besogner [ bəzɔɲe ] v. intr. <conjug. : 1>
• busuigner « être dans le besoin » 1120; du frq. °bisunnjon « se soucier de »
♦ Faire un travail fatigant, pénible, inintéressant. ⇒ peiner, trimer. « Plus aucun goût pour écrire dans ce carnet. Plutôt besogné que travaillé vraiment » (A. Gide ).
⊗ CONTR. 1. Reposer (se).
● besogner verbe intransitif (ancien bas francique bisunnjôn, se soucier de) Vieux. Travailler péniblement pour un petit résultat.
besogner
v. intr. Faire un travail rebutant.
⇒BESOGNER, verbe.
I.— Emploi intrans.
A.— Vieilli ou commun. Faire sa besogne, travailler :
• 1. Il faut noter que le gain considéré aux champs est le gain obtenu par l'effort corporel. Qui ne besogne pas de ses bras, ne fait rien.
PESQUIDOUX, Le Livre de raison, 1928, p. 226.
— [Le suj. est un nom coll.] :
• 2. Tout à côté du pavillon des Henrouille besognait à présent une petite usine avec un gros moteur dedans.
CÉLINE, Voyage au bout de la nuit, 1932, p. 404.
B.— Travailler péniblement, s'occuper de travaux médiocres pour un maigre résultat. Les deux paysans besognaient dur sur la terre féconde pour élever tous leurs petits. (MAUPASSANT, Contes et nouvelles, t. 1, Aux champs, 1882, p. 75) :
• 3. Tous les hommes devraient travailler dans la joie, comme des artistes; mais ils besognent tous, comme des salariés...
R. MARTIN DU GARD, Un Taciturne, 1932, p. 1271.
— Besogner à + inf. Elles besognent à coudre des sacs de toile rugueux (R. MARTIN DU GARD, Vieille France, 1933, p. 1077).
C.— Faire l'amour avec une femme :
• 4. Croyez-moi... allez voir votre maîtresse aujourd'hui même, tout de ce pas, et besognez si bien que dans neuf mois vous puissiez rendre à la république un citoyen en échange de celui que vous lui avez fait perdre.
MÉRIMÉE, Chronique du règne de Charles IX, 1829, p. 118.
II.— Emploi trans. Ouvrier qui besogne mal tout ce qu'il fait (Lar. 20e).
— Régionalisme :
• 5. Raboliot lui aussi travaillait à l'embauche : (...), sa cognée frappait juste et raide au pied des arbres qu'elle besognait; ...
GENEVOIX, Raboliot, 1925, p. 27.
— Rare. Faire l'amour avec une femme. Je me prends à la besogner sauvagement (MILOSZ, L'Amoureuse initiation, 1910, p. 104).
Rem. Ac. 1798-1878, BESCH. 1845 et LITTRÉ considèrent le mot comme ,,fam.`` La plupart des dict. du XIXe ainsi que Lar. 20e considèrent que le mot ,,vieillit`` ou ,,est vieilli`` alors que les autres dict. gén. du XXe s. le signalent sans commentaire (ROB. indique comme ,,vieilli`` seulement le sens érotique).
PRONONC. :[].
ÉTYMOL. ET HIST. — 1. 1120 busuigner « (d'une personne) être dans le besoin de, manquer de » (Livres des Psaumes, XXXIX, 8, éd. Fr. Michel, p. 69b) — fin XVe s. (sujet désignant un inanimé), LA MARCHE, Mém., Introd., c. 3, Michaud dans GDF.; répert. par Ac. Compl. 1842; 2. ca 1275 besoignier « s'occuper à » (J. DE MEUNG, Rose, éd. Lecoy, 14653); forme besogner dep. FUR. 1690 qui qualifie le mot de ,,vieux``; spéc. av. 1558 besongner sens libre (MELIN DE SAINT-GELAYS, I, 269 dans HUG.).
D'un a.b.frq. bisunnjôn « se soucier de » (hyp. de V. Günther dans FEW t. 17, pp. 280-81; BL.-W.5; v. aussi GAM. Rom2, t. 1, p. 271), dér. du subst. neutre a.b.frq. bisun(n)i « peine, souci » (v. besoin), mots composés de la prép. bi exprimant la proximité (corresp. au gr. et au lat. ambi-) devenue particule de renforcement, et parallèles aux formes simples suivantes de l'a.b.frq. : a) verbe sunnjôn (corresp. au got. sunjon « excuser » FEIST, p. 460), v. soigner; b) adj. neutre substantivé sun(n)i « souci, peine », dont est dér. le verbe sunnjôn, et qui est attesté en lat. médiév. sous la forme sonnium, terme jur., au sens de « excuse légitime alléguée par le défaillant en justice » (fin VIe s., F. Andecav., n° 12, M.G.H. legum sectio V, Form. p. 9 dans NIERM.). Cette hyp. d'une orig. b. frq. s'appuie sur le fait que besogner de même que besogne et besoin semblent originaires de la France du nord; l'a.prov. besonh « besoin, nécessité » (XIIe s. dans RAYN.) est empr. au français.
STAT. — Fréq. abs. littér. :66.
BBG. — GOUG. Mots t. 1 1962, p. 201.
besogner [bəzɔɲe] v.
ÉTYM. V. 1275, besoigner « s'occuper de… »; 1120, busuigner « être dans le besoin »; besogner, 1690, Furetière (pour qui le mot est vieux); du francique bisunnjon, du neutre bisunni. → Besoin.
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I V. intr.
1 Vx. Faire de la besogne. ⇒ Travailler.
2 Mod. (style soutenu). Faire un travail fatigant, pénible. ⇒ Peiner, trimer.
1 Les deux paysans besognaient dur sur la terre inféconde pour élever tous leurs petits.
Maupassant, Contes de la bécasse, p. 191.
2 Depuis longtemps, plus aucun goût pour écrire dans ce carnet… Plutôt besogné que travaillé vraiment.
Gide, Journal, 9 juin 1928.
2.1 Elle savait besogner, y mettait sa fougue intermittente, et se dégoûtait promptement de ses travaux, qui restaient marqués de son inconstance et de son ingéniosité.
Colette, Julie de Carneilhan, p. 33.
3 On entend, dans la substructure, besogner les démolisseurs.
G. Duhamel, Inventaire de l'abîme, I.
♦ Besogner à (et inf.). || Ils besognent à abattre des arbres.
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II V. tr.
1 Vx. Travailler à (qqch.).
2 Vx ou archaïsme littér. (Le sujet désigne un homme). Faire l'acte sexuel avec (une femme). ⇒ Besogne, I., 2.
4 Va, gentil Acrotatus, besogne bien Chélidonide, et engendre de bons enfants à Sparte.
J. Amyot, Pyrrhus, 28.
5 Tu es donc la dernière des Mangane. — Je ne serai pas la dernière, Monseigneur le grand Bouc, dit-elle, quand vous m'aurez besognée, et mis en moi votre fruit.
Robert Merle, En nos vertes années, p. 322.
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Encyclopédie Universelle. 2012.