aura [ ɔra ] n. f.
• 1793; mot lat. « souffle »
1 ♦ Hist. des sc. Émanation ou principe subtil d'un corps, d'une substance. — Sc. occultes Sorte de halo enveloppant le corps, visible aux seuls initiés.
♢ (1923) Fig. et littér. Atmosphère qui entoure ou semble entourer un être. Il flottait autour d'elle une aura de mystère. ⇒ ambiance, atmosphère, émanation. « L'être ne meurt pas tout de suite pour nous, il reste baigné d'une espèce d'aura de vie » (Proust).
2 ♦ (1846) Méd. Sensation ou ensemble de symptômes qui marquent le début d'une attaque, d'une crise d'épilepsie, etc. Aura hystérique. « Peut-être une douleur secrète qui me traversera la poitrine, précédant, comme une aura, l'éclair de la foudre » (Duhamel).
● aura nom féminin (latin aura, souffle) Vapeur, exhalaison subtile que l'on supposait s'élever d'un corps. Manifestation clinique passagère annonçant une crise d'épilepsie. Littéraire. Atmosphère immatérielle qui enveloppe ou semble envelopper certains êtres : L'aura qui émane de cet être exceptionnel. Bande de lumière entourant les êtres humains, que pourraient voir les médiums et dont la couleur varierait selon l'état spirituel du sujet. ● aura (homonymes) nom féminin (latin aura, souffle) aura forme conjuguée du verbe avoir auras forme conjuguée du verbe avoir ● aura (synonymes) nom féminin (latin aura, souffle) Littéraire. Atmosphère immatérielle qui enveloppe ou semble envelopper certains êtres
Synonymes :
- ambiance
- émanation
- fluide
- nimbe
aura
n. f.
d1./d Corps immatériel qui, selon les occultistes, entourerait certaines substances.
d2./d Fig. Influence mystérieuse qui semble émaner d'une personne, atmosphère qui l'entoure. Baigner dans une aura de mystère.
⇒AURA, AURE, subst. fém.
I.— Aure, PHYS. ANC. Souffle, air :
• 1. Présidez aux exercices et aux jeux de nos enfants, esprits invisibles qui animez toute la nature, zéphirs, aures, génies, amours! les poëtes, les peintres vous représentent sous les formes d'enfants ailés, comme les papillons et les oiseaux; mais vous n'avez pas besoin d'ailes pour parcourir la terre.
BERNARDIN DE SAINT-PIERRE, Harmonies de la nature, 1814, p. 253.
• 2. On était caressé d'un petit souffle que notre ancienne langue appelait l'aure; sorte d'avant-brise du matin baignée et parfumée dans la rosée.
CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 4, 1848, p. 329.
II.— Aura
A.— Émanation, atmosphère qui semble entourer un être ou envelopper une chose :
• 3. La diane me tira d'une torpeur sans rêves, d'un éther sans forme et cotonneux. Il me fallut dissiper cet étrange aura, m'ébrouer de ce bain, rassembler ma force fluente.
ABELLIO, Heureux les pacifiques, 1946, p. 88.
• 4. ... nous savons mal de quoi est faite l'aura qui émane d'une statue sumérienne, mais nous savons bien qu'elle n'émane pas d'une statue cubiste.
MALRAUX, La Voix du silence, 1951, p. 64.
♦ Aura seminalis :
• 5. Mais à quoi servent ces tubes? Seroient-ils, comme le pollen des plantes, des capsules qui contiennent l'aura seminalis, et qui ne doivent se rompre, pour la lâcher, que dans le lieu convenable?
CUVIER, Leçons d'anat. comp., t. 5, 1805, p. 169.
Rem. Certains aut. donnent à aura le genre masc. que favorise l'initiale vocalique du mot. Les dict. consultés le donnent au fém. (cf. ex. 4).
— En partic., OCCULT. ,,Sorte d'émanation colorée, d'auréole qui flotte autour du corps humain, de la tête en particulier`` (MASSON 1970). L'aura serait faite de matière astrale ou de fluide vital :
• 6. L'auréole dont les peintres entourent la tête des Saints n'est qu'une représentation exagérée de l'aura.
