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courage

courage [ kuraʒ ] n. m.
XIIIe; curage 1050; de cur, var. anc. de cœur
1Vx Force morale; dispositions du cœur. cœur, sentiment. « Détrompez son erreur, fléchissez son courage » (Racine).
2Ardeur, énergie dans une entreprise. Je n'ai pas le courage de me lever si tôt. Entreprendre qqch. avec courage. S'armer de courage. Donner, redonner du courage à qqn, l'encourager, lui remonter le moral. — Perdre courage. abandonner, se décourager.
3Cour. Fermeté devant le danger, la souffrance physique ou morale. bravoure, cran, stoïcisme. Courage physique. Combattre, se battre avec courage. héroïsme, vaillance. Un courage téméraire. audace, hardiesse, intrépidité, témérité. Faire preuve de courage, d'un grand courage. « Le courage nourrit les guerres, mais c'est la peur qui les fait naître » (Alain).
N'écouter que son courage. Loc. Prendre son courage à deux mains : se décider malgré la difficulté, la peur, la timidité. Avoir le courage de ses opinions, les assumer, les manifester. — Bon courage ! exhortation à l'action, à une attitude forte, à supporter qqn ou qqch. Courage ! tenez bon.
4Le courage de faire qqch. : la volonté plus ou moins cruelle. ⇒ dureté. « Il faut avoir le courage d'abandonner ses enfants » (Chardonne). Je n'ai pas le courage de lui refuser cette aide.
⊗ CONTR. Faiblesse, lâcheté, poltronnerie.

courage nom masculin (de cœur) Fermeté, force de caractère qui permet d'affronter le danger, la souffrance, les revers, les circonstances difficiles : Avoir du courage. Ardeur mise à entreprendre une tâche : Travailler avec courage. Force, énergie et envie de faire une action quelconque : N'avoir pas le courage de se lever.courage (citations) nom masculin (de cœur) Émile Chartier, dit Alain Mortagne-au-Perche 1868-Le Vésinet 1951 Il n'y a de bonheur possible pour personne sans le soutien du courage. Minerve ou De la sagesse Gallimard Émile Chartier, dit Alain Mortagne-au-Perche 1868-Le Vésinet 1951 La connaissance craque, aussi bien que l'amour, aux hommes sans courage. Sentiments, passions et signes Gallimard Anonyme Le cœur d'un homme vaut tout l'or d'un pays. Li cuers d'un home vaut tot l'or d'un païs. Chanson de geste Jean Bertaut Donnay, Calvados, 1552-Séez 1611 […] une douleur n'étant ni petite ni grande, Qu'autant que le courage est ou grand ou petit. Cantique Pierre Corneille Rouen 1606-Paris 1684 Rodrigue, as-tu du cœur ? Le Cid, I, 5, Don Diègue Georges Duhamel Paris 1884-Valmondois, Val-d'Oise, 1966 Académie française, 1935 Il y a toujours du courage à dire ce que tout le monde pense. Le Combat contre les ombres Mercure de France François de Salignac de La Mothe-Fénelon château de Fénelon, Périgord, 1651-Cambrai 1715 Avant que de se jeter dans le péril, il faut le prévoir et le craindre ; mais quand on y est, il ne reste plus qu'à le mépriser. Les Aventures de Télémaque Anatole François Thibault, dit Anatole France Paris 1844-La Béchellerie, Saint-Cyr-sur-Loire, 1924 Académie française, 1896 À mesure qu'on s'avance dans la vie, on s'aperçoit que le courage le plus rare est celui de penser. La Vie littéraire Calmann-Lévy André Gide Paris 1869-Paris 1951 Je ne puis admirer pleinement le courage de celui qui méprise la vie. Journal des Faux-Monnayeurs Gallimard Victor Hugo Besançon 1802-Paris 1885 Si l'on n'est plus que mille, eh bien, j'en suis ! Si même Ils ne sont plus que cent, je brave encore Sylla ; S'il en demeure dix, je serai le dixième ; Et s'il n'en reste qu'un, je serai celui-là. Les Châtiments, Ultima Verba, VII, 16 François, duc de La Rochefoucauld Paris 1613-Paris 1680 On ne peut répondre de son courage quand on n'a jamais été dans le péril. Maximes Robert Mallet 1915 Une imprudence qui réussit compromet l'intelligence du courage. Apostilles Gallimard André Malraux Paris 1901-Créteil 1976 L'Acropole est le seul lieu du monde hanté à la fois par l'esprit et par le courage. Oraisons Funèbres, Hommage à la Grèce Gallimard Michel Eyquem de Montaigne château de Montaigne, aujourd'hui commune de Saint-Michel-de-Montaigne, Dordogne, 