bénit, ite [ beni, it ] adj.
• 1493; de l'a. fr. benoît, p. p. du v. bénir; distingué de béni, p. p., au XIXe
♦ (Choses) Qui a reçu la bénédiction du prêtre avec les cérémonies prescrites. Eau bénite. « L'eau sainte, où trempe un buis bénit » (Hugo). — Loc. fam. C'est pain bénit : c'est une aubaine.
● bénit, bénite adjectif Qui a reçu la bénédiction du prêtre, sanctifié par une bénédiction en vue d'un usage sacré : Eau bénite. ● bénit, bénite (difficultés) adjectif Sens et orthographe 1. Béni, e part. passé et adj. = sur qui ou sur quoi la protection divine a été appelée, s'étend. Le prêtre a béni les mariés ;« … et Jésus le fruit de vos entrailles est béni »(Ave Maria) ; peuple béni des dieux ; c'est un jour béni. 2. Bénit, e adj. = qui a rituellement reçu la bénédiction d'un prêtre ; consacré. Eau bénite, pain bénit, buis bénit. Remarque 1. Béni et bénit peuvent également s'analyser comme les deux formes que prend le participe passé du verbe bénir. 2. La distinction entre bénit « lorsqu'il s'agit de la bénédiction des prêtres » et béni « lorsqu'il s'agit de la bénédiction de Dieu ou des hommes » (Littré) ne s'est imposée qu'au XIXe s. Jusque-là, on écrivait toujours bénit. Construction 1. Béni. Le complément se construit avec de : une contrée bénie du ciel. 2. Bénit. Le complément se construit avec par : les drapeaux du régiment ont été bénits par l'archevêque. ● bénit, bénite (expressions) adjectif Familier. C'est pain béni(t), c'est bien mérité ; c'est une occasion rêvée. Vieux. Eau bénite (de cour), paroles flatteuses et peu sincères. ● bénit, bénite (homonymes) adjectif béni participe passé
bénit, ite
adj. Qui a reçu une bénédiction liturgique. Pain bénit, eau bénite.
⇒BÉNI, BÉNIE, BÉNIT, BÉNITE, part. passé, adj. et subst.
I.— Béni, ie
A.— Part. passé de bénir.
B.— Emploi adj.
1. Sur qui s'exerce la protection de Dieu, du sort, etc.
a) Rare. [Qualifie une pers. ou un groupe de pers.] Un peuple béni.
— Emploi subst. :
• 1. L'humain mépris devrait frapper quiconque fait vagir la première concupiscence dans le cerveau ou dans les entrailles d'un instinctif, quiconque diminue le vénérable privilège qu'ont parfois ces bénis de mourir sans avoir vécu.
MAURRAS, Le Chemin de Paradis, 1894, p. XXII.
Rem. Cf. J. et J. THARAUD, Fez ou les Bourgeois de l'Islam, 1930, p. 276 : ,,Moulay Hassan (le béni, le doré que la bénédiction soit sur lui!)``.
• 2. — Le curé était pour Maloret, vous pensez bien, et tous les culs bénis à l'affilée.
AYMÉ, La Jument verte, 1933, p. 291.
b) P. ext., littér. [Qualifie un inanimé en relation avec la pers. hum. (objet, action, etc.)] Qui est comblé de bonheur. Maison bénie. ,,(Maison) où le bonheur règne`` (VINC. 1910) :
• 3. Tout travail est sacré et béni.
MICHELET, Journal, 1850, p. 125.
— En partic. [En parlant d'un temps ou d'un lieu] Instants rares et bénis; jours graves mais bénis; été béni; lieu, paysage béni.
Rem. En raison de sa valeur affective, l'antéposition de l'adj. est possible : ,,Où en sommes-nous de ces bénis manuscrits?`` (E. DE GUÉRIN, Lettres, 1845, p. 471); ,,... au fond de leurs yeux, (...), nous voyions s'allumer le béni regard de Dieu`` (TEILHARD DE CHARDIN, Le Milieu divin, 1955, p. 74).
2. Qui est l'objet des louanges des hommes :
• 4. ... c'est nous qui forgeons, surhumains ouvriers,
Tour à tour, la vieille âme humaine à notre image,
Nous sommes les puissants exécrés ou bénis,
Fronts nimbés d'auréole ou brûlés d'anathème.
SAMAIN, Le Chariot d'or, Symphonie héroïque, 1900, p. 203.
II.— Bénit, ite
A.— Part. passé de bénir.
B.— Emploi adj.
