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baste

baste [ bast ] interj.
• 1534; it. basta « il suffit »
Vx Interjection marquant l'indifférence, le dédain. bah.

I.
⇒BASTE1, BAST, BASTA, interj.
Assez!
A.— Bast, basta, baste. [Pour exprimer l'indifférence, la résignation, l'impatience ou la déception] Il suffit. Mais baste! Baste pour cela (Ac. 1798-1878) :
1. J'en aurais trop à dire, basta. Quand nous nous reverrons.
COURIER, Lettres de France et d'Italie, 1807, p. 751.
2. Pauvre bête, dit Rodolphe, toi aussi on t'a trompé; ta Mimi t'a fait des traits comme la mienne. Bast! Consolons-nous. Vois-tu, ma pauvre bête, le cœur des femmes et des chattes est un abîme que les hommes et les chats ne pourront jamais sonder.
MURGER, Scènes de la vie de bohème, 1851, p. 164.
3. Quand j'ai appris la mort de votre père, j'ai dit à ma femme : je crois bien que M. Vigneron nous devait encore quelque chose, mais baste, la somme n'est pas bien grosse, nous n'en mourrons pas de la passer à profits et pertes.
BECQUE, Les Corbeaux, 1882, IV, 10, p. 242.
4. UN PRISONNIER. — Tu tiens ton papier à l'envers, citoyen!
LE GEÔLIER. — Bast! Le greffier m'a lu la chose et si je ne sais pas lire, parguienne! Je ne suis pas sourd.
BERNANOS, Dialogues des Carmélites, 1948, 5e tabl., 2, p. 1694.
Rem. Qq. attest. dans les textes de l'exclam. ital. correspondante : ma basta! (LAMARTINE, Correspondance, 1830-36, p. 66) et basta cosi! (ID., ibid., p. 114).
B.— Spécialement
1. MAR., baste (ou vaste). ,,Commandement employé sur les bâtiments de commerce de la Méditerranée et qui signifie : Assez! tiens bon! arrête! amarre!`` (Nouv. Lar. ill.)
P. ext. ,,Mot des matelots quand on leur verse à boire, que la mesure est pleine, pour exprimer assez, pas plus, pas davantage`` (WILL. 1831 qui tire le mot de l'esp. basta).
2. JEU. Basta. ,,Au jeu de quinze et d'ambigu, déclaration qu'on a assez de cartes`` (GUÉRIN 1892).
Prononc. ET ORTH. :[bast]. Baste est la forme de loin la plus fréq. On trouve aussi bast (avec seulement une différence d'orth.), vaste (BESCH. 1845) et basta.
Étymol. ET HIST. — 1534 interj. baste (RABELAIS, Pantagruel, éd. Marty-Laveaux, t. 1, chap. 26, p. 343 : ... on vous cheuauchera a grand coup de picque & de lance. Baste, dist Epistemon).
Francisation de l'exclam. ital. basta de même sens (KOHLM., p. 31; SAIN. Lang. Rab., p. 151) attestée dep. la 1re moitié du XVIe s. (A. FIRENZUOLA [1493-1543], 663 dans BATT.), 3e pers. de l'ind. prés. de bastare « suffire », v. baster.
STAT. — Fréq. abs. littér. :37.
BBG. — RICE (C. C.). Romance etymologies and other studies. Chapel Hill, 1946, p. 67. — SAIN. Lang. par. 1920, p. 161, 500.
II.
⇒BASTE2, subst. masc.
JEUX. ,,As de trèfle, à certains jeux de cartes, comme l'hombre et le quadrille`` (Lar. 19e). Le baste est le troisième des matadors (Ac. 1798-1878).
[P. anal. avec la forme du trèfle] Masse, ,,gros marteau (...) outil de plombier (...) qui est un outil de percussion`` (Lar. encyclop., s.v. masse).
Prononc. :[bast]. Étymol. et Hist. 1680 jeux (RICH.). Empr. à l'esp. basto « as au jeu de cartes appelé bastos », attesté dep. le XVe s. (d'apr. AL.), prob. formation régr. à partir de bastón « bâton » qui avait aussi ce sens en raison de la forme du motif représenté sur cette carte (v. COR. s.v., et bâton). L'hyp. de Brüch (Z. fr. Spr. Lit., t. 49, pp. 299-300) selon laquelle l'esp. basto « as » est empr. au cat. bastós « id. » est à rejeter; c'est au contraire le cat. qui a empr. ce mot à l'esp. (v. COR., loc. cit. et ALC.-MOLL, s.v. basto). V. aussi BOULAN, p. 63; SCHMIDT, p. 62; RUPP., p. 182.
BBG. — BOULAN 1934, p. 63, 90. — BRÜCH (J.), Bemerkungen zum französischen etymologischen Wörterbuch E. Gamillschegs. Z. fr. Spr. Lit. 1927, t. 49, pp. 299-300.
III.
⇒BASTE3, subst. fém.
Sorte de récipient.
A.— ,,Panier qui s'attache au bât d'une bête de somme`` (Ac. Compl. 1842, BESCH. 1845).
B.— Récipient de bois servant à transporter la vendange :
La voiture roulait dans cette campagne grillée mais où les premières brumes s'élevaient des prairies. On commençait d'ouvrir les cuviers pour les aérer. Les bastes toutes violacées encore des anciennes vendanges s'entassaient au seuil des cuisines.
MAURIAC, Les Chemins de la mer, 1939, p. 123.
C.— ,,Cylindre cerclé qui sert de vase pour conserver du lait`` (Ac. Compl. 1842, BESCH. 1845).
Prononc. :[bast].
Étymol. ET HIST. — Ca 1220 baste « sorte de panier qu'on attache au bât » (B. DE BAR-SUR-AUBE, G. de Vienne, 166a, éd. I. Bekker dans T.-L. : Des seles furent tuit doré li arçon, A flors a baste pointuré environ).
Subst. fém. formé à partir de l'a. fr. bast (bât).