1533-château de Montaigne, aujourd'hui commune de Saint-Michel-de-Montaigne, Dordogne, 1592 Un fait courageux ne doit pas conclure un homme vaillant. Essais, II, 1 définir Henry Millon de Montherlant Paris 1895-Paris 1972 Académie française, 1960 Je n'imagine pas le génie sans courage. Carnets Gallimard Jacqueline Pascal, en religion sœur Sainte-Euphémie Clermont, aujourd'hui Clermont-Ferrand, 1625-Paris 1661 Puisque les évêques ont des courages de filles, les filles doivent avoir des courages d'évêques. Lettre, 23 juin 1661 Jean Prévost Saint-Pierre-lès-Nemours 1901-près de Sassenage, Vercors, 1944 Il n'y a pas de vertu si fréquente que le courage. Les Caractères Albin Michel Pierre Reverdy Narbonne 1889-Solesmes 1960 Beaucoup d'insensibilité prend parfois figure de courage. Le Livre de mon bord Mercure de France Jean-Jacques Rousseau Genève 1712-Ermenonville, 1778 Il y a souvent plus de stupidité que de courage dans une constance apparente. Julie ou la Nouvelle Héloïse Étienne Pivert de Senancour Paris 1770-Saint-Cloud 1846 Le courage réel est plus patient qu'audacieux. De l'amour considéré dans les lois réelles et dans les formes sociales de l'union des sexes Henri Beyle, dit Stendhal Grenoble 1783-Paris 1842 Le courage consiste à savoir choisir le moindre mal, si affreux qu'il soit encore. La Chartreuse de Parme Quintus Ennius Rudiae, Calabre, 239-Rome 169 avant J.-C. C'est au courage que va la fortune. Fortibus est fortuna viris data. Annales Sénèque, en latin Lucius Annaeus Seneca, dit Sénèque le Philosophe Cordoue vers 4 avant J.-C.-65 après J.-C. Tirons notre courage de notre désespoir même. Animus ex ipsa desperatione sumatur. Questions naturelles, II, 59 Publius Syrus (en Syrie Ier s.) Le courage du soldat dépend de la prudence du général. Ducis in concilio posita est virtus militum. Sentences, 210 Virgile, en latin Publius Vergilius Maro Andes, aujourd'hui Pietole, près de Mantoue, 70 avant J.-C.-Brindes 19 avant J.-C. Déploie ton jeune courage, enfant ; c'est ainsi qu'on s'élève jusqu'aux astres. Macte nova virtute, puer ; sic itur ad astra. L'Énéide, IX, 641 Platon Athènes vers 427-Athènes vers 348 ou 347 avant J.-C. C'est cette force qui maintient en tout temps l'opinion juste et légitime sur ce qu'il faut craindre et ne pas craindre que j'appelle et définis courage. La République, 430b (traduction Chambry) Baldassarre Castiglione Casatico, Mantoue, 1478-Tolède 1529 C'est bien plus souvent dans les petites choses que dans les grandes que l'on connaît les gens courageux. Molte volte più nelle cose piccole che nelle grandi si conoscono i coraggiosi. Il Cortegiano, I, 17 Confucius en chinois Kongzi ou Kongfuzi [maître Kong] 551-479 avant J.-C. Il faut que le disciple de la sagesse ait le cœur grand et courageux. Le fardeau est lourd et le voyage est long. Entretiens, IV, 8 (traduction S. Couvreur) abbé Ferdinando Galiani Chieti 1728-Naples 1787 Le courage est l'effet d'une très grande peur. De fait, quand nous avons une grande peur de mourir, nous nous laissons courageusement couper une jambe. Il coraggio è l'effetto d'una grandissima paura. Quando abbiamo infatti una gran paura di morire, ci lasciamo tagliare coraggiosamente una gamba. Dialogues Gertrud von Le Fort Minden 1876-Oberstdorf, Bavière, 1971 La crainte est quelque chose de plus profond que le courage. Die Furcht ist etwas tieferes als Mut. La Dernière à l'échafaud George Meredith Portsmouth 1828-Box Hill 1909 Le manque de courage n'est qu'un manque de bon sens. Want of courage is want of sense. Les Comédiens tragiques, XI courage (expressions) nom masculin (de cœur) Bon courage !, formule d'encouragement. Courage !, n'hésitez pas !, tenez bon ! N'avoir pas le courage de, être incapable, par sensibilité, de faire quelque chose. Perdre courage, désespérer. Prendre son courage à deux mains, vaincre sa timidité, ou sa mollesse, sa lassitude ; se décider à agir ; faire appel à toute son énergie. ● courage (synonymes) nom masculin (de cœur) Fermeté, force de caractère qui permet d'affronter le danger, la...
