barrière [ barjɛr ] n. f.
1 ♦ Assemblage de pièces de bois, de métal qui ferme un passage, sert de clôture. ⇒ clôture, haie, palissade. Barrière d'un champ. Les barrières d'un passage à niveau. ⇒ garde-barrière. Ouvrir, fermer une barrière. Franchir, enjamber, sauter une barrière.
♢ Trav. publ. BARRIÈRE DE DÉGEL : signal routier réglementant l'accès des poids lourds à une route en cours de dégel.
2 ♦ Anciennt Porte qui fermait l'entrée d'une ville, d'un château. Mod. Double porte en lattes de bois d'un jardin, d'un parc.
3 ♦ Obstacle naturel qui s'oppose au passage, à l'accès. Barrières naturelles. Barrière de corail. ⇒ récif. La Grande Barrière d'Australie.
4 ♦ Fig. Ce qui sépare, fait obstacle. ⇒ obstacle; difficulté, empêchement; borne, garde-fou. « Retourner à Genève était mettre entre elle et moi une barrière presque insurmontable » (Rousseau). — Les barrières sociales, culturelles, linguistiques. — Loc. fig. Être de l'autre côté de la barrière. ⇒ barricade. « à cette minute, il aurait voulu être de l'autre côté de la barrière; être ce gendarme borné et stupide » (Cossery).
♢ Barrières douanières : mesures destinées à freiner les importations dans un pays. Barrière fiscale.
5 ♦ Phys. Limite à ne pas franchir. Barrière thermique : vitesse limite d'un engin spatial, au-delà de laquelle les effets thermiques sont destructeurs. Barrière de potentiel. — Nucl. Barrière de diffusion : filtre utilisé pour la séparation des isotopes 235 et 238 de l'uranium.
⊗ CONTR. Accès, ouverture, trait d'union.
● Barrière enceinte fermée destinée à empêcher la dissémination de produits dangereux dans l'environnement d'une installation nucléaire. (Dans une centrale nucléaire, il y a au moins trois barrières de confinement successives.)
Barrière
n. f.
d1./d Assemblage de pièces de bois ou de métal formant une clôture. Barrière d'un champ.
— Spécial. Clôture mobile au croisement d'une voie ferrée et d'une route. Barrière automatique.
|| (Belgique, Québec) Barrière nadar (ou Nadar): barrière de protection destinée à contenir la foule.
d2./d TRANSP Barrière de péage: installation destinée à percevoir les péages sur une autoroute.
|| (Afr. subsah.) Barrière de pluie, interdisant l'accès aux pistes devenues impraticables durant la saison des pluies.
d3./d Obstacle naturel important. Barrière de corail.
|| Fig. Les barrières douanières s'opposent au libre-échange.
d4./d GENET Interaction des génomes de deux espèces différentes, conduisant à empêcher le développement normal d'hybrides.
————————
Barrière
(Grande) chaîne corallienne bordant la côte N.-E. de l'Australie, sur 2 400 km environ.
⇒BARRIÈRE, subst. fém.
A.— Clôture à claire-voie faite d'un assemblage de barres de bois ou de métal, fixe ou mobile selon qu'elle sert à enclore un espace ou à fermer un passage :
• 1. Un son de trompe courut, se répercuta, s'affaiblit et de nouveau brama, d'intervalles en intervalles. Les gardiens fermaient les barrières du passage à niveau, — un train de grande ligne s'avançait au loin.
HUYSMANS, Les Sœurs Vatard, 1879, p. 121.
• 2. La route d'Angers est hideuse. D'interminables haies détruisent l'horizon. Tous les cent mètres, une barrière à bascule, dont les poids sont remplacés par de grosses pierres.
H. BAZIN, Vipère au poing, 1948, p. 141.
1. P. ext.
a) HIST. Porte de clôture qui interdisait l'accès d'une ville; porte qui fermait l'enceinte d'un château.
— TOURNOIS. Palissade qui, dans les tournois, coupait la lice en deux et que les champions se disputaient. Forcer, rompre, enlever la barrière; combattre à la barrière.
♦ P. métaph. Lice, champ d'action. La victoire en chantant nous ouvre la barrière (M.-J. Chénier dans Lar. Lang. fr.).
b) Poste garni de barrières établi aux entrées des villes pour percevoir les droits d'entrée :
• 3. ... la Sente-Bihorel était enveloppée d'une triste brume, qui se dissipait lentement à notre départ. Alfred nous conduisait jusqu'à la barrière de l'octroi : Noël devait partir après nous et, lui, s'en aller seul à Vascœuil.
MICHELET, Journal, 1842, p. 476.
♦ P. méton. Lieu où se trouvaient ces postes :
• 4. Nicolas ne pouvait voir Zéfire que le dimanche; Mlle Zoé allait la chercher ce jour-là, et l'on faisait des promenades hors barrière avec Loiseau.
