batailler [ bataje ] v. intr. <conjug. : 1>
• 1160 « livrer bataille »; de bataille
♦ Contester, disputer avec ardeur pour persuader. Batailler pour faire entendre raison. — Fam. Batailler pour (et l'inf.) :s'évertuer à surmonter une difficulté, un obstacle. ⇒ se battre, s'escrimer, lutter; fam. se bagarrer. Il m'a fallu batailler pour gagner ma vie.
● batailler verbe transitif indirect Vieux. Lutter contre quelqu'un, en venir aux mains, souvent pour des raisons insignifiantes : Un garçon toujours prêt à batailler contre tout le monde. Lutter sans relâche pour faire prévaloir une idée, pour défendre une cause, etc. : Batailler pour ses opinions. ● batailler (homonymes) verbe transitif indirect ● batailler (synonymes) verbe transitif indirect Lutter contre quelqu'un, en venir aux mains, souvent pour des...
Synonymes :
- lutter
Lutter sans relâche pour faire prévaloir une idée, pour défendre...
Synonymes :
- disputer
- jouter
batailler
v. intr.
d1./d Discuter avec chaleur, avec âpreté. Il a fallu batailler pour arracher cette concession.
d2./d Fam. Mener une lutte incessante. J'ai bataillé pour faire fortune.
⇒BATAILLER, verbe intrans.
A.— Vx. Donner, livrer bataille :
• 1. Il est certain que chez Napoléon, la passion de légiférer fut égale au moins à celle de batailler : ...
P.-J. PROUDHON, La Guerre et la paix, 1861, p. 42.
Rem. Ce sens est déclaré ,,vx`` par l'Ac. 1798 ainsi que par la plupart des dictionnaires.
— P. ext. En venir aux mains, se battre pour des raisons insignifiantes :
• 2. Nicolas travaillait dans la forêt comme bûcheron, c'était un ouvrier; malheureusement il aimait à riboter et à batailler le dimanche dans les auberges.
ERCKMAN-CHATRIAN, Histoire d'un paysan, 1870, p. 81.
— Au fig., cour. Disputer avec tenacité (pour convaincre qqn ou pour vaincre ses réticences) :
• 3. Du reste, il lui fallut batailler contre ses parents, qui s'entêtaient à prévoir les mauvais côtés de l'entreprise.
ZOLA, La Joie de vivre, 1884, p. 860.
♦ Absolu :
• 4. Oh! ne pleure pas, va! ça n'arrangera rien. Bois ton thé. Que ce soit fini! voilà deux heures que nous perdons à batailler, à discuter.
GÉRALDY, Toi et moi, 1913, p. 120.
B.— S'opposer à une attaque :
• 5. Il y a dans ma race, non pas l'esprit d'attaque, (...) mais la fermeté réfléchie, persévérante et opportune. (...), le Lorrain avait fondé sa race; par les armes, il essaye héroïquement de la protéger. (...). Comment eût-il développé ces dons d'ironie, ce réalisme humain si noble qu'il nous fit entrevoir? Il bataillait sans trêve à côté de son duc.
BARRÈS, Un Homme libre, 1889, p. 122.
— P. métaph. :
• 6. La ferme est vaste, un vieux bâtiment dans une cour à pommiers, entourée de quatre rangs de hêtres qui bataillent toute l'année contre le vent de mer.
MAUPASSANT, Contes et nouvelles, Les Bécasses, 1885, p. 205.
— P. ext. [l'adversaire est une pers.] :
• 7. Je voudrais que toutes ces affaires fussent finies, parce qu'elles nous irritent, (...), parce qu'au lieu de batailler avec les autres nous nous querellons entre nous.
BECQUE, Les Corbeaux, 1882, p. 166.
— Au fig. [L'adversaire est une abstraction, un projet ou un état de fait] :
• 8. Il m'a fallu batailler trois ans pour obtenir que cesse l'épandage, aux portes du village, (...), des matières déversées avec générosité par cette construction parasitaire.
LHOTE, Peint. d'abord, 1942, p. 168.
♦ Emploi pronom. :
• 9. ... et ce n'est pas seulement une formule, il aime vraiment rendre service; il est toujours prêt à se batailler contre l'injustice, et à redresser des torts.
R. MARTIN DU GARD, Les Thibault, L'Été 1914, 1936, p. 134.
Prononc. :[], (je) bataille []. En ce qui concerne une prononc. avec l mouillé, même indications que pour bataille. Enq. : /bataj/ (il) bataille.
Étymol. ET HIST. — 1. Ca 1130 « livrer bataille » (Couronnement de Louis, éd. E. Langlois, 610 dans T.-L. : Vei la bel chevalier ... S'ëust son per ou dëust bataillier, Fiers fust ancui l'estors al comencier), qualifié de ,,vieux`` dep. Ac. 1694; 2. 1275 fig. « lutter pour obtenir les faveurs d'une femme » (J. DE MEUN, Rose, éd. F. Lecoy, 8560 : S'el rest bele, tuit i aqueurent, [...] Tuit i luitent, tuit i bataillent, Tuit a li servir s'estudient); 1690 (FUR. : Batailler. Qui ne se dit qu'en cette phrase figurée. Il m'a bien fallu batailler avant que d'obtenir telle chose, c'est à dire, avoir bien des contestations).
Dér. de bataille; dés. -er.
STAT. — Fréq. abs. littér. :72.
batailler [bataje] v. intr.
ÉTYM. Déb. XIIe, « livrer bataille »; de bataille.
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1 Vx. Livrer bataille. ⇒ Combattre. — Spécialt. Soutenir de petits combats.
♦ Par ext. Se battre, se bagarrer. || Être toujours disposé à batailler. ⇒ Batailleur.
2 Mod., fig. Contester, disputer avec ardeur pour persuader. ⇒ Argumenter (cit. 4). || Batailler pour une cause, pour qqn, contre qqch. ou qqn. || Batailler (avec qqn) sur un sujet épineux. ⇒ Discuter, disputer, quereller (se).
1 Le vieillard me paraît un peu sujet à l'ire,
Pour en venir à bout, il faudra batailler (…)
J.-F. Regnard, les Folies amoureuses, I, 7.
2 (…) il (Paul Durand-Ruel) se mit à batailler au milieu des railleries, de l'indifférence narquoise, pour l'Impressionnisme vilipendé et affamé.
Georges Lecomte, Ma traversée, V, p. 136.
3 Il revenait généralement de ces expéditions avec quelques caisses de cailloux et un bagage respectable de tibias et de fémurs sur lesquels le monde savant bataillait (…)
G. Leroux, le Parfum de la dame en noir, p. 116.
♦ Fam. || Batailler pour (et l'inf.) : s'évertuer à surmonter une difficulté, un obstacle. || J'ai dû batailler pendant une heure pour ouvrir cette porte. || Il m'a fallu batailler pour gagner ma vie. ⇒ Escrimer (s'), lutter.
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se batailler v. pron.
♦ (par anal. avec se battre, se bagarrer; forme anormale, le verbe n'étant pas transitif). || « Il est toujours prêt à se batailler contre l'injustice, et à redresser des torts » (R. Martin du Gard, les Thibault, in T. L. F.). || Cessez de vous batailler, les enfants ! ⇒ Chamailler (se).
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DÉR. Bataillant.
Encyclopédie Universelle. 2012.