Synonymes :
- audace
- bravoure
- héroïsme
- vaillance
- valeur
Contraires :
- couardise
- frousse (familier)
- peur
- poltronnerie
- trouille (populaire)
Force, énergie et envie de faire une action quelconque
Synonymes :
- énergie
- résolution
- volonté
N'avoir pas le courage de
Synonymes :
- coeur
- cran (familier)
Contraires :
- lâcheté
- pleutrerie
- pusillanimité

courage
n. m.
d1./d Fermeté d'âme permettant de supporter ou d'affronter bravement le danger, la souffrance. Combattre avec courage. Syn. bravoure, cran (Fam.). Ant. couardise, lâcheté, poltronnerie.
d2./d Ardeur, zèle, énergie dans une entreprise.
|| Loc. fig., Fam. Prendre son courage à deux mains: concentrer son énergie, sa volonté pour s'imposer un effort.

⇒COURAGE, subst. masc.
I.— Courage dans un syntagme nominal ou verbal
A.— Class., vieilli. Disposition du cœur (en tant qu'organe noble, foyer de la vie intérieure profonde, de la personnalité morale, etc.). Le courage, c'est la grande épreuve du cœur. (...) il est permis d'ignorer la mort; on peut endormir la souffrance physique. Si le cœur aussi est endormi, qu'est-ce que la vie? (CHARDONNE, Attach., 1943, p. 125). P. méton. Le cœur même ou la personne même, considérée sous le rapport de son caractère, de ses passions. L'outrage que tu lui as fait hier, a porté le dernier coup à ce courage fatigué; (...) Il y a douze heures que tu l'as tuée (SOULIÉ, Mém. diable, t. 2, 1837, p. 359). Pour orienter les esprits et les courages vers la continuation de la guerre dans l'empire (DE GAULLE, Mém. guerre, 1954, p. 45).
Homme de courage. Homme honnête, fidèle à son cœur, à sa morale dans ses actes. (Quasi-)synon. homme de cœur :
1. Je vous supplie, (...) de ne plus saper des remparts aux trois quarts démolis, et qu'en vérité un homme de courage devrait rougir d'attaquer. Faisons un marché : ne vous en prenez plus à quelques vieillards faibles (...); je vous livre en échange ma personne.
CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 3, 1848, p. 592.
En partic. Énergie et force de volonté manifestée devant un travail plus ou moins pénible. Synon. ardeur, zèle :
2. Elle a du courage, une aiguille,
Elle travaille, et peut gagner dans son réduit,
En travaillant le jour, en travaillant la nuit,
Un peu de pain, un gîte, une jupe de toile.
HUGO, Les Contemplations, Melancholia, t. 2, 1856, p. 119.
Expr. (Attesté ds la plupart des dict. gén. du XIXe siècle). Il n'y a plus que courage. Le travail approche de sa fin.
B.— Fermeté de cœur, force d'âme qui se manifestent dans des situations difficiles obligeant à une décision, un choix, ou devant le danger, la souffrance. Les ambitieux, grands et petits. Ce qu'ils honorent, eux, ce n'est point le courage, c'est le pouvoir (ALAIN, Propos, 1929, p. 847).