1. baste [bast] interj.
ÉTYM. 1534, Rabelais; ital. basta « il suffit », de bastare « suffire » (→ Baster); ou, selon Guiraud, d'un roman basitare, de basis « base ».
1 Vx ou style soutenu. Interjection marquant l'indifférence, le dédain. Bah, basta (→ Ça suffit, ça va comme ça). || Il dit cela : baste ! il n'en fera rien (Académie). || « Baste, ce prêchi-prêcha (du journal le Monde) n'est-ce pas là le discours même, à l'Opéra de Quat'sous, de Brecht, de Jonathan Jeremiah Peachum : l'industrie du misérabilisme » (Jean-Edern Hallier, in le Figaro Magazine, 6 janv. 1979).
1 Baste, laissons là ce chapitre.
Molière, le Médecin malgré lui, I, 1.
2 — Mais, je vous répète que nous n'avons plus de feu !
— Peuh !
— Ni aucun moyen de le rallumer.
— Baste !
J. Verne, l'Île mystérieuse, t. I, p. 102.
3 J'ai énormément à faire, maman, vous le savez; beaucoup de travail.
— Baste ! fit-elle, le travail ? Tu dois travailler. Tu dois briser tes nerfs, le travail est ta santé.
Bernanos, la Joie, Œ. roman., p. 539.
4 Tous les cœurs il (le gymnaste) dévaste mais se doit d'être chaste et son juron est Baste !
Francis Ponge, le Parti pris des choses, p. 65.
tableau Principales interjections.
2 Vx. Au jeu de quinze et d'ambigu, Terme par lequel le joueur fait savoir qu'il a assez de cartes.
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2. baste [bast] n. m.
ÉTYM. 1680; esp. basto « as au jeu de cartes appelé bastos ».
Vx. As de trèfle, à certains jeux de cartes, comme l'hombre et le quadrille.
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3. baste [bast] n. m.
ÉTYM. V. 1220; de l'anc. franç. bast « bât », au sens 1. → Bât.
Technique ou régional.
1 Anciennt. Panier qu'on attache au bât d'une bête de somme.
2 Régional. Récipient de bois destiné à transporter le raisin.

Encyclopédie Universelle. 2012.