bravoure [ bravur ] n. f.
• bravure 1648; it. bravura
1 ♦ Qualité d'une personne brave. ⇒ audace, courage, héroïsme , vaillance. Se comporter, se battre avec bravoure. « Quand il n'y a pas de joie, il n'y a pas d'héroïsme; il n'y a que de la bravoure » (Martin du Gard).
2 ♦ (1798; italianisme) Mus. Vieilli Air de bravoure : air brillant destiné à faire valoir le talent du chanteur. — Mod. Morceau de bravoure : récit, ou passage d'une œuvre que son auteur a voulu particulièrement brillant.
⊗ CONTR. Lâcheté.
● bravoure nom féminin (italien bravura) Courage, particulièrement dans les combats : Lutter avec bravoure contre un incendie. En tauromachie, instinct offensif du taureau de combat. ● bravoure (expressions) nom féminin (italien bravura) Morceau, air, scène de bravoure, passage d'une œuvre dont le style est particulièrement brillant et qui permet à un interprète de montrer sa virtuosité. ● bravoure (synonymes) nom féminin (italien bravura) Courage, particulièrement dans les combats
Synonymes :
- coeur
- courage
- héroïsme
- valeur
Contraires :
- frousse (familier)
- lâcheté
- peur
bravoure
n. f.
d1./d Courage face au danger.
d2./d Morceau de bravoure, de virtuosité.
⇒BRAVOURE, subst. fém.
I.— Vieilli. Synon. de braverie. Nous égalons en bravoure d'ajustements ceux qui s'en piquent le plus (T. GAUTIER, Le Capitaine Fracasse, 1863, p. 96).
II.— Usuel. Qualité d'une personne qui est brave.
A.— Courage que manifeste une personne en des occasions diverses. Fantine avait la farouche bravoure de la vie (HUGO, Les Misérables, t. 1, 1862, p. 188). C'est-à-dire [la qualité] qui consiste à affronter la vie. [Être] d'une bravoure d'entreprise toujours en éveil (ZOLA, Travail, t. 2, 1901, p. 146). C'est-à-dire [la qualité] pour entreprendre quelque chose. Je me trouve posséder une bravoure littéraire comme je n'en connais aucune (E. et J. DE GONCOURT, Journal, 1890, p. 1139) :
• 1. D'un naturel généreux, son premier mouvement le portait à défendre les opprimés. Sa bravoure allait jusqu'à la témérité (...). Il n'y avait pas son pareil, dans un incendie, pour arracher un enfant des flammes et le rapporter à sa mère.
A. FRANCE, Le Petit Pierre, 1918, p. 75.
♦ Avoir la bravoure de demander qqc. (CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 4, 1848, p. 427).
B.— En partic. Courage guerrier, vertu mêlée de grandeur et de générosité. L'antique bravoure française (CLEMENCEAU, L'Iniquité, 1899, p. 112) :
• 2. Oswald, pendant ce temps, se distingua dans la guerre par des actions d'une bravoure éclatante; il exposa mille fois sa vie, non-seulement par l'enthousiasme de l'honneur, mais par goût pour le péril.
Mme DE STAËL, Corinne, t. 3, 1807, p. 334.
— P. méton. et p. plaisant. [En parlant d'une pers.] Le colonel Delmare, vieille bravoure en demi-solde (G. SAND, Indiana, 1832, p. 17). P. méton. de politesse. Demander (qqc.) à votre bravoure (STENDHAL, Lucien Leuwen, t. 2, 1836, p. 209). P. méton. poét. Les Rolands sonnent leur bravoure (RIMBAUD, Illuminations, 1873, p. 276).
— Au plur. Exploits guerriers, prouesses :
• 3. ... la volonté, c'est bien là ce personnage : l'action faite homme. Il semble qu'il n'y ait, dans cet officier rompu à tous les exercices du corps, prêt à toutes les bravoures, aucune rupture d'équilibre entre penser et agir, et que son être passe toujours tout entier dans ses moindres gestes.
P. BOURGET, Le Disciple, 1889, p. 109.
III.— Qualité d'un artiste qui fait preuve d'une technique brillante. Dans le « Développement » [de la sonate op. 27] (...) nulle bravoure de virtuose (R. ROLLAND, Beethoven, éd. du Sablier, 1928, p. 168).
A.— P. méton., domaine des B.-A., mus., litt. Caractère d'une œuvre, d'un style particulièrement brillant :
• 4. En dépit de quelques rythmes de bravoure frappés avec une certaine puissance, malgré même d'incontestables éclairs de simplicité, cette musique de vertige et de tétanos, qui devait assurer à son producteur le suffrage de toutes les névroses contemporaines, parut, ce soir-là, très puérile...
BLOY, La Femme pauvre, 1897, p. 148.
— Au plur. Procédés audacieux et brillants. Il comprit (...) ces bravoures de rythme (A. FRANCE, Le Génie latin, 1909, p. 315).
B.— Spécialement
1. MUS. Air de bravoure. ,,[C']est un air brillant possédant tous les éléments pour mettre en lumière le talent d'un artiste, lequel provoque les applaudissements des auditeurs et ses bravos admiratifs`` (ROUGNON 1935).
— Péj. Air destiné seulement à mettre en valeur l'interprète :
• 5. D'abord elle fredonna son air tout bas; elle chanta plus haut ensuite; elle y mit enfin toute sa voix : c'était un air insignifiant, un air de bravoure, une bonne fortune de chanteur de carrefour aux sons ambigus de l'orgue; ...
JANIN, L'Âne mort et la femme guillotinée, 1829, p. 159.
