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bigot

bigot, ote [ bigo, ɔt ] adj. et n.
XVe ; surnom des Normands 1155; a. angl. bî god (by god) « par Dieu »
1Qui manifeste une dévotion outrée et étroite. bondieusard, calotin, cul-bénit, dévot. Un homme hypocrite et bigot. vieilli cafard, cagot, tartufe. Par ext. Une éducation bigote.
2 N. Personne bigote. Une vieille bigote (cf. fam. Punaise de sacristie, grenouille de bénitier).

bigot, bigote adjectif et nom (origine germanique) Qui est d'une dévotion étroite et excessive : Une femme bigote. Un bigot.bigot, bigote (citations) adjectif et nom (origine germanique) Julien Green Paris 1900-Paris 1998 Académie française, 1971 L'anticléricalisme et l'incroyance ont leurs bigots tout comme l'orthodoxie. Journal Plonbigot, bigote (synonymes) adjectif et nom (origine germanique) Qui est d'une dévotion étroite et excessive
Synonymes :
- bondieusard (familier)
- cafard
- cagot
- calotin (familier)
- faux dévot
- grenouille de bénitier (familier)
- punaise de sacristie (familier)
- tartufe
Contraires :
- athée
- croyant
- dévot
- incroyant
- libre penseur
- mystique
- pieux
bigot, bigote adjectif Qui manifeste cet état d'esprit.

bigot, ote
n. (et adj.) Péjor. Chrétien(ne) qui fait preuve d'une dévotion étroite et pointilleuse.
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bigot
n. m. TECH Pioche à deux dents.

I.
⇒BIGOT1, OTE, adj. et subst.
A.— Adj., péj. Dont la dévotion étroite se fourvoie dans des manifestations formelles et/ou superstitieuses. Un moine bigot, une éducation bigote :
1. ... on me feroit connoître comme un chrétien bigot, un esprit superstitieux, un ennemi de la raison et des lumières.
CHATEAUBRIAND, Essai sur les Révolutions, préf., 1797, p. XXXI.
2. Elle n'était point du tout pieuse alors et se gaussait des curés, voire d'autre chose, avec une liberté extrême. À la Restauration, elle devint dévote (...). C'était en somme, une excellente femme, sans préjugés au temps où je l'ai connue, et je ne pense pas qu'elle soit jamais devenue bigote et intolérante.
G. SAND, Histoire de ma vie, t. 2, 1855, p. 311.
SYNT. Un roi bigot; une bourgeoisie, une ville bigote; une hypocrisie, une influence bigote; avoir une figure bigote.
B.— Emploi subst. Un vieux bigot; une bigote enragée. Synon. bondieusard, cagot, grenouille de bénitier, papelard :
3. Ils sont un tas de vieilles ganaches en gilet de flanelle, et de bigotes à chaufferette et à chapelet, qui continuellement nous chantent aux oreilles : « Le devoir! le devoir! »
FLAUBERT, Madame Bovary, t. 1, 1857, p. 165.
4. ... il [Bernard] en eut pour dix minutes, (...) accusant la province de lui avoir changé sa femme, d'en avoir fait une prude, une bigote et une oie...
COURTELINE, La Conversion d'Alceste, Margot, 1890, p. 89.
SYNT. Une bigote d'église, de province; une affreuse, une vieille bigote; d'affreux bigots.
Péj. (au XIXe siècle). Faux dévot, qui imite la dévotion. Synon. hypocrite, pharisien, tartufe.
PRONONC. :[bigo], fém. []; PASSY 1914 admet [].
ÉTYMOL. ET HIST. — 1. 1165 surnom injurieux donné aux Normands (WACE, Rou, 3e p., 4777 dans GDF. Compl.); v. aussi Les Gr. Chron., V, p. 53, SHF dans Fr. mod., t. 4, p. 340; attesté jusqu'en 1672 (J. MOISANT DE BRIEUX, Orig. de quelq. coutumes anc., Caen, p. 7); 2. 1425 subst. et adj. « personne qui montre une dévotion outrée » (A.N. JJ 173, pièce 199 dans GDF. Compl.).
Terme d'orig. germ. mais dont il est difficile de préciser la lang. véhiculaire. Bigot dans Wace est prob. une adaptation de l'ags. be gode! « par Dieu! », juron ou invocation prob. fréq. chez les Normands avant et après leur romanisation, seulement attesté en m. angl. 1300 bi godd (NED, s.v. god § 13), ca 1330 be gode (MED, ibid. § 6b). Il est difficile de dire si 2 représente une extension de 1 ou est issu d'un nouvel empr. à une autre lang. germ. : m. h. all. bî got, m. néerl. bi gode. Cf. les jurons du m. fr. : ca 1456-ca 1463 brulare bigod (VILLON, Testament, éd. Thuasne, vers 1585); 1552 Tout est prelore, bigoth (RABELAIS, Quart Livre, éd. Marty-Laveaux, t. II, p. 337).
STAT. — Fréq. abs. littér. :97.
BBG. — BAIST (G.). Bigot und bigote. Rom. Forsch. 1893, t. 7, pp. 407-413. — DAUZAT Ling. fr. 1946, p. 209. — SAIN. Sources t. 1 1972 [1925], t. 2 1972 [1925], t. 3, 1972 [1930], passim.
II.
BIGOT2, subst. masc.
MAR. Pièce de bois plate faisant partie du racage d'une vergue de hune. Les bigots étaient rangés selon la quantité de trous qu'ils avaient (HUGO, Les Travailleurs de la mer, 1866, p. 270).
Rem. Donné au fém. par l'Ac. Compl. 1842, Lar. 19e et BESCH. 1845; au masc. plur. par Lar. 19e et Nouv. Lar. ill.
Prononc. :[bigo]. Étymol. et Hist. 1687 (Desroches dans JAL2). Prob. dér. de bigue; suff. -ot; peut-être à rapprocher de bigota « id. » (1268 Contrat d'affrét. dans JAL1; v. aussi JAL2).
III.
⇒BIGOT3, subst. masc.
Pioche à deux fourchons.
Rem. Ac. Compl. 1842 et BESCH. 1845 donnent bigote, subst. fém. GUÉRIN 1892 donne les 2 formes, masc. et fém.
Prononc. et Orth. :[bigo]. Var. graph. bigaut (Nouv. Lar. ill., ROB., QUILLET 1965). Étymol. et Hist. 1366 (B. PROST, Inventaires mobiliers ... des ducs de Bourgogne, I, 540 dans Vox rom., t. 6, n° 1-2, p. 168). Orig. obsc.; le mot semble partic. bien attesté dans les domaines prov. et fr.-prov., FEW t. 1, p. 310a; à rapprocher de l'a. prov. bigos « id. » (Pt LEVY) latinisé en bigo, -onis (1220 dans DU CANGE).