1. [Le courage dans des situations matérielles]
a) Qualité physique qui se manifeste instinctivement chez certains individus devant un danger matériel et qui leur permet de lutter contre. Courage héroïque, militaire, physique :
3. Le courage de l'Italien est un accès de colère, le courage de l'Allemand un moment d'ivresse, le courage de l'Espagnol un trait d'orgueil.
STENDHAL, De l'Amour, 1822, p. 121.
P. anal. [À propos d'animaux hardis] Il avait le courage aveugle du taureau qui fonce (GREEN, Journal, 1950, p. 347).
PARAD. a) Synon. bravoure, cran, intrépidité, témérité, vaillance; b) anton. couardise, faiblesse, lâcheté, poltronnerie.
b) Endurance née de l'habitude des situations difficiles, de l'apprentissage du danger. Synon. sang-froid, valeur :
4. Henri V. Grand roi, vaillant guerrier, d'un père usurpateur
Dès son adolescence illustre imitateur,
N'étant que prince encor, aux périls, au carnage
De nocturnes bandits formèrent son courage.
CHÉNIER, L'Amérique, 1794, p. 94.
c) P. méton. Personne brave, ardente à défendre une cause, un idéal politique, etc. Le communisme (...) un « idéal » supérieur à celui de la patrie, enrôlant les courages et les dévouements des divers pays pour une cause commune (GIDE, Journal, 1933, p. 1152).
2. [Le courage dans des situations morales]
a) Qualité de caractère d'un individu, qui le rend prêt à réagir positivement devant une situation morale difficile. Synon. constance, persévérance; anton. hésitation. Son caractère avait une sorte de raideur et d'impatience qui tenait à la force de ses sentiments (...). Âme élevée, courage grand (CHATEAUBR., Mém., t. 2, 1848, p. 27) :
5. ... il faut trouver tous les matins en soi la même dose du courage le plus rare et en apparence le plus aisé, le courage du professeur répétant sans cesse les mêmes choses, courage peu récompensé. Si nous saluons avec respect l'homme qui, comme vous, a versé son sang sur un champ de bataille, nous nous moquons de celui qui use lentement le feu de sa vie à dire les mêmes paroles à des enfants du même âge. Le bien obscurément fait ne tente personne.
BALZAC, Le Médecin de campagne, 1833, p. 55.
Courage personnel; courage d'esprit. Maîtrise de soi qui permet une attitude calme, réfléchie :
6. Ce fut une honte pendant un certain temps de rester là où étaient le roi et la France. Il fallait un grand courage d'esprit et une grande fermeté de caractère pour résister à cette folie épidémique qui prenait le nom de l'honneur. Mon père eut ce courage, il se refusa à émigrer.
LAMARTINE, Les Confidences, 1849, p. 33.
b) Fermeté de l'esprit qui permet de saisir et soutenir des idées hardies, audacieuses. Le succès de Talma commença par de la hardiesse; il eut le courage d'innover, le seul des courages qui soit étonnant en France (STENDHAL, Souv. égotisme, 1832, p. 97).
SYNT., EXPR., Courage d'opinion. Aptitude à affirmer ouvertement ses opinions et à les maintenir malgré l'hostilité générale. Je suis brave, j'aime assez voir les choses en face. J'ai le courage de mes opinions, moi! (GONCOURT, Journal, 1859, p. 673).
c) Effort fait sur soi-même pour résister à une épreuve, combattre une répugnance ou reconnaître une vérité désagréable. Cette demoiselle a le courage de son infamie, tandis que, moi, je suis une hypocrite qui devrait être fouettée en place publique (BALZAC, Cous. Bette, 1847, p. 180) :
7. Quant au courage moral, si supérieur à l'autre, la fermeté d'une femme qui résiste à son amour est seulement la chose la plus admirable qui puisse exister sur la terre. Toutes les autres marques possibles de courage sont des bagatelles auprès d'une chose si fort contre nature et si pénible.
STENDHAL, De l'Amour, 1822, p. 83.
