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boulet

boulet [ bulɛ ] n. m.
• 1347; de boule
1Projectile sphérique de métal dont on chargeait les canons. Un boulet de canon ( obus) . Loc. Arriver comme un boulet de canon, très vite (cf. En trombe). — Boulet rouge, qu'on faisait rougir au feu. Loc. fig. Tirer à boulets rouges sur qqn, l'attaquer violemment. — Sentir le vent du boulet.
2Boule de métal qu'on attachait aux pieds de certains condamnés (bagnards, etc.). Loc. C'est un boulet à traîner; quel boulet ! obligation pénible, charge dont on ne peut se délivrer (cf. Porter sa croix).
3Aggloméré de charbon de forme ovoïde. « le bruit des pelletées de boulets tombant dans le seau » (Cl. Simon).
4Articulation de l'extrémité inférieure de l'os canon du cheval avec la première phalange, au-dessus du paturon.
⊗ HOM. Boulaie.

Boulet au football, tir particulièrement violent.

boulet
n. m.
d1./d HIST Projectile sphérique dont on chargeait les canons. Boulet rouge: boulet rougi au feu.
|| Loc. fig. Tirer à boulets rouges sur qqn: tenir des propos très violents contre lui.
d2./d Boule métallique que les bagnards traînaient au pied.
Fig. Personne ou chose ressentie comme une charge.
d3./d ZOOL Chez le cheval, articulation du canon avec le paturon.

