fin du XVIIIe siècle, quoiqu'elle ne porte aucune des frivolités de l'époque : ni astragales, ni lucarnes entourées d'amours ou de nymphes, ni rocailles, ni volutes.
Alain Bosquet, les Bonnes Intentions, p. 184.
♦ Moulure décorative sur l'arête d'un escalier, au-dessous de l'arête d'un plafond.
♦ Cordon en cuivre ou en fer qui orne le haut des barreaux d'une grille, d'une rampe, d'un balcon.
2 Milit. Moulure circulaire, bourrelet autour d'une pièce d'artillerie.
3 Fig. (allus. aux vers de Boileau, ci-dessus). Fioritures d'un style, abus d'ornements d'un style pompeux (en général associé à feston).
4 L'ornement tient toute la place dans cette musique; ce ne sont que festons et astragales (…)
E. Delacroix, Journal, 27 déc. 1853.
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DÉR. 1. Astragalé, astragalée.
COMP. Sous-astragalien.
HOM. 2. Astragale.
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2. astragale [astʀagal] n. f.
ÉTYM. 1611; du lat. astragalus, grec astragalos, même mot que 1. astragale, par une métaphore.
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♦ Bot. Plante dicotylédone (Légumineuses papilionacées), annuelle ou vivace, dont une espèce produit la gomme adragante. || Astragale épineuse, dite aussi barbe de renard.
0 (…) les regards qui les poignardent (les hommes) sous les astragales et les cyprès centenaires (…)
Alain Bosquet, les Bonnes Intentions, p. 111-112.
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DÉR. 2. Astragalé, astragaloïde.
Encyclopédie Universelle. 2012.