bluter [ blyte ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1362; beluter 1220; moy. haut all. biuteln
♦ Tamiser (la farine) pour la séparer du son. Tamis à bluter. ⇒ blutoir. — P. p. adj. Farine blutée.
● bluter verbe transitif (moyen haut allemand biuteln) Faire passer une matière pulvérulente, notamment le produit du broyage des grains, à travers un tamis, ou blutoir.
bluter
v. tr. Séparer la farine du son par tamisage.
⇒BLUTER, verbe trans.
Faire passer toute matière pulvérulente par un blutoir.
— En partic. Bluter de la farine. Séparer la farine du son :
• 1. ... on a fait croire au public que le pain blanc est supérieur au brun. La farine a été blutée de façon de plus en plus complète et privée ainsi de ses principes les plus utiles. Mais elle se conserve mieux, et le pain se fait plus facilement.
CARREL, L'Homme, cet inconnu, 1935, p. 28.
— P. métaph. :
• 2. Il [Adolphe Dittmer] avait toujours été fort lié avec Casimir Périer qui, la révolution faite et l'escamotage d'Orléans accompli, l'appela près de lui comme secrétaire intime et intime ami en attendant que les hommes fussent triés, blutés et tamisés dans cette poussière de folle avoine que jettent les révolutions par les rues et qu'un vent d'ambition pousse par tas aux pieds du pouvoir.
VIGNY, Mémoires inédits, 1863, p. 83.
• 3. J'ai relu à mon tour Leuwen en y trouvant toujours d'autres « beautés ». Entre autres combien il est bien fils de son père + de sa mère. Maintenant, il faut bluter celles des opinions de l'auteur qui sont devenues quelconques et sans intérêt.
VALÉRY, Correspondance [avec Gide], 1897, p. 300.
Rem. Emploi métaph. fréq. de bluter chez Huysmans : Une voix asexuée, filtrée par les litanies, blutée par les oraisons, passée aux cribles des adorations et des pleurs (HUYSMANS, En route, t. 1, 1895, p. 92). On eût dit d'une immense médaille claire, tamisant un jour pâle, le blutant au travers d'oraisons (HUYSMANS, En route., t. 2, 1895, p. 243).
— Emploi intrans., rare. Se balancer comme un blutoir. Mon hamac craquait et blutait aux coups du flot (CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 1, 1848, p. 357).
Prononc. :[blyte], (je) blute [blyt].
Étymol. ET HIST. — 1170 buleter (Rois, éd. E. R. Curtius, II, 17, 28, p. 91), forme attestée jusqu'à 1389, Invent. de Rich. Picque dans GDF. Compl.; fin XIIe-début XIIIe s. beluter (Aymeri de Narbonne, 2170 dans T.-L.), forme attestée jusqu'à 1611, COTGR.; ca 1350 bluter (GILLES LI MUISIS, Poésies, I, 341 dans T.-L.).
Empr. au m. h. all. biuteln « bluter », dér. du m. h. all. « blutoir », LEXER (all. mod. Beutel); au verbe m. h. all. correspond le m. néerl. buydelen, VERDAM, s.v. budelen (néerl. mod. builen). La forme buleter est dès l'orig. le résultat d'une métathèse des consonnes par assimilation au suff. -eter. La forme beluter est issue de buleter avec métathèse des voyelles.
STAT. — Fréq. abs. littér. :15.
bluter [blyte] v. tr.
ÉTYM. V. 1350; buleter, 1170; beluter, fin XIIe; moy. haut all. biuteln, par métathèse (b-l-t pour b-t-l), puis métathèse des voyelles; pour Guiraud, il s'agit d'un mot roman, buleter étant une var. de bureter. → Bure.
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♦ Technique.
1 Tamiser (la farine) pour la séparer du son. || Bluter la farine, la mouture. || Tamis à bluter. ⇒ Bluteau, blutoir. — P. p. || Farine blutée.
2 Passer au tamis (une matière pulvérulente). || Bluter le minerai de talc (⇒ Bluteur).
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DÉR. Blutage, bluteau, bluterie, bluteur, blutoir.
Encyclopédie Universelle. 2012.