⇒BOULET, subst. masc.
A.— Projectile sphérique d'artillerie, en pierre ou en métal, utilisé avant l'invention de l'obus :
1. Des deux pièces qui battaient maintenant la barricade de la rue de la Chanvrerie, l'une tirait à mitraille, l'autre à boulet. La pièce qui tirait à boulet était pointée un peu haut et le tir était calculé de façon que le boulet frappait le bord extrême de l'arête supérieure de la barricade, l'écrêtait, et émiettait les pavés sur les insurgés en éclats de mitraille.
HUGO, Les Misérables, t. 2, 1862, p. 457.
2. ... il reconnut que le speedy était armé de quatre canons, qui devaient lancer des boulets de huit à dix livres. Il vérifia même, en les touchant, que ces canons se chargeaient par la culasse. C'étaient donc des pièces modernes, d'un emploi facile et d'un effet terrible.
VERNE, L'Île mystérieuse, 1874, p. 434.
SYNT. Boulet ramé ou barré ou à deux têtes. Boulet formé de deux demi-sphères de métal, réunies par une chaîne ou une barre de fer (HUGO, Le Rhin, 1842, p. 332). Boulet rouge. Boulet rougi au feu avant d'être introduit dans le canon :
3. Nous avons attaqué hier Mantoue. Nous l'avons chauffée avec deux batteries à boulets rouges et des mortiers. Toute la nuit cette misérable ville a brûlé.
NAPOLÉON 1er, Lettres à Joséphine, 1796, p. 49.
Loc. fig. Entrer comme un boulet. Faire irruption avec violence. Arriver comme un boulet de canon. Venir très vite (de quelqu'un ou de quelque chose) :
4. En voilà un énergumène, qui entre ici comme un boulet, pousse les portes, tire les rideaux, emplit la maison de ses cris, me traite comme la dernière des filles, va jusqu'à lever la main sur moi! ...
COURTELINE, Boubouroche, 1893, II, 2, p. 63.
Tirer à boulet(s) rouge(s) (sur qqn ou sur qqc.). Attaquer quelqu'un ou quelque chose en termes violents. Rare. Poursuivre qqn à boulets rouges :
5. Que sera-ce donc demain? dit Lucien. Jusqu'à présent mes amis se sont portés contre eux en voltigeurs, mais je tire à boulet rouge cette nuit. Demain, vous verrez pourquoi nous nous moquons de Potelet. L'article est intitulé : Potelet de 1811 à Potelet de 1821. Châtelet sera le type des gens qui ont renié leur bienfaiteur en se ralliant aux Bourbons.
BALZAC, Les Illusions perdues, 1843, p. 430.
6. — Pardon, je suis monté pour régler une dette d'un de mes rédacteurs... Le petit Jordan, un très charmant garçon, que vous poursuivez à boulets rouges, avec une férocité vraiment révoltante...
ZOLA, L'Argent, 1891, p. 309.
B.— Peine du boulet. Peine infligée aux forçats condamnés à traîner un lourd boulet attaché à leurs pieds par une chaîne; p. ell. boulet même sens. Condamner au boulet.
Traîner le boulet. Être bagnard :
7. ... Trenmor se tient debout à vos côtés et traverse avec vous la foule étonnée, lui qui cinq ans a traîné le boulet, côte à côte avec un voleur ou un parricide... lui le faussaire!
G. SAND, Lélia, 1833, p. 34.
8. L'homme fut envoyé aux galères. Des années après on le revit, qui tirait la jambe pour avoir traîné le boulet dans le bagne de Toulon.
POURRAT, Gaspard des montagnes, À la belle bergère, 1925, p. 279.
P. métaph. Contrainte, obligation pesante empêchant l'épanouissement de l'être :
9. Au contraire, des jeunes filles pures, chastes, à peine entrent-elles dans la vie, on leur attache au pied un boulet, un mari tel que ce Creton, qui, s'il n'est pas usé, est imbécile...
CHAMPFLEURY, Les Bourgeois de Molinchart, 1855, p. 129.
10. Si vous saviez combien mon moi m'importune! Il est oppressif et absorbant. C'est un boulet, que Dieu m'a attaché au cou.
R. ROLLAND, Jean-Christophe, La Nouvelle journée, 1912, p. 1473.
C.— Emplois techn.
1. MÉD. VÉTÉR. Grosseur ronde que forme chez le cheval l'articulation du canon et du paturon. L'articulation du boulet (E. GARCIN, Guide vétér., 1944, p. 157).
Loc. Être sur les (ou ses) boulets. [En parlant d'un cheval] Être à bout de forces. Au fig. [En parlant d'une personne] :
11. Les insomnies et les soucis ont fondu le gros campagnard... Lui, tout à l'heure si allant, le voilà presque sur ses boulets.
BARRÈS, Les Déracinés, 1897, p. 426.
2. MINES. Aggloméré de charbon de forme ovoïde. Boulets cockéfiés à basse température (E. SCHNEIDER, Le Charbon, 1945, p. 314). Feu de boulets.
Prononc. — 1. Forme phon. :[]. 2. Homon. : boulaie; boulais et boulaient (du verbe bouler).
Étymol. ET HIST. — 1. a) 1347 « projectile sphérique » (VARIN, Arch. admin. de Reims, 2, 2, 1136 dans LITTRÉ); b) 1690 boulet rouge (FUR.); 1798 au fig. tirer à boulet rouge sur quelqu'un (Ac.); 2. XVIe s. « articulation de la patte du cheval » (YVER, p. 642 dans LITTRÉ); 3. 1776-77 « petite boule de charbon » (Morand dans BRUNOT t. 6, p. 405, note 1); 4. a) 1803 « boule de métal que l'on attache au pied d'un détenu » (Arrêté du 19 Vendémiaire an XII, B. des Lois de la République fr., 3e série, t. 9, p. 43); b) 1826 au fig. (CHATEAUBRIAND, Natchez, V, 219 dans LITTRÉ).
Dér. de boule; suff. -et.
STAT. — Fréq. abs. littér. :585. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 1 176, b) 1 659; XXe s. : a) 537, b) 272.
BBG. — GOUVERNEMENT DU QUÉBEC. Vocab. techn. des quilles. 1972, p. 20. — Rog. 1965, p. 94, 200. — SAIN. Arg. 1972 [1907], p. 104. — SAIN. Sources t. 2 1972 [1925], p. 190.