F.-Ch. BARLET, J. LEJAY, L'Art de demain, 1897, p. 146.
B.— MÉD. ,,Ensemble des symptômes moteurs, sensitivo-sensoriels, végétatifs ou psychiques marquant le début d'une crise d'épilepsie secondairement généralisée`` (Méd. Biol. t. 1 1970). Aura visuelle :
• 7. Chez ces trois malades, nous notons des auras psychiques, c'est-à-dire un trouble intellectuel très net, parfaitement reconnaissable pour l'entourage et pour le malade, trouble qui précède et qui annonce l'accès.
P. JANET, Les Obsessions et la psychasthénie, 1903, p. 68.
• 8. Depuis, les accès de cette étrange aura, loin de devenir moins fréquents, s'acclimatèrent, mais tempérés, maîtrisés, apprivoisés pour ainsi dire, de sorte que j'appris à n'en être effrayé, non plus que Socrate de son démon familier.
GIDE, Si le grain ne meurt, 1924, p. 485.
— P. ext. ,,L'aura est un souffle — étymologiquement, — une atmosphère, un état particulier, qui accompagne tous les tournants, toutes les crises (...) de cette chose fragile qu'est la personnalité`` (L. DAUDET, L'Homme et le poison, 1925, p. 21) :
• 9. Il [Jules Lemaître] avait un faible pour Faguet. Il devait néanmoins reconnaître l'atmosphère bizarre, l'ambiance, l'aura, le malaise émanant de Faguet.
L. DAUDET, L'Entre-deux-guerres, 1915, p. 220.
PRONONC. :[] ou [-]. Pt Lar. 1968 transcrit uniquement [o] fermé; Pt ROB. donne les deux possibilités de prononciation.
ÉTYMOL. ET HIST. — 1. Apr. 1170 aure « vent doux, souffle du vent » (B. DE STE MAURE, Ducs Normandie, II, 1787, éd. F. Michel ds GDF. : Qu'od l'aure dulce, el tens novel, Quant reverdiront li ramel, E la mer ert paisible e quoie, Tendron vers France nostre voie), rare en a. fr. — XVIe s. ds HUG., considéré comme ,,vx mot`` par CHATEAUBRIAND, Mém. d'Outre-Tombe, t. 4, 1848, p. 328; d'où 2. av. 1553 fig. aure vitale « souffle vital » (Epistre du Lymosin ds RABELAIS, Œuvres, éd. Marty-Laveaux, t. 3, p. 278 : Si tu ne veux veoir tes aures vitales Bien tost voller aux Parques, et Fatales); 1577-1644 physiol. anc. aura vitalis, nom donné par Van Helmont au principe vital, ds NYSTEN 1814-20; 3. 1814-20 méd. aura epileptica (NYSTEN : Aura [...] on a enfin nommé aura epileptica une sorte de frémissement et de sentiment douloureux qui, commençant dans une partie quelconque, semble se propager jusqu'au cerveau et déterminer l'accès épileptique).
Aura mot lat., dep. Ennius au sens de « atmosphère, espace céleste » (Ann., 21 ds TLL s.v., 1476, 73); aure forme francisée du lat. aura attesté en partic. au sens 1 (LUCILIUS, 248, ibid., 1471, 83).
STAT. — Fréq. abs. littér. :4.
BBG. — BOUILLET 1859. — CHESN. 1857. — DAINV. 1964. — FRANCE 1907. — GARNIER-DEL. 1961 [1958]. — LAFON 1969. — LAL. 1968. — Lar. méd. 1970. — LITTRÉ-ROBIN 1865. — MARCH. 1970. — MASSON 1970. — Méd. 1966. — Méd. Biol. t. 1 1970. — MOOR 1966. — NYSTEN 1824. — PIÉRON 1963. — PLAIS.-CAILL. 1958. — POROT 1960. — PRIVAT-FOC. 1870. — SÉGUY 1967. — TIMM. 1892.