SYNT. Ariette de bravoure (L.-B. PICARD, Les Comédiens ambulants, t. 2, 1799, p. 98); chant de bravoure (M. GARCIA, Traité complet de l'art du chant, 1840, p. 92); morceau de bravoure (A. BRUNEAU, Musiques d'hier et de demain, 1906, p. 5).
2. P. anal.
a) Litt. Air/morceau de bravoure (souvent péj.). Passage écrit ou parlé particulièrement brillant destiné à attirer l'attention ou à susciter l'enthousiasme. Le ministre se tirait d'embarras par un air de bravoure sur la patrie et l'armée (JAURÈS, La Paix menacée (1903-1906), 1914, p. 224); les morceaux de bravoure, les passages à effet sont la marque des œuvres inférieures (LÉAUTAUD, Passe-temps, 1929, p. 207).
b) B.-A. (dans le domaine du cinéma, également, le morceau de bravoure étant alors, souvent, un morceau à suspense) :
• 6. ... en architecture, les morceaux de bravoure que le gothique flamboyant ajoute aux grandes cathédrales paraissent n'être que des fantaisies personnelles; ...
L. HOURTICQ, Hist. gén. de l'Art, La France, 1914, p. 129.
PRONONC. :[].
ÉTYMOL. ET HIST. — 1. 1648 bravure « vaillance, courage » (SCARRON, Virg. trav., I, p. 166 et II, p. 140 dans LIVET Molière, : Ne vous piquez point de bravure); 2. id. « acte de bravoure » (op. cit., ibid.); 3. 1663 bravoure [d'approbation] synon. de bravo, surtout au plur., v. Ac. 1718 (MOLIÈRE, Impr. de Vers., scène 5, ibid. : je réponds d'une bravoure d'approbation) seulement au XVIIe s. dans LIVET, Molière; 4. 1798 air de bravoure (Ac.).
Empr. à l'ital. bravura DEI; FEW t. 1, p. 248b; attesté dans BATT., au sens de « bravade, arrogance » dep. le XVe s. (Boiardo), au sens de « courage, audace » dep. 1541 (Berni), au sens de « action de bravoure » av. 1543 (Firenzuola) et comme terme de mus. aria di bravoura, av. 1861 (Ross. dans TOMM.-BELL.); cf. BOUHOURS, Doutes, 1674, p. 54 dans LIVET Molière, s.v. bravoure. L'ital. bravura est dér. de l'adj. bravo (suff. -ura), v. brave. L'hyp. d'une orig. esp. (REW3 n° 945) ne convient pas car l'esp. bravura attesté dep. le XIIIe s. au sens 1 (d'apr. COR., s.v. bravo et AL.), n'a pas les sens 2, 3 et 4 du fr. (v. AL.).
STAT. — Fréq. abs. littér. :486. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 941, b) 690; XXe s. : a) 975, b) 306.
BBG. — DARM. Vie 1932, p. 145. — DUCH. 1967, § 13, 16. — GOUG. Mots t. 1 1962, p. 158. — HOPE 1971, p. 278. — KOHLM. 1901, p. 33. — RUPP. 1915, pp. 45-46.
bravoure [bʀavuʀ] n. f.
ÉTYM. 1648, bravure; ital. bravura, de bravo. → Brave.
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1 Qualité d'une personne brave. || Avoir, témoigner de la bravoure. || Manquer de bravoure. || Bravoure de sentiments (→ ci-dessous, cit. 1.1). — Spécialt. Courage militaire. ⇒ Audace, courage, hardiesse, héroïsme, vaillance, valeur. || Une bravoure chevaleresque.
1 (Il n'est) à la cour, oreille qu'il ne lasse
À conter sa bravoure et l'éclat de sa race ?
Molière, le Misanthrope, I, 1.
1.1 — Est-ce vrai ? s'écria-t-elle, en le regardant avec un sourire qui éclairait tout son visage, un peu semé de taches de son.
Il ne résista pas à cette bravoure de sentiment, à la fraîcheur de sa jeunesse, et il reprit (…)
Flaubert, l'Éducation sentimentale, Pl., t. II, p. 283.
2 (…) cette forme particulière de bravoure, qui n'est pas du courage, et qui consiste à fermer les yeux pour ne pas voir le danger où l'on court.
Ch. Péguy, Œ. compl., t. XII, p. 89.
3 Quand il n'y a pas de joie, il n'y a pas d'héroïsme; il n'y a que de la bravoure (…)
Martin du Gard, les Thibault, t. VII, p. 180.
♦ Vx (surtout au plur.). || Une, des bravoures. Exploit, prouesse militaire.
b ☑ (1798; italianisme). Mus. (vieilli). Air de bravoure : air brillant destiné à faire valoir le talent du chanteur.
4 Car M. de Norpois, chez qui l'âge avait éteint ou désordonné les qualités les plus belles, en revanche avait perfectionné en vieillissant les « airs de bravoure », comme certains musiciens âgés, en déclin pour tout le reste, acquièrent jusqu'au dernier jour, pour la musique de chambre, une virtuosité parfaite qu'ils ne possédaient pas jusque-là.
Proust, Albertine disparue, Folio, p. 303.
♦ ☑ Mod. Morceau de bravoure : partie d'une œuvre (littéraire, cinématographique, etc.), d'un discours, que l'auteur a voulue particulièrement brillante.
5 J'ai récité la même litanie à la tribune de six Congrès de six Partis différents, en l'espace de trois mois, sans changer un iota (…). Mon morceau de bravoure s'appelait « Salutations du délégué du Comité central du vaillant Parti frère » (…)
Régis Debray, l'Indésirable, p. 235.
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CONTR. Couardise, crainte, lâcheté, peur, poltronnerie, timidité.
Encyclopédie Universelle. 2012.