avilissement [ avilismɑ̃ ] n. m.
• 1587; de avilir
1 ♦ Littér. Action d'avilir, de s'avilir; état d'une personne avilie. ⇒ abaissement, abjection, corruption , déshonneur, discrédit, 2. flétrissure, humiliation, opprobre, rabaissement, ravalement, souillure. « L'avilissement inévitable des volontés par la misère » (R. Rolland). Tomber dans l'avilissement.
2 ♦ Le fait de se déprécier (valeurs, prix). ⇒ baisse, dépréciation, dévaluation. « L'avilissement de l'argent, la cherté de la vie » (Bainville).
⊗ CONTR. Élévation, exaltation, glorification. Dignité, gloire, honneur. Enchérissement, hausse.
● avilissement nom masculin Action d'avilir, fait de s'avilir, de se dégrader : L'avilissement est le but de la torture. Vieux. Fait de perdre de sa valeur : L'avilissement du franc. ● avilissement (citations) nom masculin Vittorio Alfieri Asti 1749-Florence 1803 Encore que, sous la tyrannie, tous soient avilis, tous pour autant ne sont pas vils. Nella tirannide, ancorchè avviliti sian tutti, non perciò tutti son vili. Della tirannide, I, 4 ● avilissement (synonymes) nom masculin Action d' avilir , fait de s'avilir, de se dégrader
Synonymes :
- déconsidération
- dégradation
- discrédit
Contraires :
- élévation
- réhabilitation
- relèvement
Fait de perdre de sa valeur
Synonymes :
- baisse
- dépréciation
- dévaluation
Contraires :
- enchérissement
- hausse
- montée
avilissement
n. m.
d1./d Dépréciation (d'une monnaie).
d2./d Action d'avilir; état de ce qui est avili.
⇒AVILISSEMENT, subst. masc.
A.— Action d'avilir, de s'avilir; résultat de cette action.
1. Littér. [En parlant de pers.] Tomber dans l'avilissement (Ac. 1835-1932, BESCH. 1845). Vivre dans l'avilissement et la honte (Ac. 1798-1932, BESCH. 1845) :
• 1. Le tableau des mœurs qu'on observe dans les empires fondés par les conquérants, nous présente au contraire toutes les nuances de l'avilissement et de la corruption, où le despotisme et la superstition peuvent amener l'espèce humaine.
CONDORCET, Esquisse d'un tableau hist. des progrès de l'esprit hum., 1794, p. 36.
• 2. Je n'ai jamais compris la sécurité dans un pays toujours menacé de l'invasion des eaux, ni le bonheur moral dans une société qui suppose l'avilissement d'une partie de la race humaine.
RENAN, Avenir de la sc., 1890, p. 333.
2. [En parlant des attributs d'une pers., d'une charge, d'une institution] Dégradation. L'avilissement d'une dignité (Ac. 1798-1932, BESCH. 1845) :
• 3. ... si l'on objecte l'avilissement de la pairie par des créations de pairs trop multipliées, je dirai que le seul remède est l'intérêt du prince à ne pas rabaisser la dignité du corps qui l'entoure et le soutient.
CONSTANT, Principes de pol., 1815, p. 38.
• 4. « ... De perfides ennemis, sans songer à vous, méditent de rendre la France à l'esclavage dont vous l'avez affranchie pour toujours. Le fanatisme, l'intrigue, la corruption, le désordre dans les finances, l'avilissement des institutions républicaines et des hommes qui ont rendu de grands services, voilà les armes qu'ils emploient pour arriver à une dissolution sociale, qu'ils disent être l'effet des circonstances... etc. » [Hoche cité par Chauvel].
ERCKMANN-CHATRIAN, Histoire d'un paysan, t. 2, 1870, p. 454.
B.— Action de se déprécier, de perdre de sa valeur; résultat de cette action.
1. COMM. et FIN. L'avilissement des marchandises (Ac. 1878-1932, DG, ROB.) :
• 5. Beaucoup de Français, excédés de l'anarchie, de la misère et des souffrances causées par l'avilissement du papier-monnaie, aspiraient à l'ordre et le concevaient sous la forme d'un retour à la royauté.
BAINVILLE, Histoire de France, t. 2, 1924, p. 87.
• 6. La chute des revenus agricoles fut plus grave encore que celle du secteur industriel et l'avilissement des prix agricoles réduisit considérablement les achats d'engrais, dont les prix, bien qu'en forte baisse eux aussi, n'avaient pas diminué dans les mêmes proportions.
L'Industr. fr. des engrais chim., t. 1, 1954, p. 24.
— P. ext. :
• 7. Mais de tous ces amateurs le type le plus passionné est une collectionneuse de porcelaines, qui, après avoir donné dans la Chine et le Japon, dégoûtée par l'avilissement apporté à ces porcelaines par les envois de la Compagnie des Indes, s'est jetée dans le Saxe...
E. DE GONCOURT, La Maison d'un artiste, 1881, p. 291.
• 8. On déplorait la misère des campagnes, le manque de bras, l'avilissement de la terre, dont on ne faisait plus d'argent, quand on la vendait.
MOSELLY, Terres lorraines, 1907, p. 43.