1. [Qualifie un inanimé]
a) Qui a reçu la consécration du prêtre par les rites prescrits. Eau bénite, pain bénit; buis, rameau bénit; médaille bénite :
• 5. ... il [le curé] a beau tourner autour du cercueil, lui donner l'eau bénite et l'encens, n'importe! Il appelle le cadavre une dépouille, comme tu dirais une besace vide.
BERNANOS, Nouvelle histoire de Mouchette, 1937, p. 1332.
Rem. Ex. unique d'emploi au plur. dans le sens de « flacons d'eau bénite » : ,,En quelle autre contrée trouverions-nous à vendre, (...), notre cire vierge, notre encens mâle, nos chapelets, nos scapulaires, nos eaux bénites et notre liqueur de Sainte-Orberose?`` (A. FRANCE, L'Île des pingouins, 1908, p. 204).
b) Loc. fig.
— Eau bénite de cave. Vin (d'apr. Ch-.L. CARABELLI, [Lang. pop.]) Eau bénite (de cour) (fam. ou pop.). Protestations de service, d'amitié vaines et hypocrites, flatteries. Donneur d'eau bénite (pop.). Flatteur :
• 6. [Mme Paris]. — Allons! Allons! docteur, pas d'eau bénite.
P. VIALAR, La Chasse aux hommes, Les Brisées hautes, 1952, p. 107.
♦ Vx. ,,On dit de celui qui se fait beaucoup prier pour faire quelque chose, qu'Il faut la croix et l'eau bénite pour vaincre sa résistance, c'est-à-dire, qu'on doit employer tous les moyens, toutes les ressources, parce qu'on jette de l'eau bénite sur la tombe de ceux qui viennent d'y descendre, dernière cérémonie après laquelle il ne reste plus rien à faire`` (BESCH. 1845).
— Avoir appétit de pain bénit. ,,Aimer le changement, quoique ce qu'on veut avoir ne vaille pas mieux que ce qu'on a`` (BESCH. 1845). C'est pain bénit (fam.). C'est bien mérité :
• 7. Qu'ils fricassent en cent mille cuves remplies de morves et cancrelas! J'irai les touiller moi-même! Qu'ils macèrent! Qu'ils tourbillonnent sous les gangrènes! C'est pain bénit pour ces purulents!
CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 557.
— Proverbe. Être réduit à la chandelle bénite. ,,Être à toute extrémité, avoir reçu l'extrême-onction`` (Lar. 19e-20e, LITTRÉ).
2. [Qualifie un animé]
a) Rare. Personne consacrée à Dieu. Abbesse bénite.
— Emploi subst., fam. Bénit en faux-col :
• 8. Honoré traita son frère d'abruti, de fouille-au-train, de bénit en faux-col, de chieur d'encre, d'encorné, ...
AYMÉ, La Jument verte, 1933, p. 136.
b) P. méton., arg. Qui joue de bonheur, veinard, par suite du port d'une médaille bénite (d'apr. ESN. 1966, s.v. béni, ie). Il est toujours des bons, le mec, (...). Il est bénit (Blédort dans BRUANT 1901).
♦ Ventres bénits. ,,Bedeaux, sacristains et autres employés subalternes d'une église, parce qu'ils vivent de l'argent des fidèles, ou peut-être parce qu'ils consomment les pains bénits qui ne sont pas distribués aux fidèles`` (Lar. 19e).
PRONONC. ET ORTH. :[beni], fém. (de béni et de bénit, respectivement) [beni] et [benit]. Béni, ie et bénit, ite supposent un > a.fr. benëit > béni(t); v. p. oppos. > a.fr. benëeit > benoît et benêt (FOUCHÉ t. 2, 1958, p. 198). Béni, ie est la forme de la conjug. Dans bénit, ite, conservation, dans l'orth. et, dans la prononc., au fém., du t lat. (cf. fait, faite < factu; lit < lectu; etc.) (BOURC.-BOURC. 1967, § 152, II). Cette oppos. béni, ie/bénit, ite ne s'est fixée qu'au XIXe s. (BL.-W.4).
STAT. — Fréq. abs. littér. : Béni. 1 333. Bénit. 320. Fréq. rel. littér. : Béni. XIXe s. : a) 2 411, b) 2 516; XXe s. : a) 1 781, b) 1 191. Bénit. XIXe s. : a) 423, b) 523; XXe s. : a) 657, b) 323.
BBG. — GRIMAUD (F.). Petit gloss. du jeu de boules. Vie Lang. 1968, p. 111.
Encyclopédie Universelle. 2012.