SYNT. a) Courage + adj. courage civil, extraordinaire. Adj. + courage : admirable, beau, bon, vrai courage. b) Courage + et + subst. : courage et confiance, esprit, force, patience, persévérance, résignation, vertu, volonté. Subst. + au courage : appel au courage. Subst. + de/du + courage : acte, preuve, sens, trait de/du courage. c) Courage de + verbe : courage d'abandonner, affronter, aller, avouer, continuer, défendre, dire, écrire, parler, regarder, résister, supporter, tuer, vivre. Verbe + courage : perdre, rendre, reprendre courage. Verbe + le/son + courage : rassembler son, relever le, rendre le, retrouver son, se sentir le, soutenir le, trouver le courage. Verbe + de/du + courage : donner du, falloir du, manquer de, montrer du, puiser du courage.
Expr. et loc. À bout de courage. Je m'arrêtai, à bout de courage. Jamais je n'aurais la force (ZOLA, Bête hum., 1890, p. 177). Honneur au courage malheureux. Le libraire Dauriat publie une seconde édition du livre de Monsieur Nathan? Il ne connaît donc pas le proverbe du palais : Non bis in idem. Honneur au courage malheureux! (BALZAC, Illus. perdues, 1843, p. 407). Prendre son courage à deux mains, prendre son grand courage. Prenez votre courage à deux mains, et allez voir Hugelmann de ma part (HUGO, Corresp., 1859, p. 317). Jacques prit son grand courage, jugeant que le moment de parler était venu (DE VOGÜÉ, Morts, 1899, p. 394).
Péj. Manifestation d'une fermeté excessive, d'une force cruelle, capable de blesser. Avoir le (triste) courage de (avoir le cœur de). Synon. cynisme, insensibilité. Quoi qu'il arrive, il faut que vous ayez, mon Révérend Père, un singulier courage, pour venir attrister par vos paroles lugubres et vos conjectures désolantes ces infortunés catholiques (LAMENNAIS, L'Avenir, 1831, p. 260).
II.— Courage en emploi abs., en interj. (invar.)
A.— [En manière d'exhortation]. « Courage!... Courage! » se répète-t-il. Cette exhortation du conseiller bat dans toutes ses artères le rappel de ses forces :« courage! » (CHATEAUBRIANT, Lourdines, 1911, p. 114).
B.— [Pour formuler un souhait]. Adieu, bon courage, je t'embrasse le plus étroitement possible (FLAUBERT, Corresp., 1849, p. 98).
Prononc. et Orth. :[]. Enq. ://. Ds Ac. depuis 1694. Étymol. et Hist. 1. 1050 « cœur en tant que siège des sentiments » (Alexis, éd. Ch. Storey, 446), devenu class.; 2. ca 1100 « état d'esprit, intentions » d'où « désir, ardeur de faire quelque chose » (Roland, éd. J. Bédier, 191). Dér. de cœur; suff. -age (REW, n° 2217). Fréq. abs. littér. :8 219. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 14 830, b) 11 947; XXe s. : a) 10 057, b) 9 848. Bbg. DARM. Vie 1932, p. 24, 143, 145. — GOTTSCH. Redens. 1930, p. 67, 103, 163. — GOUG. Mots t. 1 1962, pp. 114-118. — LEW. 1960, p. 192.

courage [kuʀaʒ] n. m.
ÉTYM. XIIIe; curage, 1050, aussi var. corage, couraige, chorrage; de cur, cor, cuer…, var. anc. de cœur, et -age.
1 Vx. Force morale; disposition du « cœur ». Cœur, passion, sentiment. || Un faible courage.Homme de courage, honnête, fidèle à sa morale.
1 (…) que les travaux,
Les dangers, les soins du voyage,
Changent un peu votre courage.
La Fontaine, Fables, IX, 2.
2 Détrompez son erreur, fléchissez son courage.
Racine, Phèdre, I, 5.
Par métonymie. Personne considérée comme le siège des passions. || Enflammer les courages.
2 Littér. Ardeur, énergie dans une entreprise. Ardeur, énergie, volonté, zèle. || Avoir du courage à l'étude. Entreprendre qqch. avec courage. Constance, patience, persévérance. || Se mettre à qqch. de tout son courage. || Donner, redonner du courage à qqn, encourager, remonter le moral (fam.).Perdre courage : abandonner, céder.
3 Je ne sais pas l'endroit; mais un peu de courage
Vous le fera trouver, vous en viendrez à bout.
La Fontaine, Fables, V, 9.
4 Je me sentis plein de courage contre les plaisirs.
Fénelon, Télémaque, II.