ÉTYM. 1793; lat. sc. aura vitalis « souffle vital », 1577; forme francisée aure vitale, av. 1553; aure « souffle du vent », après 1170, repris comme archaïsme par Chateaubriand; mot lat. « souffle, atmosphère ». REM. On trouve parfois aura au masc. : || « cet étrange aura » (R. Abellio, in T. L. F.).
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1 Hist. des sc. Émanation ou principe subtil (d'un corps, d'une substance). || Pour Bacon, l'« âme sensible » est une substance matérielle mais invisible, une aura (« fluide » ou « souffle ») composée de l'essence du feu et de celle de l'air. || L'aura vitalis : le principe vital selon les anciens physiologistes. || L'aura seminalis : le principe de la fécondation. ⇒ Semence.
2 Mod. Sc. occultes. Halo enveloppant le corps, visible aux seuls initiés.
0.1 Quant aux « auras », ces émanations diversement colorées qui auréoleraient la tête ou doubleraient, pour ainsi dire, la silhouette d'un individu, leur existence a été affirmée, perçue, disent-ils, par de nombreux « voyants ». Des fraudes sont parfois à l'origine de ces phénomènes lumineux; d'autres fois, il suffit de présenter à contrejour une main aux doigts légèrement écartés pour qu'entre ces doigts une banale illusion d'optique fasse naître l'« aura ». Enfin, la vision de l'« aura » peut être hallucinatoire (…)
R. Amadou, la Parapsychologie, 1954, p. 68, in T. L. F., art. Auréoler.
♦ (1923). Fig. Littér. Atmosphère qui entoure ou semble entourer un être. || Il flottait autour d'elle une aura de mystère. ⇒ Ambiance, atmosphère, émanation.
1 (…) l'être ne meurt pas tout de suite pour nous, il reste baigné d'une espèce d'aura de vie qui n'a rien d'une immortalité véritable mais qui fait qu'il continue à occuper nos pensées de la même manière que quand il vivait.
Proust, À la recherche du temps perdu, t. XIII, p. 117.
1.1 Régnier écoutait en battant la mesure sous la table. Vincent ne pouvait s'empêcher de regarder cet homme. Ce qu'il avait bu d'alcool lui donnait une présence supplémentaire, une aura.
Henri-François Rey, les Pianos mécaniques, p. 152.
1.2 Une aura rend plus immobiles encore nos interlocuteurs. Bien différente de la trouble curiosité qui s'est établie lorsqu'ils ont attendu ce qu'il allait dire de la résurrection de la Chine. Il semble que nous parlions de la préparation secrète d'une explosion atomique.
Malraux, Antimémoires, Folio, p. 545.
3 (1846). Méd. Anciennt (terminologie de Galien). « Sensation d'une sorte de vapeur qui semble sortir du tronc ou des membres, avant l'invasion des attaques d'épilepsie et d'hystérie » (Littré).
♦ Mod. Sensation ou ensemble de symptômes qui marque le début d'une attaque d'hystérie, d'une crise d'épilepsie, d'asthme, etc., ou représente un accès partiel. — REM. Ce dernier emploi, à propos de l'épilepsie, est critiqué par le Dictionnaire de médecine et de biologie (Manuila) qui recommande l'usage de crise, crise partielle (de nature déterminée). || Aura hystérique. || Dans l'épilepsie, l'aura, sensorielle, sensitive, psychique… renseigne sur le foyer conditionnant la crise. || Les « auras merveilleuses » de Dostoïevski (Carrette, in Porot, 1975).
2 Peut-être une douleur secrète qui me traversera la poitrine, précédant, comme une aura, l'éclair de la foudre.
G. Duhamel, Inventaire de l'abîme, III.
♦ Par ext. (littéraire) :
3 À qui d'entre nous n'est-il pas arrivé au cours de son existence d'éprouver tout à coup, au passage d'une femme dans une rue, ou un salon, sur une route, une sorte d'aura, de frisson physique et moral, exaltant pour un moment la réalité de ce qui nous environne (…)
Léon Daudet, la Femme et l'Amour, II.
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HOM. Forme du v. avoir.
Encyclopédie Universelle. 2012.