blessé, ée [ blese ] adj. et n.
• 1155; de blesser
1 ♦ Qui a reçu une blessure. Soigner un soldat blessé. Il est blessé au bras. — Membre, genou blessé.
♢ Fig. Blessé dans son amour-propre. ⇒ froissé, mortifié, offensé, outragé. « Ce n'est pas ma faute, répondit-elle, un peu blessée de ce qu'il ne la tutoyait plus » (Sand). — Vanité, fierté blessée.
2 ♦ N. (XVIe) Personne qui a reçu des blessures. Cet accident de la route a fait un mort et trois blessés. ⇒ accidenté. Des blessés de guerre. ⇒ invalide, mutilé. Blessés de la face (cf. Gueules cassées). Un blessé resté infirme, boiteux. ⇒ estropié, handicapé. Transport des blessés (par ambulance, brancard, civière). Blessé admis en traumatologie à l'hôpital. — (Au masc., avec un adj. qui qualifie normalement la blessure; emploi critiqué) Un blessé grave. Un blessé léger. Les grands blessés.
⊗ CONTR. Intact, sauf, valide.
● blessé, blessée nom Personne qui a reçu une ou plusieurs blessures. ● blessé, blessée (difficultés) nom Registre Blessé grave, grand blessé, blessé léger. Emplois courants. Recommandation Dans l'expression soignée, en particulier à l'écrit, employer plutôt les équivalents : légèrement blessé, grièvement blessé pour l'adjectif et blessé légèrement atteint (ou touché), blessé grièvement atteint (ou touché) pour le nom. ● blessé, blessée (expressions) nom Blessé grave ou grand blessé, blessé léger, personne qui est gravement, légèrement blessée.
blesse
n. f. (Antilles fr., Guyane) Grave affection causée par un mouvement violent (chute, coup, effort excessif) qui provoque une douleur dans la poitrine.
⇒BLESSÉ, ÉE, part. passé, adj. et subst.
I.— Part. passé de blesser.
II.— Adjectif
A.— [En parlant d'un être vivant, d'une partie de son corps] Qui est atteint d'une blessure :
• 1. Une perdrix blessée tombe dans les pommes de terre et nous fait battre le cœur, comme un lièvre.
RENARD, Journal, 1901, p. 682.
• 2. Alors Daniel pensa à l'autre excès, imagina cette petite paysanne, Marie Ransinangue, exténuée de jeûne, amaigrie, les genoux blessés contre les carreaux...
MAURIAC, Le Fleuve de feu, 1923, p. 68.
• 3. ... je crois bien que l'animal blessé souffre, et ne se borne pas à mimer tout ce qu'il faut pour nous faire penser qu'il souffre.
VALÉRY, Variété 5, 1944, p. 243.
B.— Au fig.
1. [En parlant d'une pers.] Qui éprouve une souffrance morale; offensé, offusqué, outragé :
• 4. ... au moment où, maître des requêtes, j'allais enfin entrer, comme un rouage nécessaire, dans la machine politique, j'ai commis la faute de rester fidèle aux vaincus (...). Je ne savais plus quel parti prendre. Et, je me sentais! J'allais, sombre et blessé, dans les endroits solitaires de ce Paris qui m'avait échappé...
BALZAC, Albert Savarus, 1842, p. 76.
♦ Avoir le cerveau blessé. Avoir l'esprit dérangé.
2. [En parlant d'un sentiment] Atteint, affecté :
• 5. L'air de fierté qu'il avait trouvé à cette pauvre fille lui faisait craindre, sinon un refus, du moins un mouvement de vanité blessée; comment lui avouer qu'il avait lu sa lettre?
MUSSET, Mimi Pinson, 1845, p. 238.
• 6. J'aurais voulu répondre qu'au déjeuner avilissant on n'avait parlé que d'Emerson, d'Ibsen, de Tolstoï, et que la jeune femme avait prêché Robert pour qu'il ne bût que de l'eau. Afin de tâcher d'apporter quelque baume à Robert de qui je croyais la fierté blessée, je cherchai à excuser sa maîtresse.
PROUST, Le Côté de Guermantes 1, 1920, p. 278.
III.— Subst. Personne qui a reçu une ou plusieurs blessures :
• 7. Il [l'Empereur] était toujours tel que je l'avais vu à Nancy quand j'avais trois ans, et qu'il parlait aux blessés de l'accident.