boulet [bulɛ] n. m.
ÉTYM. 1347; de boule.
———
I
1 a Projectile sphérique de métal dont on chargeait les canons. || Un boulet de canon ( aussi Obus). || Boulet ramé, boulet barré, formé de deux demi-sphères réunies par une barre. || Boulet rouge, qu'on faisait rougir au feu avant de le tirer, et qui constituait ainsi un projectile incendiaire. || Un boulet de quarante-huit (calibre).
1 En vain boulets, obus, la balle et les mitrailles,
De la vieille cité déchiraient les entrailles (…)
Hugo, les Chants du crépuscule, 1, 3.
2 (…) ayant poussé, à Brienne, son cheval sur un boulet fumant, il (Napoléon) s'est écrié : « Le boulet qui me tuera n'est pas encore fondu ».
Louis Madelin, Talleyrand, XXVI, p. 267.
(1798). Fig. Tirer à boulets rouges sur qqn, l'attaquer violemment.
2.1 (…) je ne crois pas que les révolutions soient des assassinats, ou alors je m'en désiste. On le sait. C'est pourquoi on tire sur moi à boulets rouges, des deux côtés. J'ai tué un homme.
J. Giono, le Hussard sur le toit, p. 354.
Loc. Entrer, arriver comme un boulet, comme un boulet de canon, en trombe.
2.2 Aussitôt qu'il m'eut reconnu, ses sourcils élevés et disparates se défroncèrent, il entra comme un boulet de quarante-huit, se précipita dans mes bras sans dire un mot, avec une franche expression qui faillit me renverser.
Villiers de L'Isle-Adam, Tribulat Bonhomet, p. 70.
Loc. fig. Sentir le vent du boulet.
b Boulet, boulet de canon : tir puissant, au football.
2.3 D'emblée, un « boulet » de Poniatowski rencontra le poteau droit des buts de Médoc.
René Fallet, le Triporteur, p. 407.
2 (1803). Boule, sphère de métal qu'on attachait aux pieds de certains condamnés (bagnards, etc.) par l'intermédiaire d'une chaîne. || Être condamné à la peine du boulet.Traîner le boulet : être bagnard.
2.4 « La Belle Captive », dont les chevilles sont maintenues par de lourdes chaînes à des boulets en fonte (…)
A. Robbe-Grillet, Souvenirs du triangle d'or, p. 78.
(1826; → cit. 3). Fig. Obligation pénible, charge dont on ne peut se délivrer. || C'est un boulet à traîner.
3 (…) Voilà quarante ans que nous traînons ce boulet (…)
Martin du Gard, les Thibault, t. VI, p. 129.
Personne qui ne sert à rien, ralentit l'activité des autres, constitue une charge pénible. || Quel boulet !
4 Tu arrives exprès d'Amérique pour être mon compagnon de boulet.
Chateaubriand, les Natchez, V, 219.
3 (1776). Aggloméré de charbon, de forme ovoïde, souvent lié par une matière agglomérante, comme le goudron de houille. Combustible. || Un sac de boulets.
5 (…) on entend, provenant de la souillarde, le bruit des pelletées de boulets tombant dans le seau.
Claude Simon, le Vent, p. 50.
4 Régional (Liège). Boulette (de viande).
———
II (XVIe; anal. de forme). Chez le cheval, Articulation de l'extrémité inférieure de l'os canon avec la première phalange au-dessus du paturon ( Bouleté).
6 Les mastodontes (des zébus) finirent par s'arracher et se ruèrent sur la pente, s'enfonçant jusqu'aux boulets, fanons claquant.
Claude Courchay, La vie finira bien par commencer, p. 181.
Loc. Être sur les boulets : être très fatigué, fourbu, en parlant d'un cheval.Par ext. (en parlant d'une personne, 1899, in Petiot). || Il avait fait 40 kilomètres à pied dans la journée, il était sur les boulets (→ Être sur les genoux).
7 Impossible de trouver un taxi. Lorsqu'il arriva rue Las-Cases, Loch était sur les boulets. Dans l'ascenseur, il se sentit, de la nuque aux genoux, gagné par un tremblement qui ne lui disait rien de bon.
Bernard Barbey, Chevaux abandonnés sur le champ de bataille, p. 257.
DÉR. Bouleté. — Bouleture.
HOM. Boulê, boulaie.

Encyclopédie Universelle. 2012.