5 (…) du courage. Je n'en ai guère, mais je fais comme si j'en avais, ce qui revient peut-être au même.
Flaubert, Correspondance, t. IV, p. 19.
Par métonymie. Personne, considérée dans sa détermination, son ardeur. Cœur, force.
5.1 Pour orienter les esprits et les courages vers la continuation de la guerre.
Ch. de Gaulle, Mémoires de guerre, t. I, p. 45.
3 Mod. et cour. Fermeté, force d'âme devant le danger, la souffrance physique ou morale. Bravoure, cran, énergie, fermeté, force, résolution, stoïcisme, valeur.Courage physique : qualité qui se manifeste devant un danger matériel par l'absence de retenue, le fait d'assumer le risque. || Combattre, se battre avec courage. Héroïsme, vaillance. || Un courage téméraire. Audace, furie, hardiesse, impétuosité, intrépidité, témérité. || Faire preuve d'un grand courage, d'un courage éclatant. || Courage héroïque.
6 La parfaite valeur et la poltronnerie complète sont deux extrémités où l'on arrive rarement (…) Il y a des hommes qui s'exposent volontiers au commencement d'une action, et qui se relâchent et se rebutent aisément par sa durée; il y en a qui sont contents quand ils ont satisfait à l'honneur du monde, et qui font fort peu de choses au-delà. On en voit qui ne sont pas toujours également maîtres de leur peur; d'autres se laissent quelquefois entraîner à des terreurs générales; d'autres vont à la charge, parce qu'ils n'osent demeurer dans leurs postes. Il s'en trouve à qui l'habitude des moindres périls affermit le courage, et les prépare à s'exposer à de plus grands. Il y en a qui sont braves à coups d'épée, et qui craignent les coups de mousquet; d'autres sont assurés aux coups de mousquet, et appréhendent de se battre à coups d'épée. Tous ces courages, de différentes espèces, conviennent en ce que, la nuit augmentant la crainte et cachant les bonnes et les mauvaises actions, elle donne la liberté de se ménager.
La Rochefoucauld, Maximes, 215.
7 L'inégalité que l'on remarque dans le courage d'un nombre infini de vaillants hommes vient de ce que la mort se découvre différemment à leur imagination, et y paraît plus présente en un temps qu'en un autre : ainsi il arrive qu'après avoir méprisé ce qu'ils ne connaissent pas, ils craignent enfin ce qu'ils connaissent.
La Rochefoucauld, Maximes, 504.
8 C'est une grande question de savoir si la civilisation n'affaiblit pas chez les hommes le courage en même temps que la férocité.
France, l'Anneau d'améthyste, Œ., t. XII, p. 228.
9 Le courage nourrit les guerres, mais c'est la peur qui les fait naître.
Alain, Propos, p. 206.
10 Que n'ai-je, comme vous, ce tranquille courage,
Si froid dans le danger, si calme dans l'orage.
Voltaire, Ad. du Guescl., II, 1.
11 (…) le vrai courage, sans colère et sans haine, celui qui, pour s'ébranler, n'attend pas le coup de fouet venimeux de la frénésie, celui qui jamais ne ressemble à la peur, car courage n'est pas rage.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, I, I, IX.
11.1 Le courage est un état de calme et de tranquillité en présence du danger, état rigoureusement pareil à celui où on se trouve quand il n'y a pas de danger. Il résulte de cette définition, au moins provisoire, que le courage peut être acquis par deux moyens : 1., en éloignant le danger; 2., en éloignant la notion du danger.
A. Jarry, Spéculations, Œ. compl., t. VI, p. 301-302.
11.2 Mon courage, c'est une affaire pour moi tout seul. Pas besoin de témoin. Ça se verra bien sur ma figure, quand j'aurai quatre-vingts ans, que j'aurai eu du courage, le courage sans quoi il n'y a rien dans le monde, que des mots.
Drieu la Rochelle, la Comédie de Charleroi, p. 312-313.
11.3 J'avais répondu autrefois à Saint-Exupéry, qui me demandait ce que je pensais du courage, qu'il me semblait une conséquence curieuse et banale du sentiment d'invulnérabilité. Ce que Saint-Ex avait approuvé, non sans étonnement.