NERVAL, Les Illuminés, 1852, p. 195.
Rem. Pour se soustraire à l'octroi, c.-à-d. au paiement des taxes sur les marchandises, de nombreux cabarets, fréquentés par des individus douteux, s'étaient établis aux portes de Paris, au-delà de la barrière; d'où le sens de « lieu mal famé » :
• 5. ... ces bouges de barrière dont quelques-uns portent pour enseigne : À la consolation...
A. DAUDET, Jack, t. 2, 1876, p. 171.
• 6. Une autre, à Paris, fille du trottoir, aurait fui avec un cocher ou avec un rôdeur de barrière.
MAUPASSANT, Contes et nouvelles, t. 1, Allouma, 1889, p. 1327.
• 7. Je me pris de querelle à cause d'une fille avec un homme de barrière excessivement dangereux : Totor. Nous échangeâmes souvent des coups de feu.
F. TRIGNOL, Pantruche, 1946, p. 33.
2. Au fig.
a) Toute interdiction, toute restriction (droits, taxes, formalités administratives, etc.) qui s'oppose à la libre circulation entre les États des biens et des personnes. Barrière douanière, fiscale :
• 8. Vous imaginez, vous organisez les moyens les plus prompts de traverser l'espace, mais vous élevez aussitôt des barrières et des obstacles où le voyageur arrêté, semoncé, visité, soupçonné, perd un temps infini...
VALÉRY, Variété 4, 1938, p. 185.
b) Barrière de dégel. Interdiction (primitivement matérialisée par des barrières au sens A), faite à certains véhicules de circuler pendant la période de dégel (cf. Code de la route, art. 15).
3. Spécialement
a) AVIAT. Barrière d'arrêt. Câble ou filet tendu en travers de la piste pour arrêter l'avion dans sa course au sol et réduire ainsi la longueur de la piste nécessaire à l'atterrissage.
b) JEUX (Cirque)
— ,,Petite palissade ou muret qui sépare les spectateurs de la piste`` (Lar. encyclop.).
• 9. Il ne cessait pas de tomber. Il s'embarrassait dans quatre chaises à la fois. Il entraînait dans sa chute une table énorme qu'on avait apportée sur la piste. Il finit par aller s'étaler par delà la barrière du cirque jusque sur les pieds des spectateurs.
ALAIN-FOURNIER, Le Grand Meaulnes, 1913, p. 172.
— ,,Clôture constituée d'éléments mobiles qui entoure le chapiteau, les caravanes et l'important matériel groupé autour de lui`` (Jean Baudez dans GITEAU 1970).
— ,,Ensemble des artistes et employés en uniforme qui se tiennent à l'entrée de la piste pendant l'exécution des numéros`` (Jean Baudez dans GITEAU 1970).
B.— P. anal. Obstacle naturel qui interdit l'accès d'un lieu ou qui rend difficile le passage d'un lieu à un autre. Barrière de montagnes :
• 10. Lorsque les hommes commencèrent à entrer en rapport par delà la barrière montagneuse qui borde la Méditerranée, le sud représenta pour l'ultramontain le pays des fruits, de même que, par une généralisation semblable, l'Europe centrale apparut au méditerranéen comme le pays des forêts.
VIDAL DE LA BLACHE, Principes de géogr. hum., 1921, p. 81.
1. P. métaph. ou au fig.
a) Obstacle, empêchement moral ou psychologique :
• 11. Avant de monter à l'assaut d'une confiance en passant par-dessus toutes les barrières de la fierté, les gens d'honneur doivent avoir senti plus d'une fois au cœur l'éperon de la nécessité, cette dure cavalière!
BALZAC, César Birotteau, 1837, p. 249.
• 12. Il fallait arriver à cette sensualité, en sautant par-dessus les barrières morales qui la défendaient et l'emprisonnaient.
DRIEU LA ROCHELLE, Rêveuse bourgeoisie, 1939, p. 226.
b) Ce qui offre, assure une protection :
• 13. ... mais, comme il faut qu'un roi s'entoure des rangs supérieurs, il est impossible de trouver assez de citoyens illustres par leurs exploits, pour qu'une aristocratie toute nouvelle puisse servir de barrière à l'autorité qui l'aurait créée.
Mme DE STAËL, Considération sur les princ. événements de la Révolution fr., t. 2, 1817, p. 53.
• 14. Il ne s'agit pas, pour le chrétien, de dresser des barrières et des garde-fous, ni de se fournir des béquilles. Un homme qui s'efforce de vivre, tant bien que mal, selon la loi chrétienne, c'est simplement le signe qu'il préfère quelqu'un.