GYP, Souvenirs d'une petite fille, 1928, p. 68.
♦ Blessé de guerre :
• 8. Il n'y avait que les radicaux qui n'avaient point trouvé place dans ces deux immenses armées. Ils se préparaient seulement à ravager le champ de bataille, à dépouiller les blessés et les morts.
PÉGUY, L'Argent, 1913, p. 1224.
• 9. ... on peut admettre que les puissances centrales avaient perdu depuis le 4 juin devant les Russes, en tués, blessés et prisonniers, plus d'un million de soldats.
JOFFRE, Mémoires, 1931, p. 251.
Rem. Les expr. un grand blessé, un blessé grave, léger, quoique condamnées par les puristes, sont passées dans la lang. cour. (cf. GREV. Probl. t. 2 1962). Cf. dans l'ex. suiv. une constr. aussi audacieuse :
• 10. Quelques-uns même de ces blessés mortellement, (...) criaient, (...) :
— Vive la République!
VERLAINE, Louise Leclerq, Pierre Duchâtelet, 1886, p. 144.
STAT. — Fréq. abs. littér. :4 758. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 5 895, b) 7 890; XXe s. : a) 7 294, b) 6 589.
blessé, ée [blese] adj. et n.
ÉTYM. 1155; de blesser.
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1 Adj. a Qui a reçu une blessure. || Des soldats blessés; blessés à la tête. || Soigner les civils blessés. — Une tête blessée. || Membre, genou blessé.
1 Elle suffoque, elle se dégage, elle voudrait fuir, blessée, la flèche au flanc.
Martin du Gard, les Thibault, t. IV, p. 27.
b Fig. || Personne blessée. || Être blessé dans son amour-propre (cit. 10), dans la délicatesse de ses sentiments. ⇒ Froissé, mortifié, offensé. — Vanité, fierté blessée. || Amour-propre blessé. || Cœur blessé (→ Plein, cit. 17).
2 — Eh bien ! ce n'est pas ma faute, répondit-elle, un peu blessée de ce qu'il ne la tutoyait plus (…)
G. Sand, la Mare au diable, XI, p. 95.
3 Frédéric se sentit blessé, jusqu'au fond de l'âme (…)
Flaubert, l'Éducation sentimentale, I, VI.
♦ Poét., vx. || Blessé par l'amour, et, absolt, blessé : amoureux (→ Blesser, cit. 8).
4 Ariane, ma sœur, de quel amour blessée,
Vous mourûtes aux bords où vous fûtes laissée !
Racine, Phèdre, I, 3.
2 N. Personne qui a reçu une, des blessure(s). || Une blessée. || Cet accident de la route a fait un mort et trois blessés. || Des blessés de guerre. ⇒ Invalide, mutilé. || Les blessés de la route. || Blessés de la face (→ argot milit. Gueules cassées). || Un blessé resté infirme, boiteux. ⇒ Estropié. || Transport des blessés. ⇒ Ambulance, brancard, brancardier, cacolet, civière. || Évacuer les blessés. || Soigner, opérer les blessés. ⇒ Hôpital, infirmerie, infirmier. || Les assaillants achevèrent (cit. 21) les blessés. || « Le râle épais d'un blessé qu'on oublie » (→ Effort, cit. 3, Baudelaire).
5 Voici un peuple qui (…) se dresse comme un lion; il ne se couche point (…) qu'il n'ait bu le sang des blessés.
Bible (Crampon), Nombres, XXIII, 24.
5.1 Le blessé est devenu un objet de mode. Il est pour d'autres un objet d'utilité, un paratonnerre.
Ed. et J. de Goncourt, Journal, 11 nov. 1870, t. IV, p. 101.
6 Je peux bien parler de ça, car j'ai vu mourir, hélas ! des centaines et des centaines de blessés.
Duhamel, Récits des temps de guerre, t. II, p. 49.
REM. Le nom s'emploie avec des adj. qualifiant normalement la blessure, et non la personne blessée : blessé grave, léger; un grand blessé. Ces emplois sont critiqués par les puristes.
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CONTR. Ingambe, intact, sauf (sain et sauf), valide.
Encyclopédie Universelle. 2012.