2. Au fig., STYL. Avilissement d'un mot. Dépréciation d'un mot, qui de noble qu'il était devient populaire, familier :
• 9. L'avilissement des mots est une de ces bizarreries des mœurs, qui pour être expliquée, demanderait des volumes... Monsieur veut dire monseigneur; autrefois réservé à certaines classes de la société, il est aujourd'hui une qualification banale qu'on donne au premier venu.
BALZAC (Lar. 19e, 1866).
PRONONC. :[].
ÉTYMOL. ET HIST. — 1. 1587 « dépréciation morale » (LANOUE, Discours politiques, p. 56 ds GDF. Compl. : L'avilissement des lettres et sciences); 2. 1710 « dépréciation, perte de valeur » (RICH. : Avilissement [...] Ces mots se disent aussi des choses qui deviennent d'un plus bas prix).
Dér. du rad. du part. prés. de avilir; suff. -ment1.
STAT. — Fréq. abs. littér. :165.
BBG. — BALDINGER 1950, p. 28. — KUHN 1931, p. 78. — Sexol. 1970.
avilissement [avilismɑ̃] n. m.
ÉTYM. 1587; de avilir.
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1 Littér. ou style soutenu. Action d'avilir, de s'avilir; état d'une personne avilie. ⇒ Abaissement, abjection, corruption, déshonneur, discrédit, flétrissure, humiliation, opprobre, rabaissement, ravalement, souillure. || Tomber au plus bas degré de l'avilissement. || Un tel avilissement ne peut inspirer que le mépris. || L'avilissement de qqn, de sa volonté. || L'avilissement d'une fonction, d'un titre. — Vx. État de discrédit (de qqch.). → ci-dessous cit. 4 et 5. — Absolt. Corruption (→ ci-dessous cit. 8, Rousseau).
1 Le mépris des richesses était dans les philosophes un désir caché de venger leur mérite de l'injustice de la fortune, par le mépris des mêmes biens dont elle les privait; c'était un secret pour se garantir de l'avilissement de la pauvreté; c'était un chemin détourné pour aller à la considération qu'ils ne pouvaient avoir par les richesses.
La Rochefoucauld, Maximes, 54.
2 L'homme de robe ne saurait guère danser au bal, paraître aux théâtres, renoncer aux habits simples et modestes, sans consentir à son propre avilissement (…)
La Bruyère, les Caractères, XIV, 47.
3 Quel décri et quel avilissement pour le prince dans l'opinion des cours étrangères !
Massillon, Sermon pour la fête de la Purification, I.
4 Les belles-lettres sont dans un étrange avilissement à Paris.
Voltaire, Lettre à Damilaville, 30 mars 1764.
5 Je vous supplie instamment de vous joindre à moi pour empêcher l'avilissement le plus odieux qui puisse déshonorer la scène française et achever notre décadence (…)
Voltaire, Lettre à Mlle Clairon, 18 oct. 1760.
6 Sans avilissement, à tout elle s'abaisse (…)
Voltaire, les Scythes, I, 1.
7 Ce n'est donc pas par l'avilissement des peuples asservis qu'il faut juger des dispositions naturelles de l'homme pour ou contre la servitude, mais par les prodiges qu'ont faits tous les peuples libres pour se garantir de l'oppression.
Rousseau, De l'inégalité parmi les hommes.
8 En ces temps d'avilissement, qui sait à quel point de vertu peut atteindre encore une âme humaine ?
Rousseau, Émile, I.
8.1 Oui, continue-t-il, punissons-la mille fois davantage que si nous prenions sa vie, marquons-la, flétrissons-la; cet avilissement joint à toutes les mauvaises affaires qu'elle a sur le corps, la fera pendre ou mourir de faim; elle souffrira du moins jusque-là, et notre vengeance plus prolongée en deviendra plus délicieuse (…)
Sade, Justine…, t. I, p. 132.
9 (…) son triste scepticisme et son expérience des gens lui avaient fait connaître l'avilissement inévitable des volontés par la misère.
R. Rolland, Jean-Christophe, t. V, p. 38.
10 Car le plus précieux de tous les biens imaginables, la vie, va, pour de longues années, tomber dans le mépris et dans l'avilissement.
G. Duhamel, le Temps de la recherche, XVII, p. 244.
10.1 (…) la torture existe depuis des siècles; et même ceux qui ont chanté dans les supplices. Ce qui n'avait pas encore existé, c'est cette organisation de l'avilissement.
Malraux, Antimémoires, Folio, p. 613.
2 (1710). Techn. ou littér. Le fait de se déprécier (valeurs, prix). ⇒ Baisse, dépréciation, dévaluation. || L'avilissement des marchandises, de la terre. || L'avilissement des prix, de la monnaie.
11 L'avilissement de l'argent, la cherté de la vie, conséquence de la guerre et peut-être aussi de l'afflux subit de l'or américain, avaient créé du mécontentement (sous Henri II).
J. Bainville, Hist. de France, p. 154.
♦ Fig. || L'avilissement d'un mot, d'une expression, d'une idée, sa dépréciation par banalisation.
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CONTR. Élévation, ennoblissement, exaltation, glorification, réhabilitation, relèvement. — Dignité, gloire, honneur… — Enchérissement, hausse, montée, renchérissement, revalorisation.
Encyclopédie Universelle. 2012.