MAURIAC, Journal 1, 1934, p. 78.
2. Spécialement
a) ASTRONAUT. Obstacle dû à la résistance de l'air de l'atmosphère :
• 15. Il semble que l'éjection de la capsule pour son retour final à terre ait eu lieu à une altitude d'environ 7 000 m. À ce moment-là, l'habitacle du « Vostok » avait déjà franchi avec succès la barrière atmosphérique et se trouvait en descente directe vers la terre.
Le Figaro, 13 avr. 1961 (GUILB. Astronaut. 1967).
b) GÉOGR. et GÉOL. Chaîne de récifs devant une côte. Barrière de récifs (DG) :
• 16. ... chacun sait que les êtres vivants sont susceptibles de fabriquer des substances minérales, parfois localisées dans le corps (c'est le cas de nos os), d'autrefois servant de support à des colonies d'êtres inférieurs, comme les coraux, les madrépores des mers chaudes, dont la prolifération donne naissance à des récifs, barrières, atolls.
Ch. COMBALUZIER, Introd. à la géol., 1961, p. 87.
♦ Barrière de glace :
• 17. Les icebergs tabulaires de l'antarctique doivent leur origine à des glaciers spéciaux, les barrières de glace, glaciers plats, s'avançant très au large du glacier proprement dit en couvrant des superficies considérables. Citons, comme exemple, au sud de la Nouvelle-Zélande, la Grande barrière de Ross...
L. GAIN, Les Glaces flottantes, La Météorologie, sept. 1935, p. 412.
Prononc. :[] ou [].
Étymol. ET HIST. — XIVe s. barrere « assemblage de pièces de bois, de métal qui ferme un passage » ici « porte d'une ville » (Bible, Richel. 1, Paralipom., ch. VIII, v. 5 dans GDF., s.v. bassein : Si fist il Bertheron la suseine et Bertheron la basseine citee murees eyant portes et barreres et cerrures); XVe s. barriere (FROISS., II, II, 8 dans LITTRÉ); 1541 « palissade qui entoure un champ clos » (Amad[is], livre 2 dans NICOT); 1668 p. ext. « obstacle naturel qui s'oppose au passage, à l'accès » (LA FONT., VIII, 23 dans ROB.); 1670 fig. « empêchement, obstacle » (RAC., Brit., I, 2 dans LITTRÉ).
Dér. de barre étymol. I A 2; suff. -ière.
STAT. — Fréq. abs. littér. :1 919. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 3 044, b) 3 675; XXe s. : a) 2 438, b) 2 127.
barrière [baʀjɛʀ] n. f.
ÉTYM. XIVe; de barre.
❖
———
1 a Assemblage de pièces de bois, de métal, qui ferme un passage, sert de clôture. ⇒ Clôture; barrage, haie, palissade. || Barrière d'un champ, d'un pacage. ⇒ Échalier. || Une barrière à claire-voie. || Le moulinet, le tourniquet d'une barrière. || Les barrières d'un passage (cit. 18) à niveau. ⇒ Garde-barrière. || Fermer une barrière. || Ouvrir, franchir une barrière.
1 Au détour d'un sentier deux arbres opposés,
Laissant tomber leurs bras épaissis et croisés,
Forment sur leur passage une large barrière (…)
Gilbert, Mort d'Abel, VIII.
1.1 Il poussa la barrière, qui n'était pas fermée, et, ne voyant pas de sonnette, pénétra dans le jardin.
G. Simenon, Maigret et la vieille dame, p. 29.
♦ Barrière de dégel : barrière délimitant les tronçons de route momentanément interdits à la circulation des poids lourds, en cas de dégel. || Barrières de dégel installées sur les routes à grande circulation pour en prévenir la dégradation. — Interdiction de circuler faite à certains véhicules en cas de dégel.
♦ En franç. d'Afrique. || Barrière de pluie, empêchant l'accès aux pistes que la saison des pluies rend impraticables.
b Anciennt. Enceinte fermée où se livraient des combats, des joutes, des tournois. — Au fig. Lice, carrière. || Forcer, rompre la barrière.
2 Soit qu'il se présente un rival
Pour la lice ou pour la barrière (…)
Malherbe, IV, 5.
3 Le sort qui de l'honneur nous ouvre la barrière.
Corneille, Horace, II, 3.
2 Anciennt. Enceinte fortifiée autour d'une ville. || La barrière des fermiers généraux, à Paris.
♦ Porte qui fermait l'entrée d'une ville, d'un château.
4 La mort a des rigueurs à nulle autre pareilles (…)
Et la garde qui veille aux barrières du Louvre
N'en défend point nos rois.
Malherbe, Consolation à M. du Périer, VI, 18.
♦ Barrière de l'octroi : bureau installé à l'entrée d'une ville, où était perçu l'octroi.