1. bigot, ote [bigo, ɔt] adj. et n.
ÉTYM. 1425; surnom des Normands, 1155; de l'anglo-saxon begode, anc. angl. bi god (by god) « par Dieu » (juron); cf. Rabelais IV, 18 : Tout est frelore bigoth ! « tout est perdu, par Dieu ! » mais l'attestation de 1155 (Wace) conduit Guiraud à contester cette étym.; bigot serait à l'origine un « mendiant boiteux » (→ Clochard), du rad. big- des dial. bique, biquer « boiter ».
1 Qui a, qui manifeste une dévotion outrée, étroite. Bondieusard, calotin, momier (vx). || Un homme hypocrite et bigot. Béat (vx), cafard, cagot, tartufe. || Une femme bégueule (cit. 2) et bigote. || Une allure, une affectation bigote. Bigoterie (cit.).
1 C'est que la différence est totale entre une armée fanatique et une armée bigote.
Montesquieu, Grandeur et décadence des Romains, 22.
1.1 Dis donc, ta tante m'a dit que tu étais bigote… comme tous les diables…
Ed. et J. de Goncourt, Sœur Philomène, p. 64.
2 N. Personne bigote. || Un bigot. || Une vieille bigote (→ fam. Punaise de sacristie, grenouille de bénitier).
2 Sais-tu bien cependant, sous cette humilité,
L'orgueil que quelquefois nous cache une bigote ?
Boileau, Satires, X.
3 Il (le clergé) n'agit plus que sur les cervelles infantiles des bigotes et des mômiers.
Huysmans, En route, p. 186.
4 Qu'en penses-tu, de ma vieille endurcie de mère, et de toutes ces bigotes d'église ? (…)
Loti, Ramuntcho, II, 3, p. 233.
5 Bigotes. Elles couchent avec Dieu le Dimanche, et le trompent toute la semaine.
J. Renard, Journal, 14 sept. 1903.
6 Bigot (…) annonce un hypocrite dont le caractère est la sottise ou la faiblesse d'esprit, qui est puérilement attaché aux moindres pratiques extérieures du culte.
Lafaye, Dict. des synonymes, Hypocrite, dévot… bigot… tartufe.
7 Elles processionnent à petits pas
De bénitier en bénitier
Les bigotes.
Jacques Brel, les Bigotes.
CONTR. Convaincu, croyant, dévot, pieux, sincère. — Athée, incroyant, libre-penseur.
DÉR. Bigotement, bigoterie, bigotisme.
HOM. 2., 3. Bigot.
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2. bigot [bigo] n. m.
ÉTYM. 1366; dial. peut-être de l'anc. provençal bigos, même sens. → 1. Bigorne.
Techn. (agric.). Pioche à deux fourchons.Var. : bigaut, bigorne (1. Bigorne, I., 4.).
HOM. 1., 3. Bigot.
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3. bigot [bigo] n. m.
ÉTYM. 1687; probablt de bique, et suff. -ot.
Mar. Pièce de bois placée verticalement dans le racage d'un hunier. || Les bigots alternent avec les pommes.
0 Les bigots étaient rangés selon la quantité de trous qu'ils avaient.
Hugo, les Travailleurs de la mer, p. 270, in T. L. F.
HOM. 1., 2. Bigot.

Encyclopédie Universelle. 2012.