Malraux, Antimémoires, Folio, p. 223.
Courage moral : qualité de force, de résistance, qui se manifeste devant une situation morale pénible, difficile. Constance, énergie, force (d'âme). || Un courage inébranlable. || Donner du courage à qqn. || Accroître, animer, augmenter, exciter, ranimer, rehausser, relever, réveiller, soutenir le courage de qqn. Affermir, encourager; conforter, réconforter, remonter (fam.), regonfler (fam.); → Péril, cit. 2. || Rendre à qqn son courage. || Son courage s'amollit, s'évanouit, disparaît. || Perdre courage. Abandonner (s'), céder, mollir. || Briser le courage de qqn. Affaiblir, décourager; couper (bras et jambes). || Cela lui a fait perdre courage. || Le courage lui manque. || Manquer de courage. || S'armer de courage pour affronter une épreuve. Contenance (faire bonne contenance). || Amasser du courage. || Faire appel à tout son courage.Fermeté (dans les idées, les opinions); capacité d'exprimer sans hypocrisie. || Avoir le courage de ses opinions.Avoir le courage de ne pas céder, de résister, de refuser… Braver.
12 Louis, les animant du feu de son courage,
Se plaint de sa grandeur qui l'attache au rivage.
Boileau, Épîtres, IV.
13 Le vrai courage a plus de constance et moins d'empressement; il est toujours ce qu'il doit être; il ne faut ni l'exciter ni le retenir (…)
Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse, I, Lettre LVII, p. 144.
14 Lamiel avait ce courage sans effort des caractères parfaitement naturels.
Stendhal, Lamiel, p. 666.
15 La vue de cette ardente et inflexible physionomie me rendit en quelque sorte une lueur de courage.
E. Fromentin, Dominique, IX, p. 144.
16 J'ai essayé d'être chrétien, je ne l'ai pas pu. Cette illusion sublime qui peut élever le courage de certains hommes, de certaines femmes (…) jusqu'à l'héroïsme, cette illusion m'est refusée.
Loti, Aziyadé, II, X, p. 50.
17 Mais elle passa outre, comme elle faisait parfois, poussée par un goût du risque et un esprit de décision qu'elle confondait avec le courage.
Martin du Gard, les Thibault, t. I, p. 33.
18 Mais il faut essayer de vaincre en nous les instincts mauvais. Comment ? Par l'ordre, par un courage constant, féroce et joyeux, par une attention inflexible, par l'obéissance, par l'acceptation.
A. Maurois, Études littéraires, Paul Claudel, t. I, p. 214.
19 Surtout un mélange de courage et de faiblesse, de hardiesse et de timidité, de pudeur et d'ardeur.
A. Maurois, Climats, II, V, p. 177.
Loc. N'écouter que son courage. — ☑ Fam. Prendre son courage à deux mains : se décider, oser malgré la difficulté, la peur, la timidité.
Courage !, exhortation à prendre courage.
20 Courage ! ils s'amollissent.
Corneille, Horace, II, 6.
Bon courage !, exhortation à l'action, à une attitude forte devant une difficulté; (iron.) exhortation à supporter qqch. ou qqn. || C'est lui votre nouveau directeur ? Eh bien, bon courage !
Joindre la ruse au courage. → Peau (coudre la peau du renard à celle du lion).
Force, énergie des animaux (envisagés symboliquement, ou comparés à l'homme). || Le courage du lion, de l'aigle.
21 Les uns ont la grandeur et la force en partage;
Le faucon est léger, l'aigle plein de courage (…)
La Fontaine, Fables, II, 17.
4 Dureté de cœur. || Le courage de faire quelque chose, la volonté plus ou moins cruelle. Cœur, cruauté, dureté, insensibilité. || Il a eu le courage d'abandonner ses enfants. || Je n'ai pas le courage de lui refuser cette aide.
22 Il faut avoir le courage d'abandonner ses enfants; leur sagesse n'est pas la nôtre.
J. Chardonne, l'Amour du prochain, II, p. 58.
CONTR. Couardise, faiblesse, lâcheté, peur, poltronnerie, pusillanimité, timidité.
DÉR. Courageux.
COMP. Décourager, encourager.

Encyclopédie Universelle. 2012.