4.1 Au nord enfin, ce vaste quadrilatère débouchait sur la vraie campagne, vers l'espace indéfini qui s'ouvrait à nous, aussi inconnu, aussi hostile que la steppe aux chevaliers teutoniques, mais sa frontière n'en était pas moins marquée tout au long par le mur de l'octroi, obstacle dérisoire devant une aussi profonde étendue, mais clairement symbolique, coupé d'ailleurs çà et là, au passage des chemins, de portes qu'on nommait barrières, où la ville percevait encore ses taxes sur les charrois qui entraient.
Raymond Abellio, Ma dernière mémoire, t. I, p. 49.
♦ Quartier qui s'étendait à l'extérieur de la porte d'une ville. ⇒ Faubourg. || Un bal de barrière. — Péj. (ces quartiers étant souvent mal famés). || « Un rôdeur de barrière » (Maupassant). || Cabaret de barrière.
———
II Par ext.
1 (Abstrait). || Barrières douanières : droits qui s'opposent au libre échange des marchandises. || Barrière fiscale.
5 (…) une paix économique, comme la veut Wilson, avec la liberté des échanges commerciaux, la suppression des barrières douanières, etc. (…)
Martin du Gard, les Thibault, IX, p. 170.
6 (…) facilité des échanges, aisance des communications (…) dans un monde hélas ! disparu où les hommes circulaient librement, sans barrières, sans quotas, sans passeports !
André Siegfried, l'Âme des peuples, I, p. 8.
2 Obstacle naturel qui s'oppose au passage, à l'accès. || Barrières naturelles. || La barrière des Pyrénées. || Barrière de glace. || Barrière de corail. ⇒ Récif. || La Grande Barrière d'Australie.
7 Nul voyageur n'osait passer
Une barrière si puissante (le torrent).
La Fontaine, Fables, VIII, 23.
8 J'avais imaginé que la ceinture des Alpes et du mont Jura serait une barrière contre les vents.
Voltaire, Albergati, 27 oct. 1762.
9 (…) la France, si rapidement envahie jusqu'en Champagne à l'été de 1792, avait, à la lueur de l'événement, compris, une fois de plus, la nécessité, pour sa sécurité, des nouvelles barrières.
Louis Madelin, De Brumaire à Marengo, V.
3 (Abstrait). ⇒ Obstacle; difficulté, empêchement; limite, séparation; et, par métaphore, borne, digue, garde-fou. || Barrières morales, sociales, culturelles, linguistiques. || Servir de barrière à… || Élever, interposer, mettre une barrière entre… || Opposer une barrière infranchissable, insurmontable à, contre… || Être arrêté (cit. 28) par une barrière. || Franchir, rompre, briser, faire tomber les barrières. — Vx. || La barrière de l'honneur, du respect.
10 Elle opposa la barrière de la pudeur aux premiers orages (…)
11 Mais si vous aviez une fois rompu la barrière de l'honneur et de la bonne foi (…)
Fénelon, Télémaque, 15.
12 Quel pouvoir a brisé l'éternelle barrière
Dont le ciel sépara l'enfer et la lumière (…)
Voltaire, Sémiramis, III, 2.
13 Je sais que, malgré les barrières immenses qu'on entasse sans cesse autour de moi, on craint toujours que la vérité ne s'échappe par quelque fissure (…)
Rousseau, les Confessions, VII.
14 Je sentais que retourner à Genève était mettre entre elle et moi une barrière presque insurmontable.
Rousseau, les Confessions, II.
15 (…) or, ce pardon lui suffisait, et, maintenant qu'il se sentait sûr de l'obtenir, la plus grande barrière, entre sa fiancée et lui, était comme tombée tout à coup.
Loti, Ramuntcho, V, p. 249.
16 (…) il n'y avait plus entre nous que des barrières matérielles, la présence de son maître, et le grillage de fer de ses fenêtres.
Loti, Aziyadé, Salonique, XII, p. 19.
17 Les barrières de l'autonomie sont rompues. Les vieilles, les sordides barrières de l'âme, qui protégeaient l'esprit et le langage.
J.-M. G. Le Clézio, Haï, p. 18.
♦ ☑ Loc. fig. Être du même côté de la barrière. ☑ Être, passer de l'autre côté de la barrière. (⇒ Barricade).
4 Phys. Limite à ne pas franchir. || Barrière thermique : vitesse limite d'un engin spatial, au-delà de laquelle les effets thermiques sont destructeurs.
♦ Barrière de diffusion : filtre très fin permettant de séparer l'uranium 235 et l'uranium 238. || Les pores des barrières de diffusion.
❖
CONTR. Accès, ouverture, trait-d'union.
COMP. Garde-barrière.
Encyclopédie Universelle. 2012.